Mailbag QPUL : CBA, Article 7, Section 1

Nouvelle édition de notre mailbag Questions Pour Un LatestHuddle.

On aborde tout un tas de sujets différents dans ce mailbag, donc on s’y attaque sans attendre.

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Thomas : J’ai cru comprendre sur le site où il y a tous les salaires que tous les rookies draftés avaient un contrat de 3 ans . Où peut on trouver l’échelle de ces salaires ? Quid de ceux qui sont coupés début septembre ? Combien garanti ? Est ce qu’ils peuvent signer ailleurs?

C’est la nouvelle norme définie dans l’article 7 du CBA signé l’année dernière : le plafonnement de la durée et des salaires des contrats rookies (ENFIN). La course au contrat mirobolant qui avait lieu avant mettait une pression énorme non seulement au niveau financier pour les équipes mais aussi au niveau résultat pour le rookie qui devait justifier les 6 ans et 78M$ dont 50M$ garantis comme Sam Bradford (qui restera, espérons-le, le plus gros contrat pour un rookie de l’histoire).

Tout d’abord, parlons de la durée. Les contrats des rookies non draftés sont de 3 ans, ceux des rookies draftés sont de 4 ans, et ceux du premier tour sont de 4 ans avec une option pour une 5e année, tu as la liste des contrats des premier tour sur le site par ici. Les équipes doivent décider de faire jouer ou non l’option de la 5e année avant le début de la 4e année. Si jamais c’est le cas, le salaire de la 5e année devient alors garanti, et il dépend de la place dans la draft :

  • Pour le top 10 de la draft, le salaire de la 5e année devient la moyenne des 10 plus gros salaires au même poste.
  • Pour les 22 autres picks, c’est la moyenne entre les 3e et 25e plus gros salaires au même poste.

Ensuite au niveau du salaire, il n’y plus que trois composantes au contrat d’un rookie : le salaire de bases, le bonus de signature et bonus de performances. De plus le nouveau CBA contient tout un tas de restrictions qui limitent les négociations, et en général les méthodes de calcul pour définir ces restrictions restent assez secrètes. Ces restrictions sont au nombre de 7, je vais essayer de vous faire la version courte :

The Total Rookie Compensation Pool : c’est la somme d’argent totale que les 32 équipes peuvent dépenser sur tous les contrats des rookies. En 2011, il était de 874.5M$.

The Year-One Rookie Compensation Pool : c’est la somme d’argent totale que les 32 équipes peuvent dépenser sur les premières années des contrats des rookies. En 2011, il était de 159M$.

The Total Rookie Allocation : c’est la somme d’argent totale qu’une équipe peut dépenser sur tous les contrats des rookies. Elle est calculée comme un pourcentage du Total Rookie Compensation Pool en fonction de la position et du nombre des picks.

The Year-One Rookie Allocation : c’est la somme d’argent totale qu’une équipe peut dépenser sur la première année des contrats des rookies. Elle est calculée comme un pourcentage du Year-One Rookie Compensation Pool en fonction de la position et du nombre des picks. Voilà la liste des YORA 2012 par équipe avec le nombre de picks dans la draft :

  1. Cleveland – 11 – 9,721,499$
  2. Indianapolis – 10 – 8,572,646$
  3. Minnesota – 10 – 8,566,327$
  4. Washington – 9 – 7,484,847$
  5. St. Louis – 10 – 7,102,966$
  6. Cincinnati – 10 – 6,885,906$
  7. Miami – 9 – 6,438,700$
  8. Buffalo – 9 – 6,333,372$
  9. Tampa Bay – 7 – 6,166,005$
  10. Seattle – 10 – 6,111,693$
  11. Jacksonville – 6 – 6,108,805$
  12. Philadelphia – 9 – 5,969,656$
  13. Dallas – 7 – 5,714,522$
  14. Kansas City – 8 – 5,618,047$
  15. Carolina – 7 – 5,454,106$
  16. New England – 7 – 5,402,958$
  17. Pittsburgh – 9 – 5,136,933$
  18. N.Y. Jets – 8 – 5,039,093$
  19. Green Bay – 8 – 4,849,267$
  20. Detroit – 8 – 4,838,811$
  21. Houston – 8 – 4,833,662$
  22. San Diego – 7 – 4,574,594$
  23. Arizona – 7 – 4,527,891$
  24. Tennessee – 7 – 4,487,874$
  25. Baltimore – 8 – 4,318,165$
  26. Chicago – 6 – 4,189,971$
  27. N.Y. Giants – 7 – 4.097,738$
  28. San Francisco – 7 – 4,026,664$
  29. Denver – 7 – 4,020,223$
  30. Atlanta – 6 — 2,861,654$
  31. Oakland – 6 – 2,682,656$
  32. New Orleans – 5 – 2,271,90$

The Year-One Formula Allotment : c’est la formule qui calcule le salaire de base d’un rookie pour sa première année en fonction de sa position dans la draft. La formule est gardée secrète.

The Year-One Minimum Allotment : c’est la formule qui calcule le salaire minimum de base d’un rookie pour sa première année en fonction de sa position dans la draft. Évidemment, le YOFA >= YOMA (ça c’est pour empêcher les équipes de tirer les salaires vers le bas).

The Undrafted Rookie Reservation : c’est une somme maximale totale de signing bonus offerte aux rookies non draftés par une équipe (75000$ pour la dernière draft).

Comme tu peux le voir, c’est assez bétonné, ce qui veut dire que les seules valeurs qui peuvent être véritablement négociées sont les bonus de signatures et de performances, mais même ces sommes-là comptent dans le TRA, ce qui limite les marges de manœuvre.

Si jamais un joueur est cutté après la signature du contrat, comme pour un joueur lambda, le salaire de base de la première année + le bonus de signature est garanti et devra donc lui être versé. Et bien entendu, ces sommes comptent envers le TRA et le YORA, ce qui est une double perte pour le club. Le joueur passe alors par les waivers, et peut être signé par un autre club.

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Loris : Au vu des prestations de RGIII et Luck, je me demandais si dans le monde de la NFL, il était déjà arrivé qu’un Rookie (je suppose un QB car c’est ce qui sont mis le plus en avant) obtienne le titre de MVP ou OPOY ???

Tu assumes que ça doit être un QB parce que c’est la tournure actuelle du foot US dans lequel le QB est roi, mais n’oublie pas qu’à l’époque les RB étaient des joueurs très précieux dans une équipe, et on avait tendance à couver la majorité des QB avant de les envoyer au feu (sauf quelques exceptions). C’est pourquoi justement il n’y a aucun QB rookie ayant gagné le MVP ou l’Offensive Player Of The Year (OPOY), mais on trouve deux coureurs.

Si l’on reste strictement au niveau de l’Associated Press, l’organisme qui délivre les principales récompenses en NFL, le légendaire Jim Brown (photo) de l’équipe du même nom est le seul rookie ayant remporté le titre de MVP lors de la première instance en 1957.

Concernant un rookie OPOY, un seul joueur a réussi : Earl Campbell, le coureur des Oilers de Houston en 1978.

Enfin, même si tu ne le demandes pas je le dis quand même, il n’y a également qu’un seul défenseur rookie ayant gagné le titre de DPOY… essayez de deviner, réponse à la fin du mailbag (je sais c’est frustrant et ça sert à rien dans notre ère de l’internet, mais j’aime bien :)). Un indice : c’était en 1981 – les fans avec un peu de bagage ne devraient même pas avoir à tricher pour trouver.

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Ludovic : Comment cela se fait-il que sur le maillot de certaines franchises apparaissent clairement le « C » de « Captain » (cf RGIII avec les Redskins) alors que cet « insigne » est absent chez d’autres (cf les Ravens) ? Quel rôle joue les capitaines de franchise exactement? Ont-ils, à l’image de ce qui se voit en football, une relation plus directe avec les arbitres ou bien cela est seulement symbolique?

Tout d’abord, l’écusson : il contient un « C » avec quatre étoiles en-dessous. Le nombre d’étoiles dorées indiquent les années successives de capitanat, et au bout de 5, le « C » devient doré à son tour.

Dans la NFL, le capitanat est une notion assez vague qui est laissée à l’appréciation des équipes, la seule règle étant qu’il doit y avoir au minimum un capitaine par escouade : attaque, défense et équipes spéciales. C’est pour cela qu’on a des gestions différentes selon les franchises.

Tu as les franchises qui nomment des capitaines pour toute la saison. C’est le cas de 27 équipes en NFL, l’immense majorité, et tu y retrouves les grands noms de la ligue. Les capitaines de ces équipes arborent le fameux écusson « C ». Exception : les Patriots (pas d’écusson parce que Belichick pense qu’ils ne servent à rien).

Tu as ensuite les équipes qui nomment des capitaines différents chaque semaine. C’est le cas des Packers, des Ravens, des Dolphins et des Eagles. Puisque le capitanat tourne, aucun écusson « C » non plus. Exception : les Packers, s’ils arrivent en playoffs, nomment des capitaines fixes. Voilà pourquoi par exemple sur la photo ci-contre, A.J. Hawk porte un écusson « C » au Superbowl XLV.

Et tu as enfin la seule équipe qui a envoyé bouler toute notion de capitaine après le fiasco Santonio Holmes de l’an dernier, les Jets. Parce que les Jets ne peuvent rien faire comme tout le monde.

Comme tu peux le voir, à manière différente de traiter le capitanat, manière différente de voir le rôle de capitaine. Les équipes qui nomment les capitaines pour l’année disent clairement qui sont les patrons, et qui sont chargés en effet de parlementer avec les arbitres le cas échéant (ou en tout cas, qui aura le plus de poids pour aller parler avec eux). Les équipes qui tournent toutes les semaines pensent plutôt que les leaders naturels sont les vrais capitaines, et elles en profitent pour signifier ainsi que chaque joueur est important.

En tout cas, ce qui est sûr c’est que les capitaines ont un rôle obligatoire : aller faire le toss.

Soit l’arbitre vient de lancer la pièce, soit ils surveillent tous une nuée de pigeons histoire qu’ils ne leur fientent pas dessus…

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Zafara : Je me demandais comment avait fait les Houston Texans pour avoir une franchise niveau NFL après leur création en 2002 et réussir à gagner 4 matchs pour une première saison.

Oh oui, replongeons nous dans la merveilleuse première saison des Texans en NFL : des QBs massacrés, des victoires improbables…

Commençons par un moment de silence pour la carrière de David Carr, tuée dans l’oeuf par la bagatelle de 76 sacks, record toujours en activité… avant d’être re-tuée en 2005 avec 68 sacks (3e pire total).

Une petite musique d’introduction pour « Kuro raconte » svp.

La ville de Houston voit une franchise de foot US naître en 1960 avec les Oilers dans l’AFL, la ligue concurrente de la NFL. La franchise rejoint la NFL comme toute l’AFL dans la fusion de 1970 avant de déménager à Tennessee en 1997. C’est le 2e coup dur pour Houston en quelques semaines après le refus de la NHL d’implanter une équipe de hockey pro dans la ville.

Encore quelques semaines plus tard, le déménagement des Cleveland Browns à Baltimore s’accompagne de la promesse de recréer les Browns… ce qui porterait le nombre d’équipes à 31. Paul Tagliabue, le commish de l’époque, prospecte pour une 32e franchise qui permettrait enfin une répartition équitable dans toutes les divisions. Les 3 candidats sont Toronto, LA et Houston (vous voyez, LA et Toronto sont de VIEUX rêves de la NFL).

En Mars 1999, c’est la déconvenue quand l’équipe est finalement attribuée à Los Angeles, mais la ligue pose des garanties au niveau des infrastructures. Un mois plus tard la NFL se déplace à LA et les travaux du stade n’avancent pas à cause de problèmes d’argent public non investi, et l’attribution reste en suspend. Démarre alors une guerre de gros sous entre LA et Houston, qui est au final remportée par Bob McNair (photo) de Houston le 6 Octobre 1999.

Les Texans naissent quelques mois plus tard, et le coaching staff (mené par Dom Capers, l’actuel DC des Packers) arrive début 2001. Il ne reste plus que l’essentiel : les joueurs. Ca commence par des camps d’essai fin 2001, puis ça continue par la draft d’expansion en février 2002 et la vraie draft en avril. La draft d’expansion est un système pour peupler les nouvelles équipes : en gros les autres franchises listent 5 joueurs parmi lesquels la nouvelle équipe peut choisir.

Les Texans participent à leur première saison en 2002, et comme je vous l’ai dit leur QB drafté #1 David Carr souffre beaucoup derrière une OL à côte de laquelle toute l’OL des Cardinals de cette année pourrait finir au HOF (et pourtant il y a le ProBowler LT Tony Boselli, mais il est déjà cuit complet à ce moment-là). La défense est un peu meilleure mais avec une attaque aussi anémique c’est presque impossible de gagner.

Malgré tout, ils sont la première franchise depuis les Minnesota Vikings en 1961 à gagner leur tout premier match, le derby du Texas contre les Cowboys 19-10. Ils battent également à l’arrache les Jaguars 21-19 et les Giants 16-14 avant de réussir un nouvel exploit improbable : battre les Steelers 24-6 avec seulement 47 yards en attaque (un record qui tient toujours); les 3 TD du matchs sont marqués par la défense sur 1 strip-6 (fumble TD) et 2 pick-6 (INT TD).

And the rest is History.

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Guickham : Je viens de remarquer que pour les matchs de cette semaine deux matchs très intéressant (Broncos – Ravens et Packers – Bears) allaient se jouer à 19H (heure française). Pourquoi ce choix ? Est-ce que cela a quelque chose à voir avec le froid ou est-ce simplement la NFL qui a prévu le Schedule de cette manière ? 

Je ne suis pas totalement certain pour Broncos/Ravens, par contre je peux t’assurer que si Packers/Bears est resté à 19h, c’est parce que le match aller avait été « chipé » par NFL Network pour en faire un Thursday Night Football, et il était hors de question pour FOX de lâcher le deuxième à NBC (pour le Sunday Night Football) ou à ESPN (pour le Monday Night Football).

C’est AUSSI la bagarre entre les chaînes :). Après c’est sûr qu’ils auraient pu essayé de le décaler à 22h15, mais en général ça ne se fait pas juste pour ça; les seuls décalages décidés sont pour changer le SNF ou le MNF.

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Thomas : Que font les jeunes joueurs qui n’ont pas de contrat dans la saison? Ils s’entrainent tous seuls en priant ou alors ils essayent la CFL , l’ARENA ou d autres leagues?

Toutes les solutions que tu cites sont des possibilités. Certains décident de prendre un boulot (quand ils en trouvent un) en continuant de vérifier les opportunités NFL, d’autres vont dans des ligues parallèles (CFL, Arena, UFL, ligues semi-pro); c’est la dure vie de ceux qui naviguent de practice squad en cut en waiver en chômage technique. Les joueurs peuvent passer des mois et des années à essayer de rentrer dans une équipe avant de laisser tomber et de tenter de faire autre chose. C’est la mort d’un rêve et le difficile retour à la réalité… et beaucoup de jeunes ne sont pas forcément équipés pour cela.

Petit exemple avec l’un des trois running backs actuels des Packers DuJuan Harris : il a été non-drafté, signé par les Jaguars en 2011, cuté en 2012, signé pendant l’offsaison par Steelers puis cuté quelques jours plus tard. Il a pris un job comme vendeur de voitures tout en faisant d’autres essais pour des équipes NFL avant d’être signé dans le practice squad des Packers fin Octobre. Une semaine plus tard il a intégré le roster de 53, et 8 jours plus tard il a marqué son premier TD contre les Lions. Mais il est là à cause des blessures de James Starks et Cedric Benson, donc quand ils reviendront, Harris pourrait aussi bien gagner ses galons définitifs, trouver sa chance dans une autre équipe… ou retourner vendre des voitures. Ca peut aller aussi vite dans un sens que dans l’autre.

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Réponse au seul rookie DPOY en 1981 : qui d’autre que celui qui a terrorisé une génération de QB et qui a même forcé l’invention d’un nouveau poste rien que pour le bloquer (le H-back) ?

Lawrence Taylor, alias « LT »

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C’est la fin de ce mailbag.

N’hésitez pas à continuer à envoyer des questions à l’adresse latestmailbag at yahoo dot com.