NFL Team Honors : Cincinnati

500-Bengals

Comment définir cette saison, la plus aboutie de l’ère Marvin Lewis, avec une attaque explosive et une défense féroce, sans blessure majeure pour la plus grande partie et qui finit de manière aussi rocambolesque ? C’est cela le pire : malgré la blessure d’Andy Dalton, l’équipe avait quand même les cartes en main pour l’emporter en Wild Card avant de… de… de bengaler. Après tout, autant en faire un néologisme : Cincinnati a bengalé sa fin de saison, pour la cinquième année de suite, pour la sixième fois en sept ans et pour la septième fois en onze ans.

A lire en évitant de bengaler.

 

CINCINNATI BENGALS
1e AFC North ~ 12-4 / 0-1

 

Les prévisions de Madame Soleil 2015

 

Certes la prolongation d’un an de Marvin Lewis signée pendant l’offseason pouvait retirer un peu de pression pour le coach, mais très honnêtement il était dos au mur : rater les playoffs aurait été une catastrophe et une nouvelle défaite au premier tour n’aurait pas été bien vue. Toujours titulaires de la plus longue série de saisons sans victoire en playoffs (24), il fallait que les Bengals passent enfin le cap. Le plus gros mouvement avait en réalité été le retour du Defensive End Michael Johnson, qui n’avait passé qu’un an aux Buccaneers ; sa présence et l’espoir d’un rétablissement définitif du Defensive Tackle Geno Atkins devaient remettre le pass-rush de Cincinnati d’équerre, un secteur où l’équipe avait été fantomatique l’année dernière.

Mis à part cela, il est vrai que l’équipe avait plutôt fait dans la continuité avec très peu de pertes et d’acquisitions. Il fallait surveiller le passage du Cornerback de troisième année Dre Kirkpatrick en titulaire avec le départ de Terence Newman, mais hormis ce fait la draft de la paire de Linemen Cedric Ogbuehi et Jake Fisher allait surtout être pour le futur avec les présences d’Andrew Whitworth et Andre Smith. Du coup, Paul Dawson avait des chances d’être la recrue la plus intrigante pour remplacer le milieu incertain de la ligne de Linebackers avec Ray Maualuga, Vincent Ray ou le Free Agent A.J. Hawk.

Pas vraiment de changement majeur à Cincinnati, ce qui posait une question : est-ce que la continuité était forcément la chose à faire pour passer ce palier des playoffs contre lequel Andy Dalton butait ? Et si cela n’arrivait pas ?

 

La saison

 

@Oakland 33-13, San Diego 24-19, @Baltimore 28-24, Kansas City 36-21, Seattle 27-24 (OT), @Buffalo 34-21, @Pittsburgh 16-10, Cleveland 31-10, Houston 6-10, @Arizona 31-34, Saint-Louis 31-7, @Cleveland 37-3, Pittsburgh 20-33, @San Francisco 24-14, @Denver 17-20 (OT), Baltimore 24-16.

Record cumulé projeté (avec les records de 2014) : 144-112 (0.563, 2e).
Record cumulé réel (avec les records de 2015) : 122-134 (0.477, 25e).
Écart entre les deux records : -0.086 (32e).

C’est ce qu’on appelle un gros rotoplaf de prédiction avec 22 victoires de différence, Baltimore et Cleveland ayant bien évidemment largement participé à ce crash (-18 à eux deux).

 

Les playoffs

 

Pittsburgh 16-18.

 

La réalité

 

L’introduction évoque une attaque explosive et une défense féroce, la meilleure preuve est la différence de points de +140 (5e) : 419 marqués (7e) dont 50 TDs (5e) contre 279 encaissés (2e) dont 29 TDs (2e) ; ce n’est pas étonnant quand on regarde les taux de TD par voyage en redzone : 65% de TDs marqués (5e) et 45.2% de TDs encaissés (4e). Pour le reste c’est surtout la défense qui a été remarquable : elle a notamment su empêcher les équipes adverses de réaliser de gros gains avec 52 big plays encaissés (2e) ou de scorer tout court : seulement 28.9% des drives adverses ont fini en points (6e). Cincy a également été une des équipes les plus efficaces en turnovers : 28 ballons volés (6e) pour seulement 17 perdus (4e), d’où une belle différence de +11 (5e). S’il faut trouver des secteurs défaillants par rapport aux autres, ils sont deux : les conversions de 3e tentative des deux côtés (39.8% converties – 15e, 38.1% autorisées  – 13e), et surtout les pénalités commises (111 – 19e, pour 57.3 yards par match – 18e) ; mais vous vous en doutiez déjà vu comment la saison a fini, n’est-ce pas ?

Voici les récompenses de la saison :

Welcome back, Geno Atkins ! Les Bengals ne sont pas forcément redevenus les terreurs qu’ils étaient avant dans le pass-rush (taux de sack réussi par action de passe de 6.3%, 16e), mais c’est déjà complètement différent des fantômes de 2014 (3.1%, 32e !).

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Geno+Atkins+St+Louis+Rams+v+Cincinnati+Bengals+M5Q0Ig8vky-l.jpgLe retour en pleine forme du pilier de la ligne défensive y est pour quelque chose : Atkins est redevenu ce monstre phénoménal, prouvant que la saison dernière était probablement due aux restes de sa rupture d’ACL. 42 plaquages dont 17 à perte (6e ratio de la ligue), 11 sacks, 36 hurries (top NFL) et 1 fumble forcé, Geno est de retour. Même si l’escouade possède beaucoup de talent ailleurs, quand le #97 va, la défense va.

Il est assez fou de se dire qu’Andy Dalton est passé de « les Bengals ne gagneront jamais en playoffs avec lui » à « les Bengals ne gagneront pas en playoffs sans lui ». Ce sont ces petites choses qui rappellent l’importance d’un franchise Quarterback, et il y a toujours un certain étonnement quand on entend les fans se plaindre du Ginger Ninja ; on parle quand même d’une équipe qui a été tellement putride dans les années 1990 jusqu’à la moitié des années 2000 avec leur sélection de Quarterbacks à la mords-moi-le-playbook genre Dave Klingler ou Akili Smith.

De plus, pour aussi bon que Carson Palmer ait été, il n’a pas gagné en playoffs non plus (et il n’y est allé que deux fois). Ce qui est vraiment frustrant en plus cette saison, c’est que Dalton était dans la forme de sa vie : 66.1%, 3250 yards (8.4 !), 25 TDs, 7 INTs, 20 sacks, 2 fumbles et 106.3 de QB Rating (seul Russell Wilson a fait mieux) sans oublier 57 courses pour 142 yards et 3 TDs. Mais cette foutue blessure au doigt sur une action apparemment anodine a stoppé tout cela net.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Andy+Dalton+St+Louis+Rams+v+Cincinnati+Bengals+PMWRTmY6rKjl.jpgPuisque l’on parle de Dalton et de sa blessure, mentionnons son remplaçant A.J. McCarron. L’ancien d’Alabama a fait un intérim vraiment très intéressant avec 66.4%, 854 yards (7.2), 6 TDs, 2 INTs, 12 sacks, 1 fumble et 97.1 de QB Rating. Il a montré une belle capacité à mener l’attaque et n’a pas semblé perdu comme cela peut arriver avec les jeunes meneurs.

Impossible de dissocier deux joueurs : le receveur A.J. Green et le Tight End Tyler Eifert. Cela ne surprendra personne pour Green qui a encore été la cible #1 des Bengals cette saison avec 86 réceptions pour 1297 yards et 10 TDs, mais il a enfin reçu du soutien grâce à l’explosion du troisième année qui était attendue. Eifert a été une machine à scorer dont l’équation a été simple : 4 réceptions = 1 TD ; 52 réceptions pour 615 yards et 13 TDs (top TE NFL). Eifert doit encore travailler ses drops (6) mais pour le reste il est devenu cette menace en redzone que les Bengals n’ont jamais eue au poste ; le précédent record de TD sur une saison pour un Tight End était de 9 par Rodney Holman en 1989 et Bob Trumpy en 1969. Cela vous place un peu la performance massive réussie par Eifert cette année, alors que pour Green c’est déjà plus habituel.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Tyler+Eifert+Baltimore+Ravens+v+Cincinnati+XsWtCt-tfN0l.jpgLa bonne santé du jeu aérien est passé par ces deux-là, mais n’oublions pas le troisième larron, Marvin Jones, qui a parfaitement joué son rôle de #2 avec 65 réceptions pour 816 yards et 4 TDs. Il manque peut-être une vraie alternative au trois, Mohamed Sanu ayant un peu disparu de la circulation cette saison avec 33 réceptions pour 394 yards après avoir tenu le fort l’année dernière. Mais quand vous avez un tel trio qui reste en bonne santé, c’est beaucoup moins grave.

Geno Atkins a été ZE joueur de la défense, mais il n’en est pas le seul très bon joueur. Le Safety Reggie Nelson a été exceptionnel dans son rôle de patrouilleur qui s’assure que les passes n’arrivent pas : 14 passes défendues et 8 INTs (top NFL) + 2 fumbles récupérés ! Il n’a pas chômé au plaquage non plus avec 77, et le vétéran de 32 ans continue de jouer à un haut niveau d’excellence. Il a été un rouage majeur de l’escouade défensive cette saison pour empêcher les gros jeux et les points encaissés.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Reggie+Nelson+Cincinnati+Bengals+v+Cleveland+PgTOBI56WU1l.jpgD’ordinaire nous aurions associé son partenaire George Iloka, car ensemble ils font partie des meilleurs duos de Safeties de la ligue cette saison. Néanmoins le Strong Safety a eu une année un peu plus discrète, même s’il reste le cogneur qui ne laisse rien passer (avec en plus 4 passes défendues et 1 INT). Il a également bien progressé sur certains points, comme les plaquages manqués. Pour terminer avec l’arrière-garde, qui a fait du bon travail, Leon Hall a fait une saison à la Hall : sûr et solide avec 9 passes défendues et 2 INTs. Adam Jones a rappelé que, quand il n’est pas dans les sales coups, il est un super joueur avec 12 passes défendues et 3 INTs, alors que Dre Kirkpatrick a enfin été titularisé, mais il reste le maillon faible de l’unité malgré ses 16 passes défendues.

Les Bengals n’ont pas connu de blessures et n’avaient aucun trou béant dans leur effectif… de ce fait, la classe 2016 n’a quasiment pas joué, et il faudra attendre les années suivantes. Si vous tenez absolument à remettre la récompense à quelqu’un, elle peut être décernée à A.J. McCarron qui est techniquement un « première année » puisqu’il n’a pas joué en 2014.

Pas Goat mais Goats, au pluriel. Vous nous voyez arriver avec nos gros sabots : le trio formé par Jeremy Hill, Vontaze Burfict et Adam Jones. Le pire avec ces trois-là, c’est qu’ils auraient pu faire parties des raisons du succès de Cincinnati cette saison à une action près. Hill a quand même marqué la bagatelle de 11 TDs au sol (top NFL). Burfict reste un joueur formidable au sein de la défense avec ses 74 plaquages dont 6 à perte, 5 passes défendues et 2 INTs. Les qualités de Jones ont déjà été évoquées.

Mais en une combinaison drive offensif – drive défensif, ils ont rappelé pourquoi on ne peut pas leur faire complètement confiance : en plus de sa moyenne plutôt faible de 3.6 yards par course, Hill a fumblé quatre fois cette saison, les perdant tous. Burfict et Jones restent des bombes à retardement qui peuvent dégoupiller à n’importe quel moment et faire du mal à la franchise. C’est vraiment un sacré gâchis, quand on voit tout ce talent, de regarder la fin du match contre Pittsburgh.

Sortons un peu des cadres : le quintet offensif Dalton – Green – Jones – Eifert – Bernard a été inarrêtable cette saison. Les quatre premiers ont déjà été discutés, donc parlons un peu de Giovani Bernard : le coureur a été une menace double redoutable pour les adversaires, finissant en cumulé avec 203 touches de balle pour 1202 yards et 2 TDs. Il a connu bien plus de succès que son partenaire Hill, et il n’a commis qu’un seul fumble (récupéré). Plus explosif, Gio continue de prouver que les Bengals ont parié sur le bon chev… tigre du Bengale en le draftant.

Simple comparaison entre Hill et lui : Hill n’a gagné que 64 yards de plus alors qu’il a fait 69 courses de plus, et Gio finit quand même avec plus de courses de 20+ yards que lui (2 vs. 1).

Il y a un aspect de la défense des Bengals qui continue de nous laisser perplexe : les Linebackers. S’il faut trouver un maillon faible dans l’escouade c’est par là qu’il faut regarder. Nous avons déjà parlé de Burfict et de sa bonne saison, pénalités en moins, mais Vincent Rey continue d’interroger malgré 98 plaquages, 1 sack, 5 passes défendues et 1 INT. La signature d’A.J. Hawk a donné les mêmes résultats que les dernières années à Green Bay : gars génial, mais limité. Le plus ironique, c’est que le fait de ne plus jouer tous les snaps semble avoir vraiment revigoré la carrière de Ray Maualuga qui a été partout avec 75 plaquages, 1 fumble récupéré, 3 passes défendues et 1 INT dans une saison réussie.

Il ne serait pas surprenant de voir les Bengals regarder les Linebackers de près pour la prochaine draft.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Michael+Johnson+Carlos+Dunlap+Pittsburgh+Steelers+DiA6nkZLaNhl.jpgWelcome back, Michael Johnson ! Les Bengals ont réussi une des plus belles entourloupes de l’offseason 2015 en récupérant un joueur… qui leur a permis d’avoir un beau choix compensatoire à la draft 2015 ! Et le retour de Johnson (avec celui en forme d’Atkins) a bien aidé à faire revenir la machine à sacks. Certes, le Defensive End en lui-même n’a pas été transcendant (5 sacks et 16 hurries), mais sa présence a aidé à libérer ses partenaires, comme Carlos Dunlap : le #96 a tout fracassé sur son passage avec 55 plaquages dont 16 à perte, 13.5 sacks, 24 hurries, 3 fumbles forcés, 1 fumble récupéré, 1 passe défendue et il y en a un peu plus je vous le mets ?

Néanmoins, Johnson est capable de faire mieux et il faudra le vérifier de manière plus directe l’année prochaine sur ses stats. C’est pour cela que la ligne défensive n’a pas été nommée meilleure unité d’ailleurs (en plus Domata Peko a quelques limitations, surtout au sol ; il a été compétent dans le rush avec 5 sacks).

Les deux seuls gros contrats ont été la resignature de Clint Boling et le retour de Michael Johnson. Personne n’ira contredire l’impact de ces décisions, donc il n’y a eu aucune erreur en Free Agency de la part de Cincy.

Néanmoins Boling nous permet de parler d’un groupe qui, lui aussi, nous laisse un peu perplexe : la ligne offensive. Commençons par dire qu’en effet, c’est un groupe solide qui tend vers le très solide : le retour de Boling a été une très bonne chose, Andrew Whitworth est toujours aussi excellent et Kevin Zeitler trouve sa place. Néanmoins, au fur et à mesure de la saison on a vu quelques failles apparaître, notamment au niveau du Centre Russell Bodine : il est jeune mais il est encore trop souvent maîtrisé par les Tackles adverses à une position cruciale ; c’est pourquoi le taux de sack concédé par action de passe n’est pas si excellent qu’on peut le penser à 6% (20e). Il n’est pas sûr que la présence de McCarron en fin de saison soit la seule raison de l’augmentation par rapport aux 4.6% de l’année dernière.

La ligne a aussi eu du mal dans le jeu au sol parfois. L’unité reste quand même une des meilleures de la ligue… mais cela vient avec un bémol tout de même.

La victoire 27-24 contre Seattle en Week 5. C’est non seulement la victoire, qui a prouvé que les Bengals n’étaient pas là pour faire de la figuration, mais surtout le scénario du match ; ils étaient menés 24-7 au début du dernier quart-temps avant de revenir comme des fous furieux, de forcer la prolongation et l’emporter. Même si les Hawks étaient dans leur période « voyons quelle avance on va bien pouvoir dilapider aujourd’hui » c’était une victoire résonnant comme un avertissement au reste de la ligue.

La défaite 18-16 contre Pittsburgh en Wild Card. Non seulement les Bengals n’ont pas réussi à conserver leur seed #2, en partie à cause de la défaite à Denver en prolongations en Week 16, forçant ce match contre les Steelers, mais en plus…

…ils ont donné le match avec un fumble crucial et deux pénalités stupides. Les fans de Cincy et de la NFL en général ne sont pas prêts d’oublier ce finish complètement improbable.

 

Les besoins

 

En attaque, la ligne offensive va poser quelques questions, surtout au Centre. En défense, un Linebacker. Ce sont les deux positions de chaque côté qui semblent les plus essentielles actuellement. Ensuite, la ligne défensive semble importante pour le côté opposé à Atkins-Dunlap, et un troisième receveur serait également intéressant.

 

Le futur

 

Domicile : Baltimore, Cleveland, Pittsburgh, Buffalo, Miami, Philadelphie, Washington, Denver.
Extérieur : Baltimore, Cleveland, Pittsburgh, New England, NY Jets, Dallas, NY Giants, Houston.
Record cumulé en 2015 : 119-137 (0.465, 27e).

Toutes les projections pour 2015 en AFC North partent du principe que Baltimore refera 4-12. FAT CHANCE. Contrairement à cette année, Cincy recevra Denver et ira à Houston (ne demandez pas si c’est mieux, ils ont perdu contre les deux cette saison).