La saga « Chargers return » continue, et cette fois-ci évoquons un joueur qui a fait beaucoup parlé de lui. Jusqu’à la draft. Manti Te’o.

Manti Te’o, du top au flop

Manti c’est le joueur de la draft 2013 qui a reçu la plus grosse médiatisation. Après quatre ans à Notre Dame, le jeune linebacker était estimé comme un futur top pick. Grâce à sa vision, grâce à son instinct, son travail, son expérience il a rapidement marqué l’histoire de son programme sportif par une saison extraordinaire. Pour illustrer ce point il suffit de citer ses sept interceptions lors de sa saison senior ce qui correspond au record pour un linebacker de l’université Notre Dame.

J’ai poussé l’étude de mes adversaires à un autre niveau, ce qu’ils aiment faire, comment ils aiment attaquer certaines défenses, et qui sont leurs joueurs clés.

Mais finalement, Manti Te’o n’a pas été reconnu pour son jeu, mais pour une histoire qui a fait toutes les couvertures des journaux people pendant des semaines : la copine de Manti, qu’il avait endeuillé, n’était en faite pas morte mais pire encore, elle n’avait jamais existé. Une petite blague. Une arnaque dans laquelle le jeune Hawaïen de vingt-deux ans est tombé la tête la première. Et voilà comment Manti Te’o n’était plus l’un des top prospects de cette draft. Il était le joueur de football universitaire. C’est comme cela qu’il n’a plus intéressé que les amateurs de la NCAA, mais tous les États-Unis d’Amérique, en passant par les trolls jusqu’à la ménagère du fin fond de l’Iowa profonde. Et puis vint le BCS, où le joueur n’a pas été aussi omniprésent et bon que l’on l’espérait. C’était la chute. La surmédiatisation. La tombé en enfer pour le joueur.

Manti Te’o, retour au football

Il faudra attendre la draft pour que les choses changent. Manti est drafté à la 38 ème position par les Chargers de San Diego après une trade pour s’assurer de sa venue. Il s’agit de l’un des meilleurs coup de cette draft. Avoir Te’o aussi tardivement est à coup sur un steal, surtout pour une équipe comme les Chargers qui en ont bien besoin. Mais si Manti Te’o est tombé si bas il y a bien une raison. Outre son manque de physique souvent reproché depuis le BCS puis le combine, Manti est une bombe à retardement. Un futur Tebow ?

Après la draft, l’une des premières décisions de la franchise vis à vis du joueur a été de rendre Manti totalement indisponible pour la presse. Il faut dire que jusqu’alors, comme n’importe quelle proie des vautours du people, Te’o était constamment sous le feu des projecteurs. Chaque action, chaque déclaration, chaque ami étaient utilisé pour faire une nouvelle affaire juteuse. Et puis plus rien. Dès le moment où il a signé Manti est devenu invisible, jusqu’au minicamp. Et là un tout nouveau personnage a été mis en avant.

Déjà, l’affaire de la fausse copine commençait à se faire vieille et redondante. Mais surtout, maintenant on lui posait des questions sur le football. C’est bête, mais depuis que l’affaire était sorti, ça n’était plus vraiment le cas.

Il rayonnait quand il parlait du challenge qu’était de défendre Antonio Gates. Il brillait quand on lui a demandé ce qu’étaient les instructions des coachs.

– Matt Calkins

Manti est poli, gentil, mature, et surtout, il adore le football. Voilà arrivé le nouveau chouchou des Chargers. Il n’aborde plus que le football, et forcément, les ménagères, ça ne les intéresse plus. Mais cela enchante les supporters, qui découvrent un des rookies les plus « NFL ready depuis plus de neuf ans à San Diego » (d’après Acee, journaliste à l’UT San Diego). Son maillot, le numéro 50 « Hawaii Five-O » est le plus vendu de tous les rookies de cette année : Te’o a les points positifs de Tebow, sans cette surmédiatisation désagréable et critiquable. Les Chargers ont su désamorcer la bombe, un véritable modèle que certaines équipes devraient s’empresser de suivre si on me demande mon avis.

Maintenant qu’en est-il de son jeu donc ? J’ai beaucoup parlé de sa vie extra-sportive, mais finalement, et c’est le plus important, peu de ce qu’il sait faire face à un porteur du football. Hier, lors de l’ouverture des camps des Chargers au Chargers Park environ 2 000 supporters ont pu voir et encourager le Five-O jouer dans l’équipe numéro une, celle des futurs titulaires. De toute la journée, il aurait mal lu une course dans l’intérieur, mais aurait été exactement là où il devait sur toutes les autres actions d’après les journalistes présents.

Il s’est entrainé au man coverage ainsi qu’au zone coverage et ne semble s’être fait avoir que par le vétéran Antonio Gates durant un entrainement à la passe sur cette fausse course à l’intérieur que j’ai cité plus haut. Action qu’on lui pardonne assez aisément quand on connait le jeu d’anguille de Gates.  A part cela, il n’a pas impressionné uniquement les néophytes, mais dans l’assemblé on a aussi pu croiser un ancien Bolt qui était là, stupéfait par la jeune recrue comme n’importe quel supporter du maillot.

Manti a pris un parfait premier pas, et c’est la clef. Il a été capable de combler le trou. Le guard a essayé de l’atteindre, mais n’a pas été capable de l’atteindre. Ça me met la larme à l’œil.

– Billy Ray Smith

Des mots qui venus d’un ancien All-American, MVP des Chargers, valent tout l’or du monde pour les supporters de l’éclair. D’autres professionnels partagent cet intérêt, Gil Brandt par exemple, l’un des fondateurs de l’équipe championne du Superbowl des Dallas Cowboys qui a fièrement exhibé sa bague rayonnante derrière la end-zone du terrain d’entrainement des Chargers.

Voilà donc l’inside linebacker que tout le monde attendait. Manti est pour le moment tout ce qu’on espérait de lui, et pas du tout ce que l’on craignait. Ses coéquipiers semblent faire abstraction de ses histoires, si ce n’est quelques petites blagues par ci par là, comme Eric Weddle, qui lui n’est pas limité par l’équipe dans ses interactions avec les médias, et qui lorsqu’on lui fait remarquer que lui n’a pas le droit à ce même traitement de star, répond « C’est parce que je pense pas que j’ai encore atteins ce niveau star-esque. » avec un air moqueur.

Le chemin a parcourir pour le 50 est encore long. Plein d’embuches. Mais on peut dire que jusqu’ici il s’en tire haut la main et bien plus mature que de nombreux joueurs de la Ligue.