Fiche Franchise : Cleveland Browns

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Présentation

 

Généralités

 

Création 1946
Division AFC North
Stade Cleveland Browns Stadium
Propriétaire Jimmy Haslam
Président
Manager Général Andrew Berry
Head Coach Kevin Stefanski
Titres 4 AAFC (1946, 1947, 1948, 1949)
4 NFL (1950, 1954, 1955, 1964)
Site Internet http://www.clevelandbrowns.com/

 

Introduction

 

Les Browns sont basés à Cleveland, dans l’Ohio (nord-est des États-Unis). Le nom de l’équipe est une référence à leur vice-président, General Manager et Head Coach, Paul Brown. Ils ont participé à la défunte AAFC qu’ils ont gagné quatre fois avant de rejoindre la NFL et de la remporter également quatre fois avant la création du Super Bowl.

Mais depuis l’ère du Super Bowl, ils ne sont jamais arrivés à la grande finale.

 

Uniforme et Mascottes

 

Les Browns utilisent les couleurs marron, orange et blanc.

  • Tenue couleur : maillot marron – numéro orange – pantalon blanc – socks noir/blanc.
  • Tenue blanche : maillot blanc – numéro orange – pantalon orange – socks orange/blanc.
  • Tenue alternative : maillot orange – numéro blanc – pantalon marron – socks orange/blanc.

Les Browns ont deux mascottes : « Chomps », un chien anthropomorphique, et « Swagger », un véritable bullmastiff.

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Membres du Hall Of Fame

 

1965 – Otto Graham
1967 – Paul Brown (Coach)
1968 – Marion Motley
1971 – Jim Brown
1974 – Lou Groza
1975 – Dante Lavelli
1976 – Len Ford
1977 – Bill Willis
1983 – Bobby Mitchell, Paul Warfield
1984 – Mike McCormack
1985 – Frank Gatski
1994 – Leroy Kelly
1999 – Ozzie Newsome
2003 – Joe DeLamielleure
2007 – Gene Hickerson
2020 – Mac Speedie
2023 – Joe Thomas

 

Numéros retirés

 

14 – Otto Graham
32 – Jim Brown
45 – Ernie Davis
46 – Don Fleming
76 – Lou Groza

 

Stade

 

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Les Cleveland Browns jouent au Cleveland Browns Stadium.
Il a été inauguré le 12 septembre 1999.
Il peut contenir 73.200 places.

 

L’histoire de la franchise

 

Sommaire

 

  1. Arthur McBride évince la NFL de Cleveland (1942-1946)
  2. Paul Brown et la domination de L’AAFC (1946-1949)
  3. Les habitués de la finale (1950-1955)
  4. Débuts du phénomène Jim Brown (1956-1960)
  5. Art Modell prend les rênes (1961-1966)
  6. Un lent déclin (1967-1978)
  7. Les « Kardiac Kids » relancent Cleveland (1979-1985)
  8. La montagne Broncos (1986-1994)
  9. Le déménagement et ses conséquences (1995-2003)
  10. Un long cauchemar (2004-2015)
  11. De l’obscurité à la lumière… tamisée (2016-2023)

 

Arthur McBride évince la NFL de Cleveland (1942-1946)

 

Arthur B. « Mickey » McBride est un businessman de Cleveland accompli : opérateur immobilier, il possède également des compagnies de taxi, d’impression et de news hippiques. Mais après avoir assisté à un match de l’université Notre-Dame, il décide d’investir dans ce sport d’avenir qu’est le football américain. Il essaye en 1942 de racheter l’équipe NFL existante des Rams, basée dans sa ville, mais il se heurte à un refus catégorique.

Il apprend en 1944 qu’une ligue concurrente est en préparation, l’All-American Football Conference ou AAFC. McBride décide de monter sa propre équipe, voyant que les Rams continuent de péricliter au niveau financier. Il s’occupe ensuite de recruter son second en y mettant le prix qu’il faut, et il choisit pour cela une figure déjà emblématique du sport dans l’état d’Ohio : le coach des Ohio State Buckeyes (et d’une équipe de la Navy), le futur Hall Of Famer Paul Brown.

McBride demande aux fans de donner un nom à l’équipe : « Browns » est choisi en l’honneur de Paul Brown, mais celui-ci refuse et l’équipe choisit « Panthers ». Un homme clame qu’il possède les droits sur le nom des Cleveland Panthers, une ancienne équipe de football qui a disparu depuis ; pour simplifier les choses, Paul Brown accepte finalement que l’équipe s’appelle les Cleveland Browns.

Paul Brown utilise de suite ses liens avec les Buckeyes et la Navy pour lancer une campagne de recrutement à nulle autre pareille à l’époque. De son ancienne équipe universitaire, Brown signe des joueurs tels le futur Hall Of Famer Tackle Lou Groza qui a la particularité d’être aussi un excellent Kicker (à l’époque, Kicker n’était pas un poste spécialisé et il était souvent occupé par un joueur évoluant à un autre poste). Il choisit également le futur Hall Of Famer Centre Frank Gatski.

Lors de ses jours comme coach des Buckeyes, Brown a affronté plusieurs fois l’Université de Northwestern avec en son sein un joueur très habile, le futur Hall Of Famer Otto Graham. Brown espère le faire venir, mais Graham est drafté par les Lions en 1944. La Seconde Guerre Mondiale interrompt ce début de carrière, et il se retrouve à jouer dans l’équipe des garde-côtes de la Navy. Brown profite de ce moment pour signer Graham au prix fort (7500 dollars par saison + un bonus de 250 dollars par mois jusqu’à la fin de la guerre) ; le joueur accepte et devient alors le Quarterback des Browns.

Néanmoins, la décision la plus marquante que prend Brown à l’époque, c’est de signer dans son équipe deux joueurs qu’il connait bien puisque l’un qui joue aux Buckeyes et l’autre à la Navy : les futurs Hall Of Famer Nose Tackle Bill Willis et coureur Marion Motley. Ce sont là les premiers joueurs afro-américains de l’histoire du sport professionnel américain, un an avant que Jackie Robinson ne rejoigne l’équipe de baseball des Brooklyn Dodgers. Cette décision fait sensation à une époque où il y a une règle implicite parmi le sport professionnel américain qui exclut les joueurs noirs.

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Marion Motley et Bill Willis

Suite à ce recrutement, McBride lance une campagne de promotion de grande envergure pour pousser les gens à venir voir l’équipe des Browns. Paul Brown est une figure reconnue, et ce matraquage médiatique finit par porter ses fruits : alors que les Cleveland Rams remportent le titre NFL en 1945, ils se rendent compte qu’il n’y a presque plus personne pour les supporter. McBride parvenant également à signer un long bail avec le Cleveland Municipal Stadium, l’équipe des Rams est alors obligée de déménager à Los Angeles, et cela alors que les Browns n’ont même pas encore joué un seul match !

 

Paul Brown et la domination de l’AAFC (1946-1949)

 

Paul Brown modèle alors son équipe à son image. Possédant un Master d’éducation, il transpose littéralement l’ambiance scolaire dans le club. A l’époque, il n’y a pas de préparation tactique et tout se fait un peu à la volée sur le terrain le jour du match. Brown change cette façon de faire et pour cela il s’assure d’avoir des joueurs intelligents : il en arrive même à proposer deux questionnaires dans les camps d’entraînement (un sur l’intelligence, l’autre sur la personnalité) pour s’assurer que ses joueurs ont la jugeote nécessaire pour appliquer son plan et suivre sa méthode de fonctionnement.

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Otto Graham et Paul Brown

Car Brown ne révolutionne pas seulement la barrière de couleur, il va également révolutionner le football américain sur et en dehors du terrain tout au long de sa carrière :

  • Concerné par la sécurité de ses joueurs, il décide d’ajouter une protection en travers du casque devant le visage de ses joueurs : c’est la naissance du facemask.
  • Génie de la tactique et irréprochable sur la technique, il insiste pour que tous les joueurs connaissent sur le bout des doigts les formations. Afin de les aider, il regroupe toutes les tactiques de son équipe dans un livre : c’est la naissance du playbook.
  • Afin de mieux préparer les matchs, il décide de passer la nuit avant le match à l’hôtel, une pratique innovante à l’époque mais utilisée régulièrement aujourd’hui.
  • Il décide de s’entourer d’une fine équipe de coachs sous sa coupe : c’est la naissance des « assistants coachs » à plein temps.
  • Pour communiquer la tactique à son équipe sur le terrain, il crée le messenger guard dont le but est de faire le va-et-vient entre lui et le terrain. Ce procédé étant long, il décide alors d’intégrer un micro dans le casque de son Quarterback, pour lui parler directement (même si, au début, c’est une antenne qui émet, le Quarterback devant donc tourner la tête jusqu’à ce qu’il entende Paul Brown correctement). Ces micros sont maintenant multiples dans le casque du Quarterback.
  • Il invente aussi des notions aujourd’hui courantes tels que les practice squads (des joueurs qui servent uniquement d’opposition pendant les entraînements) et l’étude de film.
  • Il est également crédité de l’invention du draw play par accident : lors d’un match Graham trébuche et remet la balle à Motley tardivement, mais cela permet à la ligne de faire son travail et Motley a une brèche béante devant lui. Brown décide alors que cette erreur peut être utilisée à bon escient et l’incorpore au playbook.

Avec tous ces talents en mains et un tel leader, les Browns écrasent littéralement l’AAFC. Otto Graham gagne le surnom d’Ottomatic Otto en faisant démonstration de sa précision dans ses passes vers les futurs Hall Of Famers receveurs Mac Speedie ou Dante Lavelli. Motley détruit les défenses avec ses courses, et Lou « The Toe » Groza profite d’avantages encore non bannis, tels que de la bande sur la chaussure ou un tee très haut pour mieux botter les Field Goals.

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Lavelli, Graham, Gatski et Groza

En 1946, alors qu’en parallèle il remporte le titre NBA avec les Rochester Royals, Graham mène les Browns à un record de 12-2 jusqu’au titre avec une victoire 14-9 sur les New York Yankees. En 1947, c’est bis repetita avec un record de 12-1-1 et un deuxième titre remporté de nouveau contre les Yankees, 14-3. En 1948, la franchise atteint le summum de son art avec une saison parfaite 14-0 achevée par une démonstration 49-3 contre les Buffalo Bills (une équipe différente de celle des Bills actuelle). Cet exploit est revendiqué par les Browns comme preuve de leur talent, et l’AAFC pense alors que cette performance va persuader la NFL qu’une fusion serait profitable. Néanmoins, la grande ligue, qui a toujours été très frileuse envers ses concurrentes, refuse.

En 1949, les Browns terminent 9-1-2 ; il y a deux matchs de moins car deux équipes ont fusionné. Cleveland s’apprête à jouer la finale contre les 49ers de San Francisco lorsque la nouvelle tant attendue tombe : la NFL finit par annoncer qu’elle accepte d’intégrer trois équipes de l’AAFC – les Browns, leurs adversaires en finale des 49ers, et les Colts de Baltimore (là aussi, une franchise différente de celle qui donnera les Colts de la NFL). Rassérénés sur leur futur, les Browns remportent un quatrième titre 21-7, fermant le chapitre de l’AAFC avec tous les titres de son existence.

La NFL modifie un peu sa structure suite à cette fusion : l’Eastern Division se renomme American Conference, et la Western Division, National Conference. Cleveland rejoint l’AC avec les Giants de New York, les Steelers de Pittsburgh, les Redskins de Washington, les Eagles de Philadelphie et les Cardinals de Chicago. Néanmoins, malgré cette fusion, cela ne veut pas dire que la NFL voit ces nouveaux arrivants d’un bon oeil.

 

Les habitués de la finale (1950-1955)

 

En effet, les spécialistes pensent que les anciens pensionnaires de l’AAFC vont révéler leurs faiblesses contre les puissants clubs de la NFL. C’est notamment l’opinion du commissioner de la NFL à l’époque, Bert Bell. Afin d’envoyer un message et de remettre les Browns à leur place, Bell décide de les envoyer commencer la saison 1950 sur le terrain des double champions NFL en titre, les Eagles de Philadelphie. Il pense que ce sera une déculottée qui va rappeler quelle est la ligue supérieure… sauf que Paul Brown va utiliser tout cela pour motiver ses joueurs.

Le jeu aérien de Graham vers Lavelli et les courses puissantes de Motley transpercent la défense des Eagles devant 71.237 personnes, et les Browns l’emportent largement 35-10. Ce style de jeu aérien et offensif, qui était la risée d’une NFL plus conservative et « terrestre » offensivement, vient de mettre une claque à la ligue entière. Et la claque ne va pas s’arrêter là : les Browns surclassent la majeure partie de leurs adversaires et finissent 10-2 en tête de l’American Conference. Ils accèdent donc à la finale NFL pour leur première saison, et dans un amusant tour du Destin, ils y retrouvent les Rams de Los Angeles, ceux qui ont dû déménager de Cleveland à cause d’eux ! Le match est serré jusqu’au bout : il faut un Field Goal à la dernière seconde de Lou Groza pour que les Browns gagnent 30-28 et remportent un cinquième titre consécutif ; leur premier titre NFL. Comme la grande ligue ne reconnait pas l’AAFC, c’est donc la seule fois qu’une équipe d’expansion a remporté le titre NFL… même si les Browns n’ont rien d’une équipe d’expansion.

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Len Ford

En 1951, les Browns draftent le Linebacker Walt Michaels et le Defensive Back Don Shula – ce même Don Shula qui est au Hall Of Fame pour le record de victoires en tant que Head Coach. Le futur Hall Of Famer Defensive End Len Ford, signé en 1950, fait sa première saison complète, et Cleveland continue son cavalier seul pour finir 11-1. Les Browns retrouvent de nouveau les Rams en finale, mais cette fois Los Angeles prend sa revanche 24-17 et prive Cleveland d’un deuxième titre. C’est un petit coup d’arrêt pour la franchise, qui va connaître une nouvelle année sans titre en 1952 : malgré la draft du coureur Ray Renfro, une belle saison à 8-4 et une nouvelle finale, ce sont les Lions de Detroit qui raflent le titre, 17-7.

Début 1953, les Browns continuent de trouver des perles à la draft avec le futur Hall Of Famer Defensive End Doug Atkins et le Linebacker Chuck Noll (qui finira lui aussi au Hall Of Fame mais comme Head Coach des quadruples champions Steelers). Les Browns enchaînent sept victoires de suite avant de rencontrer les 49ers : pendant le match, Graham reçoit un coup sur la mâchoire qui le coupe ; le Quarterback doit se faire poser quinze points de suture, poussant Paul Brown a travaillé sur le concept du facemask. Malgré ce contre-temps, Cleveland domine encore une fois sa conférence (qui s’est renommée Eastern Conference) avec un record de 11-1 ; c’est donc leur huitième finale consécutive (AAFC et NFL compris). Les Browns y retrouvent les Lions, mais ces derniers doublent la mise 17-16 grâce à une passe de touchdown de Bobby Lane dans les dernières minutes.

En 1954, alors que Cleveland rajoute le Guard Jim Ray Smith à la draft et signe le futur Hall Of Famer Tackle Mike McCormack, les blessures semblent rattraper Graham ; tout le monde pense que c’est sa dernière saison. Il la termine néanmoins de la plus belle façon : les Browns terminent en tête de leur conférence à 9-3 et retrouvent pour une troisième année consécutive Detroit en finale. Cette fois, Graham ne laisse pas passer cette opportunité, et il fait un match monumental avec trois touchdowns à la passe et trois touchdowns à la course ; Cleveland l’emporte 56-10. Cela semble un parfait point d’orgue à une carrière fantastique, et à la fin du match, Graham confirme qu’il se retire du football.

Mais cela ne dure que quelques mois : pendant la présaison 1955, les remplaçants de Graham ne donnent pas satisfaction, et Paul Brown arrive à convaincre Ottomatic Otto de remettre le couvert une dernière fois. Il mène les Browns vers une belle saisons à 9-2-1 et une dixième finale consécutive contre les Rams de Los Angeles. Graham fait encore un match plein avec deux touchdowns à la passe et deux touchdowns au sol dans une victoire 38-14 ; c’est le septième titre de Cleveland (4 AAFC + 3 NFL). Otto Graham se retire alors comme le Quarterback le plus titré, et le moins qu’on puisse dire est que sa suite n’est pas encore prête.

 

Débuts du phénomène Jim Brown (1956-1960)

 

En 1956, le trio de Quarterbacks qui remplace la légende est composé de George Ratterman, Terry O’Connell & Vito « Babe » Parilli ; ils ne parviennent pas à assurer et les Browns postent leur première saison avec un record négatif à 5-7. Cela clôt une série incroyable depuis 1946, pendant laquelle les Browns ont atteint dix finales consécutives (4 AAFC + 6 NFL), ce qui est un record qui ne sera jamais égalé.

La transition 1956-1958 va être cruciale pour le futur des Browns, surtout au niveau de la draft. En effet, ils sélectionnent cinq futurs Hall Of Famers : le Guard Gene Hickerson, le Defensive Tackle Henry Jordan, le Defensive End Willie Davis, le receveur Bobby Mitchell et surtout un certain coureur de Syracuse, Jim Brown ; ils vont également choisir de bons joueurs comme le receveur Frank Clarke, le Defensive End Paul Wiggin ou le Defensive Back Bernie Parrish. Néanmoins, Cleveland va faire plusieurs erreurs de jugements, laissant partir Atkins à Chicago, Davis et Jordan à Green Bay, Mitchell à Washington ou Clarke à Baltimore au bout de deux ou trois ans ; les quatre premiers deviendront donc des Hall Of Famers avec une autre équipe.

Au moins, l’équipe a réussi à garderJim_Brown probablement le plus important d’entre eux : Jim Brown. En 1957, le phénomène termine déjà meilleur coureur de la NFL, réussissant l’exploit inégalé de remporter le titre de Rookie of the Year et MVP la même année ! Les Browns profitent de son talent pour retourner en finale avec une saison à 9-2-1 ; cependant, le fossé laissé par Graham au poste de Quarterback les handicape toujours et ils sont punis par les Lions en finale, 59-14. En 1958, Brown continue d’affoler les défenses avec son style de course intransigeant, dépassant 1000 yards au sol et remportant un nouveau titre de MVP ; il aide Cleveland à terminer à 9-3, mais malheureusement ce n’est pas suffisant pour atteindre la finale.

Ce sera également l’histoire des deux saisons suivantes : en 1959 et en 1960, le #32 dépasse les 1000 yards au sol et termine loin devant les autres coureurs NFL, mais les départs successifs des talents cités un peu plus haut abaisse le plafond de l’équipe qui poste deux saisons sans finale à 7-5 et 8-3-1.

Pendant cette période, l’équipe continue de faire des erreurs de jugement : draft puis libération du futur Hall Of Famer Defensive Back Dick LeBeau, draft puis échange du futur grand Defensive End Jim Marshall aux Vikings, et signature puis libération du futur Hall Of Famer Quarterback Len Dawson. Certaines décisions sont également hors de sa volonté : la naissance d’une nouvelle ligue concurrente, l’AFL, crée une bagarre pour les mêmes jeunes joueurs ; Cleveland drafte mais perd le receveur Chris Burford qui va en AFL. Heureusement, l’équipe parvient à garder des talents tels le Tackle Dick Schafrath ou le Linebacker Jim Houston, mais cela commence à faire beaucoup.

Et au milieu de tout cela, un bouleversement encore plus grand attend la franchise : en 1961, elle change de propriétaire.

 

Art Modell prend les rênes (1961-1966)

 

Arthur B. « Art » Modell rachète l’équipe à McBride et décide de mettre son nez dans toutes les affaires du club. C’est une position que Paul Brown, qui avait l’habitude de tout contrôler avant, n’aime pas particulièrement ; des tensions commencent à apparaître entre les deux hommes. Cela se reflète également sur l’équipe, car pour la quatrième fois de suite, les Browns manquent les playoffs avec une saison à 8-5-1 ; Jim Brown est toujours le meilleur coureur de la ligue, alors que le rookie Linebacker Mike Lucci va être une autre preuve de bon joueur libéré au bout de trois ans.

Browns-ArtModellEt cela commence à peser dans la balance : autrefois révéré, Paul Brown commence à devenir la cible des critiques. Son style de coaching devient un peu trop prévisible à l’extérieur et autocratique à l’intérieur, sans oublier sa fâcheuse manie de se débarrasser de très bons joueurs un ou deux ans après leur draft. Et c’est au début de l’année 1962 que Paul Brown va faire l’erreur de trop : il décide de négocier un échange avec les Redskins – le receveur Bobby Mitchell contre le premier afro-américain vainqueur de l’Heisman Trophy, le coureur Ernie Davis.

Sur le papier, l’histoire est belle : Davis vient de Syracuse comme Jim Brown, et les deux ont porté le mythique #44 de l’Université ; ils peuvent former un terrible tandem au sol. Le problème, c’est que Brown n’a pas averti Modell de cette transaction, et la situation tourne au drame humain lorsque Davis est diagnostiqué avec une forme virulente de leucémie qui ne lui laisse qu’un an à vivre ; il ne court pas pour les Browns et décède en mai 1963. La saison est moribonde pour la franchise de l’Ohio : Jim Brown ne finit pas meilleur coureur pour la première fois depuis sa draft (il ne dépasse même pas 1000 yards) et Cleveland termine à 7-6-1, hors des playoffs.

Art Modell renvoie alors Paul Brown manu militari, une décision qui est suffisamment logique au niveau sportif (Brown semblait avoir perdu la main) pour que ça ne ressemble pas uniquement à une sanction personnelle (même si c’est probablement un peu des deux). C’est à l’assistant Blanton Collier qu’incombe la tâche peu enviable de suivre derrière la légende.

Les Browns draftent le receveur Gary Collins en 1963, et Jim Brown retrouve la marche avant pour terminer une cinquième fois meilleur coureur de la ligue ; malheureusement les Browns terminent une belle saison (10-4) à une petite victoire de la finale derrière les Giants. En 1964, Cleveland apprend enfin à sélectionner des futurs Hall Of Famer et à les garder dans l’effectif avec le receveur Paul Warfield et le coureur/retourneur Leroy Kelly. Derrière le Quarterback Frank Ryan et une nouvelle saison dominante de Jim Brown, Cleveland accède enfin en playoffs en finissant 10-3-1. En finale, les Browns affrontent les Colts de Baltimore, ce qui leur rappelle quelques souvenirs d’AAFC même si ces Colts-là ont disparu rapidement après la fusion. La défense fait un gros match et Cleveland remporte son quatrième titre NFL 27-0… et son dernier en date.

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Paul Warfield et Leroy Kelly

Le Defensive Tackle Walter Johnson vient renforcer l’équipe à la draft de 1965, et derrière un Jim Brown qui gagne un troisième MVP, les Browns font une nouvelle saison excellente à 11-3. Ils accèdent à leur treizième finale (neuvième NFL) contre les Packers de Vince Lombardi. Cleveland n’arrive pas à percer le coffre-fort de Green Bay qui l’emporte 23-12.

On pense que le club est armé pour gagner d’autres titres, mais la nouvelle tombe avant la saison 1966 : Jim Brown annonce sa retraite à 30 ans pour poursuivre une carrière d’acteur. Il est vrai que le style punitif du coureur n’aurait probablement pas pu lui permettre de durer encore très longtemps, mais c’est un choc dans le monde de la NFL. Brown s’en va avec trois MVP, huit titres de meilleur coureur, le record de yards au sol sur une saison et en carrière, le record de yards cumulés en carrière, le record de touchdowns au sol et de touchdowns cumulés en carrière ; il est également le seul coureur à 100+ yards de moyenne par match et 5+ yards par course en carrière.

 

Un lent déclin (1967-1978)

 

C’est à Leroy Kelly de prendre la succession de la légende, et les Browns échouent deuxième de leur division à 9-5. En 1967, avec la création du Super Bowl, la finale de la NFL devient une finale de conférence, rajoutant une étape supplémentaire pour atteindre la finale du titre (ce que Cleveland ne fera plus). Les Browns continuent de bien figurer : ils finissent 9-5 et accèdent aux playoffs, mais ils reçoivent une correction par les Cowboys de Dallas au Divisional Round 52-14. En 1968, après une saison à 10-4, les Browns prennent leur revanche sur les texans 31-20, mais ils sont barrés 34-0 en finale de conférence par la machine des Colts. En 1969, Cleveland poursuit sa série de belles saisons régulières à 10-3-1 et bat une seconde fois les Cowboys en Divisional Round 38-14 ; malheureusement ils butent 27-7 en finale NFC sur les Vikings et leur défense de fer menée par les Purple People Eaters (avec un joueur qu’ils connaissent bien, Jim Marshall).

En 1970, la fusion entre la NFL et l’AFL est décidée, ce qui force une redistribution des équipes pour donner deux conférences équilibrées. Les Browns accompagnent les Steelers de Pittsburgh et les Colts de Baltimore de la NFL (qui devient la NFC) dans l’AFC ; Cleveland atterrit dans l’AFC Central avec les Steelers, les Oilers d’Houston… et un autre club de l’Ohio : les Bengals de Cincinnati. Cette franchise, créée en 1967, va tout de suite démarrer une rivalité féroce avec les Browns, et pour une bonne raison : c’est le club monté par Paul Brown après avoir été renvoyé de Cleveland ; il pousse le vice jusqu’à donner les mêmes uniformes aux Bengals qu’aux Browns, sauf pour le nom de l’équipe marqué sur le casque !

Les Browns continuent leurs décisions curieuses en échangeant Paul Warfield aux Dolphins de Miami pour un choix de draft qu’ils dépensent sur le Quarterback Mike Phipps. Les Browns manquent les playoffs 1970 en finissant à 7-7, et Blanton Collier, devenant peu à peu sourd, laisse sa place à son assistant Nick Skorich.

La franchise rajoute de nouveaux talents avec le Tackle Doug Dierken, le Defensive Tackle Jerry Sherk ou le Defensive Back Clarence Scott, mais Phipps ne donne pas entière satisfaction, Jim Brown n’est plus là et Leroy Kelly arrive sur la fin de sa brillante carrière. Cela reste suffisant en 1971 pour propulser les Browns en playoffs à 9-5, mais ils ne font pas long feu, défaits par les Colts 20-3. En 1972, Cleveland joue suffisamment bien (surtout en défense) pour terminer à 10-4 et retourner en playoffs, mais c’est à nouveau une sortie prématurée 20-14 contre les Dolphins de Miami qui sont en route pour la saison parfaite.

Les signes sont sans équivoque : la réussite de Cleveland ne tient plus qu’à un fil depuis plusieurs années, et la machine va définitivement s’enrayer à partir de 1973 avec un record de 7-4-2, la dernière année de Leroy Kelly. L’attaque et la défense chutent toutes les deux et entraînent la franchise dans une année 1974 terrible, la première de son histoire avec dix défaites (4-10) ; et ce malgré la signature du Centre Tom DeLeone. Skorich paye les pots cassés de cette chute, remplacé par une légende comme joueur, l’ancien Packer et futur Hall Of Famer Forrest Gregg. Malheureusement, Gregg ira surtout à Canton comme joueur et non comme entraîneur, et les Browns font encore pire en 1975 en terminant 3-11.

Gregg décide alors de lancer comme titulaires en 1976 deux joueurs draftés un peu plus tôt : le Quarterback Brian Sipe (choisi en 1972), et le coureur Greg Pruitt (choisi en 1973). Avec l’aide du receveur Reggie Rucker, signé de New England l’année précédente, les deux joueurs redonnent de l’énergie à l’attaque et réussissent un retournement spectaculaire : les Browns terminent à 9-5 ! C’est certes insuffisant pour les playoffs, mais l’espoir renaît dans le nord de l’Ohio. Il sera malheureusement de courte durée, puisque l’équipe s’effondre à la fin de la saison 1977 et termine 6-8 ; Forrest Gregg est débarqué avant le dernier match, remplacé temporairement par Dick Modzelewski.

Browns-OzzieNewsomeEn 1978, les Browns se choisissent un nouveau Head Coach : l’entraîneur des receveurs des Saints de New Orleans, Sam Rutigliano. Il va marquer son arrivée par un gros coup à la draft : avec deux choix au premier tour, Cleveland sélectionne le futur Hall Of Famer Tight End Ozzie Newsome et le Linebacker Clay Matthews Jr ; ce dernier est le fils de Clay Matthews, ancien grand joueur, et le frère du futur Hall Of Famer Bruce Matthews. La saison qui s’en suit est pleine de promesses en attaque mais très décevante en défense, et l’équipe termine à un record équilibré de 8-8.

Cette dualité va pousser la franchise à développer une identité très particulière qui va lui créer un surnom l’année suivante.

 

Les « Kardiac Kids » relancent Cleveland (1979-1985)

 

En 1979, alors que Cleveland drafte le Tackle Cody Risien, le constat est simple : l’attaque est très compétente, mais la défense, qui est renforcée par la signature du Defensive End Lyle Alzado, s’améliore trop lentement. La franchise devient alors la spécialiste du match serré : parmi les seize matchs de la saison, seuls quatre seront décidés par plus de sept points ; voici les écarts des matchs : +3 en prolongations, +3, +3, +19, -21, -16, -4, +1, +18, +5, +5, +6 en prolongations, -3 en prolongations, +7, -5 et -4. A force de jouer avec les nerfs des spectateurs, les Browns gagnent le surnom de Kardiac Kids alors qu’ils ratent de peu les playoffs à cause des deux dernières défaites.

En 1980, les Kardiac Kids remettent cela avec les écarts suivants : -17, -9, +7, +7, -3, +24, +5, +1, +6, +1, -3, +24, +3, +3, -5, +3. La différence, c’est que cette fois les Browns sont un peu plus souvent du côté des vainqueurs : derrière un Alzado qui fait une saison fantastique et la signature du futur Hall Of Famer Guard Joe DeLamielleure, les deux escouades reçoivent un petit regain d’énergie ; Cleveland termine à 11-5 et accède en playoffs. Le Divisional Round amène les Raiders au Cleveland Municipal Stadium, et bien évidemment, les Kardiac Kids vont encore vérifier leur surnom. Le match se joue dans un froid polaire avec un vent glacial (-16°C avec un vent à -38°C), et dans ces conditions le score est très bas ; les Raiders mènent 14-12 vers la fin du match. Sipe, qui a gagné le titre de MVP pendant la saison, mène le drive final jusqu’au 13 yards des Raiders avec 49 secondes restantes.

Rutigliano décide de viser le touchdown, car des blessures et les conditions météo ont rendu le match misérable pour le Kicker Dan Cockroft. Le coach appelle une tactique qui sera résumée plus tard en « Red Right 88 » en insistant bien sur le fait que si Sipe ne trouve personne d’ouvert, il doit envoyer la balle dans le Lac Erié (qui borde la ville de Cleveland). Lors de l’action, Sipe essaie de trouver Ozzie Newsome dans l’en-but, mais le défenseur des Raiders Mike Davis intercepte la passe et clôt la saison des Browns ; la décision de Rutigliano est immédiatement pointée du doigt.

Raiders Browns FootballL’équipe essaie de repartir en 1981, notamment en draftant le Defensive Back Hanford Dixon, mais le contrecoup de cette élimination l’inhibe complètement et la saison est perdue à 5-11. Le Linebacker Chip Banks et le Centre Mike Baab arrivent dans la draft de 1982, ainsi que le Nose Tackle Bob Golic en provenance de New England. La saison est écourtée par la grève et les Browns parviennent certes en playoffs, mais avec un record négatif de 4-5 ; ils sont logiquement défaits 27-10 par les Raiders au premier tour.

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Brian Sipe

L’équipe commence à relever la tête en 1983 avec un record de 9-7, même s’il est insuffisant pour continuer la saison. C’est à la fin de cette année que Brian Sipe prend sa retraite, replongeant les Browns dans un certain doute au niveau du poste. 1984 ne va rien faire pour répondre à cette question avec une pauvre saison à 5-11, mais l’équipe va installer d’autres éléments importants : le coureur Earnest Byner, drafté au dixième tour, le Linebacker Mike Johnson, sélectionné dans la draft supplémentaire, le Defensive Back Frank Minnifield, en provenance de l’USFL (une autre ligne concurrente), et surtout le Coordinateur Défensif Marty Schottenheimer, qui prend la place de Rutigliano en cours de saison.

En 1985, les Browns continuent de se renforcer. Ils récupèrent le coureur Kevin Mack, qu’ils avaient sélectionné dans la draft supplémentaire de 1984 (avec Mike Johnson) mais qui avait joué la saison en USFL, et surtout ils sélectionnent le Quarterback Bernie Kosar dans la draft supplémentaire de 1985 ; le rookie va de suite prendre les rênes de l’attaque et remplir le trou créé par le départ de Sipe. Cette pléthore de talents concentrés au même endroit et au même moment est un vrai bain de jouvence pour les Browns : certes Kosar a encore besoin de trouver ses marques mais la défense tient la route et le duo de coureurs Byner-Mack fait des ravages, étant le premier duo où chacun dépasse les 1000 yards au sol. De plus, l’AFC Central n’est pas très forte, ce qui permet à Cleveland d’aller en playoffs avec un record de 8-8 ; ils se retrouvent face aux Dolphins de Dan Marino au premier tour et perdent 24-21, mais l’espoir renaît chez les fans.

Cet espoir va devenir bien réel les années suivantes, mais les Browns vont faire connaissance avec leurs bourreaux de la fin des années 1980.

 

La montagne Broncos (1986-1994)

 

1986 et 1987 vont se ressembler comme deux gouttes d’eau : la même domination et la même montagne infranchissable. Les Browns rajoutent une arme offensive à la draft de 1986, le receveur Webster Slaughter. Ils emportent l’AFC Central les deux années avec des records respectivement de 12-4 et 10-6. Kosar est dans le rythme, le rookie Slaughter et le vétéran Newsome sont ses cibles favorites, Byner et Mack continuent de fracasser les adversaires, pendant que la défense menée par Banks, Golic, Matthews et surtout le duo phénoménal Dixon-Minnifield domine les équipes adverses ; les Cornerbacks sont même nommés ensemble deux fois de suite au Pro Bowl !

Browns-DixonMinnifield
Frank Minnifield et Hanford Dixon

Au premier tour des playoffs, les Browns rencontrent les Jets en 1986 et les Colts en 1987. Le Divisional Round contre New York est très serré, et il semble même que Cleveland perd le match sur une passe ratée ; heureusement pour eux, le Defensive End des Jets Marc Gastineau commet une faute stupide en percutant Kosar volontairement bien après la fin de l’action. Cela prolonge le drive qui permet aux Browns d’égaliser à 20-20 et d’aller en prolongation ; il en faudra deux pour que le Kicker Mark Moseley donne la victoire 23-20 à Cleveland. L’année suivante, le Divisional Round contre Baltimore sera un peu plus facile, car les Browns battent les Colts largement 38-21. Ces victoires propulsent la franchise en finale de conférence, où elle rencontre la même équipe les deux années : les Broncos de Denver menés par John Elway.

En 1986, les Browns dominent l’AFC et reçoivent les Broncos au Cleveland Municipal Stadium. Ils mènent 20-13 à 5:44 de la fin du match et parviennent à coincer Denver à un yard et demi de leur propre en-but, forçant Elway à remonter 98.5 yards s’il veut égaliser. C’est exactement ce qu’il fait, bien aidé par une défense de Cleveland qui recule pour limiter le gros gain : il reste 37 secondes quand Elway trouve Mark Jackson pour le touchdown égalisateur. The Drive emmène le match en prolongations, et le Kicker de Denver Rich Karlis passe un Field Goal de 33 yards pour l’emporter 23-20. En 1987, ce sont cette fois les Broncos qui reçoivent les Browns : les locaux mènent 21-3 à la mi-temps puis 38-31 vers la fin du match. C’est au tour de Kosar de monter un drive pour égaliser : il reste 1:12 à jouer et Cleveland se trouve sur les 8 yards de Denver. Kosar remet la balle à Byner qui semble avoir la voie libre jusqu’à l’en-but, mais le Defensive Back Jeremiah Castille lui arrache le ballon et récupère le fumble ; Denver l’emporte 38-33 et The Fumble est une deuxième fin cruelle aux rêves de Super Bowl de Cleveland.

TheFumble-FumbleLa franchise essaie de se remettre de ces deux défaites et drafte le Defensive Tackle Michael Dean Perry en 1988. C’est une saison étrange qui attend les Browns : ils subissent une série de blessures au poste de Quarterback avec pas moins de quatre joueurs utilisés – Kosar, Mike Pagel ainsi que les « papys » Don Strock (38 ans) et Gary Danielson (37 ans). Néanmoins, malgré cette instabilité notoire, Dixon-Minnifield va à son troisième Pro Bowl de suite (record inégalé pour un duo) et l’équipe continue de bien jouer, atteignant un record de 10-6 suffisant pour les playoffs. Les Browns affrontent les Oilers de Houston en Wild Card, mais malgré une avance de 16-14 dans le troisième quart-temps, l’équipe craque et perd 24-23.

C’est la défaite de trop pour Art Modell qui décide d’un commun accord avec Schottenheimer de se séparer du coach ; ce dernier, comme Paul Brown à l’époque, avait fini par trouver que le propriétaire se mêlait beaucoup trop du terrain. Bud Carson remplace « Schotty », mais ce n’est pas le seul départ notable : depuis The Fumble, Earnest Byner est pris pour cible et vit cela très mal, malgré le soutien de ses partenaires et le fait que, sans lui, les Browns n’auraient jamais pu faire jeu égal avec les Broncos. Il est donc envoyé aux Redskins de Washington avant la saison 1989.

La franchise drafte le prometteur receveur Eric Metcalf et c’est une nouvelle saison positive à 9-6-1 ; ironiquement, le match nul a lieu contre les Chiefs de Kansas City… coaché par Schottenheimer. Cleveland retourne en playoffs et rencontre les Bills de Buffalo en Divisional Round : Slaughter (deux touchdowns) et Metcalf (un retour de kickoff pour un touchdown) sont les héros du match, les Browns l’emportant 34-30. Une troisième finale de conférence contre les Broncos a lieu à Denver, mais cette fois pas d’actions mythiques qui méritent un surnom : les locaux prennent le commandement du match et ne le lâchent pas pour se qualifier facilement 37-21, battant une troisième fois Cleveland aux portes du Super Bowl.

Il est alors clair que les Browns ont laissé passer leur chance d’accéder à leur premier Super Bowl. Malgré une bonne draft avec le coureur Leroy Hoard ou les Defensive Ends Andy Pleasant & Rob Burnett, le départ de Byner, une mauvaise saison de Kosar et l’âge de la défense font plonger les Browns en 1990 avec un record catastrophique de 3-13. Pendant la saison, Bud Carson est viré, Jim Shofner fait l’intérim, et à la fin de l’exercice, un jeune Coordinateur Défensif, champion avec les Giants, est nommé Head Coach : William « Bill » Belichick.

La défense est justement le point focal de la draft de 1991 avec le Defensive Back Eric Turner ou le Defensive Tackle James Jones ; l’équipe relève un peu la tête pour poster un record de 6-10. Mais elle plafonne en 1992 à 7-9 alors que le duo Kosar-Mack décline et que la défense lâche prise. Afin d’avoir un remplaçant potable derrière Kosar, Belichick décide en 1993 de signer le jeune Quarterback Vinny Testaverde des Buccaneers, mais ce dernier finit par avoir sa chance et se révéler meilleur que le vétéran. Ni une ni deux, les Browns décident de libérer Kosar en plein milieu de la saison, une décision qui choque les fans très attachés à celui qui s’est révélé être le digne successeur d’Otto Graham et Brian Sipe. Les Browns terminent 7-9, et l’ironie veut que Kosar aille signer à Dallas… qui devient champion cette année-là. L’ironie est même double, puisque l’autre banni, Earnest Byner, est devenu champion en 1991 avec les Redskins.

Néanmoins, tout cela est vite oublié lorsque Cleveland se remet à bien jouer en 1994 sous la houlette d’un Testaverde efficace, d’un Hoard solide et d’une défense qui fait un très bon travail, envoyant quatre joueurs au Pro Bowl. Les Browns finissent 11-5 et gagnent leur place en playoffs : le Wild Card Round les opposent aux Patriots de New England, coachés par le mentor de Belichick, Bill Parcells ; la défense domine la deuxième mi-temps et Cleveland l’emporte 20-13. En Divisional Round, ce sont les rivaux de l’AFC Central les Steelers qui se présentent, mais cette fois c’est l’escouade défensive de Pittsburgh qui fait un match très efficace, et les Browns s’inclinent 29-9.

Les fans sentent que quelque chose est à nouveau possible avec cette version de l’équipe, mais ils n’auront pas le loisir de savoir quoi : une terrible nouvelle s’apprête à tomber quelques mois plus tard.

 

Le déménagement et ses conséquences (1995-2003)

 

Au début de l’année 1995, Art Modell trouve que sa franchise ne gagne pas assez d’argent, et il est jaloux des avantages des autres équipes sportives de la ville qui obtiennent de nouveaux stades ou des luxury boxes (des suites de luxe). Il ne trouve rien de tout ça à Cleveland, et il finit par annoncer qu’il va déplacer la franchise à Baltimore pour avoir son stade flambant neuf ! C’est une levée de boucliers immédiate, mais la décision est prise malgré une centaine de procès intentés par les fans et des menaces de mort envoyées à l’encontre de Modell. Les sponsors des Browns, inquiets pour leur réputation locale, décident de se retirer pendant la saison ; difficile d’être efficace sur le terrain quand l’équipe est torpillée ainsi, et une franchise prometteuse poste un pauvre 5-11.

Le dernier match contre Cincinnati est une vision de cauchemar : les spectateurs, ulcérés par la décision de Modell, n’attendent même pas la fin du match pour commencer à détruire le stade, balançant canettes de bière et bancs ; l’arbitre est même obligé de faire jouer les équipes sur un seul demi-terrain pour qu’aucun joueur ne soit touché. Les toilettes sont saccagées et il y a même des feux qui sont démarrés un peu partout. C’est le chaos le plus total.

http://media.cleveland.com/datacentral/photo/browns-fans-stadium-seats-last-game-1995jpg-d1539e2e7336fb5a_large.jpgSuite à tous ces événements, des pourparlers sont engagés entre la NFL, les Browns et des représentants des deux villes (Cleveland et Baltimore). Les parties arrivent à un accord : les Browns partent bien à Baltimore avec toute l’organisation (le président, le General Manager, le coach, le staff et les joueurs), mais le nom « Browns », l’histoire et les records restent à Cleveland. La ville va construire un nouveau stade pour la franchise des Browns qui reviendra comme une équipe d’expansion en 1999. C’est ainsi que les anciens Browns de Cleveland deviennent les Ravens de Baltimore, et les « nouveaux » Browns de Cleveland reviennent en 1999 comme une continuation des anciens Browns.

Au bout de quatre années d’attente, Cleveland retrouve donc une franchise de football professionnel, et le plus croustillant est que la franchise retrouve sa place naturelle dans l’AFC Central avec les Steelers, les Bengals, les Jaguars, les Titans du Tennessee (le nouveau nom des Oilers)… et surtout les Ravens ; autant dire que les fans espèrent écraser la franchise de Modell de tout coeur. Le businessman Al Lerner, qui a fait fortune dans l’immobilier, gagne l’appel d’offre pour être le propriétaire des nouveaux Browns à hauteur de 750 millions de dollars. Il choisit Dwight Clark (le fameux Tight End des 49ers auteur de The Catch) comme équivalent du General Manager, et le Coordinateur Offensif des Jaguars, Chris Palmer, comme Head Coach.

La draft de 1999 signe le début de la franchise, qui dépense son premier choix sur le prototype du franchise Quarterback cette année-là, Tim Couch. Malheureusement pour lui, il va connaître les affres d’un début de carrière dans une équipe d’expansion : malgré quelques talents comme le receveur Kevin Johnson, le Defensive Back Daylon McCutcheon ou le Linebacker Wali Rainer, il y a bien trop peu de qualité et Cleveland fait une « première » saison terrible à 2-11. L’équipe drafte le receveur Dennis Northcutt en 2000 mais rate son coup sur le premier tour Defensive End Courtney Brown ; peu protégé, Couch se blesse et la saison n’est pas vraiment meilleure à 3-13. Mais le comble de l’horreur pour les fans de l’équipe, qui doivent déjà supporter cette renaissance très compliquée, c’est de regarder les Ravens aller remporter le Super Bowl seulement cinq saisons après être partis de Cleveland. Palmer paie ce démarrage catastrophique, et le coach de l’Université de Miami, Butch Davis, est engagé.

En 2001, la franchise drafte le Defensive Tackle Greg Warren et le receveur Quincy Morgan ; ce dernier rejoint Northcutt pour offrir des cibles intéressantes à Couch. La défense parvient à mieux jouer, et l’équipe se mêle à la lutte pour les playoffs, mais un fait de jeu va couper leur élan. Les Browns sont à 6-6 lorsqu’ils reçoivent les Jaguars en Week 14, et ils sont menés 15-10 vers la fin du match quand une passe de Couch sur dernière tentative est jonglée puis attrapée par Morgan en tombant au sol. Les Browns spikent la balle mais l’arbitre arrive et annonce qu’ils vont revoir la réception à la vidéo, chose normalement impossible si une action a été jouée après. L’arbitre soutient que la demande est venue AVANT le spike de Couch, et quelques minutes plus tard il annule la réception de Morgan car la balle a touché le sol (ce qui est débattable). Jackonsville récupère la possession et le Dawg Pound déclenche une véritable pluie de bouteilles de bière sur le stade ; le match est interrompu pendant trente minutes, mais la défaite est entérinée et Cleveland termine la saison 7-9.

http://media.cleveland.com/plain-dealer/photo/2014/12/15/16577028-large.jpgNéanmoins, cette incident prouve également que les Browns remontent la pente après des débuts très difficiles. En 2002, Dwight Clark démissionne (Butch Davis assumant la double casquette de GM et Head Coach), et l’équipe doit encaisser deux mauvaises nouvelles : Al Lerner décède en plein milieu de la saison (son fils Randy devient propriétaire), alors que Couch se fracture la jambe lors du dernier match de la saison. Les rêves de playoffs semblent s’évaporer, mais le remplaçant Kelly Holcomb prend les rênes de l’attaque sans faiblir et la franchise emporte une dernière victoire lui permettant d’accrocher les playoffs à 9-7 ; c’est la première fois depuis 1994 pour les Browns, et la première fois tout court pour les « nouveaux » Browns. Le Wild Card Round envoie Cleveland dans un endroit familier : Heinz Field, le fief des Steelers de Pittsburgh. Holcomb continue de jouer à la perfection, permettant aux visiteurs de mener 33-21 à 5:30 de la fin. Néanmoins, les Steelers, menés par Tommy Maddox, marquent alors quinze points et un dernier drive des Browns échoue, donnant la victoire 36-33 aux Steelers.

Cette belle fin de saison de Holcomb provoque une controverse au poste entre Couch et lui en 2003. Au milieu du camp, Holcomb est choisi comme titulaire, mais la réalité de la saison est autre : Davis alterne sans cesse entre les deux Quarterbacks, et cela déstabilise la franchise qui finit à 5-11. Couch comprend qu’il n’aura plus sa chance, et il quitte l’équipe : il part aux Packers mais une blessure à l’épaule le rattrape ; il est libéré avant même le début de la saison et ne jouera plus en NFL. Beaucoup considèrent Couch comme un des plus gros busts dans l’histoire de la draft, mais la vérité est qu’il a réussi sa meilleure saison quand il a eu des armes autour de lui (en 2002), et qu’il a subi de nombreuses blessures à cause d’une ligne offensive très insuffisante.

Et, au moins, il a été le titulaire au poste pendant plus de deux ans… ce qu’aucun Quarterback des Browns dans le futur proche ne pourra dire.

 

Un long cauchemar (2004-2015)

 

L’équipe signe le vétéran Quarterback Jeff Garcia pour prendre le poste de titulaire en 2004, et drafte le Tight End Kellen Winslow Jr, le fils du célèbre Tight End des Chargers Hall Of Famer. Mais Winslow se blesse rapidement, les deux côtés du ballon sont bien trop faibles pour réussir quoi que ce soit, et le mirage de 2002 a définitivement disparu à 4-12. Butch Davis ne survit même pas jusqu’à la fin de la saison ; après un intérim de Terry Robiskie, la franchise décide d’appeler un ancien de la maison sous Palmer, le spécialiste de la défense Romeo Crennel qui vient de remporter trois Super Bowls avec les Patriots.

Mais la poisse poursuit la franchise et surtout Winslow, qui se blesse à nouveau pendant l’offseason ; les Browns continuent de chercher la bonne solution au poste de Quarterback en signant un autre vétéran, Trent Dilfer. Ils draftent le receveur Braylon Edwards mais cela ne change pas énormément la donne car l’équipe manque toujours de talent ; la saison se termine à 6-10. En 2006, le Linebacker D’Qwell Jackson arrive à la draft, mais l’équipe continue d’écumer les bas-fonds de la ligue à 4-12 ; néanmoins tout n’est pas négatif : Winslow a enfin fait une saison complète, Edwards est très intéressant, et le Quarterback remplaçant Derek Anderson a fait une bonne rentrée.

Malgré cela, la franchise préfère quand même remonter du deuxième tour au premier tour de la draft 2007 pour sélectionner le Quarterback Brady Quinn ; le premier tour originel est utilisé sur le futur Hall Of Famer Offensive Tackle Joe Thomas. Le club signe également le coureur des Ravens Jamal Lewis, ce qui lui donne une très bonne attaque qui va faire quelques étincelles pendant la saison. Malgré une défense qui continue de montrer des signes de faiblesse, Cleveland arrive enfin à poster dix victoires (10-6), ce qui ne leur était plus arrivé depuis 1994. Une défaite contre leur ennemi juré les Bengals en Week 16 les prive des playoffs, mais le futur semble un peu moins nuageux.

Joe Thomas

Malheureusement, les Browns vont rapidement retomber dans un fossé en 2008 : tout commence à la draft, où l’équipe n’a ni premier tour (envoyé à Dallas pour remonter et prendre Quinn), ni deuxième tour (envoyé à Green Bay pour le Defensive Tackle Corey Graham), ni troisième tour (envoyé à Detroit pour un autre Defensive Tackle, Shaun Rogers) ; non seulement Graham et Rogers ne seront plus là au bout de deux/trois ans, mais le sixième tour Defensive Tackle Ahtyba Rubin durera plus longtemps qu’eux à Cleveland. Ensuite, une série de blessures ravage l’équipe, notamment au poste de Quarterback où Anderson, Quinn, Ken Dorsey et Bruce Gradkowski sont utilisés. L’attaque n’avance plus, la défense est toujours aux abonnés absents et la saison est un nouvel échec cuisant à 4-12. Crennel n’aura jamais réussi à renforcer la défense, et cela lui coûte sa place : il est remplacé par un autre ancien Coordinateur Défensif des Patriots, Eric Mangini.

En 2009, l’équipe drafte le Centre Alex Mack pour solidifier l’intérieur de la ligne offensive, et Mangini alterne entre Anderson et Quinn car les deux ne jouent pas très bien ; il n’est pas étonnant de voir la franchise terminer à 5-11. Randy Lerner comprend qu’il faut changer certaines choses, alors il décide de nommer comme Président l’ancien Head Coach des Packers et des Seahawks, Mike Holmgren ; Holmgren nomme Tom Heckert au poste de General Manager.

Le duo prend plusieurs décisions en 2010 : Anderson est libéré et Quinn est échangé avec les Broncos pour récupérer le coureur Peyton Hillis ; les vétérans Jake Delhomme des Panthers et Seneca Wallace des Seahawks sont signés pour être titulaire et remplaçant au poste. A la draft, ils récupèrent deux Defensive Backs : le Cornerback Joe Haden et le Safety T.J. Ward, ainsi que le Quarterback Colt McCoy. Ce dernier va vite voir le terrain à cause des blessures de Delhomme et Wallace : malgré une superbe saison de Hillis à 1177 yards, les Browns terminent de nouveau 5-11. Mangini est alors remplacé par Pat Shurmur pour la saison 2011.

La draft 2011 voit les arrivés du Defensive Tackle Phil Taylor et du Linebacker Jabaal Sheard, et petit à petit la défense commence à redevenir une unité qui compte à Cleveland. Néanmoins, c’est le moment que choisit l’attaque pour disparaître, avec notamment Hillis qui « célèbre » son vote sur la couverture Madden par une année 2011 fantomatique ; les Browns postent un nouveau record abyssal de 4-12.

2012 est une année de grands changements à presque tous les étages : Randy Lerner revend la franchise à Jimmy Haslam pour un peu plus d’un milliard de dollars. A la draft 2012, la franchise tente un gros coup : grâce à un premier tour supplémentaire récupéré dans un échange avec Atlanta l’année précédente, elle choisit son duo Quarterback-coureur du futur, Brandon Weeden et Trent Richardson, auquel elle ajoute le receveur Josh Gordon à la draft supplémentaire. Le choix de Weeden surprend tout le monde, car il a déjà 28 ans à cause d’une petite carrière professionnelle en baseball. La première saison est compliquée comme on pouvait s’y attendre, avec un nouveau record de 5-11. Pat Shurmur et Tom Heckert paient l’addition, remplacés par Rob Chudzinski et Michael Lombardi.

Trent Richardson Brandon Weeden
Trent Richardson et Brandon Weeden

La saison 2013 est un cauchemar pour les fans : la franchise cède aux sirènes du naming et le Cleveland Stadium vend son nom à FirstEnergy, Cleveland termine 4-12, Weeden et Richardson sont des énormes busts libérés après seulement deux ans dans la franchise, et pour finir Chudzinski et Lombardi sont eux renvoyés après seulement un an. Au moins, Richardson rapporte le premier tour qu’il a coûté dans un échange avec les Colts, mais la franchise est au fond du trou.

2014 démarre donc avec un nouveau General Manager, Ray Farmer, et un nouveau Head Coach, Mike Pettine. Cleveland sélectionne le Cornerback Justin Gilbert avec son premier tour, puis remonte une nouvelle fois à la fin de celui-ci pour sélectionner le vainqueur du Heisman Trophy mais une personne à problème, le Quarterback Johnny Manziel. La poisse continue de frapper la franchise puisque dans la foulée Gordon est suspendu une grande partie de la saison pour conduite en état d’ivresse. On n’espère pas grand-chose dans ces conditions avec Brian Hoyer au poste de Quarterback… mais les Browns surprennent leur monde en faisant un très bon début de saison à 7-4, avec notamment l’excellent rookie Guard Joel Bitonio. Néanmoins les limitations de Cleveland vont les rattraper, Hoyer joue alors moins bien, Manziel rentre mais n’est pas du tout au niveau avant de se blesser, et Cleveland termine à 7-9.

La saison 2015 ne sera pas aussi clémente pour la franchise de l’Ohio. A part quelques valeurs sûres comme Joe Thomas ou l’explosion inattendue du Tight End Gary Barnidge (9 touchdowns), l’effectif est trop faible ; de plus, Manziel vient s’ajouter à la longue liste des busts au premier tour avec ses nombreux problèmes hors du terrain et sa libération à la fin de la saison. Cleveland termine à 3-13 et fait un énième ménage en remplaçant le Président, le General Manager et le Head Coach ; le trio Paul DePodesta – Sashi Brown – Hue Jackson a pour mission d’enfin sortir les Browns de l’ornière.

Mais, au contraire, le pire va avoir lieu, comme un point d’orgue à tant d’inaptitude.

 

De l’obscurité à la lumière… tamisée (2016-2023)

 

L’équipe reconstruit l’effectif à grands coups de choix de draft : elle accepte notamment de céder son premier choix de 2016 à Los Angeles et se retrouve au final avec 14 sélections, un record. Cela veut aussi fatalement dire qu’il faut être patient car le talent doit mûrir, et l’équipe frôle la catastrophe d’une saison à 0-16 ; elle remporte son unique victoire de la saison contre les Chargers en Week 16 grâce notamment à deux Field Goals manqués de San Diego. Cleveland termine 1-15 non sans démériter, avec des faiblesses évidentes.

En 2017, les fans espèrent que la franchise va pouvoir repartir de l’avant avec pas moins de TROIS choix au premier tour de la draft, dont le #1 : le Defensive End Myles Garrett est choisi, en même temps que le Safety Jabrill Peppers et le Tight End David Njoku. L’attaque est confiée au sophomore Quarterback DeShone Kizer. Mais il était dit que ce serait une saison maudite : la ligne perd l’increvable Joe Thomas sur une blessure qui met fin à une série de 10363 snaps consécutifs (puis à sa carrière) et l’attaque patauge avec un Kizer qui veut (doit) créer des miracles mais perd 28 ballons ; même si la défense montre des signes de talent (notamment contre la course), cette fois Cleveland n’échappe pas à la sanction : elle devient la deuxième franchise de l’histoire à finir une saison 0-16 après les Lions en 2008.

Les Browns ne peuvent certes que regarder vers le haut, mais personne ne sait ce que la saison 2018 peut donner. Encore une fois l’organisation fait le ménage avec l’arrivée du General Manager John Dorsey qui s’entoure de gens qu’il connaît bien : il recueille des anciens collègues de Green Bay (Eliot Wolf, Alonzo Highsmith). Le groupe décide de régler le problème du franchise Quarterback en choisissant Baker Mayfield en #1, puis renforce la défense avec le Cornerback Denzel Ward en #4. Si l’ex-Bill Quarterback Tyrod Taylor arrive pour démarrer la saison, Mayfield prend assez vite les clefs de l’attaque : il s’appuie sur deux ajouts intelligents, l’ex-Dolphin receveur Jarvis Landry et le deuxième tour coureur Nick Chubb, pour mener une attaque qui tourne un peu mieux ; la défense, bien qu’ayant des failles au sol, est redoutable en couverture et pour voler la balle (31).

L’ironie veut que Cleveland stoppe sa série de défaites sur plusieurs saisons par un… match nul en Week 1 contre Pittsburgh à cause de ratés du Kicker, mais la suite ne laisse pas de doute : la franchise est sur le bon chemin avec ce mélange de jeunes talents et de vétérans : elle met fin à une ribambelle de séries négatives et termine avec un 7-8-1 très encourageant, alors que Hue Jackson a été remplacé par son Coordinateur Offensif Freddie Kitchens.

En plus de cela, l’équipe fait une intersaison alléchante avec notamment l’arrivée de l’ex-Giant receveur Odell Beckham Jr., et on se met à croire à un retour en playoffs. Cependant, le choix de Kitchens se révèle être un symptôme de plus du mal chronique des Browns à prendre les bonnes décisions, l’attaque ne trouve jamais vraiment son rythme, le calendrier brutal n’arrange rien et Garrett finit suspendu suite à un « pétage de plomb » dans lequel il arrache le casque du Quarterback des Steelers Mason Rudolph et essaie de le frapper avec.

Les « outsiders préférés » terminent à 6-10, ce qui amène un énième remaniement, Dorsey et Kitchens étant débarqués ; un ancien exécutif de la maison, Andrew Berry, revient pour occuper le poste de General Manager alors que le Coordinateur Offensif des Vikings Kevin Stefanski est nommé Head Coach.

Le duo commence à remodeler l’effectif à son image, ce qui pose des questions sur le résultat d’un tel remue-ménage. Par-dessus cela, Beckham se blesse assez rapidement pendant la saison, mais l’attaque trouve les ressources avec son duo au sol et une ligne offensive très efficace (contenant notamment le premier tour Offensive Tackle Jedrick Wills) ; tout cela permet à Mayfield de gérer par les airs. De fait, Cleveland profite d’un calendrier moins compliqué et réalise un petit exploit en postant 11-5 ; c’est la première saison à 10+ victoires depuis 2007 et la première qualification en playoffs depuis 2002 !

Mais mauvaise nouvelle : en 2002, c’est Pittsburgh qui avait sorti Cleveland en Wild Card à Heinz Field ; il faut y retourner pour le Wild Card 2020. Néanmoins, le départ est rêvé pour les visiteurs : le premier snap des Steelers finit dans l’en-but pour un touchdown, puis deux interceptions et une attaque de feu permettent aux Browns de mener 28-0 en premier quart-temps ; ils l’emportent finalement 48-37 pour la première victoire en playoffs du club depuis 1994 ! Cleveland tombe chez les champions sortants Chiefs 22-17 en Divisional Round, mais la franchise de l’Ohio leur a tenu la dragée haute, redonnant un peu d’espoir.

Cet espoir ne va malheureusement pas durer très longtemps : la saison 2021 voit Baker se blesser à l’épaule et OBJ partir au clash avant d’être libéré. Malgré une attaque terrestre qui se découvre une autre arme avec D’Ernest Johnson et une défense renforcée par la draft du premier tour Cornerback Greg Newsome II et du deuxième tour Linebacker Jeremiah Owusu-Koramoah, Cleveland est le dindon de la farce qu’est la lutte très serrée en AFC North : les Browns terminent dernier de la division avec un bilan de 8-9 et manquent les playoffs.

Pire : après avoir dû subir un Super Bowl entre le nouveau club de Beckham (les Rams) et un rival de division censé être moins avancé qu’eux dans leur reconstruction (les Bengals), les fans de Cleveland voient la franchise se proposer dans la lutte pour Deshaun Watson malgré toutes les plaintes de harcèlement sexuel contre lui. Et ce sont bien les Browns qui « raflent la mise », faisant venir le #4 contre trois premiers tours, un troisième tour et un quatrième tour, pour lui offrir dans la foulée un contrat de 5 ans et 230M$ totalement garanti ; le premier de l’histoire pour des sommes pareilles. Et bien entendu, puisque la situation est intenable pour Mayfield, il finit par être échangé à Carolina pour un cinquième tour.

Watson étant suspendu 11 matchs par la ligue, le plan est évident : Jacoby Brissett doit tenir la baraque jusqu’à ce que la suspension ne prenne fin et que l’équipe ne décolle. L’arrivée de l’ex-Cowboy receveur Amari Cooper sur échange doit aider à cela en plus du jeu au sol déjà dominateur… mais les résultats sont insuffisants : Cleveland n’arrive pas à enchaîner les bons résultats et la défense régresse à cause, entre autres, des blessures. Le retour de Watson ne règle rien, et les Browns terminent 7-10.

Si nous commençons le paragraphe de la saison 2023 en disant que les Browns voient trois Quarterbacks différents se blesser avant d’être forcés de tirer de son canapé le vétéran Joe Flacco, sans compter la perte rapide de Chubb ou celles de Wills et Jack Conklin, il serait logique de penser que la franchise est retournée dans les bas-fonds de la ligue. Au contraire, c’est un bilan de 11-5 et une qualification en playoffs qui valent le Coach Of The Year pour Stefanski ! Première raison : Flacco, malgré ses quelques erreurs habituelles, insuffle de l’expérience à un poste qui en a besoin après la blessure de Watson et les difficultés de P.J. Walker et Dorian Thompson-Robinson ; il trouve notamment la connexion avec Cooper. Deuxième raison : une défense étouffante qui termine top NFL en yards concédés, menée par le Defensive Player Of The Year Myles Garrett et ses 14 sacks. Ce voyage magique s’arrête brutalement en Wild Card Round avec une défaite 45-14 contre Houston, mais quand on regarde l’histoire du club et de la saison, c’est un petit miracle.