Analyse : Jets – Packers (Kuro – W2 2014)

New York Jets 24 – 31 Green Bay Packers

The Jordy Day

Les gens vont beaucoup parler du fameux temps mort qui aurait coûté la victoire (ou au moins l’égalité aux Jets). Cela ne retire pas que l’équipe de New York a su prendre une large avance grâce notamment à deux longs drives au début du match. Mais cette avance 21-3 n’a pas suffi, et les Packers sont revenus avec une défense bien plus solide et une attaque aérienne cantonnée (presque) à un homme pour planter un 28-3.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Geno+Smith+New+York+Jets+v+Green+Bay+Packers+y2mt8ePJUW8l.jpgDonc, encore une fois, il va être plus intéressant de regarder les deux parties de ce match. Pendant le 21-3, les Jets ont été créatifs et déterminés en attaque, passant la majorité du temps en no-huddle. Le jeu de course a été un peu inconsistant, mais il a été aidé par quelques gros gains, des courses de Geno Smith et une belle read option pour Jeremy Kerley. A la passe, Geno a d’ailleurs fait un bon début de match, menant les Jets sur des drives de 84 et 80 yards pour mener 21-3 après 25 minutes de jeu. La défense de Green Bay a résisté un peu à la course (mais pas toujours), et a subi à la passe, incapable de vraiment mettre la pression sur Smith ou de couvrir notamment Eric Decker.

De l’autre côté, les Packers ont démarré de la pire des façons avec ce premier snap raté entre Corey Linsley et Aaron Rodgers, redonnant de suite le ballon à New York. Ensuite, la défense des Jets, qui a joué beaucoup avec un seul safety en profondeur, a mis du nombre dans la boîte pour stopper Eddie Lacy qui n’a pas pu gagner de terrain. Du coup, il fallait que Rodgers fasse quasiment tout tout seul, et la pression mise par Quinton Coples et Demario Davis notamment a été cruciale pour limiter les Packers à 3 petits points. Le #12 n’a réussi à survivre que grâce à ses jambes et à ses deux receveurs Jordy Nelson et Randall Cobb.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Jordy+Nelson+New+York+Jets+v+Green+Bay+Packers+N2LVN5Jn-lIl.jpgEt puis… lentement, imperceptiblement jusqu’à la mi-temps, la balance a commencé à revenir à l’équilibre. Les Jets ont semblé avoir épuisé toute leur créativité en attaque : le jeu de course est devenu terne et sans invention. En face, la défense s’est ressaisie : menée par un Mike Daniels tonitruant et un Julius Peppers discret mais partout à la fois, les deux Chris Coureurs (Ivory et Johnson) ont été stoppés net. Cela a forcé Geno à réussir plus de passes, et la pression augmentant, il a commis un peu plus d’approximations; il a fini par commettre l’erreur sous la pression de Daniels en lançant une interception à Tramon Williams en fin de première mi-temps. Cela a donné une nouvelle opportunité à une attaque des Packers qui avait retrouvé son rythme grâce à Nelson qui a commencé son show hallucinant contre Antonio Allen et Dee Milliner. A la mi-temps, les Packs étaient revenus à 21-16 avec 2 FG et un TD de Cobb.

Ce scénario a continué en 3e QT, d’autant plus que Decker est sorti sur blessure, ce qui n’a pas du tout arrangé les affaires de Smith : sans jeu de course, dans un schéma totalement vide d’inspiration, il n’a plus trouvé les solutions. La défense new-yorkaise a tenu autant que possible, mais Nelson a continué son show et le rookie Davante Adams s’est découvert, forçant la défense à moins charger la boîte, ce qu’a utilisé Lacy pour trouver enfin quelques brèches. Un nouveau TD de Cobb a mis Green Bay en avant 24-21 avec une transfo à deux points qui a créé une véritable bagarre, et l’éjection de Muhammad Wilkerson. Et même quand New York a cru revenir dans le match à égalité avec un Field Goal, la bonne vieille play action + rollout + bombe à Jordy a abusé la secondary pour un TD de 80 yards.

Enfin, on arrive à la controverse : alors que les Jets jouent une 4e tentative loin dans le terrain adverse, un temps mort appelé par le duo Marty Mornhinweg – Sheldon Richardson annule un TD magnifique. Techniquement ils n’avaient pas le droit de demander un TO, ni l’un ni l’autre (seul le coach peut le faire sur la touche), mais on voit sur les images que l’arbitre tourne la tête et ignore l’OC comme il devait le faire. Le problème : Rex Ryan se trouvait derrière l’arbitre et s’est déplacé à ce moment-là, et Richardson arrive exactement du même endroit pour souffler à l’oreille du zèbre; l’arbitre a probablement cru que c’était Ryan, et vu qu’il ne restait que quelques secondes avant le snap, il n’a pas pu se retourner. La seule vérité, et Mornhinweg l’a reconnu, c’est que dans ces cas-là il faut laisser le QB agir. D’autant plus que les Jets ont converti cette 4e tentative après le temps mort, mais on buté par la suite. Plus aucun point ne sera marqué.

http://cdn0.vox-cdn.com/uploads/chorus_asset/file/696138/marty.0.gifAu final, on peut pointer du doigt la bagarre, l’éjection de Wilkerson ou ce temps mort comme raison de la défaite des Jets, mais il ne faut pas oublier qu’avant tout ça, l’équipe n’a pas marqué un seul point en 24 minutes, et cela provient d’un espèce d’épuisement inventif en attaque empiré par la blessure de Decker : du coup les Packers ont pu se concentrer bien plus sur des actions classiques plutôt que de se faire des noeuds au cerveau. Geno a montré quelques promesses, mais il n’est pas encore un vrai passeur de poche (16/32, 176y, 1 TD, 1 INT) et malheureusement il n’a pas été aidé autour de lui : le jeu de course s’est complètement éteint, Chris Johnson et Chris Ivory étant limités à 25c/64y/1TD, et il a donc perdu en cours de route son meilleur receveur Decker (4c/63y/1TD). La défense a fait ce qu’elle a pu, notamment Davis avec 6 plaquages et 2 sacks, mais en perdant Mo Wilkerson et avec des arrières tous en grande difficulté (notamment Allen), elle n’a pas pu tenir jusqu’au bout.

C’est aussi l’histoire du match de Rodgers (25/42, 346y, 3TD) : un peu de temps à se mettre en route, et un jeu de course mis sous l’éteignoir (Lacy – 13c/43y) l’ont privé d’une partie de sa puissance de feu au début. Il a fini par décider que ça ne servait à rien de finauder alors autant jouer sur son receveur préféré : Jordy Nelson a réussi son meilleur match en carrière avec 9c/209y/1TD. Randall Cobb a été l’assistant marqueur de TD avec 2 en 5 réceptions, alors qu’Adams a su se montrer avec 5c/50y. Même si Derek Sherrod continue à donner des signes de rouille (1 sack de son côté), il a été meilleur que contre Seattle. La défense a également su répondre présente après une mauvaise entame de match, notamment la défense contre la course, même si on pense toujours qu’elle a du mal sur les gadget plays genre read option. Mais Daniels s’impose de plus en plus comme un leader, et le duo Matthews/Peppers semble se mettre en chauffe pour le reste de la saison (Peppers a tout fait dans ce match : stopper la course, rusher le QB, défendre la passe). Jamari Lattimore a fait un intérim intéressant, Tramon Williams semble vraiment revenir à sa forme de 2010, mais Sam Shields n’est pas encore au niveau. Enfin, Mason Crosby a fait 3/3 dont un record pour un kicker des Packs à Lambeau avec un FG de 55 yards; 2012 semble vraiment loin derrière.

http://www.gannett-cdn.com/-mm-/ff23106fea550397370d1f7bb6fcd149e6f17d02/c=0-120-1909-1553&r=x404&c=534x401/local/-/media/WIGroup/PackersNews/2014/09/15/1410831837000-ES_GPG_Packers%20vs.%20Jets_9.14.1401558.jpgBref, un match où les deux équipes peuvent trouver des motifs d’espoir et des faiblesses à corriger. Les Packers ont fini par s’en sortir surtout parce qu’ils ont Aaron Rodgers et Jordy Nelson, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise chose, alors que la défense doit absolument démarrer le match bien plus rapidement que ça. Les Jets ne doivent pas tout casser sous prétexte qu’ils ont lâché un match gagnable, mais leur indiscipline mentale, le manque de profondeur au poste de receveur et la créativité à sec au bout de 25 minutes sont des axes de travail pour eux.