Football Kombat : San Francisco
Et le prix du plus gros rotoplaf de l’année revient aux 49ers, qui sont passés de triple finaliste NFC consécutif et finaliste du Super Bowl il y a deux ans à… 8-8. Et cela sans reconstruction de franchise ou perte d’un futur Hall Of Famer; juste une grosse dose de blessures en défense, un psychodrame en coulisse et une attaque qui a perdu son identité. Ca fait beaucoup pour une seule franchise, et ça explique que si certains problèmes pourront se régler d’eux-mêmes, d’autres vont demander de la réflexion.
A lire en hurlant sur quelqu’un un bon coup pour honorer la mémoire de Jim Harbaugh.
SAN FRANCISCO 49ERS
3e NFC West ~ 8-8
Les prévisions de Madame Soleil 2014
On ne sentait pas de raison particulière pour que les 49ers baissent de pied par rapport à la saison dernière. En attaque, on sentait même que tout était fait pour améliorer la performance en dents de scie de l’année précédente : la motivation de Colin Kaepernick avec un contrat bourré de bonus de performance, la disponibilité de Michael Crabtree sur toute la saison, l’échange pour récupérer Stevie Johnson et la présence de Vernon Davis. Seuls bémols : la blessure de Kendall Hunter, fidèle lieutenant d’un Frank Gore qui n’allait pas en rajeunissant, et le départ du Centre Jonathan Goodwin, laissant place à une bataille entre le vétéran David Kilgore et le rookie Marcus Martin.
Néanmoins, rien à avoir avec les questions qui pouvaient tarauder du côté de la défense qui a connu bien plus de changements : quid du remplacement du Safety Donte Whitner par l’ancien Colt Antoine Bethea ? Quid des départs des Cornerbacks Carlos Rogers et Tarell Brown, laissant Tramaine Brock et Chris Culliver titulaires ? Et jusque quand NaVorro Bowman allait être absent à cause de la blessure subie en finale NFC 2013 ? Bref, plus de questions sur la défense que sur l’attaque, même si on savait qu’il n’y avait pas de quoi mettre le feu à la cabane.
Mis à part grosse surprise, les 49ers allaient encore être dans la lutte pour le titre de la NFC West, et celui de la NFC entière. Mais pourraient-ils enfin arriver au bout, ou avaient-ils laissé passer leur chance ?
La saison
@Dallas 28-17, Chicago 20-28, @Arizona 14-23, Philadelphie 26-21, Kansas City 22-17, @Saint-Louis 31-17, @Denver 17-42, Saint-Louis 10-13, @New Orleans 27-24 (OT), @NY Giants 16-10, Washington 17-13, Seattle 3-19, @Oakland 13-24, @Seattle 7-17, San Diego 35-38 (OT), Arizona 20-17.
Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 144-112 (0.563, 4e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 135-121 (0.527, 5e).
Écart entre les deux records : -0.036 (27e).
C’est le genre de cas où l’écart est trompeur : il y a 9 victoires de moins par rapport à la projection 2013, mais 7 sont pour Chicago et New Orleans. Les 14 autres matchs ont donc été d’un niveau équivalent à celui attendu, ce qui n’est pas surprenant quand il s’agit de jouer dans la NFC West. C’était donc bien un calendrier très compliqué pour San Francisco, ce qui cependant ne doit pas servir d’excuses à la performance.
La réalité
Je tiens à rappeler, pour ceux qui ne connaissent pas le Season Review, que les prévisions de Madame Soleil sont écrites AVANT la saison, sinon ce n’est pas fun. Donc « à part grosse surprise » ? Eh bien grosse surprise alors. D’ailleurs les 49ers nous ont réservé des grosses surprises jusqu’au bout, parce que la nomination du coach de la DL Jim Tomsula comme Head Coach… ça sent quand même la marionnette de Trent Baalke posée là pour éviter le même fiasco en coulisse qu’avec Harbaugh, sachant que les plus gros problèmes sont en attaque (le départ de Greg Roman est peut-être une bonne chose vu qu’apparemment il n’avait pas la solution cette année). On ne peut pas dissocier la performance des 49ers cette année de cette non-prolongation de contrat de Harbaugh après la saison précédente, ce qui a plus ou moins fait comprendre aux joueurs qu’il partirait (sauf Super Bowl, et encore) en 2015. A quoi bon se défoncer pour quelqu’un qui ne sera pas là l’année prochaine ?
Bon OK, je mets la charrue avant les boeufs : parlons d’abord de la saison 2014 avant de se projeter en 2015. Et parlons de l’attaque tiens : 19.1 points par match (25e), 327.4 yards (20e) dont 191.4 à la passe (30e) et 136 au sol (4e), 33 TDs (24e) avec 43.2% de TDs en redzone (29e) et 52 sacks concédés (31e) dont 1 environ toutes les 10 tentatives de passes (31e aussi). Toi aussi, sauras-tu trouver l’intrus ? Commençons par l’unité qui encapsule la plupart de ces statistiques, et surtout la différence de réussite entre la passe et la course : la ligne offensive. Certes elle n’a pas été aidée par la blessure du Centre Daniel Kilgore; le rookie Marcus Martin a dû le remplacer au pied levé et l’a fait avec difficulté. Elle a été très adéquate dans le jeu de course, ce qui explique le bon comportement de celui-ci. Mais comme vous le voyez, la protection de passe a été bien plus compliquée, elle qui était pourtant un pilier de l’équipe les années précédentes. Joe Staley a été le meilleur Lineman comme toujours, mais même lui a eu quelques moments de faiblesse (Denver). Jonathan Martin et Anthony Davis ont alterné en Right Tackle entre méforme et blessures, et aucun des deux n’a été solide. Mike Iupati a également eu ses faiblesses en protection, alors qu’Alex Boone a bien fait de faire un holdout pour réaliser une moins bonne année que 2013 (qui elle-même était moins bonne que 2012).
Tenez, on va continuer pour revenir au Quarterback à la fin pour que vous compreniez ce qui est allé complètement de travers dans l’attaque des 49ers cette année : je vous ai dit que l’OL avait été compétente au sol, c’est presque vrai, car elle a quand même eu du mal à bouger les défenses adverses sur courtes distances. Néanmoins, Frank Gore (photo) a encore défié les lois de la nature en pondant une année à 255 courses, 1106 yards (4.3 yards par course) et 4 TDs; certes il n’est plus aussi explosif qu’avant, mais il a encore assuré sa part du travail. Il a été bien aidé par le rookie Carlos Hyde qui a accumulé 83 courses, 333 yards et 4 TDs, montrant du potentiel pour le futur. Kaep’ a également apporté sa pierre à l’édifice avec 104 courses, 639 yards et 1 TD, et le Fullback Bruce Miller est toujours aussi précieux. Bref, le jeu au sol n’a peut-être pas été aussi dominateur qu’avant, mais il a fait du bon boulot.
Et ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas en dire autant de la part du corps de receveurs. Oui, son destin est lié à celui du Quarterback, et ce dernier n’a pas forcément été un modèle du genre. Mais on peut aussi arroser du blâme un peu partout : les receveurs ont été incapables de se démarquer, ou alors le playcall était rarement diversifié, se reposant toujours sur les mêmes principes. On a l’impression qu’au lieu de complexifier l’attaque, Roman l’a simplifiée. Résultat on a un Vernon Davis qui, lui aussi, a fait son holdout, et qui a fait une année catastrophique : 26 réceptions (!) pour 245 yards (!!) à 9.4 yards par réception (!!!) et 2 TDs (!!!!). Michael Crabtree n’a pas été mieux puisqu’il est à peine au dessus des 10 yards par réception (68c/698y) avec 4 TDs. Seul Anquan Boldin a plus ou moins assuré avec 83 réceptions pour 1062 yards et 5 TDs, mais il a eu quelques soucis avec les drops, comme le Crab (10 sur 78 passes attrapables pour Crabtree, 10 sur 93 pour Boldin)
Donc, la qualité du jeu de Colin Kaepernick, cette saison, peut être à moitié (mais à moitié seulement) exprimée par tous ces facteurs : non, il n’a pas été aidé par une protection terrible, mais il est fautif parfois de tenir la balle trop longtemps (même ça lui permet aussi d’éviter des sacks). Non, ses receveurs ne l’ont pas aidé, mais il ne les a pas aidés non plus avec une précision sans cesse fluctuante ou une incapacité à lire les défenses qui lui fait forcer des passes alors qu’il a d’autres solutions. Oui, le playcall a été probablement simplifié par Roman parce qu’on sent qu’il veut le transformer en pocket passer, ce qui était déjà fortement impliqué dans son contrat bourré de bonus à la performance et avec une grosse assurance anti-blessure; mais on est déjà dans sa 4e année, et au lieu de lui en faire apprendre plus, les 49ers lui en font apprendre moins. Et dans tout ce mic-mac, le plus bizarre est de voir que le QB s’est retrouvé à lancer 476 passes, soit 60 de plus que l’année dernière, avec une protection insuffisante et un jeu au sol qui marche bien mieux. C’est comme si les 49ers avaient essayé d’être quelque chose qu’ils ne sont pas en attaque, et le bilan est là : Kaep’ a amélioré légèrement son pourcentage de complétion et fatalement ses yards mais si on ramène au nombre de tentatives il a gagné moins de yards, lancé moins de TDs et plus d’interceptions qu’en 2013. Sa ligne à 60.5%, 3369 yards, 7 yards par passe tentée, 19 TDs, 10 INTs, 52 sacks et 86.4 de QB rating n’est pas forcément très engageante.
Bref, avec tout cela, pas étonnant de voir les chiffres offensifs que j’ai cités au début. De plus, les blessures ne sont pas forcément une excuse quand on voit ce que la défense a perdu comme joueurs pour quand même réussir à finir parmi une des meilleures unités de la NFL. Ca a été le petit miracle de cette saison qui a sans doute éviter aux 49ers de poster un record encore moins bon, mais ça en dit long sur la qualité de la profondeur du banc dans les deux escouades.
Aldon Smith suspendu, NaVorro Bowman qui n’a finalement pas joué en 2014, Patrick Willis, Ian Williams, Tramaine Brock, Jimmie Ward sur IR, Glenn Dorsey qui a carrément fait DEUX voyages sur IR dans la même saison (IR avec retour puis IR tout court)… ça fait une longue liste de défenseurs qui ont raté tout ou partie de la saison. Et pourtant, malgré quelques baisses de régime, l’escouade défensive a été presque à la hauteur de sa réputation : 321.4 yards encaissés (5e) dont 220.7 à la passe (5e) et 100.8 au sol (7e) ainsi que 23 interceptions (top NFL). Sans surprise, le seul véritable exercice dans lequel la défense n’a pas eu son rendement habituel, c’est le pass-rush : malgré un Defensive End Justin Smith (photo) toujours actif avec Ray McDonald en soutien (73 pressions dont 8 sacks à eux deux) et un très bel apport du Linebacker Aaron Lynch, l’absence d’Aldon Smith et le rendement inférieur d’Ahmad Brooks ont été préjudiciables pour un total de 36 sacks (21e). La DL a eu un lourd tribut à payer dans les blessures avec Dorsey et un Williams qui a été monstrueux surtout contre la course (11% de run stops), mais comme j’ai dit Smith et McDonald ont été solides; de plus, le replacement de Quinton Dial en Nose Tackle après la blessure de Williams a été une expérience qui a eu ses bons moments. Dans l’ensemble la ligne défensive aurait pu réaliser une saison bien pire étant donné les manques, mais elle a été présente régulièrement.
La ligne des Linebackers a eu la même interrogation à répondre avec les absences de Willis et Bowman, ce dernier n’ayant finalement pas pu revenir de sa terrible blessure en finale NFC 2013. Cela a laissé l’unité orpheline au milieu, mais là encore on ne peut que tirer son chapeau à sa performance… à une exception près. Commençons par les points positifs : le rookie Chris Borland (photo) a été un des steals de la draft au 3e tour, tant le rookie a volé sur le terrain pour démonter du coureur; il a un taux hallucinant de 21% en run stops qui serait sans doute compliqué à tenir sur le long terme (il n’a joué que 500 snaps), mais c’est déjà une prouesse très prometteuse pour la suite. Juste pour info, le gars est en tête des plaqueurs de l’équipe alors qu’il a joué moins de la moitié des snaps de la défense, et pour ne pas gâcher il a rajouté 2 INTs à son palmarès en couverture. L’autre point positif dans l’unité, c’est aussi un rookie : l’Outside LB Aaron Lynch a simplement été le meilleur pass-rusher de l’équipe avec 40 pressions dont 6 sacks. Le backup Dan Skuta a fait quelques apparitions aussi alors qu’Aldon Smith reste quand même le plus efficace de tous… quand il daigne ne pas faire des choses qui peuvent provoquer une suspension. Passons ensuite au point neutre : Michael Wilhoite, qui s’est retrouvé à faire toute la saison à l’intérieur. Le Linebacker a prouvé qu’il pouvait être un backup solide tant que l’un des deux autres était là (Willis ou Bowman), mais en patron il a eu plus de mal : moins d’impact au sol que ce qu’on a l’habitude de voir au poste, et ce n’est pas normal qu’il soit dépassé en plaquages par un gars qui a joué deux fois moins de snaps que lui. Enfin on termine avec la vraie déception de la saison : Ahmad Brooks est arrivé totalement hors de forme au camp d’été, a été trop transparent sur le terrain et trop visible sur le banc suite à une bisbille avec les coachs ou un retard aux meetings. A peine 20 pressions et 6 sacks sur une saison, c’est vraiment trop peu pour un joueur qui semble vouloir être partout sauf là.
Au niveau de l’arrière-garde, les 49ers ont là aussi du faire sans quelques joueurs pour diverses raisons : Carlos Rogers, Donte Whitner et Tarell Brown partis ailleurs, Jimme Ward et Tramaine Brock blessés. Quand on laisse partir deux Cornerbacks titulaires et qu’il y a un des restants qui se blesse, ça pose pas mal d’interrogations pour la suite. Du coup c’est Perrish Cox qui a dû jouer le maximum de snaps, et il s’en est plutôt bien sorti puisqu’il mène l’équipe avec 3 TDs (moins que ses partenaires), 5 INTs et 8 passes défendues; néanmoins il est très aléatoire, et parfois il est passé complètement à travers de ses matchs sans prévenir. Chris Culliver a donc été le plus constant (et le meilleur) des CBs cette saison avec une passe sur deux autorisée, 4 TDs, 4 INTs et 6 passes défendues. Les deux autres ont été les rookies Donta Johnson, et un Jimmie Ward replacé en slot CB, qui ont logiquement eu leurs difficultés de nouveaux venus. Au niveau des Safeties, on a probablement le meilleur joueur de l’équipe cette année avec le Free Agent Antoine Bethea (photo) qui a été une signature très intelligente : il a patrouillé le champ profond en autorisant peu de passes ou de TDs, et en réussissant 4 INTs pour aider l’unité à être au top de la ligue dans cette catégorie. A côté de lui, Eric Reid a été un peu plus permissif en couverture (5 TDs), et a été juste présent au sol, mais on commence vraiment à s’inquiéter pour lui avec ses problèmes de commotion (ça lui en fait déjà trois en deux ans).
En résumé, ce n’est pas une surprise si le Coordinateur Défensif Vic Fangio a été courtisé pendant l’offseason : cela fait déjà quelques temps que son nom circule, et le boulot qu’il a fait cette année avec une unité décimée par les blessures est vraiment impressionnant. L’attaque n’a clairement pas la même cohésion que la défense, ni le même réservoir de talent, et c’est pour ça que voir partir Roman ET Fangio d’un seul coup pourrait être très compliqué. Il va également falloir regarder certains cas de joueurs absents mentalement cette saison, comme Crabtree, Davis ou Brooks. Et bien évidemment, il reste la plus grande question de toute : Jim Tomsula a-t-il les épaules pour faire revenir San Francisco au premier plan ?
Les besoins
Receveur car cette année ça a été insuffisant, ainsi que Cornerback parce que Cox ET Culliver sont Free Agents. Sans oublier 3-4 Defensive End car Justin Smith est plus proche de la fin que du début. J’espère juste que si les 49ers prennent un receveur ils ne referont pas la bourde d’A.J. Jenkins (qui est un peu le symbole des deux/trois dernières drafts calamiteuses de SF d’ailleurs – au moins la dernière a l’air plus solide).
Le futur
Domicile : Arizona, Saint-Louis, Seattle, Green Bay, Minnesota, Atlanta, Baltimore, Cincinnati.
Extérieur : Arizona, Saint-Louis, Seattle, Chicago, Detroit, NY Giants, Cleveland, Pittsburgh.
Record cumulé en 2014 : 143-112-1 (0.561, 3e).
Si vous voulez connaître le résultat d’avoir les deux divisions West et les deux divisions North sur le chemin les unes des autres l’année prochaine, une petite comparaison. Cette année, les Raiders ont eu le calendrier réel le plus difficile (0.570), suivi de celui des Jets (0.543) et des Rams (0.531). Dans les projections 2015, Pittsburgh est à 0.578, HUIT (8) équipes ont un calendrier plus compliqué que celui des Jets en 2014, et TREIZE (13) ont un calendrier plus compliqué que celui des Rams ! Et sans surprise, les deux North et les deux West forment le top 16 des calendriers projetés les plus compliqués. Alors bien évidemment, ce combat de poids lourds va invariablement faire descendre les records réels l’année prochaine, car il faut un gagnant par match, mais le contraste est saisissant.