Football Kombat : Pittsburgh

500-Steelers

Nous continuons dans notre série « l’AFC North ne peut pas faire comme tout le monde », puisque cette fois on tombe carrément sur le champion de division avant le 3e (Baltimore) qui l’a sorti en Wild Card. Comme on dit, « les grandes équipes ne meurent jamais », ce qui est le cas pour des Steelers qui étaient dans le marasme avec deux saisons à 8-8 avant de reprendre les commandes cette année. Malheureusement leur dépendance à un certain joueur et une défense encore suspecte les ont trahis en playoffs, mais on peut toujours compter sur Pittsburgh pour se battre.

A lire en fermant un chapitre avec le départ de Dick LeBeau.

 

PITTSBURGH STEELERS
1er AFC North ~ 11-5 / 0-1

 

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Les prévisions de Madame Soleil 2014

 

Où en étaient exactement les Steelers après deux saisons sans playoffs ? C’était la principale question à l’orée de la saison 2014. Certes, les Rooney n’étaient pas du genre à surréagir à un petit passage à vide, mais on pouvait légitimement se demander si la transition générationnelle allait pouvoir se faire dans de bonnes conditions pour faire revenir Pittsburgh au niveau de la franchise qui a accédé trois fois au Super Bowl entre 2005 et 2010. Cette transition avait surtout lieu en défense, et notamment sur la ligne des Linebackers où les vétérans Larry Foote et LaMarr Woodley laissaient la place à Jason Worilds, le seconde année Jarvis Jones ou le rookie Ryan Shazier autour de Lawrence Timmons. Chez les arrières, Troy Polamalu n’était plus très jeune et Ryan Clark était retourné à Washington, d’où la signature de Mike Mitchell. La ligne défensive avait vu le départ de Ziggy Hood, et Cameron Hayward devenait la figure de proue d’une défense qui n’avait pas été à son niveau habituel l’année passée, que ce soit contre la course ou la passe. La grande question était de savoir si le Coordinateur Défensif Dick LeBeau allait réussir à faire prendre la mayonnaise cette fois-ci.

Car il n’était pas sûr qu’offensivement, les Steelers avaient énormément de marge. Certes, le Quarterback Ben Roethlisberger était toujours là, et avec lui la franchise n’avait jamais autant gagné depuis les années 1970. A côté de lui, le jeu de course, déjà bien portant grâce à Le’Veon Bell, avait même vu l’arrivée de LeGarrette Blount, non conservé par les Patriots. Mais il y avait deux aspects qui portaient à inquiétude : la ligne offensive, comme toujours, et le corps de receveurs. En effet, à part le Centre Maurkice Pouncey, les blessures et les mauvaises performances de la ligne rendaient le travail de Big Ben toujours aussi compliqué. Mais pour le corps de receveurs, c’était nouveau : après le départ de Mike Wallace en 2012, c’étaient Emmanuel Sanders et Jerricho Cotchery qui allaient voir ailleurs, laissant Antonio Brown avec le Tight End Heath Miller… le seconde année Markus Wheaton et le rookie Martavis Bryant. Tout ça avec un Coordinateur Offensif en Todd Haley qui était loin de faire l’unanimité. On était en droit de se demander si ça allait vraiment suffire pour l’attaque de l’ouest de la Pennsylvanie (Philly étant à l’est).

Malgré un début de saison difficile à 2-6, les Steelers avaient fini sur une belle série l’année dernière à 6-2 pour échouer aux portes des playoffs sur un call limite lors de Chiefs/Chargers. On ne pouvait s’empêcher de se dire que l’équipe ne pouvait pas se permettre la même chose en 2014 avec ces questions un peu partout sur le terrain… tout en sachant qu’on parlait de Pittsburgh, une franchise qui n’a pas posté de record négatif depuis 2003 (seuls les Patriots ont fait mieux, en 2001).

 

La saison

 

Cleveland 30-27, @Baltimore 6-26, @Carolina 37-19, Tampa Bay 24-27, @Jacksonville 17-9, @Cleveland 10-31, Houston 30-23, Indianapolis 51-34, Baltimore 43-23, @NY Jets 13-20, @Tennessee 27-24, New Orleans 32-35, @Cincinnati 42-21, @Atlanta 27-20, Kansas City 20-12, Cincinnati 27-17.

Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 120-136 (0.469, 23e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 114-139-3 (0.451, 30e).
Écart entre les deux records : -0.018 (21e).

Voilà ce qu’il se passe quand on a la NFC South et aucune véritable autre franchise pour rééquilibrer, car n’oublions pas que l’équipe qui a fait un vrai bond en 2014 dans l’AFC North est bien Pittsburgh (donc évidemment leur propre record ne compte pas). Si on ajoute l’AFC South et une seule équipe à 10 victoires, on comprend mieux que les Steelers n’aient pas eu un calendrier trop compliqué. Ce qui risque de changer en 2015…

 

Les playoffs

 

Baltimore 17-30.

 

La réalité

 

Quand on a soi-même fini à 11 victoires, ça ne doit pas arriver souvent de rencontrer plus d’équipe à 10+ victoires dans sa propre division (Baltimore et Cincinnati) que dans le reste du calendrier (Indianapolis), ce qui explique aussi pourquoi les Steelers avaient le 3e calendrier le plus facile de la ligue. Néanmoins Pittsburgh a quand même trouvé le moyen de mettre une double trempe à Cincy et une bonne baffe à Indy, tout en perdant contre Tampa Bay ou les Jets. Alors certes les Steelers sont revenus au sommet de la division à 11-5, mais ce calendrier hors AFC North aisé et les soucis qui continuent de miner la défense font qu’on ne sait pas trop quoi attendre l’année prochaine.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Ben+Roethlisberger+Pittsburgh+Steelers+v+Cincinnati+O8l2Yn05_3Gl.jpgMais commençons par l’escouade qui a très bien marché cette année, l’attaque : 27.2 points (7e), 411.1 yards (2e) dont 301.6 à la passe (2e) et 109.5 au sol (16e). Si les chiffres sont aussi ronflants à la passe, c’est parce que Ben Roethlisberger a fait une des meilleures, sinon la meilleure saison de sa carrière au point de vue des statistiques : 67.1%, 4952 yards, 8.1 yards par passe tentée, 32 TDs, 9 INTs, 33 sacks et 103.3 de QB rating. Il a terminé en tête de la NFL en yards à égalité avec Andrew Luck, alors que le taux de complétion, yardage, nombre de TDs et taux d’INT par passe tentée (1.5%) sont les meilleurs de sa carrière; le QB rating est le deuxième meilleur. Bien évidemment les gens se rappellent cette performance hallucinante d’avoir lancé 6 TDs deux matchs de suite, surtout que c’était contre Indy et Baltimore (deux playoffables), mais ça n’a fait que souligner sa superbe saison dans l’ensemble. Que dire de plus sur le #7 qu’on ne sait déjà ?

Ah si, qu’il a été plus ou moins laissé un peu tranquille cette année en protection de passe. Alléluia ! Bon, ce n’est pas encore la ligne offensive des Dallas Cowboys, mais étant donné les performances dans les années passées, ça a été un bon pas en avant qui peut s’expliquer par deux choses : l’arrivée du Coach Mike Munchak et moins de blessures. Il vaut mieux que les titulaires ne se blessent pas d’ailleurs, parce que l’intérim de Mike Adams en Right Tackle par exemple a été assez catastrophique. Mais si vous prenez la ligne titulaire avec Maurkice Pouncey au Centre, David DeCastro et Ramon Foster en Guards ainsi que Kelvin Beachum et Marcus Gilbert en Tackles, vous avez une unité qui été potable en protection et surtout dans le jeu au sol (même si elle a lâché un peu de lest au fur et à mesure).

Ce qui nous amène aux deux superstars de l’attaque à part Big Ben. La première est le coureur Le’Veon Bell (photo, #26) qui continue d’accumuler du yard comme s’il en pleuvait : au total, Bell a touché la balle 373 fois (290 courses + 83 réceptions) pour 2215 yards (dont 1361 au sol, 2e NFL) et 11 TDs, et tout cela sans fumbler une seule fois ! Le #26 est clairement le coureur le plus complet de la ligue, ce qui est assez fou quand on se rappelle qu’il n’est que dans sa deuxième année. Malheureusement il y a toujours un revers à la médaille, et c’est le fait qu’il a scoré tous les TDs au sol de son équipe, Pittsburgh n’ayant pas de solution de rechange; ça n’a jamais été aussi visible qu’en Wild Card contre Baltimore. LeGarrette Blount a joué le rôle de backup une bonne partie de la saison avant d’être libéré, et le duo Dri Archer – Josh Harris n’a couru que 19 fois. Les Steelers vont devoir se méfier de ça l’année prochaine.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Antonio+Brown+Le+Veon+Bell+Tampa+Bay+Buccaneers+8EVYFGi-hOKl.jpgL’autre superstar en attaque est bien sûr Antonio Brown, l’explosif receveur #1 de l’équipe (photo, #84) : il a totalement dominé la saison, menant la ligue avec 129 réceptions et 1698 yards; il a également inscrit 13 TDs, sans oublier son TD sur retour de punt. Il a réussi tout ça avec un taux de réception supérieur à 70% et très peu de drops (5 !), cimentant définitivement sa place parmi les meilleurs receveurs de la ligue. Mais surtout, contrairement à Bell il n’est pas tout seul : le 2e année Markus Wheaton n’est certes pas encore Emmanuel Sanders, mais il prend du galon dans l’attaque avec 53 réceptions pour 644 yards et 2 TDs. Et la vraie surprise a été le rookie Martavis Bryant qui a posté des chiffres complètement ridicules dès qu’il est rentré : 26 réceptions pour 549 yards et 8 TDs; faites le calcul, ça fait 21.1 yards par réception ! Sa capacité à étirer le terrain en longueur est terrifiante, surtout pour ouvrir l’espace à un Antonio Brown qui adore les parcours intermédiaires pour utiliser son agilité. Si on ajoute à cela un Heath Miller toujours aussi précieux (66c/761y/3TD) et un Matt Spaeth bon en run block, ça donne un groupe impressionnant.

Bref, si tout ce petit monde reste en bonne santé, aucune raison de s’en faire pour l’attaque des Steelers qui semble être gravée dans le marbre pour plusieurs années vu la jeunesse générale de ses stars (à part Heath Miller). Elle a également su limiter les pertes de balle avec seulement 21 (10 INTs, 11 fumbles)… le problème c’est que la défense en a volé exactement autant, ce qui est un peu décevant. Et c’est là où on commence à attaquer les sujets qui fâchent un peu.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Cameron+Heyward+Pittsburgh+Steelers+v+Cleveland+qGUNQpELL1wl.jpgLes problèmes ont commencé dès la ligne défensive, car à part un Cameron Heyward (photo) qui a pris la direction des opérations et un Brett « Barbedor » Keisel âgé dont la perte a été préjudiciable, le reste a été beaucoup moins efficace. Heyward a été le meilleur pass-rusher de l’équipe avec 52 pressions dont 7.5 sacks, et même s’il n’a pas toujours été présent au sol il a été le meilleur défenseur de l’équipe. Keisel a apporté son expérience dans un nombre limité de snaps, montant en puissance dans l’année avant de se blesser, alors que la signature de Cam Thomas a été un four absolu et que le rookie Stephon Tuitt est encore trop vert. Au centre, Steven McLendon a été sympathique contre la course mais sans plus. A part Heyward ça a manqué d’impact en général, même si on peut le comprendre avec un Keisel sur les jantes et un rookie; cependant la signature ratée de Thomas est un point négatif.

Derrière eux, on a un bilan plutôt mitigé du côté des Linebackers : ils n’ont pas été épargnés par les blessures ici ou là, mais on s’attendait à un groupe avec plus de poids dans le pass-rush. Ce n’est pas normal qu’ils n’aient que 11.5 sacks sur les 33 de l’équipe, car les Outside LB restent les pass-rushers numéro #1 dans une 3-4 (sauf si vous avez J.J. Watt dans l’équipe). Avec les choix de Jarvis Jones et Ryan Shazier on s’attendait à ce que ça marche mieux, mais ça n’a pas vraiment été le cas cette saison. Alors ne voyons pas non plus tout en noir, car Lawrence Timmons (photo) et Jason Worilds ont su tenir la baraque : Worilds a 7.5 sacks à lui tout seul (plus 1 INT), alors que Timmons a été très présent contre la course (11.9% de stops). James Harrison a fait un retour tonitruant dans son ancienne équipe, se classant 1er NFL au sol (10.9% run stops) et 5e en pressions (34 en 205 rushs) chez les 3-4 OLB. Arthur Moats a fait quelques apparitions vraiment intéressantes (4 sacks, 2 fumbles forcés). C’est juste qu’on aurait voulu en voir un peu plus de cette unité surtout dans le pass-rush, parce que la défense aérienne en avait cruellement besoin cette saison.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Lawrence+Timmons+Pittsburgh+Steelers+v+Cincinnati+Z_RdTA1K5Dal.jpgCe qui nous amène au bât qui blesse réellement dans cette équipe : les arrières. Si la défense contre la course a été moyenne sans plus, la défense aérienne a été le vrai talon d’Achille : 253 yards par match (27e) et seulement 11 INTs, même si William Gay a fait très fort puisqu’il a remonté chacune de ses 3 INTs jusque dans la endzone adverse. Je me demandais l’année dernière si Gay ne méritait pas de sortir de son rôle de slot Cornerback, et les Steelers ont tenté l’expérience avec une réussite relative : il a tout de même pris 5 TDs sur la tête (pour 3 INTs et 9 passes défendues), mais il faut aussi dire qu’il a été le 6e CB le plus ciblé avec 105 – avec 61% de passes autorisées, ses stats sont donc plutôt bonnes. Avec la disparition d’Ike Taylor et le rotoplaf de Cortez Allen (16.2 yards par réception autorisée, 5 TDs, 2 INT, 6 passes défendues), l’autre slot CB Brice McCain a lui aussi eu le droit de jouer sur l’aile : il n’a encaissé qu’un seul TD pour 3 INTs dont un pick-6, mais il a été trop inconstant tout au long de l’année, n’étant pas aidé par un jeu de chaises musicales chez les Corners. Au niveau des Safeties, Troy Polamalu et Mike Mitchell ont autorisé plus de 70% de passes sans aucune INT et 3 TDs, ce qui vous raconte tout ce que vous avez besoin de savoir en couverture; au moins Polamalu continue d’être présent au sol. Mais ça a été largement insuffisant cette année, et le manque de pass-rush devant n’est pas la seule explication.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Dick+LeBeau+Carolina+Panthers+v+Pittsburgh+yodnbTQTMhLl.jpgDick LeBeau a quand même réussi à tirer le maximum d’une défense faite un peu de bric et de broc, ce qui pose la question de ce qu’il va bien pouvoir se passer maintenant qu’il n’est plus là. Est-ce que cela va donner lieu à un changement de philosophie (sans pour autant abandonner la 3-4), et si oui ce changement suffira-t-il à insuffler un nouvel élan à une unité dont la qualité chute depuis quelques temps ? Là est toute la question. En tout cas, les pièces offensives, elles, sont déjà bien en place, et vont rendre l’attaque des Steelers encore redoutable l’année prochaine. Du côté des équipes spéciales, il serait bien vu d’améliorer un peu l’efficacité, car le seul TD sur retour a été scoré lors du dernier match.

 

Les besoins

 

Un peu partout en défense ? Ca me déprime pour Pittsburgh d’écrire encore OLB, mais il faut booster le pass-rush : ça peut se faire avec un meilleur OLB, ou un DL (NT/DE) qui tient mieux les blocks devant. Il va évidemment falloir aussi répondre aux problèmes chez les arrières (CB + S). Je ne pense pas que l’attaque ait de gros besoins, mis à part peut-être un Tight End (et faire attention au banc derrière Bell).

 

Le futur

 

Domicile : Baltimore, Cincinnati, Cleveland, Denver, Oakland, Indianapolis, Arizona, San Francisco.
Extérieur : Baltimore, Cincinnati, Cleveland, Kansas City, San Diego, New England, Saint-Louis, Seattle.
Record cumulé en 2014 : 147-107-2 (0.578, 1er).

Le suspense n’aura pas duré bien longtemps, c’est pour ça que j’ai vendu la mèche lors du Review précédent sur Cincy : les Steelers se prennent les mêmes gros murs dans les divisions West l’année prochaine, plus les deux premiers des autres divisions de l’AFC, New England et Indy. Il est donc normal qu’ils aient le calendrier projeté le plus compliqué. Petite précision : depuis 2002, le record de difficulté d’un calendrier est de 0.590, ce qui équivaut environ à 151-105… si Cincinnati avait perdu contre Carolina, on en serait tout proche.