Boom Or Bust : Les choix du premier tour de la draft 2015 (1/4)

La draft c’est une combinaison de scouting, de stratégie, et d’un peu de chance. Contrairement à l’année dernière, on savait que les Quarterbacks allaient partir assez vite, notamment deux dans un ordre attendu qui a été suivi : Jameis Winston en #1 et Marcus Mariota en #2. Quelques surprises dans le premier tour mais deux échanges seulement pendant la draft (les deux autres datant de l’année dernière et de l’ouverture de la période des échanges).

Alors, qui a tiré le bon numéro ? Nous allons regarder à la loupe les tribulations des 32 choix du premier tour pour savoir comment ils se sont comportés, et s’ils ont été les meilleurs rookies de leur équipe. On commence avec les picks #1 à #8 aujourd’hui, puis on verra les #9 à #16 demain, les #17 à #24 vendredi et les #25 à #32 samedi.

PS : La plupart des stats viennent de NFL.com, avec quelques stats de SportingCharts pour complémenter. Il est possible qu’il y ait quelques petites différences de chiffres.
PS2 : FF = fumbles forcés, FR = fumbles récupérés.

 

1. TAMPA BAY : Jameis Winston, QB, Florida State

Snaps : 100% (1094/1094)
Passe : 312/535, 58.3%, 4042 yards, 22 TDs, 15 INTs, 27 sacks
QB rating : 84.2
Course : 57 courses, 213 yards, 6 TDs
Fumble : 6 dont 2 perdus

Comme attendu, les Buccaneers sélectionnaient Jameis Winston en espérant avoir leur QB du futur.

On va vous dire que le choix des Bucs n’était pas bien sorcier s’ils voulaient un Quarterback, encore fallait-il qu’il réponde présent lors de sa première saison. Et sans aller trop vite, on peut dire que la première saison de Jameis Winston est très encourageante pour la suite. Certes, la crainte de sa propension à donner la balle à l’adversaire reste présente quand on le presse, et le taux de complétion peut encore être amélioré (on commence à l’apprécier quand il atteint 60%). Néanmoins le rookie est confortable dans la poche, pense comme un passeur avant de penser comme un coureur, et surtout les Bucs n’hésitent pas à lui demander des passes longues dont il s’acquitte avec une précision satisfaisante (bien aidé par le fait d’avoir Vincent Jackson et Mike Evans en receveurs). Ajoutons enfin qu’il a été plutôt bien assisté par l’OL qui s’est un peu reprise en protection après une année 2014 catastrophique. Winston est un chantier en construction dont les fondations commencent déjà à être solides.

Si on rajoute le 3e tour Ali Marpet resitué en Guard et le 4e tour LB Kwon Alexander, la classe de 2015 des Bucs a une tête plutôt sympathique. Alexander et le 2e tour OT Donovan Smith devront s’améliorer, mais il n’est jamais évident d’être jeté dans le bain en tant que titulaire (surtout à des postes cruciaux comme Middle Linebacker et Left Tackle).

 

2. TENNESSEE : Marcus Mariota, QB, Oregon

Snaps : 70.9% (734/1035)
Passe : 230/370, 62.2%, 2818 yards, 19 TDs, 10 INTs, 38 sacks
QB rating : 91.5
Course : 34 courses, 252 yards, 2 TDs
Fumble : 10 dont 6 perdus

Comme attendu, Marcus Mariota partait en #2, on ne savait juste pas dans quelle équipe. Finalement Tennessee restait en #2 pour choisir le QB d’Oregon.

Mariota était vu comme le QB le moins pro-ready des deux… c’est pourquoi, si on ajuste un peu la règle à calcul en fonction du point de départ et SURTOUT du talent autour, sa progression est aussi impressionnante que celle de Winston. Vous ne verrez pas l’ancien Duck lâcher le bras comme l’ancien Seminole peut le faire, mais le #8 a déjà une vision, une gestion de la pression/poche et une compréhension des défenses très intéressantes ; honnêtement, le fait qu’il ait commis 10 fumbles est autant imputable à son OL désastreuse qu’à lui. Il a un bon taux de complétion (même si encore une fois il va prendre moins de risques qu’un Winston sans un Jackson ou un Evans) et son travail pré/post-snap est vraiment encourageant pour la suite. Les Titans en tiennent un bon… ils n’ont plus qu’à le protéger.

Le 2e tour receveur Dorial Green-Beckham a grandi au cours de la saison, mais le 3e tour OT Jeremiah Poutasi a logiquement souffert en Right Tackle. Il faudra attendre pour le reste, mais je dirais presque que le plus important était les deux premiers choix, et à ce niveau Tennessee a bien choisi.

 

3. JACKSONVILLE : Dante Fowler Junior, OLB, Florida

Snaps : 0%
Défense : N/A
Vs. Pass : N/A

Les Jags prenaient logiquement le gars du coin, le pass-rusher Dante Fowler pour les aider dans un secteur problématique.

Malheureusement pour Jacksonville, Fowler a été une des premières grosses blessures du début de l’offseason, avec cette rupture d’ACL lors de la première session du minicamp des rookies en mai. C’est littéralement une saison blanche pour lui, sa vraie saison rookie sera en 2016.

Heureusement pour les Jags, ils n’ont pas eu autant de malchance avec leur deuxième tour, qui est leur meilleur rookie cette année : le coureur T.J. Yeldon.

On n’a jamais vraiment cru à cette histoire de Toby Gerhart coureur #1, et Denard Robinson était sympa à tenter, mais sans le vécu ni la solidité d’un vrai coureur. Yeldon a enfin apporté la solution de remplacement à Maurice Jones-Drew, même si logiquement il a mis un peu de temps à démarrer et sa production en terme de TD n’est pas encore suffisante. Les Jags n’étaient pas sûrs d’avoir un joueur capable de courir, recevoir et bloquer ; au niveau du jeu au sol Yeldon a été un fer de lance sachant casser des plaquages pour finir à 182 courses pour 740 yards (4.1y) et 2 TDs, en réception il a fait sa part du travail avec 36 pour 279 yards et 1 TD, mais il a encore un peu de travail en protection. Néanmoins, Blake Bortles semble avoir trouvé un jeune partenaire à qui faire confiance pour porter l’attaque avec lui et les Allen Receveurs.

 

4. OAKLAND : Amari Cooper, WR, Alabama

Snaps : 85.4% (896/1049)
Réception : 72 réceptions, 1070 yards, 6 TD
Catch Rate : 55.4%, 9 drops
Course : 3 courses, -3 yards
Retours : 8 punt returns, 41 yards
Fumbles : 1 dont 1 perdu

Les Raiders offraient un peu d’aide à la réception pour Derek Carr avec le choix d’Amari Cooper.

Le record de yards à la réception pour un rookie Raider et une connexion déjà bien établie avec le QB du futur Derek Carr, ça vous va comme première année ? Voilà ce que Cooper a fait pour les Silver&Black, servant de catalyseur à une attaque qui a beaucoup progressé cette saison. Il a pratiquement confirmé tout ce qu’on pensait de lui : bonnes routes, bonne compréhension de l’attaque, capacités physiques et instinct très développés, déjà un rapport privilégié avec Carr… mais malheureusement le tableau est un peu terni par un certain nombre de drops qui va devoir être rapidement corrigé. Cooper a toutes les armes d’un playmaker longue durée pour Oakland, et on le sait travailleur ; à lui de régler ce problème de mains pour le futur.

Ce serait assez fou de dire que Cooper n’est même pas le meilleur rookie de cette classe, donc je vais me contenter de dire qu’il partage le titre avec un autre joueur dont l’impact a été moins « médiatique » mais tout aussi important, surtout vu les circonstances : le 2e tour DE Mario Edwards Jr.

Autant vous le dire de suite, les Raiders ont fait un carton dans les deux premiers tours, avec un playmaker de chaque côté du ballon. Pourtant Edwards a été relégué sur le banc suite à la signature d’Aldon Smith, mais la mise sur IR de Justin Tuck lui a rouvert les portes du terrain, et il n’a pas déçu. Il en a pleinement profité, étant à la fois actif contre la course et contre la passe. Versatile et très athlétique, il est devenu le lieutenant du vétéran Dan Williams et de Khalil Mack ; s’il continue de s’acclimater à la vitesse et à la dureté de la NFL, il donne beaucoup d’espoir pour le futur.

 

5. WASHINGTON : Brandon Scherff, OG, Iowa

Snaps : 99.9% (1067/1068)

Première surprise de la draft : malgré les nombreux problèmes défensifs, les Redskins décidaient d’offrir un protecteur à RGIII avec le top OL, l’ancien d’Iowa Brandon Scherff.

Scherff est un peu la cinquième roue du carrosse : c’est un Guard alors que Winston et Mariota sont des Quarterbacks qui attirent l’oeil des caméras, Fowler n’a pas joué et Cooper a fait une saison retentissante ; on a tendance à oublier qu’il est aussi dans le top-5. En ce qui concerne sa production, les Redskins ont eu exactement ce qu’ils attendaient : un tractopelle au sol qui a encore besoin de travailler en protection de passe même s’il n’est pas complètement à la rue. C’est d’autant plus positif qu’il est appairé avec le 3e tour de 2014, Morgan Moses le Right Tackle, et les deux jeunots forment une paire sympathique qui n’a quasiment raté aucun snap. S’ils peuvent continuer de grandir ensemble, c’est un problème de moins pour Jay Gruden.

Les Redskins ont fait une draft très solide si les joueurs peuvent passer la vitesse supérieure dans un rôle plus développé dans l’avenir : le 2e tour OLB Preston Smith a grandi au cours de l’année, le 3e tour coureur Matt Jones a été utile surtout à la réception et le 6e tour Safety Kyshoen Jarrett a montré des choses encourageantes. Néanmoins si Scherff mérite de partager le titre de meilleur rookie 2015, c’est avec le 4e tour receveur Jamison Crowder.

Les chiffres ne sont pas astronomiques avec 59 réceptions pour 604 yards et 2 TDs, mais ils ont été très importants quand DeSean Jackson a raté plusieurs matchs sur blessure. Les Reds attendaient un slot receiver capable de transformer les passes courtes qu’affectionne Washington en gros gains, et Crowder est ce joueur : avec sa rapidité et sa vivacité de returner, il est exactement ce dont avait besoin la franchise de la capitale, surtout à l’époque avec l’incertitude sur le rôle de Quarterback. De plus il droppe très rarement (une seule passe !), et il est le parfait complément à Jackson et Pierre Garçon. Rajoutez Jordan Reed par dessus, et vous avez une attaque aérienne très dangereuse.

 

6. NY JETS : Leonard Williams, DE, USC

Snaps : 77% (810/1052)
Défense : 29 plaquages, 34 assists, 3 sacks

Les Jets décidaient de prendre tout simplement le meilleur joueur restant avec Leonard Williams, ce qui signifiait une sacrée ligne défensive.

Exactement de quoi les Jets avaient besoin : encore un mammouth sur la DL ! Alors certes, vous allez en trouver qui vont rouspéter sur sa production dans le pass-rush, et c’est sûrement vrai : il n’a pas encore totalement l’impact qu’on attendait car, comme souvent avec les rookies, il n’est pas encore assez technique dans son rush. Mais il a su profiter de la suspension de Sheldon Richardson pour jouer bien plus souvent, et il a déjà prouvé qu’il était très solide au sol. C’est également un garçon humble et travailleur, et il a le talent nécessaire pour passer à la vitesse supérieure ; il ne devrait pas tarder à le faire sur ce qu’on a vu en 2015 (et il devrait avoir à le faire selon ce qui arrive avec Muhammad Wilkerson dans l’offseason).

Les Jets ont eu une petite draft (6 choix) et même s’il est difficile d’égaler la production de Williams, on aurait aimé un peu plus des autres, notamment du 2e tour receveur Devin Smith ; dieu sait que les Jets ont de mauvais souvenir du poste à ce tour (hello Stephen Hill).

 

7. CHICAGO : Kevin White, WR, West Virginia

Snaps : 0%
Réception : N/A
Catch Rate : N/A

Les Bears offraient une nouvelle cible de qualité à Jay Cutler pour remplacer Brandon Marshall : le receveur Kevin White.

Il est rare de voir un top-10 de la draft perdu aussi tôt dans la saison (Fowler), et dans un sens White a été le deuxième : suite à une blessure perçue comme mineure au tibia pendant les OTAs, il n’a connu que des rechutes pour finalement se faire opérer d’une fracture de fatigue, et il a raté toute la saison. Il devra attendre 2016 pour faire son retour.

Si jamais White confirme son statut de top-10 l’année prochaine et que les rookies enchaînent positivement sur cette saison, alors le duo Pace-Fox aura tapé fort pour sa première draft : le 2e tour DT Eddie Goldman a eu un impact immédiat et le 4e tour coureur Jeremy Langford a montré de belles choses en tant qu’arme double. Mais étant donné l’état du poste l’année dernière, la palme du meilleur rookie revient au 5e tour Safety Adrian Amos.

C’est véritablement une des trouvailles de la draft : certes il n’est pas difficile d’être content avec un Safety ne serait-ce que moyen vu ce que Chicago a connu par le passé, mais Amos n’est pas juste moyen, il est le futur au poste de Free Safety. Versatile, capable de jouer CB, nickel ou Safety, il a été sympathique en couverture ; mieux : alors qu’il était vu comme trop léger contre la course, c’est là qu’il a été très productif, étant agressif et intelligent. S’il continue sur cette voie, les Bears ont réglé un poste dans leur défense pour l’avenir.

 

8. ATLANTA : Vic Beasley, OLB, Clemson

Snaps : 51.3% (538/1049)
Défense : 20 plaquages, 6 assists, 4 sacks, 2 FF
Vs. Pass : 1 INT, 3 passes défendues

Avec tous les problèmes de pass-rush depuis quelques années, les Falcons adoraient le fait que Vic Beasley soit encore disponible pour améliorer un secteur déficient.

A l’instar de toute la défense des Falcons, Vic Beasley a commencé sur les chapeaux de roues… pour s’étioler lentement et inexorablement. C’est simplement l’effet rookie qui a fini par s’estomper : il n’a pas vraiment eu de partenaire pour occuper les OLs face à lui (il termine comme meilleur sackeur avec 4), et au bout d’un moment son manque de technique a fini par lui être fatal. Il a encore besoin de se développer comme pass-rusher et ne peut pas tout faire tout seul ; son nombre de pressions au total n’est pas catastrophique, c’est juste qu’il manque de constance dans sa production.

Dans le reste de la draft, on trouve quelques éléments prometteurs comme le 3e tour RB Tevin Coleman ou surtout le partenaire de Beasley à Clemson, le 5e tour DT Grady Jarrett (celui dont la maison a brûlé pendant la draft), qui semble montrer de bonnes capacités malgré son manque de gabarit au poste ; il faudra confirmer en 2016.