Nous Trente-Deux : New York Giants

Punaise, ça fait du bien de basculer du côté des winners. On attaque les records positifs avec les champions en titre qui ne le sont fatalement plus. Le problème avec le coup de tergiverser en saison régulière, c’est qu’on peut toujours passer à la trappe à la fin.

A lire avec la nostalgie de 2011 (et 2007…).

 

NEW YORK GIANTS
2e NFC East ~ 9-7

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2012

 

Le problème pour les Giants n’était pas de faire mieux que l’année dernière en général, mais surtout de faire mieux en saison régulière pour s’éviter de jouer la qualification en playoffs à la dernière semaine. Pour cela, l’équipe de la Grosse Pomme avait deux faiblesses principales : la ligne offensive et les arrières qui ont tendance à casser facilement.

Et… ils n’avaient rien fait de tout ça. Certes, ils avaient comblé les départs de Brandon Jacobs, Mario Manningham et Kevin Boss par la draft de David Wilson et Rueben Randle et la signature de Martellus Bennett, mais au niveau OL et DB, il n’y avait pas eu énormément de changements.

Tom Coughlin prônait donc la continuité dans la réussite (aucune surprise dans une franchise comme les Giants), et il restait à voir ce que ça donnerait dans une NFC East où Washington et Philly semblaient s’être renforcés (et Dallas… on ne sait jamais quoi attendre d’eux).

 

La saison

 

Dallas 17-24, Tampa Bay 41-34, @Carolina 36-7, @Philadelphia 17-19, Cleveland 41-27, @San Francisco 26-3, Washington 27-23, @Dallas 29-24, Pittsburgh 20-24, @Cincinnati 13-31, Green Bay 38-10, @Washington 16-17, New Orleans 52-27, @Atlanta 0-34, @Baltimore 14-33, Philadelphia 42-7.

 

La réalité

 

Les Giants ont commencé 6-2 avant de s’écrouler, incapables d’enchainer deux victoires de suite, et de finir 9-7. Et… attendez, on l’a pas déjà racontée celle-là ? Une saison typique des Giants.

La grande question pour New York c’est de savoir si ce 9-7 là est du même niveau que celui de l’année dernière, et si la résurgence des Redskins est la seule cause de l’élimination des Giants des playoffs. On peut déjà dire que la fin de saison 2012 a plus ressemblé à celle de 2010 qu’à celle de 2011 : au lieu de faire une série de 6 matchs de feu, les Giants ont pris deux défaites qui ont fait TRES mal contre des « playoffables » (Philly et GB en 2010, Atlanta et Baltimore en 2012). C’est tout simplement parce que c’est un état d’esprit qui n’est pas facile à reproduire. En fait, on peut même dire que cette année ce sont à moindre titre les Ravens qui ont fait le même coup.

Comme indiqué ci-dessus, Eli Manning n’a pas confirmé le coup de l’année dernière, il a même régressé et assez sévèrement. C’est la première fois depuis 2008 qu’il est si proche des 60% de complétion, et la première fois depuis 2009 qu’il n’atteint ni 4000 yards, ni 27 TD. Avec une fiche finale de 59.9%, 3948 yards, 26 TD et 15 INT, ce n’est simplement pas Eli au maximum de ses capacités. Il a cependant des circonstances atténuantes : la défense des Giants a été catastrophique, il a vu son WR#1 empêché par une blessure, et il n’a plus de WR#3. Ca a forcément influé sur la capacité à faire des big plays (du moins sans la stupidité de la défense adverse) : l’année dernière il était le QB qui avait tenté le plus de passes de 20+ yards avec 109, alors que cette année il n’en a tenté que 68. Cependant ça n’explique pas certaines décisions discutables de forcer la balle, qu’il soit resté trois matchs sans marquer un TD au milieu de la saison, et qu’il ait lancé 0 ou 1 TD dans 10 matchs. Les Giants ont besoin d’un meilleur Eli.

D’autant qu’il a été mieux protégé cette année que l’année précédente. Il n’a été sacké que 19 fois avec 167 pressions, ce qui est une bonne progression par rapport au 28/221 de 2011. Le LT William Beatty a explosé cette saison, aussi bon en protection (3 sacks) qu’en run blocker (il faut par contre qu’il fasse attention aux pénalités, 11 c’est beaucoup). Le vétéran Chris Snee reste une valeur sûre alors que David Baas a fait une bonne saison au Centre et que Sean Locklear n’a lâché aucun sack (même s’il a été un peu court au run block). Le maillon faible a été David Diehl même s’il a connu des blessures (7 sacks et 30 pressions lâchées).

Quoiqu’il en soit, la ligne a été bonne en run block puisque le jeu de course est 14e avec 116.4 yards par match après avoir terminé dans les tréfonds l’année dernière (32e à 89.2). Les Giants sont d’ailleurs la seule équipe avec 3 coureurs qui ont gagné 100+ yards dans un match (pas dans le même hein). Regardez moi ces stats : Ahmad Bradshaw – 221 portés, 1015 yards, 4.8 yards de moyenne, 6 TD / Andre Brown : 73 portés, 385 yards, 5.3 yards de moyenne, 8 TD / David Wilson : 71 portés, 358 yards, 5.0 yards de moyenne, 4 TD. C’est dommage que Bradshaw ne tienne pas assez sur ses deux jambes pour faire une saison complète, Brown a fait du bien avant de se péter la jambe, et le rookie Wilson a montré son explosivité non seulement sur kick return mais aussi à la course. Est-ce que ça va être suffisant pour voire Brown et Wilson piquer des snaps à Bradshaw ? Probablement.

Tout à l’heure je vous ai dit qu’Eli n’avait pas été aidé par ses receveurs, et c’est vrai : Hakeem Nicks a été embêté toute la saison par ses blessures au pied et au genou, coupant net son accélération, et les Giants n’ont jamais vraiment remplacé Mario Manningham avec un nouveau WR#3 aussi compétent (Domenik Hixon ou Ruben Randle n’ont pas été assez consistants). Résultat, les défenses adverses se sont beaucoup plus focalisés sur Victor Cruz, lui donnant moins d’opportunités de refaire la même saison mirobolante qu’en 2011. Ceci dit, ça ne l’a pas empêché de faire une très bonne saison : 86 catchs, 1092 yards et 10 TD, mais il aurait fait tellement plus avec un Nicks en pleine forme (53 catchs, 692 yards et 3 TD). Et puis, il faut qu’il travaille sur ses drops : 11 l’année dernière, 12 cette année avec sensiblement le même nombre de passes catchables. C’est d’autant plus rageant côté receveur que visiblement les Giants se sont trouvés un Tight End avec Martellus Bennett : 55 catchs, 626 yards et 5 TD. Il pourrait devenir une cible préférentielle d’Eli si ça continue, et en plus il est pas mal en run block.

Donc au final l’attaque aérienne emm…nuyée par les blessures s’en est remise au jeu au sol qui a pris le relais, et même s’ils ont gagné moins de yards les Giants sont quand même parvenus à marquer le deuxième total de points dans l’histoire de la franchise avec 394 (26.8 par match, 6e de la ligue). En plus avec 15 INT et 6 fumbles perdus contre 21 INT et 14 fumbles récupérés par la défense, ça fait un turnover de +14, 4e de la ligue. Alors quoi ?

Eh bien si les turnovers ça suffisait à prouver la qualité d’une défense ça se saurait, demandez aux Packers l’année dernière. Avec 6134 yards et 383.4 yards par match concédés, la défense des Giants a été historiquement mauvaise. La faute à un pass rush qui n’a pas été aussi prépondérant, et à une défense au sol qui n’a pas été améliorée.

La DL est principalement fautive sur le premier point, et c’est une des raisons pour laquelle l’équipe n’a pas fait un retour fracassant comme l’année dernière; si vous vous souvenez, le pass rush avait souffert à cause des blessures mais une fois tout le monde là, ça avait dépoté sa maman. Jason Pierre-Paul est resté le seul vrai moteur que ce soit dans le pass rush ou contre la course (13 tackles à perte), car même si son nombre de sacks a drastiquement chuté de 16.5 à 6.5 cette année, son nombre de pressions est resté égal (autour de 55). Osi Umenyiora est le seul à avoir surnagé avec 6 sacks et 45 pressions, mais Justin Tuck et Mathias Kiwanuka ont été beaucoup plus discrets. Au centre, Linval Joseph et Chris Canty ont fait plutôt de bonnes saisons (Joseph a réussi 25 run stops, 7e DT) mais Joseph doit apporter encore plus et Canty n’a pas fait toute la saison.

Les Linebackers sont principalement fautifs sur le deuxième point, la défense contre la course qui a encaissé 4.6 yards par course (28e). Chase Blackburn, Michael Boley, Mathias Kiwanuka (puisqu’il a joué moitié LB moitié DE cette année) ou Jacquian Williams n’ont pas fait assez pour stopper les coureurs. Certains ont également été très limites en couverture. Blackburn a réussi 3 sacks et 4 fumbles forcés avec ses 98 plaquages, mais on peut se demander s’il est un vrai MLB. Boley a réussi 92 plaquages et 3 INT, mais il n’a presque pas joué les deux derniers matchs. Bref on se demande un peu où va le corps des LBs des Giants.

On termine par les DBs qui ont également connu leur lot de blessures (on parle des Giants après tout) et de désillusions et… une grosse surprise. Cette saison a été un naufrage pour Corey Webster : non seulement il s’est cassé la main au début de la saison, mais derrière il n’a jamais réussi à couvrir le WR#1 adverse. Quelques fois les chiffres suffisent à eux-mêmes : 61.5% de catchs autorisés (ça OK), 988 yards (3e pire CB), 16.7 yards par catch (4e pire CB) et 8 TD (3e pire CB). Alors certes il a réussi 4 INT et 7 passes défendues, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. A son opposé, Prince Amukamara (photo) a eu une meilleure saison (51.2%, 388 yards, 2 TD, 1 INT, 4 passes défendues), mais il a vite pris les habitudes du coin : il n’a démarré que 11 matchs à cause de blessures. Le rookie Jayron Hosley reste un projet en construction.

Et c’est maintenant que je pose la question : qui est Stevie Brown ? D’où qu’il sort celui-là ? Le sophomore a profité de la blessure de Kenny Phillips et de la suspension de Tyler Sash pour attraper du temps de jeu, et il ne l’a pas lâché le veinard. Il a fait une saison remarquable à tous les niveaux : 76 plaquages, 1 fumbles forcés, 2 fumbles recouvrés et surtout 8 INT, le top parmi les Safeties (et 2e parmi tous les DBs). Si jamais il peut reproduire ce genre de perf, les Giants se sont peut-être trouvés un sacré safety pour le futur.

Phillips a donc été blessé, et son comparse Antrel Rolle a été moins efficace même s’il a réussi 92 plaquages, 1 fumble forcé et 2 INT, il est plutôt en fond de classe que ce soit contre la course ou en couverture. Enfin, les blessures de Terrell Thomas et de Michael Coe ont été préjudiciables aux DBs.

Bref, je ne suis pas prêt à mettre toute l’incompétence cette année de la défense sur les blessures, car au final cette défense-là n’est pas très différente de celle de l’année dernière. La vérité c’est que les Giants se basent beaucoup sur leur pass rush pour mettre la pression sur le QB, et quand il n’y arrive pas tout d’un coup tous les défauts ailleurs resurgissent. Cependant, c’est justement parce qu’elle n’est pas très différente que Tom Coughlin sait qu’elle est capable de se reprendre.

 

Les besoins

 

Les Giants eux aussi sont au-dessus du cap donc ils vont devoir dégraisser quelques contrats et peut-être dire bye bye à certains joueurs (Osi, c’est toi que je regarde).

Défense please. DE, DT, LB, CB, S, faites votre choix, les Giants vont presque pouvoir faire du Best Player Available. Attention, jeune CB, si tu es pris par les Giants, méfie-toi de JPP et des baignoires.

S’ils veulent drafter en attaque, un OL serait sympathique, un Guard pour remplacer Diehl.

 

Le futur

 

Domicile : Dallas, Philadelphia, Washington, Green Bay, Minnesota, Denver, Oakland, Seattle.

Extérieur : Dallas, Philadelphia, Washington, Chicago, Detroit, Kansas City, San Diego, Carolina.

Record cumulé en 2012 : 123-133 (24e).

Ca ne va pas être de la tarte ce calendrier, même si comme pour les autres membres de la NFC East l’AFC WTFest fait baisser le ratio W-L. Il reste quand même la NFC North, Seattle et Carolina qui voudront jouer les trouble-fêtes.