Fiche Légende : George Halas

#7 – Fondateur / Propriétaire /
General Manager / Head Coach / End

 

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet George Stanley Halas Senior
Date de Naissance 2 Février 1895
Lieu de Naissance Chicago, Illinois
Date de Décès 31 Octobre 1983
Lieu de Décès Chicago, Illinois
CARRIÈRE
Lycée Crane Technical High, Chicago
Université Illinois
Draft Pas de draft à l’époque
Équipes Joueur :
Hammond Pros (1919)
Decatur Staleys/Chicago Bears (1920-1929)
Head Coach :
Decatur Staleys/Chicago Bears (1920-1929)
Chicago Bears (1933-1942)
Chicago Bears (1946-1955)
Chicago Bears (1958-1967)
General Manager :
Decatur Staleys/Chicago Bears (1920-1962)
Fondateur/Propriétaire :
Decatur Staleys/Chicago Bears (1920-1983)
Statistiques 9 saisons
104 matchs
10 touchdowns
Record comme Head Coach : 324-151-31
HONNEURS
Pro-Bowls Pas de Pro-Bowl à l’époque
All-Pro
Performances notables Recordman de victoires à sa retraite (324)
Recordman de titres NFL pré-SB – Head Coach (6)
Récompenses 8 titres de champion (1921, 1932, 1933, 1940, 1941, 1943, 1946, 1963)
2 fois Coach Of The Year (1963, 1965)
Membre de l’équipe NFL des années 1920
Numéro #7 retiré chez les Bears
Hall Of Fame Classe de 1963

 

Biographie

 

Le 24 juillet 1915, le SS Eastland, un navire de croisière à vapeur, est amarré à quai sur la Chicago River ; lui et trois autres bateaux doivent transporter des membres de la compagnie Western Electric vers un pique-nique à Michigan City, dans l’Indiana. Navire déjà connu pour être lourd du haut, ce fait est empiré par la présence de canots de sauvetage ; nous sommes seulement trois ans après le naufrage du Titanic, et ils ont été rendus obligatoires. Une fois à pleine capacité avec 2572 passagers à bord, il commence à pencher, avant de se coucher complètement sur un côté ; 848 personnes périssent dans la catastrophe.

Plusieurs membres de la fraternité Tau Kappa Epsilon de l’Université d’Illinois reconnaissent le nom d’un camarade sur la liste des victimes, et viennent présenter leurs condoléances à la famille. Imaginez leur soulagement quand c’est leur ami parfaitement vivant qui leur ouvre la porte : George Halas, employé de la compagnie pour financer ses années d’Université, avait raté l’embarquement ; il était occupé à se peser pour voir s’il pouvait intégrer l’équipe de football. Rétrospectivement, les Chicago Bears et la NFL poussent également un soupir de soulagement.

George Halas naît en février 1895 à Chicago, dans l’état d’Illinois. Ses parents, Frank, un tailleur, et Barbara, une épicière, sont originaires de la Bohème, une région située dans l’actuelle République Tchèque, et ont émigré 15 ans plus tôt aux États-Unis dans l’espoir d’une vie meilleure. George est membre d’une fratrie de quatre enfants dont il est le plus jeune fils, et ses parents lui apprennent des qualités qui lui seront précieuses plus tard : discipline, humilité et sens commercial. Il se découvre également une passion pour le sport avec un esprit compétitif redoutable, appréciant notamment le baseball d’intérieur ; une variante du baseball jouée dans les gymnases et créée à Chicago qui deviendra plus tard le softball.

Il intègre le lycée technique de Crane à Chicago et participe aux équipes de football, basketball, baseball et d’athlétisme ; s’il n’est pas une foudre sur les terrains, notamment à cause de son incapacité notoire à prendre du poids, il est un joueur appréciable. Malheureusement, c’est à cette période que George perd son père Frank, en 1910 ; la disparition du chef de famille porte un coup aux ressources, poussant tous les enfants à aider leur mère à l’épicerie. Le manque d’argent met également un frein aux rêves du jeune homme : lorsqu’il termine son cursus lycéen en 1913, il veut entrer à la prestigieuse Université d’Illinois pour devenir ingénieur civil et jouer au football universitaire, mais il n’a pas les moyens de le faire.

Halas prend donc un emploi à la compagnie Western Electric dès sa sortie du lycée pour économiser l’argent nécessaire afin d’intégrer l’Université ; il en profite pour participer à l’équipe de baseball de l’entreprise. Il parvient à obtenir les fonds suffisants dès l’automne 1914, profitant également de cette année « sabbatique » pour prendre du poids et tenter d’intégrer l’équipe de football ; il reçoit une réponse positive, bien qu’il soit placé comme coureur remplaçant. Halas continue de travailler chez Western Electric pendant l’été 1915 pour financer son année de sophomore, et c’est à ce moment qu’il doit participer au funeste voyage sur le SS Eastland. Mais, le matin même, son grand frère et modèle Frank Junior, qui aide George dans son rêve de jouer au football, le force à rester plus longtemps pour se peser ; arrivant sur le quai en retard, Halas se rend compte que le bateau est déjà couché sur le flanc.

La carrière universitaire du rescapé se termine avec un diplôme, de belles performances dans les équipes de baseball (bon batteur) et de basket (capitaine sa dernière année), des performances bien plus médiocres au football (gabarit insuffisant)… et sa participation dans la Première Guerre Mondiale : il est mobilisé par la Navy et assigné à la base navale des Grands Lacs, situé dans le nord de Chicago. Il continue de pratiquer sa passion sportive pour le basket et le football en intégrant les équipes de la base ; sur le gridiron, il y retrouve d’autres futurs Hall Of Famers de NFL comme John « Paddy » Driscoll et Jimmy Conzelman. C’est là qu’il va connaître son premier moment de gloire : il est voté meilleur joueur du Rose Bowl de 1919, scorant un touchdown à la réception et retournant une interception 77 yards dans une victoire 17-0 contre les Mare Island Marines.

Il reçoit son ordre de démobilisation peu après, et se pose la question de son avenir. Le manque de popularité du football professionnel le pousse à se tourner vers le baseball. Il fait un essai pour les New York Yankees qui lui permet de rejoindre l’équipe, mais il ne reste que quelques matchs : il est incapable de frapper la balle et se blesse à la hanche sur une glissade. Après cet essai raté, il calme les craintes de sa mère en prenant un « emploi stable » dans une compagnie de chemin de fer ; mais cela ne l’empêche pas, à côté, de faire quelques piges avec les Hammond Pros, une équipe semi-professionnelle de football.

En mars 1920, il reçoit un coup de fil de George Chamberlain, superintendant général de l’entreprise A.E. Staley, basée à Decatur (Illinois) : il a été chaudement recommandé par des connaissances pour ses qualités d’ingénieur et de sportif. Halas rejoint la société où il devient non seulement cadre commercial, mais également entraîneur-joueur de l’équipe de baseball et entraîneur de l’équipe de football, les Decatur Staleys, avec son partenaire Ed « Dutch » Sternaman ; il était très commun, à l’époque, pour les sociétés d’avoir des équipes sportives à leur nom. Sa première décision est d’utiliser les couleurs de l’Université d’Illinois, le bleu marine et l’orange, pour les uniformes.

Et ce projet va aller bien plus loin qu’il aurait pu l’imaginer. Dans la foulée, le monde du football professionnel veut se regrouper et parvenir à créer une vraie ligue, comme elle existe au baseball avec la Major League Baseball. Halas et Sternaman participent aux réunions à Canton, dans l’Ohio ; à la fin de l’été, l’American Professional Football Association (APFA) est créée avec plusieurs franchises dont les Decatur Staleys. La première saison est encourageante, mais le directeur A.E. Staley finit par avouer qu’avoir une équipe de football n’est pas rentable ; il accepte de la céder avec une aide de 5000$ pour voler de ses propres ailes, à condition qu’elle garde le nom de « Staleys » une année de plus. Halas accepte sans hésiter et devient plénipotentiaire dans la franchise des Chicago Staleys de 1921 : joueur, entraîneur, General Manager et propriétaire avec son partenaire Sternaman.

Cette première année est couronné d’un grand succès puisque les Staleys remportent le titre avec un record de 9-1-1. Dès l’année suivante, en 1922, un double changement de nom s’opère : l’APFA devient la NFL, et les Chicago Staleys deviennent les Chicago Bears (ours) ; c’est une référence directe aux Chicago Cubs (oursons) de la MLB qui les ont gracieusement acceptés dans leur mythique enceinte de Wrigley Field. En parallèle, Halas remarque que la franchise voisine et rivale des Green Bay Packers a été expulsée pour avoir utilisé des joueurs universitaires ; il se bat pour son retour, persuadé que la NFL ne peut se permettre de perdre des équipes. Les Bears s’installent comme une des meilleures franchises sur le terrain, même s’ils ne remportent pas d’autres titres dans les années 1920, et ils parviennent à survivre financièrement… mais il manque une véritable star connue du pays entier pour attirer les regards sur la NFL. Bien sûr, il y a Jim Thorpe (à qui Halas osera arracher la balle pour scorer un touchdown mémorable de 98 yards), mais aucun avec un impact médiatique nécessaire.

L’occasion rêvée intervient en 1925 avec Harold « Red » Grange, le charismatique coureur de l’Université d’Illinois. Halas est le plus entreprenant pour acquérir ses services, allant même jusqu’à s’attirer la foudre des autres propriétaires et de la NCAA pour avoir négocié avant la fin de son cursus. Mais qu’importe, car il a réussi son coup : Grange intègre les Bears dès la fin de l’année, et c’est le début d’une gigantesque tournée de 19 matchs pour montrer le phénomène dans tout le pays. Le pari de Papa Bear – comme il sera affectueusement surnommé – va réussir : la franchise enregistre un profit massif d’environ 100,000$, et la NFL possède enfin la star incontournable qui attire les foules. Certes, il libère Grange dès 1926 lorsque son agent C.C. Pyle et lui demandent des parts dans la franchise, ce que Halas refuse catégoriquement ; le duo part créer une ligue concurrente, l’American Football League (AFL), mais elle ne dure que deux ans et Grange revient vite au bercail.

Halas ferme deux chapitres, ceux de joueur et entraîneur, en 1929 ; il se concentre exclusivement sur ses postes de propriétaire et General Manager. Les années 1920 s’achèvent sur une équipe des Bears qui est une des plus solides de la NFL, que ce soit sur le terrain mais aussi financièrement et structurellement. Sa réputation est faite parmi les instances dirigeantes de la ligue ; il n’est pas surprenant qu’il siège au Comité des Règles. C’est lui qui lance l’idée de départager ses Bears et les Portsmouth Spartans par un match supplémentaire en 1932 : la toute première finale NFL est un tel succès que la ligue va diviser les équipes en deux divisions pour établir une finale permanente. Dans la foulée, les Bears remportant le titre 9-0 grâce à une passe vers l’avant controversée de Bronko Nagurski pour Red Grange, Halas propose de changer la règle : jadis autorisée seulement cinq yards derrière la ligne de scrimmage, la passe vers l’avant est autorisée partout derrière elle ; une avancée majeure qui va façonner le sport tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Red Grange et George Halas

Cependant, tout n’est pas rose pour le propriétaire : la Grande Dépression frappe le pays durement, et il doit se séparer de son Head Coach Ralph Jones pour économiser le salaire ; il doit reprendre la casquette d’entraîneur. Manquant de liquidités, il reçoit une aide inattendue de la part des rivaux Packers ; ces derniers lui renvoient l’ascenseur de son aide en 1922 en lui prêtant de l’argent pour faire le compte. Halas mène son équipe à un deuxième titre NFL consécutif en 1933, avant de perdre celui de 1934. L’excellence de l’équipe prouve que non seulement Papa Bear mène sa barque intelligemment au niveau financier, mais également dans la détection de talents. La franchise continue d’empiler les saisons positives, mais lutte pour gagner de nouveaux titres avec notamment une finale perdue en 1937.

C’est alors qu’il invente, avec le coach de l’Université de Chicago Clark Shaughnessy, le système offensive de la T-formation pour confondre les défenses. Il trouve le joueur idéal pour la mener, le futur Hall Of Famer Quarterback Sid Luckman, et Chicago commence les années 1940 en boulet de canon avec deux titres de suite, dont la plus large victoire de l’histoire de la NFL : 73-0 contre Washington en 1940. Halas est de nouveau forcé de laisser de côté le poste de Head Coach en 1942 lorsqu’il est appelé sous les drapeaux pour servir durant la Seconde Guerre Mondiale ; il sert de 1942 à 1946 et reçoit la Bronze Star à son retour. Les coaches Luke Johnsos et Hunk Anderson ne lambinent pas en son absence : une double finale oppose de nouveau Chicago à Washington en 1943 et 1944 ; les Bears perdent la première mais remportent la seconde.

Halas revient en 1946 et reprend le poste de Head Coach, menant l’équipe à une nouvelle victoire en finale contre les Giants ; c’est déjà le septième NFL titre pour elle. En parallèle, il est un des interlocuteurs privilégiés du nouveau Commissioner Bert Bell, comme il a été celui du président Joe Carr auparavant ; en businessman expérimenté, il approuve notamment le désir de Bell de téléviser les matchs. Il tente de s’éloigner un peu du terrain en 1955 en laissant le poste d’entraîneur à son ancien partenaire de la base navale des Grands Lacs, Paddy Driscoll ; ce dernier mène l’équipe à une finale perdue en 1956. Mais après seulement deux ans, il ne peut s’empêcher d’y retourner pour gagner un dernier titre.

Il faut dire que les Bears traversent une disette inhabituelle avec aucun titre pendant les années 1950 ; en quelque sorte, Halas est piégé par sa propre volonté farouche d’une NFL plus stable, plus forte et plus paritaire. De plus, ce qui n’est probablement pas négligeable, il est à un titre d’égaler le record de six pour un Head Coach établi par Curly Lambeau des Packers. Halas arrive à ses fins en 1963, grâce entre autres au jeune chien fou Mike Ditka en attaque et à une défense de fer. Il est comblé : non seulement il remporte le titre (étant voté Coach Of The Year au passage), mais il fait également partie de la classe inaugurale du nouveau NFL Hall Of Fame domicilié au 2121 George Halas Drive à Canton, là même où il avait discuté de la naissance de la NFL.

En 1967, fatigué et, dans ses propres termes, « n’étant plus assez rapide pour suivre et insulter les arbitres », il prend définitivement sa retraite de Head Coach : il termine avec un total hallucinant de 324 victoires et a été le premier entraîneur à atteindre la barre des 200 puis 300 victoires ; il faudra attendre Don Shula en 1993 pour que ce record soit battu. C’est le début d’un lent processus de détachement pour Halas par rapport à sa franchise : son fils George Junior, surnommé Mugs, prend le poste de General Manager/Président.

Gale Sayers, George Halas et Dick Butkus

Papa Bear conserve donc uniquement son poste de propriétaire, tout en continuant d’être influent auprès de la NFL et la voyant grandir au-delà de ses espérances. Sportivement, l’équipe n’est plus aussi bonne et traverse une période noire dans les années 1970, avant que Mugs ne fasse bouger les choses : il pousse son père à donner plus de pouvoirs au vice-président et General Manager Jim Finks. Ce dernier amorce un redressement de l’équipe qui va mener, à terme, à la victoire au Super Bowl XX en janvier 1986 sous les ordres de l’ancien joueur Mike Ditka ; le neuvième titre des Bears et leur premier trophée Lombardi. Malheureusement, Mugs lui-même ne pourra y assister : il décède brutalement en 1979 à l’âge de 54 ans, bouleversant Halas et le forçant à revenir aux affaires courantes.

Lui-même ne verra pas cette victoire des légendaires Monsters Of The Midway : George Halas décède d’un cancer pancréatique le 31 octobre 1983 à l’âge de 88 ans, laissant une franchise et une ligue orpheline d’un de ses pionniers. Il est le premier à avoir instauré des entraînements quotidiens, à analyser les films des match ou à diffuser les matchs de l’équipe à la radio. Après sa mort, les Bears portent ses initiales GSH (George Stanley Halas) sur les manches, et la NFL crée deux trophées pour récompenser les champions de chaque conférence ; celui de NFC s’appelle le George Halas Trophy. C’est sa fille aînée, Virginia Halas McCaskey, qui reprend la tête de l’équipe.

Il serait exagéré de se demander ce qu’il serait advenu de la NFL si Halas avait pu monter sur le SS Eastland et y avait laissé la vie ; il n’a pas été le seul artisan de sa création et de sa survie. Mais cela ne diminue en rien l’importance majeure qu’il a eue dans l’établissement et l’évolution de sa franchise adorée des Chicago Bears ainsi que de la ligue dans son ensemble.