Fiche Légende : Tim & Wellington Mara

Fondateur / Propriétaires

 

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Timothy James « Tim » Mara
Wellington Timothy Mara
Date de Naissance Tim : 29 Juillet 1887
Wellington : 14 Août 1916
Lieu de Naissance Tim : New York, New York
Wellington : Rochester, New York
Date de Décès Tim : 16 Février 1959
Wellington : 25 Octobre 2005
Lieu de Décès Tim : New York, New York
Wellington : Rye, New York
CARRIÈRE
Lycée Tim : –
Wellington : Loyola School, New York
Université Tim : –
Wellington : Fordham
Draft
Équipes Fondateur / Propriétaire :
Tim : New York Giants (1925-1959)
Propriétaire :
Wellington : New York Giants (1937-2005)
Statistiques
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro
Performances notables
Récompenses 6 titres de champion (1927, 1934, 1938, 1956, 1986, 1990)
Hall Of Fame Classe de 1963

 

Biographie

 

Il n’est pas étonnant d’apprendre que la plus grande ville américaine, New York, a eu le droit à sa ribambelle de franchises professionnelles de football : New York Brickley Giants (la première dans l’APFA en 1921), New York Yanks, Newark Bears, Staten Island Stapletons, Orange/Newark Tornadoes, Brooklyn Lions, Brooklyn Dodgers, Brooklyn Tigers, et pas moins de trois versions différentes des New York Yankees. Mais une seule a survécu à cette période mouvementée pour rester maîtresse dans la Grosse Pomme (avant de la partager avec les Jets de l’AFL 4.0) ; les Giants fondés et possédés par la famille Mara.

Timothy Mara naît en juillet 1887 à New York, dans l’état du même nom. Fils de John et Elizabeth Mara, il grandit dans la pauvreté d’un quartier du Lower East Side sur la paie de policier du père. Cette promiscuité force le jeune Tim à quitter le lycée tôt pour aider la famille à ramener de l’argent à la maison. Au fur et à mesure des petits boulots, il se retrouve à côtoyer des bookmakers, une activité parfaitement légale à la charnière entre le XIXe et le XXe siècle ; il est leur coursier, recevant une commission sur chaque livraison qu’il exécute. Ce milieu le fascine, et bientôt il devient son propre bookmaker. C’est ainsi qu’il monte un cercle de relations qui va lui être utile.

Quelques années plus tard, il épouse Elizabeth Barclay et, en août 1916, naît Wellington Mara. Quatre ans plus tard, l’American Professional Football Association (APFA), est créée, et Tim Mara surveille cela de loin tout en continuant son business dans les paris sportifs. L’APFA, qui se renomme rapidement en National Football League (NFL), démarre difficilement et se retrouve confrontée aux manques des moyens et de visibilité. Pour qu’elle puisse attirer les spectateurs, elle doit absolument pénétrer un énorme marché comme peut représenter la ville de New York, mais elle a déjà essayé en 1921 avec les New York Brickley Giants ; l’équipe n’a tenu qu’un an. Le président de la NFL, Joe Carr, veut faire une nouvelle tentative et approche l’ancien propriétaire de cette défunte équipe, le promoteur de boxe Billy Gibson. Ce dernier ayant déjà donné, il décline, mais présente Carr à son ami Mara.

Lorsque ce dernier apprend qu’il peut obtenir une franchise NFL à New York pour 500$, il voit de suite la belle affaire qu’il peut faire fructifier. Néanmoins, conscient qu’il n’est pas spécialement connaisseur des arcanes du football, il s’adjoint l’aide d’un ami, le Docteur Harry March, ancien joueur puis médecin des Canton Bulldogs qui a vu passer nombre de légendes du gridiron. March devient secrétaire du club alors que le duo se lance dans la création de l’équipe, à commencer par le nom : à l’instar de Gibson, ils décident de faire référence au club de baseball des Giants ; une pratique courante à l’époque, surtout lorsque l’équipe de football partage le même stade que celle de baseball. 1925 marque donc la naissance des New York Football Giants.

Sportivement, les Giants font du grabuge dès leur première saison avec un bon record de 8-4 qui les place en troisième position. Mais médiatiquement et financièrement, comme pour le reste des franchises NFL, c’est la débandade : les gens boudent le football professionnel à New York, et Mara perd 40000$ la première année. Cela marque également le début de son petit cauchemar personnel : la superstar universitaire Harold « Red » Grange. Le premier épisode intervient en 1925 lorsque Mara n’arrive pas à signer le coureur qui aurait pu attirer les foules dans les stades ; il est recruté par les Bears. Heureusement, le patron des Giants parvient tout de même à négocier un match entre les deux équipes avec le propriétaire de Chicago, George Halas. L’attraction Grange fait son effet et attire une foule massive aux Polo Grounds, permettant à Tim Mara de récolter 143,000$ et d’éponger ses pertes.

Mais ce n’est pas fini. Le deuxième épisode arrive dans la foulée, en 1926 : Grange et son agent C.C. Pyle se fâchent avec Halas et décident de partir à New York pour fonder non seulement une ligue concurrente, l’American Football League (AFL), mais aussi une équipe, les New York Yankees. Branle-bas de combat pour Mara qui n’a pas besoin d’une telle concurrence dans son marché qui ne dégage déjà aucun bénéfice ; il perd 60000$ en 1926 malgré une nouvelle belle saison NFL à 8-4-1. Il respire un peu mieux lorsque l’AFL disparaît au bout d’un an, et se trouve en position de force pour négocier une paix à son avantage quand l’équipe des Yankees survit et intègre la NFL ; elle disparaît finalement en 1929. Et ce n’est pas la seule entité sur laquelle l’équipe fait main basse, puisqu’elle en a fait autant sur la NFL en 1927 : derrière les futurs Hall Of Famers Robert « Cal » Hubbard et Steve Owen, New York termine 11-1-1 et décroche son premier titre, seulement trois ans après sa création.

Après une très mauvaise saison 1928 (4-7-2) et toujours un peu vexé d’avoir raté Red Grange, Mara et March se remettent en quête d’un joueur charismatique pour attirer toujours plus de spectateurs. Ils jettent leur dévolu sur le Quarterback-coureur extraordinaire des Detroit Wolverines, Benjamin « Benny » Friedman. Lorsque les solutions classiques pour faire venir le futur Hall Of Famer échouent, Mara décide de frapper fort : il rachète purement et simplement l’équipe pour 10000$ ! En parallèle, une nouvelle franchise concurrente aux Giants, les Staten Island Stapletons, arrive en NFL ; son propriétaire Dan Blaine doit recevoir l’accord de Mara car elle est située sur son territoire, et ce dernier accepte en lui transférant les droits des défunts Yankees ; cela veut donc dire que, pendant quelques années, Tim Mara se retrouve propriétaire de trois franchises NFL (Giants – Stapletons – Wolverines).

Quelques mois plus tard, le propriétaire ne va pas être aussi chanceux : le krach de 1929 lui faire perdre une montagne d’argent, et il doit absolument protéger la franchise des Giants ; pour cela, il donne une partie de la propriété de la franchise à deux de ses enfants : Jack et Wellington. A l’époque, ce dernier n’a que 14 ans et suit des études au lycée de Loyola ; contrairement à son père qui s’est lancé dans le football par opportunité, Wellington baigne dedans depuis qu’il est petit, faisant très souvent le ramasseur de ballons pendant les entraînements. Jack, plus âgé, obtient son diplôme de l’Université de Fordham la même année et intègre de suite l’organisation comme vice-président, permettant au jeune Wellington de continuer ses études ; il suivra la même voie à Fordham.

Malgré ces soucis financiers, le club fait une belle saison 1930 à 13-4, et Tim Mara fait même don de la recette d’un match d’exhibition entre les Giants et Notre Dame au Fonds pour le Chômage de New York (valeur de 115,153$) ; il n’a jamais oublié la pauvreté dans laquelle il a grandi. Cela résume bien la perception de la franchise à travers la ligue : compétitive sur le terrain avec un propriétaire respecté par tous à sa tête. L’arrivée de plusieurs futurs Hall Of Famers, comme Red Badgro, Ray Flaherty, Mel Hein, Ken Strong, Tuffy Leemans ou Arnie Herber permettent aux Giants de régner sur la NFL dans les années 1930 et 1940. La franchise de New York, entraînée par Steve Owen, dispute huit finales de 1933 à 1946, même si elle ne parvient à en remporter que deux (1934 et 1938). C’est une performance remarquable, notamment lorsque la Seconde Guerre Mondiale frappe et assèche le puits des talents disponibles en NFL.

Cette solidité financière et sportive est due au travail inlassable des trois Mara. Tim bien entendu, le patriarche qui a de nouveau lutté avec succès contre trois ligues parallèles : l’AFL 2.0 (1936-1937), l’AFL 3.0 (1940) et surtout l’All-American Football Conference ou AAFC (1946-1950) ; il a dû faire face à la concurrence des Brooklyn Tigers (AFL 2.0), des Brooklyn Dodgers (AAFC) et de pas moins de trois versions différentes des New York Yankees (AFL 2.0, AFL 3.0 et AAFC). Jack ensuite, l’aîné responsable qui est le porte-parole au quotidien de son père. Wellington enfin : après avoir terminé ses études à Fordham en 1940, il a intégré de suite l’organisation comme trésorier et assistant de son père et de son frère ; il a mis cette carrière entre parenthèses pour participer à la Seconde Guerre Mondiale dans la Navy entre 1943 et 1946.

Mais ce n’est pas le détail le plus savoureux de cette période : adoré par les joueurs, Wellington est rapidement surnommé le « Duke » (« Duc ») en référence au Duc de Wellington, vainqueur de Napoléon à Waterloo ; c’est d’ailleurs l’origine de son prénom. Ce surnom va tellement plaire qu’il va devenir celui du ballon ovale de football fabriqué par Wilson et utilisé à partir de 1941 en NFL ; c’est toujours le cas aujourd’hui.

Ce triumvirat dirige la franchise dans une ambiance familiale, avec intelligence et succès ; leur nez pour la découverte des talents ne tarde pas à créer une nouvelle génération dorée. Après un petit passage à vide au début des années 1950, l’équipe compte une longue liste de futurs Hall Of Famers : Roosevelt « Rosey » Brown, Frank Gifford, Sam Huff, Emlen Tunnell, Y.A. Tittle ou Andy Robustelli mènent la charge, permettant aux Giants de faire trois finales entre 1956 et 1959 pour une victoire (1956). Dans la liste se trouve notamment la fameuse finale de 1958, la première télévisée au niveau national ; The Greatest Game Ever Played est un match d’anthologie perdu contre les Colts en prolongations, mais pour les Mara qui ont tellement lutté pour la survie de la NFL, c’est une victoire à long terme sur le plan médiatique et financier.

Malheureusement, Tim Mara n’en sera pas témoin : quelques semaines après ce match, il décède en février 1959 à l’âge 71 ans. Sa disparition est un choc pour la NFL et la ville de New York qui célèbrent la mémoire d’un propriétaire adulé par tous. De fait, Jack et Wellington prennent la tête de l’organisation, et le premier joue un rôle majeur dans la vision du nouveau Commissioner Pete Rozelle : avec d’autres propriétaires comme Halas ou Dan Reeves des Los Angeles Rams, il soutient ardemment la redistribution des revenus télévisuels à égale partie entre les clubs. Alors que cette mesure n’est pas du tout bénéficiaire pour les Giants qui possèdent un marché médiatique énorme à New York, cela stabilise définitivement la NFL et va permettre sa croissance inarrêtable pour en faire le sport #1 aux États-Unis.

Sportivement, la franchise continue sa domination après la mort de son fondateur : le début des années 1960 amène trois nouvelles finales consécutives (1961-1963), cependant toutes perdues. 1963 marque également l’aboutissement d’un projet dans lequel Wellington a beaucoup oeuvré : l’ouverture du Hall Of Fame à Canton ; son père, Tim, est un des 17 membres de la classe inaugurale. Mais les réjouissances vont être de courte durée : atteint d’un cancer, Jack Mara disparaît prématurément en juin 1965 à l’âge de 57 ans. Pour le remplacer, son fils Timothy J. devient co-propriétaire avec Wellington, ce dernier occupant de fait le poste de président à la place de son défunt frère.

C’est le début de la période noire des Giants, la seule de leur histoire : Wellington et son neveu ne s’entendent pas du tout et finissent par se parler le moins possible. De plus, les arrivées d’une nouvelle ligue concurrente en 1960, l’AFL 4.0, et d’une nouvelle franchise à New York, les Jets, n’ont rien arrangé. Si AFL et NFL finissent par fusionner, les Giants et Jets apprenant à vivre ensemble, l’équipe tombe dans une certaine médiocrité et n’est plus capable de poster un record positif de 1973 à 1980. Cette traversée du désert pousse les Maras à comprendre qu’ils doivent engager des personnes compétentes pour diriger l’équipe au jour le jour et se concentrer sur la ligue. Ils sélectionnent George Young comme General Manager, la meilleure décision qu’ils aient prise depuis un moment : Young va construire le nouveau succès des Giants avec deux Super Bowls en 1986 et 1990.

Conformément à sa volonté, Wellington se tourne vers la ligue et prend les fonctions de président de la National Football Conference (NFC) en 1984. Il siège également au Hall Of Fame, au Comité de Planification, au Comité Exécutif du Conseil de Gestion de la NFL ainsi qu’au Comité de Réalignement de la NFL lorsque de nouvelles franchises sont créées et doivent être redistribuées dans les divisions. Il continue de jouer son rôle de propriétaire qui revient au premier plan en 1990, quand le businessman Preston Robert « Bob » Tisch se propose pour acquérir des parts dans l’équipe.

Wellington Mara et Bob Tisch

Wellington voit enfin la possibilité de se débarrasser de son neveu Timothy J. qui veut vendre ; c’est le début de l’ère Mara-Tisch à la tête des Giants, les deux possédant la franchise à égales parts. Normalement, la NFL interdit cette pratique pour éviter les guerres intestines, mais le Commissioner de l’époque Paul Tagliabue accepte l’accord ; non seulement l’aura des Mara est suffisante à elle seule pour respecter ce choix, mais il connaît aussi Bob Tisch et n’a aucune crainte.

L’association est très fructueuse : Wellington s’occupe surtout de la partie football, et Tisch de la partie marketing et publicitaire. Les deux hommes ne se marchent jamais sur les pieds et permettent à la franchise de continuer à être stable. Les Giants connaissent un succès relatif dans les années 1990 et perdent le Super Bowl 2000, mais l’équipe ne retombe jamais longtemps dans le marasme des années 1970. En 1997, le Duke rejoint son père Tim au Hall Of Fame, créant ainsi le premier duo père-fils à Canton ; ils sont rejoints trois plus tard par Art & Dan Rooney, propriétaires des Steelers qu’ils connaissent bien : non seulement ils se sont longuement côtoyés dans les meetings NFL, mais en plus le fils de Wellington, Timothy Christopher, a épousé la petite-nièce de Dan, Kathleen (une union qui donnera naissance aux actrices Kate et Rooney Mara).

En 2003, Wellington commence vraiment à se retirer en nommant son fils aîné John à sa place. En 2005, il est opéré pour un lymphome qui finit par lui ôter la vie le 25 octobre 2005 à l’âge de 89 ans. A nouveau, la NFL et les Giants pleurent la perte d’un Mara adulé par tous et qui a tant fait pour le développement de la ligue et de son équipe. Un homme tellement proche de ses joueurs que, lors de son discours d’intronisation au Hall Of Fame en 1999, le légendaire Linebacker Lawrence Taylor l’a remercié pour l’avoir soutenu alors que le joueur se débattait avec ses problèmes de drogue.

Dans un mimétisme frappant, le partenaire de 15 ans de Wellington, Bob Tisch, le suit dans l’au-delà seulement trois semaines après, le 15 novembre 2005 à l’âge de 79 ans ; les Giants passant alors sous le contrôle du duo John Mara – Steve Tisch. Tim et Wellington ne verront pas de leurs yeux leur équipe chérie remporter deux Super Bowls supplémentaires en 2007 et 2011, mais leur empreinte indélébile était bien présente, et le sera toujours sur le futur de la franchise bleue de la Grosse Pomme.