Fiche Légende : Forrest Gregg

#75,79 – Offensive Tackle

 

 

Présentation

 

GÉNÉRALITÉS
Nom complet Alvis Forrest Gregg
Date de Naissance 18 Octobre 1933
Lieu de Naissance Birthright, Texas
Date de Décès 12 Avril 2019
Lieu de Décès Colorado Springs, Colorado
CARRIÈRE
Lycée Sulphur Springs, Texas
Université SMU
Draft 2e tour de 1956 (#20)
Équipes Joueur :
Green Bay Packers (1956, 1958-1970)
Dallas Cowboys (1971)
Coach :
San Diego Chargers (1972-1973, OL)
Cleveland Browns (1974, OL)
Cleveland Browns (1975-1977, HC)
Toronto Argonauts (CFL, 1979, HC)
Cincinnati Bengals (1980-1983, HC)
Green Bay Packers (1984-1987, HC)
SMU (1989-1990, HC)
Shreveport Pirates (CFL, 1994-1995, HC)
Statistiques 15 saisons
193 matchs – 155 comme titulaire
8 fumbles recouvrés
Bilan comme Head Coach : 75-85-1 (0.469)
HONNEURS
Pro-Bowls 9 (1959-1964, 1966-1968)
All-Pro 9 (1959-1967)
Performances notables Record de matchs consécutifs à sa retraite (188)
Récompenses 5 titres de champion NFL (1961, 1962, 1965-1967)
3 bagues de champion (1966, 1967, 1971)
Membre de l’équipe NFL des années 1960
Membre de l’équipe des 75 ans de la NFL
Membre du Hall Of Fame des Packers
Hall Of Fame Classe de 1977

 

Biographie

 

Pour seule introduction à la carrière de Forrest Gregg, il suffit de retranscrire les mots de Vince Lombardi écrits dans son livre, Run to Daylight ! paru en 1963 :

Forrest Gregg est le meilleur joueur que j’ai eu à entraîner.

D’ailleurs, si cela ne venait pas de la légende elle-même, on pourrait douter de la véracité de ce fait quand on sait la pléthore de Hall Of Famers que Lombardi a eu sous ses ordres (à commencer par un certain Quarterback présent dans la même classe de 1977 que Gregg). Mais le Head Coach connaissait l’importance de Trees (arbre en français – en référence à son prénom), Offensive Lineman dans le système des mythiques Packers des années 1960 centré autour du Packer Sweep.

Alvin Forrest Gregg naît en octobre 1933 à Birthright, dans l’état du Texas. Il est l’un des 11 enfants de Boyd et Josephine Gregg, des fermiers, et il se bâtit une forte constitution dans les travaux de la ferme. Comme beaucoup d’autres jeunes de l’époque, il développe une affinité pour les activités sportives ; quand il déménage un peu plus loin à Sulphur Springs et intègre le lycée de la ville, il rejoint les équipes de football, baseball, basketball et athlétisme. Cependant, il porte sa préférence au gridiron depuis qu’il écoutait les matchs à la radio quand il était enfant.

C’est pour cela qu’il rejoint exclusivement l’équipe de football de l’Université de Southern Methodist (SMU) quand il termine son cursus lycéen en 1952 ; mais il doit attendre un an pour jouer dans l’équipe première car les étudiants de première année ne sont pas autorisés à la rejoindre. Cela ne va pas le freiner : dès sa deuxième année il brille en attaque et en défense sur les lignes. Sa carrière universitaire est une réussite : il est nommé capitaine de l’équipe, deux fois All-South-West Conference (SWC) et All-American sa dernière année. Il a alors atteint ses mensurations finales : 1m93 et 113kgs.

Son profil et ses qualités attirent l’oeil des scouts NFL, et il est rapidement pris dans la draft de 1956 : il part à Green Bay au deuxième tour. Malgré son gabarit, il est cependant loin de l’archétype du joueur de ligne offensive, et de fait il s’imagine plus être aligné comme Defensive Tackle ; mais l’équipe décide de le poster en Right Tackle. Conscient qu’il ne va pas pouvoir s’en sortir avec de la force pure contre les mastodontes Defensive Ends, il décide d’utiliser son agilité et une étude poussée de ses adversaires sur film pour contrebalancer ses manques.

Sa première année est plutôt sympathique, mais sa carrière est rapidement interrompue : membre du Reserve Officers’ Training Corps (ROTC), un programme d’entraînement pour des officiers de l’armée américaine, il a retardé le plus possible son service de 21 mois mais doit le faire en 1957 ; il rate donc la saison de Green Bay… ce qui n’est pas une grosse perte car les Packers sont bien loin de leur superbe des années Curly Lambeau : l’équipe végète au fond de la ligue.

Il revient en 1958 et participe à la pire saison de l’histoire de la franchise qui termine 1-10-1 ; pourtant il y a du talent dans ce club (à commencer par Gregg), mais il manque de direction. Elle va arriver en même temps que le légendaire Vince Lombardi qui débarque au club en 1959 ; il établit Gregg comme son Right Tackle titulaire et lui fait bien comprendre qu’il va porter sur ses épaules une bonne partie de sa philosophie basée sur le jeu au sol – et ce qui deviendra le fameux Packer Sweep. En effet, l’agilité naturelle de Trees est parfaite pour employer cette stratégie où certains Offensive Linemen se détachent de l’ensemble, partent sur le côté et doivent bloquer tout ce qui se présente pour ouvrir la voie au coureur.

C’est le début d’une incroyable série : Gregg va établir le record NFL de l’époque avec 188 titularisations consécutives. Il participe à la renaissance de l’équipe en 1959 et décroche un premier vote Pro-Bowl ; le premier de 6 consécutifs. Véritable guerrier immortalisé couvert de boue dans une photo devenue célèbre prise en 1960, il reçoit un double vote Pro-Bowl/All-Pro et aide l’équipe à participer à la finale NFL perdue contre Philadelphie.

En 1961, suite aux blessures de son partenaire et futur Hall Of Famer Right Guard Jerry Kramer, il se resitue à l’intérieur avec la même réussite ; et cette fois le titre NFL est au bout. Il reprend sa place habituelle en 1962 et continue, inlassablement, de protéger son Quarterback Bart Starr et d’ouvrir la voie à ses coureurs Paul Hornung & Jim Taylor ; résultat : un nouveau double vote Pro-Bowl/All-Pro et un nouveau titre. Il réalise deux excellentes saisons 1963 et 1964 puis fait de nouveau un intérim en Guard en 1965 ; il est tellement bon qu’il se retrouve cité comme All-Pro en Guard ET en Tackle alors que Green Bay remporte un autre titre.

Il est déjà tenté d’arrêter sa carrière pour embrasser celle de Head Coach depuis quelques temps, mais il continue de suivre Lombardi. Il est toujours un modèle de disponibilité et de constance alors que les Packers font le triplé historique en NFL et remporte les deux premiers Super Bowls. Cependant, comme le reste de l’équipe, il souffre du départ du maître alors que Green Bay retombe dans l’anonymat ; la génération dorée s’en va petit à petit et il joue encore trois ans, de 1968 à 1970, recueillant un dernier vote Pro-Bowl au passage. Il est finalement libéré en 1971, mais il va faire une dernière année à Dallas où il aide les Cowboys à remporter le Super Bowl VI, ce qui fait de lui l’un des rares joueurs avec six titres NFL.

C’est la fin d’une illustre carrière de joueur qui le conduit à l’équipe des années 1960, le Hall Of Fame en 1977 en même temps que Starr et l’équipe des 75 ans de la NFL ; mais il n’en a pas terminé avec le football. Il passe immédiatement de l’autre côté de la touche et devient coach de la ligne offensive chez les San Diego Chargers. Il rejoint Cleveland au même poste en 1974, et se voit offrir le poste de Head Coach suite au renvoi de Nick Skorich ; il permet aux Browns de poster une saison positive en 1976 (9-5) mais insuffisante pour les playoffs, et il est finalement renvoyé au cours de la saison 1977.

Après une année sabbatique en 1978, il rejoint la CFL en 1979 comme Head Coach des Toronto Argonauts, puis retourne dans l’Ohio pour coacher l’autre franchise NFL de l’état, les Cincinnati Bengals. Il va connaître bien plus de succès : grâce notamment à une attaque redoutable où se trouvent le Quarterback Ken Anderson et le Left Tackle Anthony Muñoz, Cincinnati remporte l’AFC Central et accède à son premier Super Bowl ; malheureusement, il est perdu 26-21 contre la dynastie naissante des San Francisco 49ers. Une autre qualification en playoffs (7-2) lors de la saison tronquée en 1982 se finit rapidement par une défaite au premier tour face aux Jets, puis Gregg est renvoyé après une saison 1983 à 7-9.

Au même instant, Bart Starr est renvoyé du poste à Green Bay et Gregg veut essayer de redorer le blason de sa franchise de toujours, devenu bien terne ; il n’y arrivera pas plus que l’autre légende du club avec un bilan cumulé de 25-37-1 en 4 ans. Il part pour rejoindre son alma mater, SMU, dont le programme de football a subi la terrible « peine de mort » suite à des violations des règles NCAA. Il doit donc reconstruire l’équipe à partir de rien, ce qui amène deux saisons catastrophiques avec un bilan cumulé de 3-19 en 1989 et 1990 (dont aucune victoire dans la conférence – 0-16). Il est ensuite nommé directeur athlétique jusqu’en 1994 ; il retourne en CFL à Shreveport en 1995 et 1996 pour un bilan total de 13-39, puis il se retire définitivement du football.

En 2011, il est diagnostiqué avec la maladie de Parkinson, et il disparaît en avril 2019 à l’âge de 85 ans, quelques mois après celui qu’il a tant aidé à avancer (Taylor) et un mois avant celui qu’il a tant protégé (Starr).