Fiche Franchise : Cincinnati Bengals

500-Bengals

 

Présentation

 

Généralités

 

Création 1967
Division AFC North
Stade Paycor Stadium
Propriétaire Mike Brown
Président Mike Brown
Manager Général Mike Brown
Head Coach Zac Taylor
Titres Aucun
Site Internet http://www.bengals.com/

 

Introduction

 

Les Bengals sont basés à Cincinnati, au sud de l’état d’Ohio. Ils ont été formés sur le tard dans l’AFL, en 1968, et deux ans plus tard ils ont rejoint la NFL lors de la fusion des deux ligues. Ils ont été versés dans la division AFC Central, et lors de l’arrivée des Texans en 2002, ils ont intégré l’AFC North.

L’équipe a surtout connu du succès dans les années 1980, avec notamment deux Super Bowls malheureusement perdus contre les 49ers (1981, 1988). Ils sont retournés bien plus tard en finale (2021), mais ils se sont également inclinés contre les Rams.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Bengals utilisent les couleurs orange, noir et blanc.

  • Tenue couleur : maillot noir – numéro blanc – pantalon blanc – socks noir.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro noir – pantalon noir – socks blanc.
  • Tenue alternative : maillot orange – numéro blanc – pantalon blanc – socks orange.

Les Bengals ont une mascotte nommée « Who Dey », un tigre anthropomorphique qui porte le maillot #1.

 

Membres du Hall Of Fame

 

1967 – Paul Brown (Fondateur, General Manager & Coach)
1998 – Anthony Muñoz
2023 – Ken Riley

 

Numéros retirés

 

54 – Bob Johnson

 

Stade

 

Les Cincinnati Bengals jouent au Paycor Stadium.
Il a été inauguré le 19 Août 2000.
Il contient 85.353 places.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Cincinnati, ville de football professionnel éphémère (1900-1950)
  2. Paul Brown et ses Bengals (1959-1969)
  3. A la conquête de la NFL (1970-1975)
  4. De l’enfer au paradis… ou presque (1976-1983)
  5. Wyche, Esiason et la « no-huddle offense » (1984-1991)
  6. Un premier tour de draft trop inconstant (1992-2002)
  7. Marvin Lewis fait les montagnes russes (2003-2010)
  8. Dalton, Green et le mur du Wild Card Round (2011-2019)
  9. Deux Tigres dans le moteur (2020-2023)

 

Cincinnati, ville de football professionnel éphémère (1900-1950)

 

L’Ohio est historiquement une terre de football, mais surtout au niveau universitaire avec notamment la prestigieuse équipe des Ohio State Buckeyes ; il y a également les Ohio Bobcats, les Cincinnati Bearcats ou les Redhawks de l’Université de Miami (OH). Cela n’empêche pas la création d’équipes amateurs ou semi-professionnelles au début du siècle, dont quelques-unes se basent dans la ville de Cincinnati, au sud de l’état.

La première en date est celle des Cincinnati Celts qui naissent en 1910. Ils jouent dans la fameuse Ohio League qui servira de base pour l’American Professional Football Association (APFA), la future NFL. Les Celts font logiquement partie de cet événement, mais malheureusement, l’équipe ne joue qu’an en 1921 ; elle quitte la ligue et redevient amateur jusqu’à sa disparition en 1923.

La seconde franchise est celle des Cincinnati Reds, qui intègre la NFL en 1933. Elle est également assaillie par les problèmes financiers, ce qui la force à disparaître au bout d’une seule année. Pendant ce temps, Hal Pennington crée l’équipe des Cincinnati Models, nommés à partir de l’entreprise Model Shoe ; c’est une pratique extrêmement courante à l’époque car, mis à part de riches investisseurs, les entreprises sont les seules à pouvoir fournir les fonds nécessaires à l’établissement d’une franchise professionnelle (e.g. les Decatur Staleys qui sont devenus les Bears, ou les Packers de Green Bay). Les Models intègrent la Midwest Football League, une ligue mineure de football professionnel fondée en 1935.

Pennington intéresse du monde, et en 1937 la société Queen City Athletics lui demande de monter leur équipe. Il accepte et cherche alors un thème ; il est frappé par l’image d’un tigre du Bengale qui se trouve sur le four dans la cuisine de sa mère, et le surnom de Bengals lui plaît. Les premiers Cincinnati Bengals voient le jour en 1937 et rejoignent la seconde itération de l’American Football League (AFL), fondée en 1935. La saison est difficile avec un record de 2-3-2 et la ligue disparaît aussitôt.

Bengals-1938
Ticket de match des Bengals de 1938

Après une année dans le circuit indépendant, les Bengals rejoignent la Midwest Football League qui s’est renommée American Professional Football Association (APFA, comme l’ancienne NFL). Mais encore une fois c’est une expérience unique : Cincinnati termine 6-2 et la ligue disparaît à la fin de l’année 1939. Les Bengals essaient de rebondir dans une troisième AFL, créée en 1940, mais la Seconde Guerre Mondiale a raison d’elle et elle disparaît en 1942.

Cette fois-ci c’est le coup de grâce pour le football professionnel à Cincinnati. La ville va devoir attendre 25 ans avant de voir les Bengals ressusciter.

 

Paul Brown et ses Bengals (1959-1969)

 

Bengals-PaulBrownPaul Eugene Brown est une légende vivante du sport dans l’état d’Ohio. Quarterback inconnu qui n’a jamais dépassé le stade de l’Université, il a surtout excellé en tant que coach, menant diverses équipes au succès. Cela a commencé dans la ville natale de Brown avec l’équipe lycéenne des Massillon Tigers, où il pose les bases : travail dur mais organisé, discipline, invention du playbook, et aucune distinction de race chez ses joueurs, une chose très rare dans les années 1930. Il va ensuite entraîner la grande Université d’Ohio State, puis l’équipe de football de la caserne de Great Lakes, les Bluejackets.

Sans surprise, il franchit le pas vers le football professionnel quand une ligue concurrente de la NFL, l’All-American Football Conference (AAFC), implante une franchise à Cleveland. Nommée « Browns » en son honneur, le coach va la mener à une vraie domination en AAFC puis en NFL lorsque la grande ligue va l’absorber : de 1946 à 1962 il rafle tous les titres de l’AAFC (quatre) et rajoute trois titres NFL. Mais le conte de fées tourne au vinaigre avec l’arrivée d’Art Modell comme propriétaire du club : Brown a l’habitude de tout diriger, et Modell n’aime pas cette autocratie. Les divergences entre les deux hommes font monter la tension jusqu’à ce qu’un échange fait par Brown dans le dos de Modell ne provoque son renvoi le 7 janvier 1963.

C’est un choc énorme dans la ville de Cleveland et dans l’état d’Ohio, car on ne renvoie pas quelqu’un comme Paul Brown. Il reçoit la nouvelle de plein fouet et doit prendre quelques années pour s’en remettre. Petit à petit, la frustration augmentant, il cherche des postes de Head Coach, prenant bien garde d’être sûr qu’il puisse tout faire à sa manière. Il finit par se dire qu’il pourrait tout aussi bien créer sa propre franchise, et se baser plus au sud de l’état, à Cincinnati ; mais la NFL ne veut pas d’une équipe dans cette ville car aucun stade ne contient suffisamment de places.

Par contre, la quatrième version de l’American Football League, fondée en 1960, serait ravie d’accueillir une nouvelle équipe car elle ne possède que neuf franchises. Or, l’accord de fusion entre la NFL et l’AFL est déjà en place, garantissant que les franchises AFL seront reversées en NFL en 1970, ce qui créera un nombre impair d’équipes (16 NFL + 9 AFL). Tous ces arguments finissent par convaincre Brown, réticent à rejoindre « une ligue inférieure », à intégrer l’AFL.

En l’honneur de l’ancienne équipe d’AFL, Brown nomme sa franchise les Cincinnati Bengals. Pour retourner le couteau dans une plaie qui ne sera jamais refermée entre Modell et lui, il crée des uniformes totalement identiques à ceux des Browns, avec pour seule différence le mot « BENGALS » marqué sur le casque. Il prend naturellement la position de Head Coach, remplissant son effectif avec des joueurs de la draft et par la signature de joueurs non-draftés. Il y a quelques bons éléments dans cette première mouture des Bengals : le coureur Paul Robinson, le Tight End Bob Trumpy, le Centre Bob Johnson ou le Linebacker Al Beauchamp. Mais comme souvent avec ces équipes d’expansion, les débuts sont difficiles : un record de 3-11 sanctionne la première saison en 1968 malgré un titre d’AFL Rookie Of The Year pour Robinson.

Greg CookLa draft 1969 apporte également son lot de talent avec le Quarterback Greg Cook, le Linebacker Bill Bergey ou le futur Hall Of Famer Defensive Back Ken Riley. Cook est un phénomène : grand, mobile, précis avec un énorme bras, il lance pour 1854 yards avec une moyenne absurde de 17 yards par passe complétée, tout ça après avoir subi une blessure à l’épaule en Week 3 contre Kansas City. Il remporte le titre d’AFL Rookie Of The Year, et si ce n’est pas suffisant pour pousser les Bengals au-delà d’un piètre 4-9-1, le jeune Quarterback promet de belles choses pour l’avenir.

Certains, comme l’assistant coach de Brown à l’époque Bill Walsh, pensent d’ailleurs que Cook avait toutes les armes pour devenir un sinon le meilleur Quarterback de l’histoire de la NFL, mais on ne le saura jamais. En effet, le fait qu’il ait continué à jouer toute la saison avec cette blessure à l’épaule revient le hanter après la saison : elle a empiré, provoquant une déchirure de la coiffe des rotateurs et un détachement du biceps. Cook n’a pas accès aux progrès médicaux d’aujourd’hui, et après trois opérations il est obligé, la mort dans l’âme, de prendre sa retraite. Il tentera plusieurs retours mais ne sera que l’ombre de ce qu’il a été.

 

A la conquête de la NFL (1970-1975)

 

Bengals-LemarParrishEn 1970, la fusion avec la NFL a lieu, et les Bengals sont reversés dans l’AFC Central avec Pittsburgh, Houston, et surtout Cleveland, installant de suite une rivalité féroce entre les deux franchises de l’Ohio. Ils étrennent leur nouveau stade de Riverfront Stadium, et la draft continue d’injecter de jeunes espoirs comme le Defensive Back Lemar Parrish. Mais les espoirs de succès sont minces avec la perte de Cook, et cela semble se confirmer quand l’équipe démarre la saison 1-6. Néanmoins, on parle d’une équipe coachée par Paul Brown, et les talents finissent par se révéler : derrière l’ancien Bear Virgil Carter qui reprend le poste de Quarterback, les Bengals font un retour retentissant en gagnant tous les matchs restants pour finir à 8-6 et gagner leur premier titre de division. Le premier match de playoffs de leur histoire est moins réussi : les futurs champions Colts l’emportent facilement 17-0.

Malgré ce succès rapide, Paul Brown n’a pas énormément confiance en Carter, et il drafte Ken Anderson en prévision du futur de la franchise. Il a raison, car en 1971 les Bengals font le même départ catastrophique, et cette fois ils n’arrivent pas à redresser la barre ; c’est une saison blanche à 4-10. Brown titularise Anderson pour la saison 1972, et rajoute du poids en défense avec la draft du Defensive End Sherman White et du Linebacker Jim LeClair. Derrière Anderson l’attaque relève la tête, et la défense assure le reste, permettant aux Bengals de finir sur un record plus encourageant de 8-6, même si cette fois cela ne suffit pas pour aller en playoffs.

Il manque encore une arme à la réception, et les Bengals la sélectionnent au premier tour de la draft 1973 en la personne d’Isaac Curtis. On voit de suite le résultat sur les statistiques d’Anderson qui passe pour 2400+ yards et 18 touchdowns ; Cincinnati remporte l’AFC Central avec un record de 10-4 et retourne en playoffs. Le club doit se déplacer chez les terribles Dolphins, champions en titre qui sortent de leur saison parfaite en 1972 ; malgré une bonne première mi-temps, les Bengals doivent s’incliner 34-16.

1974 découvre une faille dans l’équipe : en pensant au jeu aérien depuis le début, Brown a négligé le jeu de course. Malgré Anderson qui termine avec le plus haut Quarterback rating de la ligue, la franchise finit par s’essouffler en fin de saison ; un record de 7-4 se termine en 7-7 et Cincinnati rate les playoffs. Le Quarterback poursuit ses bonnes performances en 1975, qui est un meilleur cru avec une défense qui relève la tête : cette fois les Bengals ne trébuchent pas en route et finissent avec un record de 11-3, mais ils perdent cependant la tête de la division à cause d’une défaite contre Pittsburgh.

Cette défaite est lourde de conséquences puisqu’ils se retrouvent à se déplacer chez les terribles Raiders. Oakland prend le contrôle du match 31-14 tard dans le dernier quart-temps, mais les Bengals scorent deux touchdowns coup sur coup pour revenir à 31-28. Malheureusement l’onside kick suivant est manqué, et Cincinnati ne remporte toujours pas son premier match de playoffs. Il faut dire que la franchise a beau connaître un certain succès dans ces années 1970, elle se retrouve dans une conférence avec Baltimore, Miami, Oakland et Pittsburgh, ce qui serait suffisant pour décourager n’importe qui.

49ers-WalshBrown
Bill Walsh et Paul Brown

La fin de cette saison 1975 marque un tournant lorsque Paul Brown décide de se retirer du poste de Head Coach et se focaliser sur ceux de propriétaire et General Manager. Il pense alors à sa succession, et tout semble désigner le fringuant assistant Walsh avec une montagne d’idées offensives novatrices ; mais Brown, très conservateur, n’est pas fan de ses innovations. Il finit par nommer un ancien centre NFL et le coach de la ligne offensive, Bill Johnson, à sa place. Dégoûté par ce choix, Walsh part être assistant à San Diego, emmenant les prémices de sa West Coast Offense qui devrait logiquement avoir un nom plus en rapport avec l’Ohio car c’est bien à Cincinnati qu’il en a jeté les bases.

C’est une décision lourde de conséquences qui reviendra hanter Paul Brown un peu plus tard.

 

De l’enfer au paradis… ou presque (1976-1983)

 

1976 est donc une année de transition, avec l’arrivée à la draft du Linebacker Reggie Williams et surtout du seul joueur à avoir remporté le Heisman Trophy deux fois, le coureur Archie Griffin ; les Bengals terminent à 10-4, mais quelque chose semble différent : les quatre défaites ont toutes eu lieu contre les grosses cylindrées de la conférence, et le record n’est pas suffisant pour aller en playoffs.

La sensation de malaise se précise en 1977 : malgré la draft du Defensive End Eddie Edwards, du Tackle Mike Wilson ou du coureur Pete Johnson, Anderson connaît sa première vraie mauvaise année comme titulaire (11 touchdowns pour 11 interceptions) et Griffin n’offre pas les résultats escomptés. La défense décline également et l’équipe peine à se maintenir à un record positif à 8-6. Le crash est alors total en 1978 : Anderson lance 10 touchdowns pour 22 interceptions, Griffin ne progresse pas et seul Pete Johnson tente de sauver le navire offensif au sol. La défense tient tant qu’elle peut mais elle finit par plier aussi, et Cincinnati se retrouve au fond de la division à 4-12. Bill Johnson est alors renvoyé, remplacé par Homer Rice le coach de l’Université de… Rice.

AnthonyMunozProtectRice ne va pas faire long feu : la défense lâche définitivement, Anderson est à la ramasse, Griffin est un bust, et l’équipe reste au fond du trou en terminant une nouvelle fois sur un pathétique 4-12. Le coach est démis de ses fonctions au bout d’un an, et Paul Brown essaie de ramener de l’expérience avec la nomination de l’ancien Packer Forrest Gregg. L’équipe réussit dans la foulée la sélection d’un futur Hall Of Famer à la draft 1980, le Tackle Anthony Muñoz ; il rejoint une ligne non sans talent avec Wilson, le Centre Blair Bush ou le Guard Max Montoya. Néanmoins, un joueur ne suffit pas à redresser une équipe qui manque de talent, et la franchise poste une nouvelle saison négative à 6-10 dont le seul point d’orgue est la double courte victoire contre Pittsburgh (30-28 et 17-16) ; cela provoque la sortie des Steelers des playoffs et la fin de leur rêve de trois Super Bowls d’affilée.

1981 marque un grand changement : les Bengals se séparent définitivement de leur ressemblance avec les Browns en modifiant leurs uniformes. Le casque et les épaulières sont ornés de rayures noires ressemblant à celles d’un tigre, et l’équipe gagne une identité propre. Ce n’est pas le seul changement cependant, car Ken Anderson, qui était devenu une machine à interceptions depuis quelques années, se voit offrir une nouvelle arme à la draft : le receveur Cris Collinsworth. Cette arrivée requinque le vétéran qui rejoue comme à ses plus beaux jours avec 3754 yards et 29 touchdowns ; il gagne le titre de MVP et Offensive Player Of The Year, alors que Pete Johnson court enfin pour 1000+ yards et que l’attaque se met à marquer (421 points, record de l’équipe à l’époque). Avec un record de 12-4, les Bengals surprennent la NFL et remportent le titre de l’AFC Central.

Ils gagnent le droit de recevoir le premier match de playoffs de leur histoire contre les Bills : le duo Anderson-Collinsworth score un touchdown pour mener 28-21 au dernier quart-temps, et la défense fait le reste pour la première victoire en phase éliminatoire. L’avantage du terrain n’est jamais aussi important que lors de la finale AFC contre les Chargers, car ces derniers sortent d’un match épique dans une chaleur étouffante à Miami, et doivent affronter des températures polaires : -23°C avec un vent qui fait descendre la température à -51°C ; cela crée le surnom du Freezer Bowl, en référence au mythique Ice Bowl avec lequel il partage le record de la plus basse température : l’Ice Bowl est le match le plus froid de l’histoire sans le vent, le Freezer Bowl l’est avec le vent. Cet environnement est fait pour les Bengals qui l’emportent aisément 27-7, et le rêve devient réalité – la franchise de Cincinnati va au Super Bowl !

Super Bowl XVI se déroule à Detroit, et c’est un match qui promet : non seulement les deux adversaires participent à leur premier Super Bowl, mais les Bengals affrontent les 49ers de San Francisco… coachés par Bill Walsh. La première mi-temps est un cauchemar pour Cincinnati : deux fumbles et une interception permettent aux 49ers de mener 20-0 à la pause. Les champions AFC ne se laissent pas abattre et reviennent à 20-14, même si l’équipe perd une chance inespérée de marquer en butant quatre fois à un yard de l’en-but de San Francisco. A cinq minutes de la fin, Anderson lance une interception qui permet aux 49ers de mener 26-14 ; le Quarterback mène un drive furieux pour scorer un touchdown mais c’est trop tard, et Cincinnati doit s’incliner 26-21, ayant commis trop d’erreurs (quatre pertes de balle et cet échec à un yard de l’en-but) pour espérer l’emporter. Walsh prend ainsi sa revanche sur Brown.

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Ken Anderson

1982 apporte le Tight End Rodney Holman à la draft, mais la grève des joueurs coupe la saison en deux. Cela importe peu à des Bengals qui repartent à la chasse avec un Ken Anderson toujours aussi impérial : il établit le record de taux de complétion sur une saison avec 70.55% ; il tiendra 27 ans avant d’être battu par Drew Brees en 2009 avec 70.62%. La franchise poste un tranquille 7-2 et se qualifie pour les playoffs où elle reçoit les Jets. Les Bengals vont se montrer incapables d’arrêter le coureur de New York Freeman McNeil qui accumule 21 courses pour 202 yards et un touchdown, avec également une passe de touchdown ; Cincinnati est balayé 44-17 à la surprise générale.

L’année 1983 voit l’arrivée dans l’équipe du Nose Tackle Tim Krumrie, et le retour de « Ken Anderson, lanceur d’interceptions » : il semble arriver en fin de carrière (comme Pete Johnson) et malgré le bon travail de Collinsworth, l’équipe termine sur un médiocre 7-9. Gregg ne survit pas à cette mauvaise saison, et pour le remplacer Paul Brown fait appel à un ancien Quarterback remplaçant qui était là au tout début de la franchise (entre 1968 et 1970) : Sam Wyche.

Wyche ne va pas tarder à installer son style, et à sélectionner le Quarterback grâce à qui il va faire retourner les Bengals au Super Bowl.

 

Wyche, Esiason et la « no-huddle offense » (1984-1991)

 

Provocateur, un peu foufou, mais consciencieux et intelligent, Wyche sait qu’Anderson est à bout, et il a besoin d’un nouveau Quarterback avec qui il pourra lier une bonne relation. Lors de la draft 1984, les Bengals sélectionnent Norman « Boomer » Esiason, le Quarterback gaucher de Maryland (son surnom vient de sa mère car quand elle était enceinte de lui il n’arrêtait pas de lui donner des coups de pied !) ; ils signent également le coureur James Brooks pour avoir un jeu au sol consistant. Wyche laisse Anderson titulaire pour une année, et quand l’équipe est à 4-8 il lance Esiason qui aide la franchise à remporter les derniers matchs pour terminer à 8-8.

En 1985, Wyche titularise Esiason, et avec la draft du receveur Eddie Brown qui va devenir l’Offensive Rookie Of The Year, le Quarterback va répondre avec une très belle saison : 3443 yards et 27 touchdowns. L’association entre le coaching de Wyche et l’intelligence d’Esiason provoque la naissance d’une stratégie particulière : l’utilisation de la no-huddle offense de manière régulière. En général, cette façon d’accélérer le tempo offensif sans huddle est utilisée en fin de match, afin de remonter rapidement le terrain quand on est mené au score. Mais Wyche se dit que s’il peut l’utiliser n’importe quand, cela épuisera encore plus la défense qui n’aura pas le temps de changer ses joueurs. Esiason prouve être un très bon Quarterback, capable d’appeler les jeux lui-même en fonction de la défense, et l’essai se révèle probant.

Bengals-WycheEsiason
Sam Wyche et Boomer Esiason

Néanmoins, toutes ces astuces offensives ne peuvent contrebalancer une défense qui est à la rue, et la saison est mitigée à 7-9. Logiquement, la draft 1986 est chargée en défenseurs avec en particulier le Defensive Back David Fulcher, et le résultat est immédiat : derrière un Boomer qui lance pour 3959 yards, Cincinnati atteint un record de 10-6. Même si cela ne permet pas d’atteindre les playoffs dans une division très compétitive, c’est un bon espoir que les Bengals y retournent, et, qui sait, au Super Bowl. 1986 marque également la dernière saison du fidèle Ken Anderson qui prend sa retraite après 16 ans passés au club ; certes il a eu des années incertaines, mais pour certains sa longévité et la qualité du coeur de sa carrière sont suffisantes pour l’admettre au Hall Of Fame, chose qu’il lui a toujours été refusée.

La grève de 1987 coupe malheureusement totalement l’élan de Cincinnati qui semble désorganisé, et la saison se termine sur un terrible 4-11. Brown fait comprendre à Wyche que ce résultat a intérêt à être un simple incident de parcours ; il va recevoir une réponse claire et nette : une des meilleures saisons de l’histoire du club. Les Bengals deviennent même un phénomène un peu malgré eux grâce à leur coureur rookie Ickey Woods qui, à chaque fois qu’il marque, fait une danse bien particulière appelée le Ickey Shuffle. La danse est peut-être un peu ridicule, mais qu’importe puisqu’il score 15 touchdowns à lui tout seul ! Esiason fait la meilleure saison de sa carrière avec 3572 yards et 28 touchdowns, ce qui lui vaut le titre de MVP. La défense revient à un niveau acceptable, Cincinnati termine 12-4, et les fans inventent un nouveau cri de ralliement, le fameux Who Dey (le débat fait toujours rage aujourd’hui entre les fans des Bengals et des Saints pour savoir qui a copié sur l’autre entre Who Dey et Who Dat).

Les playoffs vont être une véritable démonstration de la ligne offensive menée par un Muñoz qui devient le Left Tackle le plus dominant de l’histoire. Dans les deux tours contre Seattle et Buffalo, le jeu au sol gagne 429 yards et score cinq touchdowns, alors que Esiason se contente d’un maigre 18 sur 39 pour 165 yards, un touchdown et deux interceptions. La défense force six pertes de balle et les deux tours sont remportés 21-13 et 21-10. C’est le second titre AFC pour les Bengals qui retournent au Super Bowl, sept ans après le premier.

Super Bowl XXIII a lieu à Miami, et les Bengals retrouvent de vieilles connaissances : les 49ers de San Francisco, dont la victoire dans la première confrontation a lancé la dynastie. Le match va être plus serré et haletant que le précédent : le score n’est que de 3-3 à la mi-temps, mais les Bengals ont connu une perte importante avec la fracture tibia/péroné de Krumrie au milieu du premier quart-temps. Néanmoins, même sans un de ses leaders défensifs, Cincinnati tient la dragée haute à San Francisco, ce qui laisse le score à 13-13 au début du dernier quart-temps. Les Bengals cassent le status quo en scorant un Field Goal pour mener 16-13, mais il reste 3:10 à jouer. Les 49ers démarrent sur leurs huit yards, et Joe Montana écrit une nouvelle page de sa légende : il mène un drive inexorable, terminé par une passe de touchdown de dix yards à John Taylor qui crucifie Cincinnati avec 30 secondes restantes ; les Bengals doivent de nouveau s’incliner 20-16.

L’équipe attaque la saison 1989 légèrement sonnée par sa seconde défaite au Super Bowl, et elle a du mal à trouver la bonne carburation. Elle flirte avec un record équilibré toute la saison, et finit logiquement par l’atteindre à 8-8. Cette année plutôt banale sera surtout marquée une célèbre réplique de Wyche marquant bien la rivalité entre Browns et Bengals : durant le match de Week 14 contre Seattle, les fans sont en colère suite à une mauvaise décision arbitrale contre Cincinnati ; ils commencent à jeter des boules de neige sur le terrain, visant les Seahawks et les arbitres qui interrompent le match. Fou de rage, Wyche attrape le micro du stade et clame : « Si quelqu’un voit une personne jeter quoi que ce soit sur le terrain, trouvez-le et on le fout dehors… on n’est pas à Cleveland, mais à Cincinnati ! ». Autant dire que cela ne passe pas très bien dans le nord de l’état.

En 1990, l’équipe continue de surnager avec la draft du Linebacker James Francis et du coureur Harold Green, se retrouvant encore une fois avec un record équilibré vers la fin de la saison ; Esiason fait notamment une saison moyenne avec 22 interceptions. Cincinnati trouve tout de même l’énergie de gagner ses derniers matchs pour terminer à 9-7 et ainsi se qualifier en playoffs, mais la manière est loin d’être celle des deux années du Super Bowl ; malgré une large victoire en Wild Card contre Houston 41-14, les Bengals doivent jouer le Divisional Round contre Oakland sans Muñoz, et ils sont évincés 20-10.

La saison 1991 est précédée d’une terrible nouvelle : Paul Brown décède à l’âge de 82 ans le 5 août. Plus que le coach légendaire des Browns et le fondateur des Bengals, c’est l’Ohio et toute la NFL toute entière qui perd un innovateur et un grand homme, même si son caractère ne lui a pas fait que des amis. Semblant complètement perdus, les Bengals s’effondrent à 3-13, laissant une franchise en lambeaux à la fin de l’année. C’est le fils de Paul, Mike Brown, qui reprend les rênes de l’équipe comme propriétaire et General Manager : une de ses premières décisions à la fin de la saison est de renvoyer Sam Wyche.

Bengals-MikeBrownLa prise du pouvoir par Mike Brown coïncide avec le début d’une terrible période dans l’histoire de la franchise. Bien loin de la qualité des années 1980, la période 1992-2004 va être un lent cauchemar sans record positif.

 

Un premier tour de draft trop inconstant (1992-2002)

 

A l’instar de ce qu’il s’est passé à la tête de l’organisation, c’est aussi le fils d’une légende qui est appelé pour entraîner l’équipe : Dave Shula, le fils de Don, est promu de coach des receveurs à Head Coach. Pour remplacer Esiason dans le futur, la franchise choisit au premier tour de la draft le Quarterback prolifique de Houston Dave Klingler qui a lancé 54 touchdowns en 1990, un record universitaire ; le receveur Carl Pickens et le Defensive Back Darryl Williams sont également sélectionnés. La saison démarre bien à 5-1, mais rapidement tout se déteriore et les Bengals ne gagnent plus aucun match pour finir 5-11, malgré le titre d’Offensive Rookie Of The Year pour Pickens. C’est le signal qu’il suffisait à Mike Brown pour décider de se séparer de Boomer Esiason en l’envoyant aux Jets. C’est également le clap de fin aux Bengals pour Anthony Muñoz qui prend sa retraite après 13 ans d’une carrière exceptionnelle.

1993 doit représenter le renouveau de la franchise, mais cela va être tout le contraire : derrière un Klingler totalement dépassé, l’équipe démarre 0-10 et finit la saison 3-13. Les Bengals décident de signer en catastrophe le Quarterback Jeff Blake comme assurance, une sage décision : au bout de sept défaites en autant de matchs en 1994, Klingler est clairement un bust qui sera hors de la NFL en 1996, et Blake finit la saison pour le même record qu’en 1993.

La saison 1995 voit du mieux avec un Jeff Blake plus stable que Klingler, mais l’équipe reste trop vulnérable pour réussir quoi que ce soit de probant, principalement parce qu’elle a pris un autre bust en premier choix avec le coureur Ki-Jana Carter ; Cincinnati doit se contenter d’une nouvelle saison négative à 7-9. 1996 démarre avec un premier tour de draft enfin compétent en la personne du Tackle Willie Anderson, mais Blake lance trop d’interceptions et l’équipe démarre 1-6 ; Brown en a assez vu et renvoie Shula, le remplaçant par un ancien Tight End de la maison, le Coordinateur Offensif Bruce Coslet. Sous sa férule, l’équipe redresse le tir et termine à un très bon 8-8 étant donné les circonstances (même si ce n’est toujours pas un record positif).

Corey Dillon #28En 1997, c’est le coureur Corey Dillon qui est le meilleur choix de la draft, même s’il n’a pas été choisi au premier tour. Il a un impact immédiat sur l’attaque en dépassant 1000 yards avec 10 touchdowns, mais le reste ne suit pas. L’équipe fait un nouveau démarrage catastrophique à 1-7, et Blake est mis sur le banc pour laisser place à une figure familière : un Boomer Esiason âgé et peu rancunier. Le vétéran gaucher prouve qu’il a encore de l’essence dans le réservoir en réussissant une demi-année à 13 touchdowns et seulement deux interceptions, mais encore une fois Cincinnati part de trop loin et doit se contenter d’un 7-9. A la fin de la saison, les Bengals essaient de signer Boomer pour deux ans supplémentaires, mais il a déjà 36 ans et préfère partir à la retraite pour devenir commentateur.

Cincinnati se retrouve de nouveau avec Blake en Quarterback en 1998, et la franchise acquiert Neil O’Donnell des Jets pour occuper le poste. Il fait une saison plutôt honorable mais subit un peu trop de sacks, et malgré les efforts de Dillon ainsi que la draft de l’excellent Linebacker Takeo Spikes (au premier tour !), l’attaque n’avance pas et la défense est catastrophique, menant à un record atroce de 3-13. Car au-delà des problèmes des Bengals à trouver des talents au premier tour, le reste des drafts n’est pas concluant non plus.

En 1999, Mike Brown comprend que ni O’Donnell ni Blake ne sont la solution, et une nouvelle fois il part en quête d’un Quarterback au premier tour de la draft : il choisit en troisième position le Quarterback d’Oregon Akili Smith. O’Donnell part à Tennessee, Jeff Blake se retrouve aux manettes et Cincinnati continue de patauger en terminant 4-12 pour la dernière année dans le vieux Riverfront Stadium.

En 2000, les Bengals investissent leur flambant neuf Paul Brown Stadium, mais c’est toujours la même musique. Alors que Blake est envoyé à New Orleans, Akili Smith va réussir à faire pire que Dave Klingler : 17 titularisations en quatre ans pour Smith contre 24 en cinq ans pour Klingler. 2000 est sa seule saison de titulaire, et il ne la termine même pas quand l’équipe démarre 2-9 ; c’est Scott Mitchell qui prend sa place pour un nouveau record de 4-12. Pourtant, Dillon donne tout ce qu’il a : non seulement il reçoit sa seconde nomination consécutive au Pro-Bowl avec 1435 yards et sept touchdowns, mais il établit le record de yards au sol dans un match avec 275 contre les Broncos.

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Chad Johnson

En cours de saison, Coslet a été renvoyé, remplacé par le Coordinateur Défensif Dick LeBeau. En 2001, il choisit au premier tour le Defensive End Justin Smith, le coureur Rudi Johnson et surtout les deux receveurs Chad Johnson & T.J. Houshmandzadeh pour essayer d’avoir des cibles potables. Pour une fois, c’est une draft plutôt réussie, mais comme cela ne sert à rien d’avoir des receveurs sans Quarterback valable, les Bengals décident de signer le Seahawk Jon Kitna. La saison semble donner raison à ces changements, car les Bengals ont un record positif à mi-parcours. Mais Kitna ne tient pas la cadence, enchaîne les interceptions (22), et au final c’est un nouvel échec à 6-10. Pendant ce temps, Corey Dillon continue sa série de saisons à 1000+ yards (cinq) et de nomination au ProBowl (trois).

En 2002, la NFL accueille les Houston Texans et les divisions sont remaniées, mais on ne peut pas dire que Cincinnati change d’atmosphère : la franchise reste avec les Steelers, les Browns et accueille les Ravens, la division s’appelant désormais l’AFC North. Sur le terrain, l’attaque semble aller un peu mieux : Kitna améliore toutes ses statistiques (même s’il finit avec autant de touchdowns que d’interceptions), Dillon continue d’engranger les yards et Chad Johnson émerge comme une cible viable. Mais ironiquement, alors que Dick LeBeau est un maître défensif, c’est justement la défense qui est une vraie passoire, encaissant 456 points et condamnant les Bengals à la pire saison de leur histoire, 2-14. C’en est trop pour Mike Brown qui renvoie LeBeau.

Il doit absolument trouver un bon coach, et si possible un jeune et bon Quarterback pour le futur, un peu comme Wyche et Esiason l’avaient été auparavant. Il lui faut un duo gagnant, et après des années de mauvais choix, il va enfin finir par faire les bons, même si ça ne va pas aller tout seul.

 

Marvin Lewis fait les montagnes russes (2003-2010)

 

En 2003, Brown commence par confier les rênes de l’équipe au Coordinateur Défensif des Redskins, Marvin Lewis. Et il ne vient pas seul, car à la draft, les Bengals sélectionnent ENFIN le Quarterback adéquat avec leur premier choix : le vainqueur du Heisman Trophy Carson Palmer. Lewis impose son style et Cincinnati relève la tête, se battant avec les meilleures. L’attaque est l’escouade qui s’améliore le plus : Kitna fait une bonne saison avec un Chad Johnson remarquable (1355 yards, 10 touchdowns), et quand Dillon se blesse, Rudi Johnson crève l’écran avec presque 1000 yards. Néanmoins la défense reste fragile, et l’équipe termine à 8-8, mais cette saison est prometteuse.

2004 est l’annonce d’une nouvelle ère pour les Bengals : Palmer est titularisé, alors que Dillon part à New England et laisse la place à Rudi Johnson. Il semble que le changement ne soit pas une réussite lorsque la franchise démarre à 2-5, mais Lewis a confiance en ses hommes et ils redressent la situation pour finir sur un record de 8-8 qui, même s’il n’est pas une évolution, reste encourageant car l’attaque et la défense progressent.

Bengals-PalmerLewis
Carson Palmer et Marvin Lewis

Mais pour cela, il faut confirmer, et 2005 fait mieux : derrière un Carson Palmer qui semble enfin être la bonne pioche et un Chad Johnson qui impressionne par ses performances et déclenche l’hilarité par ses célébrations de touchdown, les Bengals réussissent la première saison positive depuis 1990 à 11-5. Cincinnati retourne enfin en playoffs, et le Wild Card Round les voit affronter les rivaux de division Steelers. Mais les fans n’auront pas le temps d’espérer : juste après avoir lancé sa première passe, Palmer est fauché au genou par le Defensive Tackle de Pittsburgh Kimo von Oelhoffen ; il subit une grave blessure en se déchirant deux ligaments, avec des dommages collatéraux qui menacent de mettre fin à sa carrière. Cincinnati perd le match 31-14, et la ligue tire immédiatement les enseignements des circonstances de la blessure : la « Carson Palmer Rule » interdit aux défenseurs de plonger dans les genoux du Quarterback quand il est en appui pour lancer.

La grande question 2006 devient donc de savoir si Palmer va pouvoir revenir jouer. Ou, du moins, c’est la question principale avant une série hallucinante d’arrestations et de suspensions de joueurs : une dizaine de Bengals commettent des délits envers la justice ou la ligue qui vont de la conduite en état d’ivresse à la possession illégale d’armes ou de marijuana en passant par le manquement au contrôle anti-dopage. Les deux pires cas sont ceux du receveur Chris Henry (arrêté quatre fois) et du Linebacker Odell Thurman qui est d’abord suspendu quatre matchs pour violation des lois NFL sur l’abus de substances illicites, puis suspendu toute la saison quand il est arrêté pour conduite en état d’ivresse.

Perdu dans tous ce micmac extra-sportif se trouve la draft du Defensive Back Johnathan Joseph et du Tackle Andrew Whitworth, et surtout la réhabilitation de Palmer qui est un vrai exploit : comme il l’avait promis, il est de retour au poste de titulaire pour le début de la saison. Il poste une année fantastique à 4035 yards, 28 touchdowns et 13 interceptions, bien assisté par le leader NFL en yards, celui qui aime désormais se faire appeler Ochocinco, Chad Johnson (Ochocinco voulant dire 85 en espagnol, son numéro de maillot). Cette saison un peu folle se termine malheureusement sur trois défaites dont deux de justesse, et Cincinnati clôt sa saison à 8-8, ratant les playoffs.

2007 apporte un autre bon Defensive Back en la personne de Leon Hall à la draft, mais l’équipe connaît une baisse de tension générale, que ce soit en attaque ou en défense. Lewis n’arrive pas à redresser la situation, et les Bengals finissent à 7-9, semblant payer les frasques de leurs joueurs sur et en dehors du terrain. En 2008, tout ce qui peut aller de travers va de travers : Palmer est limité par une blessure au coude et remplacé par Ryan Fitzpatrick en provenance des Rams, Chad Johnson fait officiellement changer son nom en Chad Ochocinco et commence à irriter des gens à Cincinnati, le Linebacker Ahmad Brooks est libéré après une agression sur une femme, Chris Henry est suspendu pour des problèmes hors terrain, puis libéré, puis resigné, et Odell Thurman est suspendu indéfiniment pour une autre infraction. Dans cette saison cauchemardesque, l’équipe ne peut surnager et continue sa lente auto-destruction à 4-11-1.

Et pourtant, il y a des talents dans cette équipe, mais ils ne semblent pas vouloir se concentrer sur le sport, ou éviter les blessures, ou performer tous en même temps. En 2009, le Tackle Andre Smith et le Defensive End Michael Johnson sont draftés, alors que le coureur Cedric Benson des Bears est signé. Palmer revient en forme, Benson court pour 1000+ yards, mais c’est surtout la défense qui connaît un regain inattendu ; les Bengals reviennent dans la course sans qu’on ne s’y attende vraiment. A la surprise générale ils réalisent un parcours parfait dans l’AFC North et cette réussite leur permet de terminer la saison à 10-6 en décrochant une place en playoffs. Le miracle est un peu trop beau et Cincinnati doit s’incliner contre les Jets 24-14, mais les fans ont enfin une preuve que cela peut marcher.

Ce retournement de situation, qui vaut à Lewis le titre de Coach Of The Year, est d’autant plus poignant qu’il intervient dans une année terrible pour les membres de l’organisation. Plusieurs membres de l’équipe, d’origine samoane, sont affectés par le tsunami qui frappe les îles en septembre. La femme du coordinateur défensif Mike Zimmer, Vikki, meurt brutalement d’une cause inconnue. Et Chris Henry, qui a connu beaucoup de problèmes avec la loi mais qui semblait remettre de l’ordre dans sa vie, décède des suites de ses blessures lorsqu’il tombe du pickup de sa fiancée après une dispute.

Geno Atkins
Geno Atkins

En 2010, Cincinnati espère bien perpétuer leur succès malgré les tragédies, et pour cela des armes sont rajoutées à la draft comme le Tight End Jermaine Gresham, le Defensive End Carlos Dunlap ou le Defensive Tackle Geno Atkins. L’équipe signe également l’inénarrable receveur Terrell Owens, ce qui promet de former un duo très difficile à gérer pour Palmer avec Ochocinco. Et le Quarterback n’a pas besoin de cela, car il semble également ressentir les effets de sa blessure au coude : il devient de plus en plus erratique, lançant un total de 20 interceptions. L’attaque se délite et la défense prouve qu’elle était au-dessus de son niveau l’année dernière ; les fans redescendent de leur nuage et la franchise poste un 4-12 indigent.

C’est alors le début du cirque « Palmer, Owens & Ochocinco », qui va se régler avec l’arrivée d’une nouvelle génération pleine de promesses.

 

Dalton, Green et le mur du Wild Card Round (2011-2019)

 

Palmer pose un ultimatum : il veut être échangé ou il prend sa retraite. Cela vient s’ajouter aux distractions Ochocinco et Owens, à tel point qu’en regardant la draft l’organisation a une idée radicale : faire un grand ménage dans l’attaque. Les Bengals décident alors de s’offrir un tout nouveau duo offensif à la draft 2011 : le receveur A.J. Green est choisi au premier tour, et le Quarterback Andy Dalton au deuxième. Dalton est titularisé de suite alors que l’arrivée de Green provoque les libérations d’Owens et d’Ochocinco. C’est un pari risqué, mais les deux rookies vont confirmer la confiance placée en eux : Dalton démontre ses qualités dans une saison à 3398 yards et 20 touchdowns, alors que Green est une fusée impressionnante qui dépasse les 1000 yards ; Benson complète le duo au sol. Mais l’unité qui surprend le plus est la défense, avec en son sein le monstre Geno Atkins, le duo Hall-Joseph et le Safety Reggie Nelson signé des Jaguars en 2010.

NFL: Preseason-New York Jets at Cincinnati Bengals
A.J. Green et Andy Dalton

Le psychodrame Carson Palmer prend fin de la manière la plus hallucinante qui soit quand les Raiders d’Oakland propose deux premiers tours pour un Quarterback qui semble ne jamais s’être remis de sa blessure au coude. Les Bengals acceptent volontiers cette offre, tout en accédant au playoffs avec un record de 9-7. C’est une performance inattendue, mais le rookie Dalton va être rattrapé par son manque d’expérience en Wild Card contre les Texans : il lance trois interceptions et Cincinnati est défait 31-10.

En 2012, les Bengals cherchent à construire sur ce succès ; Benson est libéré, remplacé par BenJarvus Green-Ellis, alors que la franchise prend un risque en signant le Linebacker non-drafté Vontaze Burfict qui a des problèmes de comportement sur et en dehors du terrain (ce que la franchise a pourtant enfin réussi à éviter ces derniers temps). Dalton et Green gagnent en maturité dans cette seconde année, et même si BJGE n’est pas une foudre, Dalton a des cibles intéressantes avec Gresham ou Andrew Hawkins ; il lance pour 27 touchdowns dont 11 pour Green. La défense prouve que cette fois elle peut tenir la cadence avec notamment un excellent Burfict, et l’équipe poste un record de 10-6 bon pour les playoffs. En Wild Card, les Bengals retrouvent leurs bourreaux de l’an passé, les Texans, et malheureusement le résultat sera le même : Dalton n’arrive pas à mener assez de drives qui donnent des points, et la défense de Houston finit par prendre la main, permettant une victoire 19-13.

Maintenant que la franchise semble avoir une équipe équilibrée et pérenne, il faut enfin parvenir à casser la plus longue série en cours de saisons sans victoire en playoffs ; la dernière remonte en effet à 1990. La franchise offre à Dalton une nouvelle cible au premier tour de la draft 2013 avec le Tight End Tyler Eifert, et un coureur électrique avec Giovani Bernard. Malgré les blessures en défense (notamment celle d’Atkins), l’équipe répond présente et domine sa division avec un record de 11-5, confirmant sa progression année après année. Le scénario semble idéal en Wild Card, à domicile contre des Chargers qui sont passés par un trou de souris… mais la franchise fait de nouveau un non-match, avec quatre pertes de balle dans une défaite cinglante 27-10.

Suite à cette saison, l’équipe perd ses deux Coordinateurs : l’Offensif Jay Gruden part entraîner Washington, et Zimmer part entraîner Minnesota. L’équipe perd Michael Johnson qui va à Tampa Bay, et la défense ne met plus autant de pression sur l’attaque adverse avec un Atkins amorphe. L’attaque profite de l’arrivée du rookie Jeremy Hill mais doit faire avec beaucoup de blessures chez les receveurs ; néanmoins, l’équipe se bat dans une AFC North très forte et s’en tire avec le titre à 11-5. Nouvelle qualification en Wild Card, nouvel espoir de mettre fin à cette série de défaites en playoffs, et nouvelle désillusion : Cincinnati gagne presque deux fois moins de yards qu’Indianapolis et s’incline 26-10 ; non seulement cela fait la quatrième élimination de suite au premier tour, mais à chaque fois les Bengals n’ont pas réussi à marquer plus de 13 points.

Et malheureusement pour Cincinnati, la malédiction va de nouveau se vérifier en 2015. Pourtant, l’équipe fait sa saison régulière la plus aboutie sous l’ère Marvin Lewis : une attaque de feu menée par un Andy Dalton diablement efficace, bien protégé par sa ligne et bien aidé par ses partenaires – Green et Marvin Jones sont efficaces en réception, Eifert explose avec 13 touchdowns et le jeu au sol suit avec le duo formé par Bernard et le rookie Jeremy Hill. De l’autre côté la défense retrouve un Geno Atkins à 100% et elle devient une des meilleures de la ligue. Mais la belle histoire semble dérailler en Week 14 quand Dalton se blesse au doigt contre Pittsburgh, et l’équipe doit se passer de lui pour la fin de saison et le début des playoffs ; le remplaçant A.J. McCarron fait de son mieux et les Bengals finissent en tête de l’AFC North à 12-4, mais ils terminent seed #3, ce qui les force à jouer le Wild Card Round toujours sans leur Quarterback titulaire.

Cincinnati retrouve Pittsburgh au Paul Brown Stadium et malgré les éléments contraires, la franchise de l’Ohio semble enfin vaincre le signe indien du premier tour en menant 16-15 à 1:43 de la fin et en interceptant Landry Jones qui a remplacé Ben Roethlisberger blessé. Mais Jeremy Hill fumble juste derrière (un problème cette saison pour lui), et surtout Vontaze Burfict et Adam Jones se rendent coupables de deux brutalités stupides qui aident Pittsburgh à avancer. Les Steelers scorent un Field Goal de 35 yards et l’emportent 18-16.

Les Bengals n’arrivent donc toujours pas à passer le Wild Card Round, mais la saison 2016 va leur rappeler que c’est déjà une bonne chose de l’atteindre : les deux côtés du ballon essuient des pertes, qu’elles soient temporaires (Green, Eifert, Burfict) ou définitives (Marvin Jones, Mohamed Sanu, Andre Smith, Reggie Nelson), la ligne offensive connaît une baisse de qualité soudaine, la défense a des passages à vide et Cincinnati cale à 6-9-1, stoppant net sa série de cinq qualifications successives en playoffs.

Malheureusement, la saison 2017 va être du même acabit : le dépeçage en règle de la ligne offensive continue ; les départs de Whitworth et du Guard Kevin Zeitler la rendent encore plus instable, et même le retour d’Andre Smith ne suffit pas. Eifert rate à nouveau la majorité de l’exercice sur blessure, et l’émergence du rookie coureur Joe Mixon ne suffit pas. L’escouade offensive plombe une défense qui continue d’essayer de maintenir la tête hors de l’eau avec notamment l’ajout intéressant du rookie Carl Lawson, mais qui ne peut pas faire de miracles. Cincy termine 7-9, mais connaît au moins le « bonheur » d’éliminer les Ravens des playoffs sur le dernier match de la saison. Il n’y aura pas beaucoup de bonheur en 2018 après un départ encourageant à 4-1 : l’équipe est ravagée par les blessures (dont Dalton et Green), Mixon parvient à surnager mais la défense est totalement à la rue ; le départ aide à ne pas sombrer complètement pour terminer à 6-10.

Cette troisième saison négative consécutive sonne définitivement le glas de Marvin Lewis : après 16 saisons à la tête de Cincinnati, il se retire après avoir réussi à monter une équipe compétitive (elle n’a posté que 6 saisons négatives sous son égide) mais sans jamais trouver cette victoire en playoffs. Désormais, il doit laisser sa place au coach des Quarterbacks des Rams, Zac Taylor, mais ce dernier ne peut rien pour redresser immédiatement la barre d’une équipe à nouveau vidée par les blessures (avec encore une fois le duo Dalton – Green) et dont la défense explose totalement : 2019 se termine par un bilan catastrophique de 2-14 et le premier choix de la draft. L’équipe choisit le Quarterback de LSU Joe Burrow et libère Dalton.

 

Deux Tigres dans le moteur (2020-2023)

 

Le jeune Quarterback est évidemment titularisé d’office et démontre déjà de bonnes qualités, notamment une connexion avec son partenaire de draft le deuxième tour receveur Tee Higgins, mais malheureusement il ne termine pas sa première saison : régulièrement abandonné par sa protection, Burrow subit une grave blessure au genou sur un sack. La défense est toujours en difficulté et Cincinnati poste un bilan de 4-11-1.

Burrow revient motivé pour 2021, et la franchise doit faire un choix au premier tour de la draft : un protecteur ou une arme ; elle choisit finalement l’ex-partenaire du Quarterback à LSU, le receveur Ja’Marr Chase. Il est peu dire que c’est une bonne décision, puisqu’il va remporter le titre d’Offensive Rookie Of The Year avec 1476 yards et 13 TDs ; rajoutez un Mixon toujours en forme (1519 yards et 16 TDs) et, malgré une ligne offensive toujours problématique (51 sacks – pire total), l’attaque rugit. La défense voit l’arrivée du Defensive End Trey Hendrickson pour aider le pass-rush, ce qui l’aide à redresser un peu la tête. L’ensemble reste un peu fragile mais accède aux playoffs avec un bilan de 10-7.

Cincinnati reçoit Las Vegas en Wild Card avec la volonté d’effacer 1990 des tablettes (date de la dernière victoire en playoffs), et c’est exactement ce qui arrive : les locaux prennent un avantage en premier quart-temps qu’ils parviennent à tenir jusqu’au bout, 26-19. L’étape suivante est un déplacement chez le #1 de la conférence, Tennessee : c’est une boucherie dans laquelle Burrow est sacké NEUF fois… et pourtant Cincinnati n’est jamais mené une seule fois de la rencontre. La défense des Bengals fait un gros match et le dernier quart-temps démarre à 16-16 ; une interception redonne la possession aux visiteurs qui montent un dernier drive pour le Field Goal de la victoire de l’excellent rookie Evan McPherson : il devient le premier Kicker à réussir 4+ Field Goals dans plusieurs matchs de playoffs de la même saison, et c’est la première victoire à l’extérieur en playoffs de l’histoire de la franchise. Il va de nouveau avoir du travail en finale AFC contre Kansas City : Cincinnati démarre mal en étant mené 21-3 au milieu de la deuxième mi-temps, mais la défense élève son niveau de jeu et l’attaque + McPherson reviennent du diable Vauvert pour mener 24-21 ; il faut un Field Goal égalisateur à la dernière seconde des locaux pour forcer la prolongation. La défense arrive à la rescousse sur le premier drive, interceptant Patrick Mahomes, ce qui permet à McPherson de réussir son 4e Field Goal du match pour la victoire, 27-24.

Super Bowl LVI se déroule à Los Angeles, et les Bengals doivent affronter… les locaux de l’étape puisque ce sont les Rams qui ont gagné le droit de jouer la finale dans leur propre stade. Loin d’être impressionnée, la franchise continue de déjouer les pronostics : dans un match serré, elle utilise une action controversée (faute non sifflée sur un défenseur de Tee Higgins) pour scorer et prendre l’avantage 20-13. Néanmoins, l’attaque cale sous la pression grandissante de Los Angeles, et la défense ne peut tenir jusqu’au bout : les Rams finissent par reprendre l’avantage 23-20 à 1:25 de la fin du match. Burrow tente de monter un dernier drive mais une ultime pression d’Aaron Donald fait échouer une 4e tentative, et les Bengals doivent s’incliner.

Après cette saison surprise, il n’est pas étonnant de voir Cincinnati régler son problème de ligne avec les venues de l’ex-Buc Guard Alex Cappa ou de l’ex-Cowboy Offensive Tackle La’el Collins. La saison démarre cahin-caha mais après la bye-week la franchise passe la vitesse supérieure et ne perd pas un match pour remporter la division avec un bilan de 12-4 ; le match en moins est celui contre Buffalo interrompu après l’arrêt cardiaque du joueur de Buffalo Damar Hamlin. Cela confirme que les Bengals sont désormais sûrs de leur force, mais ils ont perdu des titulaires sur la ligne offensive et risquent d’avoir les mêmes manques en playoffs. Ils attaquent parfaitement en écartant Baltimore à domicile 24-17 avant de retrouver les Bills pour le Divisional Round ; cette fois le match va au bout et il n’y a pas photo, Cincinnati dominant 27-10. Cependant, la revanche de la finale AFC 2021 va exposer de nouveau les soucis de protection : le dernier drive est torpillé par la pression des Chiefs qui l’emportent 23-20.

Comme disait l’autre, si vous n’arrivez pas à les battre, piquez leurs joueurs : Cincinnati fait venir l’Offensive Tackle des Chiefs Orlando Brown à l’intersaison 2023 pour protéger Burrow et repart en conquête. Malheureusement, un Left Tackle de talent ne peut pas empêcher les problèmes de mollet qui pourrissent la présaison et le début de saison du lanceur, ni cette blessure au poignet qui met fin prématurément à sa participation. Les Bengals se battent avec Jake Browning aux commandes et terminent 9-8, mais ils font les frais d’une AFC North toujours relevée et ratent les playoffs.