NFL : L’affaire Al Jazeera, une tempête dans un verre d’eau

Al JazeeraAujourd’hui, la ligue a lavé Clay Matthews, Julius Peppers et James Harrison de tout soupçon dans l’affaire des PEDs (substances dopantes) rapportée dans un documentaire d’Al Jazeera. En juillet, Peyton Manning lui aussi avait été innocenté dans cette affaire. Mike Neal reste le seul protagoniste encore sous enquête, mais on peut déjà dire que cela aura été une tempête dans un verre d’eau… bien que les leçons à tirer de cette affaire sont très importantes pour le futur.

Retour sur les faits.

En décembre de l’année dernière, un documentaire d’Al Jazeera sur le dopage dans le sport montre le coureur de haies britannique Liam Collins jouant le rôle d’agent infiltré. En caméra cachée, il rencontre un ancien pharmacien interne au Guyer Institute dénommé Charlie Sly qui avoue que la femme de Peyton Manning, Ashley, s’est procurée de l’hormone de croissance (HGH) en 2011 ; Sly ne dit pas que Manning s’en est servi lui-même pour se remettre plus vite de son opération au cou, mais le documentaire le suggère.

De plus, Sly affirme également que James Harrison, Mike Neal, Julius Peppers et Clay Matthews se sont procuré soit du HGH, soit une certaine hormone appelée « Delta 2 » qui agit comme un stéroïde, soit de nouvelles substances pour augmenter les niveaux d’hormones. La NFL n’est pas la seule touchée, puisque des joueurs de MLB (baseball) sont également cités.

A la sortie du documentaire, Sly renie rapidement tout ce qu’il a dit en caméra cachée, prétextant qu’il voulait juste tester Collins pour savoir s’il le croyait.

Si Manning est le nom le plus important de la liste, les accusations sont les plus floues ; le Quarterback pense à attaquer la chaîne et coopère avec la NFL pour prouver sa bonne foi. Il est innocenté en juillet, quelques mois après être parti en retraite.

Pour Harrison, Matthews, Peppers et Neal, la situation est un peu plus compliquée car ils sont toujours en activité. Entre-temps, la MLB innocente également ses joueurs accusés ; en plus de Manning, cela accorde pratiquement zéro crédit au documentaire, et les joueurs NFL encore soupçonnés pensent qu’une simple déclaration devrait suffire. Mais la NFL refuse, demandant à parler directement aux joueurs pendant les training camps.

C’est à ce moment que revient sur le tapis la tension entre la NFLPA et la NFL à propos du pouvoir de Roger Goodell à être juré, juge et bourreau, en droite lignée de Deflategate : selon la NFLPA, pourquoi les joueurs devraient-ils se justifier auprès du commissioner alors qu’ils n’ont jamais été contrôlés positif à une substance dopante ? Pour que la vérité soit à nouveau potentiellement travestie ? Et sur quelles bases ? Celles d’un informateur filmé en caméra cachée qui se rétracte quasiment aussitôt et dont aucune des allégations n’a été prouvée dans les cas Manning et dans la MLB ?

La NFL ne change pas de cap et monte alors d’un cran en menaçant les joueurs incriminés de suspension s’ils ne se soumettent pas à une entrevue. C’est l’effet pervers du jugement sur Deflategate : Tom Brady ayant finalement été puni plus pour son refus de coopérer avec l’enquête que pour une vraie preuve directe de sa culpabilité, Goodell a le pouvoir de tourner n’importe quelle accusation (quelque soit la source) en obstruction à une enquête si les incriminés refusent de passer au microscope de la NFL… avec potentielle suspension à la clé. C’est cela que la NFLPA a essayé de protéger, au-delà de la simple réaction de s’ils sont innocents ils n’ont rien à cacher.

Les quatre joueurs précités ont fini par accepter de faire leur interview, et aujourd’hui trois d’entre eux sont blanchis, aucune preuve d’un quelconque dopage ayant été trouvée. Mike Neal reste le seul point d’interrogation (ce qui n’est pas surprenant car il s’est déjà contredit dans cette histoire), mais il est Free Agent contrairement aux trois autres.

Toute cela n’aura fait que souligner encore plus l’ambiance délétère actuelle entre les joueurs et la ligue : c’est le dernier d’une succession d’événements qui ont éclairé le commissioner sous une mauvaise lumière, et qui fait déjà redouter les négociations pour le prochain CBA qui se termine à la fin de la saison 2020-2021.