Analyse : Packers @ Bills (Kuro – W15 2014)

Green Bay Packers 13 – 21 Buffalo Bills

Upset ? Pas si sûr.

En effet, le terme d’upset a tendance à dire que personne (ou peu de monde) n’y croyait. Or, rien de ce qui s’est passé ne m’a personnellement surpris, car les Bills ont fait exactement ce que j’ai dit dans le Gameday, une formule éprouvée pour ralentir l’attaque des Packers : rush 4, cover 7, create turnovers. Il faut avoir les 4 de devant et les 7 de derrière pour réussir ce genre de tactique, ce que toutes les équipes ne peuvent pas faire… Detroit, Seattle, et Buffalo en sont capables. Comme par hasard, trois des quatre défaites de Green Bay à l’extérieur ! Par contre, le match était quand même totalement gagnable pour les visiteurs.

Parce qu’encore une fois, l’attaque des Bills a été assez peu dangereuse (253 yards), se contentant de réussir deux ou trois gros jeux et profiter des interceptions. En effet, l’attaque n’a scoré que 12 points, ce qui aurait été insuffisant sans le beau retour de punt de Marcus Thigpen pour un TD. Orton a été majoritairement inoffensif à 14/27, 158 yards et 1 TD, surtout quand on voit que sur le gros gain de Bryce Brown (40 yards) il est tout seul. Sammy Watkins a été étouffé par la défense (1c/28y), alors que Fred Jackson a vu le plus de réceptions avec 3 pour 27 yards. Le jeu au sol a été assez « boom or bust » : une course de 13 yards, une de 12 yards, une de 8 yards, mais à côté de ça on a 33c/113y, soit 3.3 yards de moyenne. On attendait mieux contre une défense supposée faible au sol, et dans l’ensemble on a eu la confirmation que c’est bien l’unité qui demande du travail à Buffalo dans les années à venir.

Dans un effet miroir du match contre Atlanta, la défense des Packers a décidé de répondre présente contre Buffalo, même si c’était contre une attaque un peu moins dangereuse; elle a néanmoins dû aussi le faire sur un terrain raccourci quand l’attaque a rendu la balle. Green Bay a su mettre la pression sur Orton (3 sacks dont 2 de Clay Matthews), même si on peut dire que la DL aurait pu encore mieux faire dans le match. On se demande aussi si Julius Peppers ne serait pas en train d’accuser le coup depuis quelques matchs car on le voit beaucoup moins. L’arrière-garde a fait son travail parfaitement, isolant totalement Watkins en couverture avec des prises à 1 ou 2, dont une belle interception de Tramon Williams. On ne peut pas totalement lui reprocher d’avoir encaissé quelques gros jeux quand elle limite l’attaque adverse à 12 points, et que c’était suffisant pour gagner le match. Dans l’ensemble, un match-rebond réussi pour la défense.

Les Cheeseheads espèrent que ce sera le même cas la semaine prochaine pour l’attaque des Packers, car c’est tout simplement le pire match de la carrière d’Aaron Rodgers, et le pire match au niveau des drops de receveurs depuis 2008 en NFL (dixit ESPN). Lisez cette ligne de stat : 17/42, 185y, 2INT. Oui, c’est bien du Rodgers (on l’a vu sur les images, c’était bien lui). Mais commençons par les points positifs du match en attaque, car il y en a : AR n’a pas été aussi maltraité qu’on l’attendait contre le terrible front-4 des Bills (1 sack, 9 pressions), et pour cela il faut créditer l’OL qui a encore fait un très bon match; n’oublions pas que le Safety arrive sur la première action suivant la sortie de Bryan Bulaga sur commotion et que Mario Williams bat J.C. Tretter, qui était censé être le Centre en début de saison. Les gros de devant ont également su ouvrir les brèches au sol pour un Eddie Lacy qui a été monstrueux pendant 20 minutes, tractopellant la majeure partie de ses 97 yards et son TD… et puis il a un peu disparu par la suite (15 courses au total). Assez surprenant quand on voit que le jeu de passe n’avançait pas, et c’est là qu’on attaque les points négatifs : un Rodgers totalement hors de synchro avec ses receveurs, à tel point qu’à un moment on s’est demandé s’il ne lançait pas derrière eux pour ne pas les envoyer au carton. Et surtout, SEPT drops, dont le plus irréaliste est celui de Jordy Nelson tout seul sur une bombe de 94 yards qui va normalement au TD. Nelson a fini à 5c/55, et Cobb a été le meilleur receveur à 7c/96y, mais ce sont des stats maigres vu ce qu’ils savent faire (même si Cobb a encore fait quelques piges dans le backfield avec quelque réussite).

Et cela est à mettre au crédit des arrières des Bills, qui ont su jouer physique contre les receveurs. Encore une fois, aucun secret là-dedans : c’est prouvé depuis un moment qu’il faut être physique avec les Packers pour casser leur rythme – et si vous n’arrivez pas à le faire devant, faites-le derrière. En effet, même si Kyle Williams a fait son match, on n’a pas retrouvé la DL qui a terrorisé nombre de Quarterbacks cette année; la faute à une OL efficace en face (mais au moins, Mario Williams a contré un Field Goal et a causé le safety qui termine le match). Même les Linebackers ont été un peu en dedans (Bradham ou Brown), notamment en première mi-temps lorsque Lacy a cavalé en long en large et en travers. Mais les arrières ont su tenir la baraque, avec deux INTs de l’ancien Redskin Baccari Rambo (ça c’est ce qu’on appelle un retour de nul part); Stephon Gilmore notamment a été stratosphérique, n’autorisant qu’une seule réception sur huit ciblages, alors que Aaron Williams ou Corey Graham ont eu un peu plus de mal, mais ont fait le travail dans l’ensemble. Avec cette défense, les Bills ont vraiment de quoi faire pour l’avenir… il ne leur manque plus que l’attaque.

Donc au final, ce match s’est joué sur les équipes spéciales : ce retour de punt de Thigpen, plus le Field Goal contré, ont fait la différence, et prouvent bien qu’en ce moment Buffalo a de la qualité dans ces unités, et que les Packers commettent de plus en plus de bourdes inhabituelles. Le retour de punt est assez inexcusable, mais pour les contres une explication pourrait être le fait que Josh Sitton et T.J. Lang, qui sont Guards et protecteurs sur ST, ont été retirés des ST pour les ménager à cause de blessures subies à New Orleans (comme par hasard le point de départ des ratés).

Bref, comme je le dis dans le titre, j’ai répété que c’était un match piège avant la rencontre pour une bonne raison : la défense des Bills avait de quoi retourner la tête de l’attaque des Packers. Néanmoins je ne m’attendais pas à ce que GB ait quand même la possibilité de le gagner, et décide de faire son match offensif le plus putride (du moins dans les airs) depuis un bon moment. Une grande partie du crédit en revient à Buffalo qui a une défense féroce dans tous les compartiments du jeu, même si on parle bien plus souvent de la DL que du reste de l’équipe. Les Bills restent en vie dans la course aux playoffs, alors que les Packers perdent temporairement la tête de la NFC North, probablement le seed #1 en NFC, et reçoivent ont un coup de pied aux fesses avant d’entamer une fin de saison critique.