NFL Team Honors : Indianapolis

500-Colts

La solution la plus simple pour la première saison sans playoffs de l’ère Chuck Pagano serait de dire que la blessure d’Andrew Luck a tout fait capoter. La perte du Quarterback titulaire pourrait sembler une raison valide d’ailleurs… sauf que Luck ne jouait déjà pas forcément bien quand il était sur le terrain, et que cela n’explique pas les problèmes de talent ailleurs, certains étant connus depuis longtemps. Le genre de choses qui incombent au General Manager et au Head Coach, qui sont supposés ne pas se voir… mais qui ont été tous les deux prolongés ! Autant dire qu’on attend de voir si ça sera mieux en 2016 parce que les soucis à Indy commencent hors du terrain…

A lire avec un air sceptique.

 

INDIANAPOLIS COLTS
2e AFC South ~ 8-8

 

Les prévisions de Madame Soleil 2015

 

Comment rivaliser avec les meilleurs en AFC, voilà le problème que devait se poser l’organisation des Colts. Certes, elle avait franchi un palier en arrivant en finale AFC, mais elle ne faisait toujours pas le poids contre le juggernaut des Patriots. Pour cela, il fallait renforcer la ligne offensive, trouver un coureur compétent, et avoir une défense capable de bien jouer contre un top-Quarterback qui n’est pas sur une jambe. La libération de Trent Richardson était à ranger dans la catégorie « mieux vaut tard que jamais », celle de Reggie Wayne était attendue, mais ce sont les noms des remplaçants qui ont surpris : deux vétérans en Frank Gore et Andre Johnson. Le vétéran receveur était une bonne présence pour encadrer les jeunes, mais la performance de Gore allait surtout dépendre 1) de ce qui lui reste et 2) de la ligne offensive. Si Anthony Castonzo était le meilleur élément et le Guard Todd Herremans était arrivé de Philly, les Colts avaient libéré Gosder Cherilus, et alors que la draft aurait pu aider à remplir ce besoin ou celui d’un défenseur contre la course, la franchise avait préféré prendre encore un receveur, Phillip Dorsett, au premier tour.

Car en effet, la défense au sol était un des problèmes majeurs d’Indy, et elle avait vu du changement chez les gros avec les départs du Defensive End Cory Redding et du Defensive Tackle Ricky Jean-François. C’était assez problématique surtout pour Redding qui était un pilier de l’équipe, même si la signature de Kendall Langford était un signe que l’organisation voulait avoir une meilleure défense contre la course. L’addition de Trent Cole et la progression de Jonathan Newsome étaient vitales pour améliorer un pass-rush parfois transparent, avec notamment un Bjoern Werner trop discret. Enfin, Dwight Lowery avait été ajouté pour contrebalancer plusieurs départs au poste de Safety et compléter une arrière-garde très intéressante avec Vontae Davis, Greg Toler et Mike Adams.

Est-ce que la ligne serait suffisamment forte pour aider Gore et Luck ? Est-ce que la défense serait plus solide au sol et dans le pass-rush ? Ce n’était pas forcément très évident sur le papier ; on attendait les preuves sur le terrain, et contre une autre opposition que l’AFC South.

 

La saison

 

@Buffalo 14-27, NY Jets 7-20, @Tennessee 35-33, Jacksonville 16-13 (OT), @Houston 27-20, New England 27-34, New Orleans 21-27, @Carolina 26-29 (OT), Denver 27-24, @Atlanta 24-21, Tampa Bay 25-12, @Pittsburgh 10-45, @Jacksonville 16-51, Houston 10-16, @Miami 18-12, Tennessee 30-24.

Record cumulé projeté (avec les records de 2014) : 106-149-1 (0.416, 31e).
Record cumulé réel (avec les records de 2015) : 128-128 (0.500, 17e).
Écart entre les deux records : 0.084 (1e).

La NFC South est encore de la partie pour compliquer un calendrier projeté comme plus facile, les Colts ont même eu le bond de difficulté le plus grand dans la ligue.

 

La réalité

 

Quelque part il est même miraculeux que les Colts aient terminé à l’équilibre quand on voit que leur différence de points (-75), de TDs (-10), de yards (-57.7), de big plays (-23), d’efficacité en redzone (-9%) et de turnovers (-5) est négative ; de plus, les trois premières étaient positives en 2014. Au moins, ils ont forcé le plus grand nombre de pénalités en leur faveur avec 133 pour 73 yards par match (on se rassure comme on peut). Néanmoins, cela ne surprendra personne : la défense a fait ce qu’elle a pu pour tenir mais elle a payé une attaque qui s’est écroulée notamment en ce qui concerne le jeu aérien (-16 TDs et -74.4 yards par match par rapport à 2014) et avec un temps de possession inférieur à 30 minutes (29:36).

Voici les récompenses de la saison :

D’autres candidats peuvent sembler peut-être plus adéquats, mais sans le Quarterback Matthew Hasselbeck les Colts auraient été encore plus mal lotis. Il a réussi à mener l’équipe à un record de 5-3 quand il était titulaire, en revenant malgré les cartons à répétition qu’il a encaissés et plusieurs blessures ; c’est d’ailleurs un pépin à l’épaule qui l’a forcé à mettre fin à sa saison avant le dernier match. Avec 60.9%, 1690 yards (6.6), 9 TDs, 5 INTs, 16 sacks et 84 de QB Rating il a été le meilleur au poste pour Indy. Il a rappelé à quel point il est important d’avoir un remplaçant potable.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Matt+Hasselbeck+Indianapolis+Colts+v+Pittsburgh+H-mLHhVDxVyl.jpgSurtout quand le titulaire… ne fait pas une si bonne saison que cela. Nous reviendrons plus tard sur ce qui a motivé le renvoi du Coordinateur Offensif Pep Hamilton en cours de saison car il a sa part de responsabilité ; toujours est-il qu’Andrew Luck a fait une saison bien en-deçà de ce qu’il sait faire : indécis, échaudé par une protection inefficace, forçant bien trop ses passes. Il termine à 55.3%, 1881 yards (6.4), 15 TDs, 12 INTs, 15 sacks et 74.9 de QB Rating. Ce sont des chiffres qui font mal aux yeux pour quelqu’un comme Luck, et les Colts ont intérêt à redresser rapidement la barre avant de le casser définitivement (physiquement, moralement, ou les deux).

Il est monnaie courante de taper sur la ligne offensive, néanmoins il faut attirer l’attention sur la partie qui marche : le duo à gauche entre le Guard Jack Mewhort et le le Tackle Anthony Castonzo. Mewhort a commencé à droite mais est revenu à gauche, qui semble être sa position préférentielle, et cela le met à côté d’un Castonzo qui reste l’élément le plus constant de l’unité. Les deux compères sont jeunes et forment le bloc sur lequel l’organisation doit construire enfin une protection potable pour Luck.

Le « fantôme » receveur T.Y. Hilton continue d’empiler les bonnes saisons, et cette année encore il aura joué le rôle de receveur #1 du mieux possible : 69 réceptions, 1124 yards et 5 TDs.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/T+Y+Hilton+Tennessee+Titans+v+Indianapolis+3uBEJ7L4QcVl.jpgCertes, il a réussi moins de réceptions avec autant de ciblages, gagnant de ce fait moins de yards et scorant moins de TDs. Néanmoins il a des circonstances atténuantes : Luck n’était pas lui-même, à part Hasselbeck les Colts ont dû faire jouer Charlie « Clipboard Jesus » Whitehurst et même Josh Freeman, et surtout une partie de ses ciblages ont été volés par Donte Moncrief ; le deuxième année commence vraiment à prendre sa place dans l’escouade avec 64 réceptions pour 733 yards et 6 TDs.

Mais après eux… il manque une vraie troisième solution, en attendant un peu plus des Tight Ends Dwayne Allen (qui reste un bloqueur avant tout) et Coby Fleener (avec seulement 9.1 yards par réception).

C’est normalement là que nous devrions parler d’un certain Cornerback, mais ledit Cornerback ayant connu une année plus compliquée que prévue, nous allons parler d’un joueur qui a réussi la meilleure saison possible au meilleur des moments : l’Inside Linebacker Jerrell Freeman. Dans la dernière année de son contrat, Freeman a littéralement passé un palier dans son jeu, notamment au sol : il a été redoutable d’efficacité pour limiter les gains adverses même s’il n’a pas beaucoup de plaquages à perte. Il a également été polyvalent avec 112 plaquages, 3 sacks, 1 fumble récupéré, 2 passes défendues et 1 pick-6.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Jerrell+Freeman+Wild+Card+Playoffs+Cincinnati+v_3iZ5sdVy_l.jpgIl a été le parfait complément de D’Qwell Jackson (150 plaquages, 3 sacks, 9 passes défendues et 1 pick-6 aussi) au coeur du jeu.

On ne s’attendait pas à voir beaucoup du premier tour receveur Phillip Dorsett, et sa fracture de la jambe a définitivement stoppé une saison à oublier pour le jeune joueur. Fort heureusement pour Indianapolis, ils ont fait un excellent choix au troisième tour avec le Defensive End Henry Anderson. Il était important de drafter malin dans l’unité après avoir perdu Cory Redding et Ricky Jean-François, et cela a été le cas : Anderson a montré de très belles choses dans la défense contre la course avec 31 plaquages dont 5 à perte ; il a également 1 sack, 9 hurries et 2 passes défendues. Il est dommage que sa saison ait été écourtée par une blessure qui l’a mis sur IR, et il faudra surveiller la suite avec intérêt. De même avec le cinquième tour Nose Tackle David Parry.

Choisissez votre tête de turc : Ryan Grigson pour son ingérence ? Chuck Pagano pour son manque de poigne ? Jim Irsay pour avoir prolongé tout le monde ? Pep Hamilton pour le rotoplaf de l’attaque ? Allez, toute la troupe. Les joueurs peuvent être mauvais, mais on sent clairement que, comme dit en introduction, les problèmes commencent en dehors du terrain. En attendant de voir si tout ce petit monde va bien vouloir travailler de concert en tirant dans le même sens, ils prennent tous la récompense et se la passeront comme l’oeil des Gorgones.

Il est difficile de trouver des unités constantes en qualité sur tous ses éléments, et celles qui pourraient coller ont des faiblesses : la ligne défensive et les arrières semblent s’en être un peu mieux sortis que les autres, mais il y a de quoi redire. Principalement, la ligne défensive a souffert des départs précités (Redding et RJF) et de la blessure d’Anderson ; les arrières ont souffert d’un Vontae Davis un peu moins en forme et d’un Greg Toler… enfin, de Greg Toler.

Les arrières gagnent d’une courte tête car ils ont dû faire avec un pass-rush qui a été pire que l’année dernière (35 sacks contre 41 en 2014). Il est vrai que Vontae Davis n’a pas forcément eu son abattement habituel malgré 16 passes défendues et 4 INTs, mais il reste un excellent joueur. Toler a été un problème à l’opposé avec 10 passes défendues seulement et n’arrive pas à être constant dans ses performances. Heureusement que l’équipe a encore eu une année remarquable du Safety Mike Adams avec 75 plaquages, 1 sack, 3 fumbles forcés, 1 fumble récupéré, 6 passes défendues et 5 INTs dont un pick-6 ; il continue d’être un roc dans l’arrière-garde. L’autre Safety Dwight Lowery a été adéquat avec autant de plaquage, de sacks qu’Adams et 4 INTs dont un pick-6 lui aussi ; ce n’est pas vraiment chez les Safeties qu’on se pose des questions à Indy, c’est plutôt pour trouver un CB#2 afin de soulager Vontae Davis.

Voilà qui est original : la ligne offensive… et le playcall, les deux étant intimement liés cette saison. Il est clair que la ligne offensive peut être améliorée : les Colts ont un gros problème au poste de Centre où l’équipe n’a toujours pas trouvé le remplaçant de Jeff Saturday. Entre Khaled Holmes et Jonotthan Harrison, il n’y a pas de vraie solution et c’est toujours le flou sur le futur de la position. Du côté droit de la ligne, le Guard Hugh Thornton a remplacé un Todd Herremans aux fraises (il aura sa petite mention plus tard) et a été moyen, un peu comme le Tackle  Joe Reitz.

Cette ligne n’a pas été fameuse, mais le playcall ne l’a absolument pas aidée, ce qui est une des raisons qui ont coûté la place de Pep Hamilton. Là où les Giants ont un playcall qui permet les passes rapides pour alléger la charge de travail d’une ligne friable, Hamilton a continué d’appeler des 5-step ou 7-step drops, des actions qui mettent du temps à se développer. Il n’est pas étonnant que la ligne ait eu l’air si mauvaise quand on ne fait rien pour l’aider avec des tactiques longues à se mettre en place.

Enfin, une petite mention à un autre souci chronique que les Colts n’ont toujours pas réglé de manière définitive : le pass-rush ; vous avez vu les chiffres dans la récompense précédente. La venue de Trent Cole n’a pas eu l’impact escompté (3 sacks), Erik Walden continue d’être sympathique mais sans plus, Bjoern Werner est tombé dans un trou pour de bon (150 snaps), Jonathan Newsome doit s’y trouver avec lui (un seul sack pour la révélation de 2014) et Robert Mathis fait ce qu’il peut (7 sacks et 12 hurries).

La grande spécialité des Colts pendant l’offseason : faire venir des trentenaires pour faire le boulot de joueurs plus jeunes qui n’y arrivent pas. Si la solution n’est pas toujours idéale à long terme, au moins à court terme Indy a reçu des retours intéressants de l’investissement.

On peut se frotter le menton avec un air circonspect devant la saison de Frank Gore avec 260 courses pour 967 yards, 6 TDs et surtout 3 fumbles ; mais ce qui est effarant c’est de voir qu’il a été le SEUL à scorer au sol, donc même si les Colts en attendaient sûrement un peu plus, c’est quand même sympathique.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Kendall+Langford+Tennessee+Titans+v+Indianapolis+GB2xLwdv5Owl.jpgUne addition vraiment intéressante a été celle du Defensive End Kendall Langford, qui a terminé cette année comme meilleur sackeur de l’équipe avec 7 (à égalité avec Mathis) ; cela à partir d’une position de 3-4 DE. Mais il a également été très précieux au sol, finissant avec 10 plaquages à perte, là aussi comme leader de l’équipe. Dans l’ensemble, une excellente signature qui a aidé à amortir les départs en ligne défensive.

En parlant de Luck, nous avons dit que ses statistiques faisaient mal aux yeux ; en voilà d’autres : 41 réceptions pour 503 yards et 4 TDs, la production d’Andre Johnson pour les Colts cette saison. Mis à part un ou deux matchs où il est sorti de sa boîte (notamment contre Houston, quelle surprise), Dédé est entré en hibernation pour le reste de l’année, à tel point que T.Y. Hilton aurait dû lui céder son gimmick de « fantôme » ; le vrai c’était Johnson. A 7.5M$ l’année, pas sûr que le contrat dure très longtemps vu l’impact quasi-nul qu’a eu le vétéran receveur.

Heureusement pour Indy qu’ils ont signé le Guard Todd Herremans pour une année, sinon il aurait même réussi à battre Dédé pour obtenir cette « récompense » : deux matchs, mis sur le banc, revenu pour boucher les trous, écarté de la liste des actifs, libéré. Tout ça en une saison. Yikes.

Les deux matchs contre Carolina et Denver en Week 8 et 9. On connaît le couplet avec les Colts : on a l’impression qu’ils sont dans les cordes, mais ils sont capables de pondre un retour de folie contre les Panthers (malgré la défaite 29-26 en prolongations) ou une victoire bien construite 27-24 contre Denver, boostée par le changement de Coordinateur Offensif.

La tôle ignoble 51-16 à Jacksonville en Week 14. Indy menait 13-9 à la pause avant de prendre un 42-3 en seconde période avec un niveau de jeu proche du néant. Le souci pour les Colts : c’est déjà la quatrième fois depuis 2010 qu’ils prennent 50+ points avec le 51-34 à Pittsburgh l’année dernière, le 59-24 à New England en 2012 et le 62-7 à New Orleans en 2011 ; ils mènent la ligue dans cette catégorie et sur cette période devant Chicago, Tennessee et Buffalo avec 3.

On sait que vous l’attendez tous : la feinte de punt contre New England en Week 6. Empiré par le fait que c’était un Sunday Night Football devant le pays entier, et que de toute façon si on doit faire quoi que ce soit qui sort de l’ordinaire sur une phase d’équipes spéciales, il vaut mieux le laisser à Pat McAfee. Car Pat McAfee réussit ce qu’il entreprend, et il est tellement fort qu’il réussit même ce qu’il n’entreprend pas. Boomstick 4ever.

 

Les besoins

 

Offensive Lineman, pass-rusher, Cornerback #2. Il faudra aussi voir si les Colts resignent Freeman auquel cas ils pourraient avoir besoin d’un Inside Linebacker.

 

Le futur

 

Domicile : Houston, Jacksonville, Tennessee, Kansas City, San Diego, Chicago, Detroit, Pittsburgh.
Extérieur : Houston, Jacksonville, Tennessee, Denver, Oakland, Green Bay, Minnesota, NY Jets.
Record cumulé en 2015 : 117-123 (0.487, 18e).

L’effet AFC South, parce que pour le reste avec l’AFC West et la NFC North + Pittsburgh et les Jets, les Colts ont une bonne valise de matchs contre des équipes à 10+ victoires (6).