Fiche Légende : Jerry Jones

Propriétaire / Président / General Manager

 

JerryJones

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Jerral Wayne « Jerry » Jones Senior
Date de Naissance 13 Octobre 1942
Lieu de Naissance Inglewood, Californie
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée North Little Rock High, Arkansas
Université Arkansas
Draft
Équipes Propriétaire / Président / General Manager :
Dallas Cowboys (1989-présent)
Statistiques
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro
Performances notables
Récompenses 2014 Executive Of The Year
3 bagues de champion (1992, 1993, 1995)
Hall Of Fame Classe de 2017

 

Biographie

 

Il est une chose indéniable : si vous vous intéressez à la NFL, vous avez un avis sur Jerral « Jerry » Jones, l’homme-à-presque-tout-faire de la franchise des Dallas Cowboys. Sauveur d’une franchise autrefois prestigieuse et tombée dans les bas-fonds ? Mégalomaniaque bouffi de prétention ? Visionnaire ayant permis à la NFL de continuer sa croissance pour devenir le sport #1 aux États-Unis ? Chantre absolu du népotisme ? Capable de coups de génie au risque de froisser les légendes texanes ? Capable de décisions catastrophiques laissant l’équipe dans le marasme ? C’est tout cela et probablement encore un peu plus, mais que l’on ne s’y trompe pas : la NFL ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans lui.

Jerral Jones Senior naît en octobre 1942 à Inglewood, dans la banlieue de Los Angeles. Son père, J.W. « Pat » Jones, est un entrepreneur qui déménage la famille dans la ville de North Little Rock, dans l’état d’Arkansas, alors que Jerry n’est encore qu’un enfant. Propriétaire d’un supermarché, Pat Jones reçoit souvent la visite de son fils qui semble démontrer les mêmes qualités : intéresser et convaincre les gens autour de lui. Il développe également des qualités athlétiques intéressantes, participant à l’équipe de football du lycée de North Little Rock au poste de coureur.

JerryJones-ArkansasJerry Jones intègre l’Université d’Arkansas au début des années 1960 et change de poste : s’il fait quelques piges en tant que coureur, il devient un Offensive Lineman dans l’équipe coachée par le College Hall Of Famer Frank Broydes. Tous les jours à l’entraînement, il affronte un certain Defensive Lineman du nom de Jimmy Johnson avec lequel il va se lier d’amitié. Le leadership naturel de Jones le propulse co-capitaine de l’équipe des Razorbacks qui remporte le championnat NCAA en 1964 ; ce n’est pas une surprise car l’équipe regroupe plusieurs membres élus All-American. Néanmoins, cette réussite ne dupe pas Jones ; il sait pertinemment qu’il n’a aucune chance de jouer en NFL avec sa faible résistance à la douleur. C’est donc la limite de ses capacités physiques, mais ses qualités de leader peuvent l’emmener bien plus haut. Lorsqu’il lit l’article d’Arthur « Art » Modell, ancien exécutif dans une société de publicité devenu propriétaire d’une franchise NFL (les Cleveland Browns), il se demande à quoi sa vie ressemblerait s’il parvenait à faire la même chose.

A sa sortie de l’Université en 1965, Jones se lance dans une maîtrise en gestion d’entreprise qu’il obtient en 1970, mais il est peu dire que ses premières tentatives se soldent par un échec cuisant : il emprunte de l’argent à droite et à gauche en essayant de monter une chaîne de pizzerias dans le Missouri, mais cela ne réussit pas du tout. Entre-temps, en 1966-1967, il essaie de racheter la franchise AFL des San Diego Chargers avec de l’argent avant tout emprunté, mais Pat l’apprend et le force à oublier ce projet car la ligue concurrente est un trou d’argent sans fond. Jerry rejoint un temps la compagnie d’assurances de son père, puis trouve enfin le bon filon… littéralement, puisqu’il fonde la compagnie pétrolière et gazière Jones Oil and Land Lease dans l’Arkansas.

Il a enfin trouvé sa voie, et sans tarder il reprend son rêve d’acquérir une franchise NFL ; et ce même si son capital personnel n’est pas encore complètement assuré. En 1989, l’opportunité parfaite se présente : la franchise des Dallas Cowboys, surnommée America’s Team, est bien loin de sa splendeur des années 1970 et se trouve au bord du gouffre, à la fois sportivement et financièrement. Son propriétaire, Harvey Roberts « Bum » Bright décide de la vendre, et Jerry Jones s’en porte acquéreur pour 140M$, bien que ce soit un risque énorme : il doit engager ses fonds et ses biens personnels en garantie. Une fois qu’il a fait le tour de sa nouvelle acquisition, il voit qu’elle a un énorme potentiel en partie exploité et qu’elle peut devenir une affaire rentable… mais il faut faire quelques changements.

Cela commence donc par un ménage implacable qui va être très mal perçu, bien qu’il ne soit pas dénué de sens car un des problèmes de l’organisation est qu’elle n’a pas évolué depuis un bon moment. Ainsi, Jones renvoie deux futurs Hall Of Famers : le mythique General Manager Tex Schramm et le légendaire Head Coach Tom Landry qui étaient là depuis les débuts du club en 1960. Voulant tout contrôler, il assume les rôles de propriétaire, président et General Manager, mais il n’a pas les compétences pour entraîner ; il appelle donc un vieux partenaire à la rescousse, devenu entre-temps un Head Coach réputé à l’Université de Miami : Jimmy Johnson.

JIMMY JOHNSON AND JERRY JONESLa première année de Jones à la tête de la franchise est une catastrophe autant sur le terrain (1-15) que dans les finances ; il perd 100,000$ par jour en cherchant la meilleure façon de développer son nouveau business, et le stress lui cause des crises d’arythmie cardiaque. C’est par le terrain que la solution va venir, sous la férule de Jimmy Johnson qui impulse des changements risqués mais payants, comme le fameux échange pour Herschel Walker qui permet à l’équipe de récupérer bon nombre de choix de draft en 1990 et 1991. Grâce à ceux-ci, les deux J.J. vont monter la dynastie des années 1990, menée par les fameux Triplets : le Quarterback Troy Aikman, le coureur Emmitt Smith et le receveur Michael Irvin. Trois Super Bowls en quatre ans finissent d’asseoir le bien-fondé de la stratégie de Jerry Jones, que plus personne ne prend pour un bouseux de l’Arkansas imbu de sa personne et irrespectueux de la glorieuse histoire des Cowboys. Mais cela ne se fait pas sans heurts : la relation avec le Head Coach se dégrade très rapidement, et il part en 1994 ; cela n’empêchera pas l’équipe de remporter le titre l’année suivante avec Barry Switzer.

Avec le succès vient la notoriété et l’argent, que Jones est parti chercher dans chaque recoin : il a démarché de riches locaux pour vendre les suites luxueuses du stade et il a optimisé les coûts de production, même si cela l’a forcé à renvoyer beaucoup de personnel. Il travaille toujours à de nouveaux partenariats, dont certains vont occasionner des procès avec la ligue car ils sont avec des équipementiers ou une marque de boisson non-agréés. Ces confrontations vont d’ailleurs forcer la NFL à lâcher un peu de lest aux franchises qui vont gagner de l’autonomie dans certains domaines ; une avancée pour tous.

Jones développe ainsi la marque des Cowboys partout dans le pays, bâtissant sur l’oeuvre du génial Schramm mais en maximisant les rentrées d’argent, associant la franchise à divers événements publicitaires ou actions caritatives, quitte à payer de sa propre personne. Cependant, il y a un domaine majeur où Jones va avoir un impact phénoménal qui va définitivement propulser le sport au-delà de tous les autres : la télévision. Il remarque que la NFL ne tire vraiment pas le maximum de son contrat avec les chaînes de diffusion (ABC, NBC et CBS). Pire, ces dernières essaient d’avoir une ristourne sur le contrat suivant, mais Jones parvient à convaincre suffisamment de propriétaires pour refuser ce nouveau deal et déplacer la diffusion de la NFC d’ABC sur la FOX. C’est une décision qui revitalise la chaîne sur le déclin et qui va donner naissance, peu ou prou, aux contrats avec la télévision d’aujourd’hui, toujours plus lucratifs ; cela assoit définitivement la position de la NFL au sommet des sports américains.

JerryJones-TitantronJones avait racheté la franchise 140M$ en 1989, risquant tout ce qu’il avait ; en 2016, elle vaut plus de 4 milliards de dollars, loin devant toutes les autres franchises sportives du monde. L’équipe joue dans le tout nouveau AT&T Stadium – magnifique oeuvre architecturale possédant un Titantron gigantesque au-dessus du terrain, elle peut se targuer d’avoir une sinon la plus grande base de fans dans le monde et elle règne sur les réseaux sociaux. Que ce soit en bien ou en mal, on parle toujours des Cowboys, et les sujets ne manquent pas car le sportif ne suit plus vraiment depuis la période bénie des années 1990 : l’équipe n’est jamais retournée au Super Bowl malgré quelques belles saisons. La mégalomanie et l’omnipotence de Jerry Jones, ainsi que la présence de ses enfants aux plus hauts postes, font grincer des dents à Dallas et ailleurs.

C’est pour cela que l’homme cristallise une telle polarisation d’avis, et que vous entendrez tout et son contraire sur son intronisation au Hall Of Fame en 2017. Toujours est-il que, si doivent entrer à Canton ceux qui ont marqué le sport d’une manière ou d’une autre, il a indéniablement sa place, ne serait-ce que par sa résurrection d’une franchise en piteux état, et son impact sur la diffusion de la NFL à la télévision.