Analyse : Eagles – Colts (Kuro – W2 2014)

Philadelphia Eagles 30 – 27 Indianapolis Colts

Sproles For The Win

Je sais qu’il est tentant de penser qu’encore une fois, les Colts n’ont joué qu’une mi-temps, mais quand on voit la performance offensive en première mi-temps, je ne suis pas sûr que ce soit totalement vrai. Par contre ce qui est sûr c’est que les Eagles n’ont encore joué qu’une mi-temps, mais ça a été suffisant (avec, oui, un peu d’aide des arbitres) pour l’emporter à Indianapolis.

Parce que sans le phénoménal Darren Sproles le match était perdu cent fois. Le coureur a fait une performance énorme avec 4 courses pour 26 yards et 1 TD + 7 réceptions pour 152 yards; il a compté pour 178 des 458 yards offensifs de Philadelphie, et la défense des Colts n’a eu aucune réponse pour lui. Il a été complémenté dans le jeu au sol par un LeSean McCoy un peu plus discret que d’habitude (20c/79y/1TD) et un Zach Ertz à la réception qui s’affirme (4c/86y). Mais à part ça et le TD à la réception de Jeremy Maclin, autour c’est bien plus calme. C’est pourquoi il ne faut pas se tromper en lisant les chiffres de Nick Foles (21/37, 331 yards, 1 TD et 1 INT) : son interception est sur une bombe un peu courte, 152 de ses 331 yards sont pour Sproles sur des petites passes, alors que pourtant il n’a pratiquement pas eu à se soucier de la pression de la DL adverse. Est-ce que c’est une belle performance pour une OL sans Evan Mathis et Allen Barbre ? C’est toujours une bonne chose, mais les Colts ont énormément de mal dans ce secteur en ce moment. Washington sera un test bien plus ardu la semaine prochaine.

DeMeco Ryans a été le patron de la défense des Eagles avec 10 plaquages et un fumble récupéré, menant une escouade qui n’a lâché que 341 yards à Indy et qui a su créer deux turnovers cruciaux : le fumble forcé par Fletcher Cox qui permet de revenir à 20-20 en 3e QT, et l’interception de Mike Jenkins qui permet de revenir à 27-27 en 4e QT (on y revient). C’est pas mal, mais les Eagles non plus n’ont pas su amener la pression jusqu’au QB adverse (0 sack). Il faut encore travailler sur quelques points pour éviter d’avoir toujours à courir au score comme cela.

Alors oui, sans conteste, les Colts n’ont pas été aidés par l’arbitrage. L’interception en zone rouge est causée par un holding non sifflé sur T.Y. Hilton, et le Horse-Collar sifflé sur LaRon Landry deux actions plus tard n’existe pas. Il n’est pas impossible que le premier fait de jeu ait refroidi Pep Hamilton qui a appelé deux jeux de course inefficaces sur le dernier drive d’Indy qui se termine en 3&out. Mais tout cela n’explique pas qu’Andrew Luck (20/34, 172 yards, 3 TD, 1 INT) ait été tellement à la ramasse qu’il a eu besoin de 44 minutes 30 pour franchir la barre des 100 yards (!) avec quasiment aucune pression sur lui. Ca n’explique pas que Trent Richardson, même quand il semble faire enfin un bon match (21c/79y), arrive à la pourrir avec deux fumbles dont un perdu (merci Reggie Wayne pour l’autre), alors que derrière Ahmad Bradshaw fait un meilleur boulot (13c/70y au sol + 5c/26y/2TD à la réception). Hilton a été le meilleur receveur avec 6c/65y, mais le reste a gentiment disparu, en partie à cause d’un Luck vraiment pas dans son assiette. L’OL peut être une des satisfactions du match.

Au risque de vous faire faire les gros yeux, la défense l’a aussi été… pendant une mi-temps. Elle a su contenir l’attaque explosive des Eagles et redonner la balle à l’attaque avant que tout ne s’effondre en deuxième période. Il y a eu l’impossibilité pour les Linebackers ou DBs de venir plaquer Darren Sproles. Il y a eu l’incapacité à presser Nick Foles : les Colts ne sont qu’à un sack en deux matchs sans Robert Mathis (Bjoern Werner, Erik Walden, où êtes-vous ?). Cory Redding est le seul à avoir vraiment fait de son mieux, mais il ne peut pas tout faire. Vontae Davis n’a pas été aidé dans ses performances par une interférence de passe suspecte en 1er QT, et malgré sa superbe interception, on a vu Greg Toler meilleur par le passé.

Enfin, difficile de ne pas voir l’ironie dans le fait que le Kicker qui a fait gagner le match aux Eagles, Cody Parkey, a été échangé par Indy en présaison.

Bref, les deux équipes ont livré un match totalement inégal, donc serré; comme souvent dans ce genre de rencontre, un gros jeu ou une décision arbitrale peut le faire basculer. Philly et Indy ont encore pas mal de travail (notamment sur le pass-rush) s’ils veulent retourner en playoffs cette année. Évidemment, la différence c’est que Philly est déjà en tête de sa division, et Indy déjà au fond de la sienne.