Boom Or Bust : Les choix du premier tour de la draft 2020 (1/4)

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La draft est une combinaison de scouting, de stratégie, et d’un peu de chance. L’édition 2020 a été à nulle autre pareille avec le COVID, mais malgré les limitations imposées par la pandémie au niveau de la draft elle-même et des entraînements d’intersaison, certains rookies n’en ont pas moins brillé avec leurs équipes respectives.

Alors, qui a tiré le bon numéro ? Nous allons regarder à la loupe les tribulations des 32 choix du premier tour de draft pour savoir comment ils se sont comportés, et s’ils ont été les meilleurs rookies de leur équipe. On commence avec les picks #1 à #8 aujourd’hui, puis nous verrons les #9 à #16 demain, les #17 à #24 vendredi et les #25 à #32 samedi (avec en plus un résumé pour les équipes n’ayant pas eu de choix de premier tour).

NB1 : PD = passes défendues.

NB2 : Les snaps sont divisés en deux. Tout d’abord, le nombre total de snaps du joueur et son classement par rapport à l’équipe entière. Ensuite, le nombre de snaps du joueur dans son escouade principale, sa participation (en pourcentage du nombre maximal de snaps) et son classement dans l’escouade. Certains rookies jouant beaucoup sur équipes spéciales, les deux nombres de snaps peuvent donc différer.

NB3 : Les stats viennent d’ESPN & Pro-Football-Reference.

 

1. CINCINNATI : Joe Burrow, QB, LSU

500-BengalsMatchs joués : 10
Snaps : Équipe – 709 (15/69) ; Attaque – 709 (66%, 8/31)
Passe : 65.3%, 2688 yards (6.7), 13 TDs, 5 INTs, 32 sacks
QB Rating : 89.8
Course : 37 courses, 142 yards (3.8), 3 TDs
Fumbles Off. : 9 commis, 4 perdus

Sans surprise, Cincinnati choisissait son future Franchise Quarterback en la personne de Joe Burrow.

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L’avantage avec la blessure de Burrow, c’est que les Bengals ont TOUT DE SUITE vu qu’ils ne peuvent pas continuer à exposer leur QB derrière une ligne offensive aussi catastrophique ; le résultat est là sous leur nez, aussi tangible que cette image frappante de la jambe tordue du lanceur. Certains diront que le Bureau a été moins excitant qu’un autre rookie du premier tour, mais il a été plus constant dans sa production. Ce faible total d’INT pour le volume de passes lancées est très intéressant, et il démontre déjà une belle capacité dans le jeu court et intermédiaire. Il faut désormais qu’il se remette de la blessure, que Cincy lui file une protection, et il a toutes les armes pour progresser et briller.

Il a été le meilleur rookie de l’équipe, mais puisqu’on parle d’armes, il faut lui associer le deuxième tour receveur Tee Higgins ; lui et Burrow seront les Dalton & Green du futur pour la franchise de l’Ohio. Tee doit faire attention aux drops (8), sinon il a terminé en tête des receveurs de l’équipe avec 908 yards, 6 TDs et 14 big plays (sur 67 réceptions).

 

2. WASHINGTON : Chase Young, DL, Ohio State

500-WashingtonMatchs joués : 15
Snaps : Équipe – 773 (13/76) ; Défense – 769 (73.7%, 6/32)
Défense : 44 plaquages, 32 solo, 3 manqués, 5 run stuffs
Fumbles Déf. : 4 forcés, 3 recouvrés, 1 TD
Pass-Rush : 21.5 pressions, 7.5 sacks
Couverture : 66.7%, 18 yards (6.0), 4 PDs

Toujours dans la suite des attentes, Washington sélectionnait le meilleur joueur intrinsèque de la draft, Chase Young.

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Potentiel Defensive Rookie Of The Year, ça vous va comme description ? Young est venu renforcer une ligne défensive qui est devenue monstrueuse cette saison, le fer de lance d’une belle défense de la capitale qui lui a permis de gagner la division. L’ex-Buckeye était présenté comme le meilleur pur joueur de la draft, il n’a pas tardé à le confirmer, que ce soit dans le pass-rush, contre la course ou même pour dévier quelques passes à l’occasion. Il n’a pas fini de donner des sueurs froides aux attaques de NFC East.

Difficile de détrôner Young, mais impossible de passer sur le deuxième tour coureur Antonio Gibson (avec une mention pour le septième tour Safety Kamren Curl).

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Il a été la source #1 de yards au sol pour la franchise, et sa polyvalence lui a permis d’accumuler 206 touches pour 1042 yards et 11 TDs (top team et presque un tiers du total de l’équipe !!!). Il a été le cheval de travail au sol, permettant d’utiliser J.D. McKissic plus comme un receveur, d’où un bon équilibre entre les deux joueurs. L’attaque de Washington passe désormais sans conteste par Gibson et Terry McLaurin ; il faut leur trouver du soutien.

 

3. DETROIT : Jeff Okudah, DB, Ohio State

500-LionsMatchs joués : 9
Snaps : Équipe – 460 (28/74) ; Défense – 460 (41%, 15/37)
Défense : 47 plaquages, 41 solo, 5 manqués, 4 run stuffs
Couverture : 77.4%, 594 yards (11.2), 2 TDs, 2 PDs, 1 INT

Après la perte de Darius Slay, Detroit décidait de renforcer l’arrière-garde avec Jeff Okudah.

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On sait que Cornerback est un des postes pour lesquels la transition est la plus difficile entre la NCAA et la NFL : imaginez quand vous êtes pris aussi haut, que les attentes sont énormes, que les entraînements d’intersaison sont tronqués, que vous ratez le premier match sur blessure, que vous revenez contre une attaque de Green Bay dont on sait ce qu’elle fera cette saison, et que vous terminez sur IR. Vous l’aurez compris d’après les stats, la première saison d’Okudah a été très compliquée : martyrisé en Week 2, il a montré de l’amélioration au fur et à mesure. Le contexte était compliqué pour lui, de plus la rotation au poste n’a pas aidé (causée en partie par les blessures). Ce qu’on a vu sur la fin est encourageant mais trop peu ; il faut raison garder avant de jeter l’Okudah avec l’eau du bain et attendre 2021.

Ca a joué à Detroit (l’inconstant Tackle Jonah Jackson, l’explosif receveur Quintez Cephus), mais celui qui s’en est le mieux tiré est le deuxième tour coureur D’Andre Swift.

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Lui aussi a mal démarré sa saison avec ce drop en Week 1 contre Chicago qui précipite la défaite de l’équipe, mais il a bien su rebondir avec une année intéressante à 160 touches pour 878 yards et 10 TDs (top team). Il a partagé le cuir avec Adrian Peterson mais ses 4.6 yards par course vont lui permettre de prendre du galon pour enfin apporter une solution durable au sol à Detroit ; attention cependant aux 2 fumbles perdus.

 

4. NY GIANTS : Andrew Thomas, OL, Georgia

500-GiantsMatchs joués : 16
Snaps : Équipe – 1033 (6/68) ; Attaque – 976 (96.3%, 3/28)

Les Giants voulaient aider à la fois Daniel Jones et Saquon Barkley avec le choix d’Andrew Thomas.

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Enlevez l’aspect blessure de la description de l’année rookie d’Okudah, et vous avez celle de Thomas : pression des attentes quant à la position du choix, intersaison tronquée, démarrage très compliqué, progression remarquée au cours du temps. Le fait de changer de coach de la ligne offensive en plein milieu de la saison n’a pas aidé, sans compter le fait que les Giants se sont retrouvés à faire jouer pas mal de rookies ; un peu de stabilité et une intersaison de plus devraient aider Thomas à devenir le Left Tackle que l’équipe attend depuis un bon moment.

Thomas reste celui qui a joué le plus et qui a prouvé le plus. Mais la classe 2020 a eu du temps de jeu : si elle peut capitaliser, les G-men pourraient faire du grabuge en 2021 ; le deuxième tour Safety Xavier McKinney pourrait devenir intéressant en jouant plus.

 

5. MIAMI : Tua Tagovailoa, QB, Alabama

500-Dolphins-2Matchs joués : 10
Snaps : Équipe – 571 (24/63) ; Attaque – 571 (53.5%, 9/32)
Passe : 64.1%, 1814 yards (6.3), 11 TDs, 5 INTs, 20 sacks
QB Rating : 87.1
Course : 36 courses, 109 yards (3.0), 3 TDs
Fumbles Off. : 1 commis, 1 perdu

Contrairement à 2006 avec Drew Brees, Miami décidait cette fois de courir le « risque » au poste de Quarterback avec Tua Tagovailoa.

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La saison a démarré derrière Highlander, et le magicien barbu a même refait un passage pour maintenir l’espoir des playoffs dans un finish improbable face aux Raiders. Tua a eu un début très ardu suivi d’un match révélation contre Arizona, mais en suite le soufflé est un peu plus retombé avec des Coordinateurs Défensifs qui se sont adaptés. Sa moyenne de yards par passe tentée est un peu faiblarde (6.3), ce qu’on a bien vu contre Las Vegas et qui a conduit à son remplacement, mais ce n’est pas comme s’il avait hésité à viser long par ailleurs ; en fait, la moyenne par passe tentée est trompeuse : si on regarde les distances moyennes de la balle en l’air sur les tentatives (7.7) et les complétions (5.3), elles sont proches de celles du rookie pris juste derrière. Sa progression pendant l’intersaison 2021 va être importante, mais l’équipe doit désormais être à 100% derrière lui ; plus de switch pour sauver les playoffs à la fin du match.

Nous verrons les autres choix des Dolphins au premier tour plus tard, mais nous profitons du premier d’entre eux pour parler du meilleur rookie cette saison : le deuxième tour (oui encore un) Defensive Tackle Raewon Davis (avec une mention pour le coureur non-drafté Salvon Ahmed, même s’il a été signé au début par San Francisco).

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On peut arguer que la défense de Miami a ressenti la perte de son meilleur Defensive Lineman tôt dans la saison. Davon Godchaux n’a même pas joué 200 snaps avant de se blesser au biceps, et quand on regarde les stats, notamment contre la course, cela se voit. Néanmoins, Davis est venu boucher ce trou avec un temps de jeu accru, et sans lui les stats auraient été encore pires : son efficacité est largement noyée dans la masse (40 plaquages, 1 run stuff, 2 pressions) mais son rôle a été important pour permettre aux autres d’évoluer, et s’il peut progresser, il deviendra une force au milieu.

 

6. LA CHARGERS : Justin Herbert, QB, Oregon

Matchs joués : 15
Snaps : Équipe – 1096 (3/71) ; Attaque – 1096 (93.4%, 3/32)
Passe : 66.6%, 4336 yards (7.3), 31 TDs, 10 INTs, 32 sacks
QB Rating : 98.3
Course : 55 courses, 234 yards (4.3), 5 TDs
Fumbles Off. : 8 commis, 1 perdu

Les Chargers emboîtaient le pas aux autres franchises d’AFC en jetant leur dévolu sur le Quarterback Justin Herbert.

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Il a fallu un souci assez improbable pour Tyrod Taylor suite à une injection anti-douleur dans les côtes avant le match de Week 2 pour que Herbert prenne les commandes de l’attaque, et à la fin de la saison on se demande ce que cela aurait donné s’il n’y avait pas eu ce problème. Le rookie aurait probablement fini par rentrer à un moment, mais il n’aurait pas forcément détruit une bonne partie des records pour un rookie QB par la même occasion. Si on peut trouver un petit bémol à mettre, c’est qu’il a été bien aidé par un groupe de cibles qui a une grande tradition de yards après réception, avec Keenan Allen et Austin Ekeler en tête ; à part cela, la première saison de Herbert a prouvé qu’il avait tout ce qu’il faut pour être un franchise QB. Il faudra l’aider un peu niveau protection, mais il a démontré avoir du calme et de la mobilité si besoin. Les Bolts n’ont pas voulu remonter dans l’ordre et ont patiemment attendu, et pour l’instant cela ressemble à un bon choix.

 

7. CAROLINA : Derrick Brown, DL, Auburn

500-PanthersMatchs joués : 16
Snaps : Équipe – 815 (13/66) ; Défense – 742 (70.1%, 7/31)
Défense : 34 plaquages, 21 solo, 5 manqués, 6 run stuffs
Pass-Rush : 14 pressions, 2 sacks

Ayant besoin d’aide sur la ligne défensive, Carolina sélectionnait Derrick Brown pour aider l’unité.

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De la même manière que pour Raekwon Davis, les Panthers ont perdu l’âme de leur ligne défensive, Kawann Short, rapidement dans la saison. Et si, comme pour Miami, les stats du jeu au sol s’en sont logiquement ressenties (on peut évidemment ajouter la retraite de Luke Kuechly à la liste des raisons), elles se sont quand même améliorées par rapport à l’année dernière grâce à l’apport de Brown. Après un démarrage difficile, il a gagné en efficacité et a commencé à laisser sa marque dans tous les compartiments : comme vous le voyez, que ce soit en run stuffs, pressions, ou dans sa capacité à détourner quelques passes (4), Brown est devenu petit à petit un élément actif (il est même 2e de l’équipe en run stuffs). Un bon début, mais il doit gagner en discipline avec 9 pénalités (top team et 4e NFL).

Le haut de la draft des Cats a été beaucoup utilisé, et si Brown n’est pas le nom qui viendrait à l’esprit pour le meilleur rookie de l’équipe (même s’il le mérite), c’est parce que le deuxième tour (oui… ENCORE) Safety Jeremy Chinn a fait une grosse saison.

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Chase Young devrait remporter le Defensive Rookie Of The Year (surtout avec Washington en playoffs), mais Chinn a un temps flirté avec la possibilité de le lui arracher. L’éléphant dans la pièce le concernant, ce sont les 15 plaquages ratés, ce qui est beaucoup trop, mais il faut le mettre en perspective : il mène les Cats avec 117 plaquages et il a été aligné quasiment partout cette saison, que ce soit pour couvrir (6 TDs autorisés, 11 passes défendues, 1 INT), défendre contre la course, rusher le Quarterback adverse (6 pressions dont 1 sack), ou voler des possessions (2 fumbles forcés et 2 fumbles récupérés, tous les deux remontés pour des TDs !). Chinn s’est déjà installé comme le couteau suisse indispensable : il y a forcément encore des failles dans son jeu, mais s’il peut les nettoyer il va devenir un danger constant pour les attaques.

 

8. ARIZONA : Isaiah Simmons, LB, Clemson

500-CardinalsMatchs joués : 16
Snaps : Équipe – 488 (24/69) ; Défense – 376 (33.9%, 13/36)
Défense : 54 plaquages, 43 solo, 5 manqués, 2.5 run stuffs
Fumbles Déf. : 1 forcé, 1 recouvré
Pass-Rush : 5 pressions, 2 sacks
Couverture : 64%, 142 yards (5.7), 3 TDs, 2 PDs, 1 INT

Arizona stoppait la (petite) chute du playmaker défensif Isaiah Simmons dans une escouade qui en avait besoin.

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Transition toute trouvée entre Chinn et Simmons : ce dernier était considéré avant la draft comme LE couteau suisse défensif par excellence, et les Cards l’ont utilisé comme tel, même s’il a moins souvent joué Safety que le Panther. En fait, le souci avec Simmons, comme vous le voyez… c’est qu’il a moins joué tout court… beaucoup moins joué (seulement un tiers des snaps défensifs). Arizona a tenté d’utiliser sa polyvalence de suite et cela s’est retourné contre lui : les qualités physiques sont là, mais il a commis trop d’erreurs en début de saison et il doit encore s’adapter au jeu de la NFL, poussant le staff à réduire son nombre de snaps pour lui laisser le temps d’intégrer toutes les casquettes qu’il porte. À ce stade Simmons reste un chantier en cours.

Et le pire, c’est que le reste de la draft des Cards n’a quasiment pas joué. Elle devra se montrer en 2021 si l’équipe veut passer un palier.