The 5000 Yards Review : Green Bay

Nous passons désormais à la NFC North, la division qui aurait très bien pu envoyer trois représentants en PO comme l’AFC North sans les blessures de Cutler et Forte qui ont éliminé les Bears. A côte de ça, les deux autres ont fait one & done, avec la surprise de la défaite de Green Bay en Divisional Round. Ce n’est que partie remise : avec des Bears qui ne lâchent jamais rien, des Packers survoltés et des Lions qui expriment enfin leur potentiel offensif, la NFC North s’apprête à devenir un enfer pour les autres équipes.
On commence avec les presque-invincibles mais vite parti Packers de Green Bay.
A lire avec un cheesehead sur la tête et un maillot #12 ou #87.
GREEN BAY PACKERS
1er NFC North ~ 15-1 / 0-1
Un sentiment de gros gâchis

Les prévisions de Madame Soleil 2011

Une bonne possibilité de back-to-back. Un Superbowl remporté avec plus d’une quinzaine de titulaires sur IR et un noyau de jeunes joueurs talentueux étaient les deux raisons pour lesquelles on imaginait que Green Bay était le meilleur candidat à sa propre succession. Dans la grande tradition de la franchise, il n’y avait pas eu trop de gros mouvements pendant l’intersaison : Cullen Jenkins, Nick Barnett, Brady Poppinga et Daryn Colledge étaient partis, Derek Sherrod et Randall Cobb entre autres avaient été draftés. En d’autres termes : récupérer la totalité des blessés et assurer la stabilité pour s’appuyer sur une base déjà existante.

La saison

New Orleans 42-34, @Carolina 30-23, @Chicago 27-17, Denver 49-23, @Atlanta 25-14, St.Louis 24-3, @Minnesota 33-27, @San Diego 45-38, Minnesota 45-7, Tampa Bay 35-26, @Detroit 27-15, @Giants 38-35, Oakland 48-16, @Kansas City 14-19, Chicago 35-21, Detroit 45-41.

Les playoffs

Giants, 20-37.

La réalité

L’année dernière, l’attaque était bonne, la défense encore meilleure, et les équipes spéciales catastrophiques. Cette année, y’a du changement a tous les étages : l’attaque est stratosphérique, les équipes spéciales se sont améliorées (merci au rookie Randall Cobb pour ça, 1 TD sur retour de kick et 1 TD sur retour de punt)… mais la défense a fait un crash total. Longtemps on s’est dit que ça allait tant que l’attaque récupérait les bourdes, mais les deux fois où elle n’en a pas été capable, les Packers ont perdu. Et le plus terrible, c’est que la 2e fois c’était en playoffs, le genre d’endroit où il est préférable de ne pas se louper. 15 victoires en saison régulière, un petit tour en playoffs et puis s’en va.
La carte de Yardage Rodgers
Après une saison 2010 où il a rejoint les titulaires d’une bague de champions, Aaron Rodgers a décidé de passer la vitesse supérieure et de définitivement faire oublier le #4. Il a brillé tout le long de la saison malgré une ou deux baisses de régime, ce qui lui a valu le titre de Most Valuable Player avec une ligne de stat impressionnante de 68.3%, 4643 yards, 45 TD et seulement 8 INT. Ca lui donne un rating moyen de 122.5, ce qui est le record NFL sur une saison, et ce n’est que justice quand on le regarde évoluer : il sait rester dans la poche, prendre sa décision rapidement, lancer tous les parcours et le backshoulder throw à la perfection; il sait également sortir de la poche et être encore plus précis en mouvement, ou même courir avec la balle. On ne peut que constater qu’il a le package complet du QB moderne.
Ce qui fait peur c’est de l’entendre dire qu’il peut encore évoluer sur certaines choses, et à part des composantes extra-sportives comme le choix de sa crème de rasage ou de son déodorant on a un peu de mal à voir ce qu’il pourrait améliorer sur le terrain. Parce qu’on sait tous pourquoi Green Bay est sorti en playoffs.
Une carte d’attaque…
Et ce qui ne gâche rien, c’est que Rodgers a des cibles de qualité à qui lancer toutes ses passes. En effet, la charge est partagée parmi une pléthore de receveurs, le groupe le plus profond de la ligue en terme de qualité. Greg Jennings reste le receveur #1 avec des chiffres solides de 67 catchs, 949 yards et 9 TD (en seulement 13 matchs en plus), mais désormais les défenses sont prévenues : il y a un autre receveur qui est presque un #1 bis. Suite à des playoffs et un Superbowl où il s’est fait remarquer, Jordy Nelson a explosé et il est devenu le go-to guy de Rodgers : 68 catchs, 1263 yards et 15 TD à lui tout seul; ça lui donne une moyenne de 18.6 yards par catch, 2e derrière Victor Cruz parmi les WR à 60+ catchs. La connexion Rodgers/Nelson promet dans les années à venir, surtout que les équipes ont rarement deux CB #1, ce qu’il faudrait presque pour couvrir Jennings et Nelson. Derrière, on a le revenu-de-blessure Jermichael Finley à 767 yards et 8 TD, la drop machine qui s’est calmée James Jones à 635 yards et 7 TD, et enfin le good ol’ Donald Driver avec 445 yards et 6 TD.
…et la parade !
J’AI DIT DROP MACHINE ! Allez c’est maintenant qu’on sort les boulets rouges sur les problèmes de l’attaque. On commence par les drops, car c’est un mal qui a littéralement plombé l’attaque, surtout vers la fin de la saison. Finley a facilement droppé 10+ passes, et comme par hasard on a vu un vrai drop-o-rama des receveurs lors des deux défaites contre KC et les Giants. C’est véritablement un souci parce qu’avec un QB tel que Rodgers, les drops sont à 95% la faute du receveur. Un autre problème a été le jeu de course qui depuis deux ans a un peu de mal (si on occulte les PO l’année dernière). Ryan Grant et James Starks tournent à 559 et 588 yards pour 2 et 1 TD respectivement. En fait on résume tout si on dit que Rodgers lui-même a couru pour 3 TD et John Kuhn pour 4. Des scrambles et des short runs. Et enfin le troisième problème, la ligne offensive a encaissé 41 sacks même si on peut arguer qu’elle a connu pas mal de blessures (dont notamment deux contre Kansas City).
Eeeeeet nous arrivons au bât qui blesse. La défense top-5 n’est plus, et pire elle se retrouve DERNIERE de la ligue en yards. Oui pire que New England, les Bucs, les Rams, les Colts, etc. Alors quid ? Déjà, regardons une chose : la défense contre la course est potable, c’est celle contre la passe qui a souffert, et c’est en partie un produit de l’attaque ultra-efficace. Quand vous avez une attaque qui enfile les points, l’attaque adverse doit avancer à tout prix pour ne pas être lâchée, et donc elle passe par les airs (sauf si elle a vraiment un jeu de course inarrêtable). Du coup, quand on regarde les statistiques, qu’est-ce qu’on découvre sans surprises ? La défense des Packers est celle qui a vu le plus de passes lancées contre elle (637, environ 37 par match). Ca explique également que les Packers soit la défense avec le plus de passes défendues dans la ligue, avec 130.
Tramon Williams au pick-6
Mais ce serait trop facile de se cacher derrière cela, donc parlons d’abord des absents. Le départ de Cullen Jenkins a créé un trou difficile à boucher dans la ligne défensive, et les prises à deux qu’il générait sont alors parties sur le prochain élément dangereux du pass rush : Clay Matthews. Cela explique pour le Claydator n’a pas connu la même opulence statistique que l’année dernière (6 sacks seulement et 1 INT). Mais pour quiconque l’a vu jouer, c’est toujours le même joueur : il a réalisé 40 QB Hits malgré la surveillance accrue des joueurs adverses. Ce qui a souligné un autre problème : les Packers n’ont pas d’OLB du calibre du Claymaker à l’opposé pour aller sacker le QB, ce qui a résulté en un pass-rush criminalement faible; les Packers n’ont enregistré que 29 pauvres sacks, ce qui n’est certes pas le plus faible total de la ligue, mais je vous rappelle que la défense a vu le plus de passes lancés contre elle, du coup le taux de sack par play tombe à un ridicule 4.8%, ce qui est pour le coup le pire taux de la ligue. Et évidemment, pas de pass rush, pas de sacks, plus de passes, le taux descend, c’est un cercle vicieux qui a exposé l’arrière-garde.
Une arrière-garde qui a perdu Nick Collins pour la saison lors du second match avec une grave blessure au cou, un autre manque qui a été important (plus que celui de Morgan Burnett l’année dernière). Même avec un CB du calibre de Charles Woodson, on a senti une désorganisation et un manque ahurissant de fondamentaux dans les plaquages qui ont ouvert des boulevards aux adversaires. Mention spéciale au plaquage à l’épaule sur le receveur lancé qui ne le fait pas bouger d’un poil. Dans ce marasme, des joueurs comme Ryan Pickett ou Desmond Bishop (115 plaquages, 5 sacks, 2 fumbles forcés) ont prouvé par leur absence qu’ils étaient cruciaux, notamment contre la course. A.J Hawk a beau être la capitaine de la défense, son influence sur le jeu est trop faible. Tramon Williams a eu des difficultés à rester au même niveau que l’année précédente, mais il a lutté avec une blessure à l’épaule pendant une bonne partie de la saison.
La carte spéciale Packers
Bon alors vous allez me dire : comment est-ce possible que les Packers aient gagné 15 matchs ? Simple, la défense s’est faite marcher dessus jusque dans la red zone, où elle est passée en mode « on bloque tout », limitant souvent à des FG. Et puis Green Bay avait une arme fatale cette saison : l’interception. Avec 31, les Packers sont en tête de la ligue, volant le plus de ballon dans les airs; Woodson et Williams sont les fers de lance avec 7 et 5 respectivement. Cela explique pourquoi la défense est 14e en points encaissés (22.4) : elle a joué au jeu de « je plie mais je ne rompt pas complètement », jusqu’à ce que ce soit l’attaque de Green Bay qui rompt la première. Le pass-rush va être la priorité à régler pour Green Bay s’ils ne veulent pas connaître le même sort dans les années à venir..

Le futur

*Detroit, *Chicago, *Minnesota, Arizona, San Francisco, New Orleans, Jacksonville, Tennessee, @St.Louis, @Seattle, @Giants, @Houston, @Indianapolis.
La grande inconnue reste Indy (Luck, Manning… RG III ?) mais même en retirant les Colts, on a encore du tape-dur : Detroit, Chicago, SF, NO, les Giants, Houston… Si les Packers refont un 15-1, là chapeau. Mais bon, ils préféreront peut-être finir #6 et retourner au SB à la place :p.