Football Kombat : New Orleans

500-Saints

Une défense revenue, une attaque toujours aussi prolifique, les Saints étaient vus comme des playoffables voire plus… et finalement avec une défense redevenue passoire, seule la pauvreté de la division les a maintenus dans la course au titre. Cette année a tellement été bizarre que l’effet Superdome s’est même complètement inversé au milieu : les Saints ont perdu leurs 5 derniers matchs à domicile et ont gagné tous leurs matchs à l’extérieur entre-temps.

A lire avec l’accent Cajun.

 

NEW ORLEANS SAINTS
2e NFC South ~ 7-9

 

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Les prévisions de Madame Soleil 2014

 

Quand une équipe a peu de modifications, vous pouvez en déduire qu’elle se sent plutôt bien là où elle se trouve et qu’elle a juste fait ce qu’il fallait pour aller un peu plus loin. C’était exactement le cas des Saints de Sean Payton pendant l’offseason 2014, avec le psychodrame sur la vraie position de Jimmy Graham en prime. Mais en effet, la franchise n’avait fait que trois remplacements majeurs : le Centre Jonathan Goodwin arrivé aux côtés de Tim Lelito à la place de Brian De La Puente, le rookie receveur Brandin Cooks à la place de Joe Morgan, et surtout le Safety Jairus Byrd en défense qui venait rejoindre Kenny Vaccaro à la place du duo Roman Harper – Malcom Jenkins. Pour le reste, c’était le même groupe reconduit pour une année supplémentaire, avec l’envie de dépasser cette inefficacité à l’extérieur qui avait alourdi le bilan comptable de 2013.

Est-ce que pour autant, l’équipe n’avait aucun doute ? Pas si sûr. En effet, si Drew Brees restait Drew Brees avec un nouveau joujou en plus des cibles Marques Colston, Kenny Stills et Graham, on pouvait se demander comment la transition au Centre allait se faire. On pouvait également se demander quel impact aurait réellement la perte de Darren Sproles, échangé à Philadelphie, car le #43 apportait une dimension supplémentaire à la passe. Point positif, le jeu de course s’était amélioré en même temps que la ligne offensive l’année dernière, et mise à part le changement de Centre, le reste n’avait pas bougé; Pierre Thomas et Mark Ingram devaient pouvoir continuer sur leur lancée de fin de saison.

Au niveau défensif, Rob « ne m’appelez pas Rex » Ryan avait donc opéré sa magie l’année dernière, même si on avait toujours un peu de mal à comprendre comment ça s’était véritablement passé. Et le risque quand on ne comprend pas vraiment pourquoi ça marche, c’est que ça peut se casser aussi vite sans qu’on sache pourquoi non plus. C’était donc le principal piège dans lequel la défense ne devait pas tomber; avec les Defensive Ends Junior Galette – Cameron Jordan, le retour du Linebacker Victor Butler aux côtés du duo Curtis Lofton – David Hawthorne et la présence du trio Keenan Lewis – Vaccaro – Byrd derrière, il y avait quand même de bons espoirs que l’escouade continue sur sa lancée (même s’il fallait un Cornerback opposé à Lewis). A partir de là, qu’est-ce qui pouvait arrêter New Orleans de dominer la NFC et retourner au Super Bowl ? Ne pas tordre le cou à cette prétendue faiblesse à l’extérieur. La solution de facilité était simple : finir #1 de la NFC et avoir l’avantage du terrain en playoffs.

 

La saison

 

@Atlanta 34-37 (OT), @Cleveland 24-26, Minnesota 20-9, @Dallas 17-38, Tampa Bay 37-31 (OT), @Detroit 23-24, Green Bay 44-23, @Carolina 28-10, San Francisco 24-27 (OT), Cincinnati 10-27, Baltimore 27-34, @Pittsburgh 35-32, Carolina 10-41, @Chicago 31-15, Atlanta 14-30, @Tampa Bay 23-20.

Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 119-135-2 (0.469, 23e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 123-130-3 (0.486, 21e).
Écart entre les deux records : 0.017 (8e).

Comme je l’ai déjà dit avec Cleveland, les niveaux de la NFC South et de l’AFC North se sont en quelque sorte annulés pour la difficulté du calendrier… sauf que New Orleans s’est également pris la NFC North revenue à un niveau plus adéquat, ce qui explique le petit écart (mais rien de bien extraordinaire à cause d’une NFC South sans équipe à l’équilibre).

 

La réalité

 

Ce n’est pas la première fois que les Saints font une saison aussi moyenne, mais 2012 avait Bountygate, 2006-2007 avait un Deuce McAllister sur les rotules, et je ne parle pas du bazar qu’a mis Mike Ditka en échangeant tout une draft pour Ricky Williams ou les défenses de Jim Haslett qui étaient toujours plus ou moins à la rue (demandez à Washington). On pensait vraiment que New Orleans allait pouvoir bâtir sur sa défense retrouvée et sur une attaque toujours compétente. Mais la défense 2013 n’était visiblement qu’un trompe-l’oeil (même avant les blessures), l’attaque a marqué un pas non négligeable, et tout cela se retrouve dans un bilan très évocateur : les Saints ont gagné 6 yards par action – comme leurs adversaires, marqué 49 TDs – encaissé 47, réussi 34 sacks – encaissé 30 et ont possédé la balle 30:35 contre 30:29 à leurs opposants. Les seules grandes différences sont dans les First Downs (50 de plus pour New Orleans) et surtout un turnover ratio désastreux de -13 (seul Oakland a fait pire cette saison). Comme je vous le disais, une défense apathique et une attaque bien moins en verve que d’habitude.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Drew+Brees+Atlanta+Falcons+v+New+Orleans+Saints+JpzYAq26JaEl.jpgLa première question qui vient à l’esprit est : faut-il tomber à bras raccourcis sur Drew Brees et parler d’un quelconque début de déclin ? C’est encore un peu tôt pour le dire, néanmoins ce qui est sûr, c’est que si d’ordinaire le Quarterback fait partie des solutions (et c’est toujours le cas), cette année il a aussi fait partie des problèmes; et surtout les problèmes ont été un peu trop lourds à porter. Comme toujours il a produit de gros chiffres à la passe : 69.2% de complétion (2e NFL), 4952 yards (top NFL à égalité avec Ben Roethlisberger) et 33 TDs (5e). Mais il a lancé 17 interceptions (un ratio de 2 TDs pour 1 INT chez Brees, on n’avait pas vu ça depuis 2010), a perdu 3 fumbles, et a parfois semblé hésitant sur ses lancers. On va voir par la suite que ce n’est pas totalement sa faute, car il a manqué de soutien autour de lui pour diverses raisons, mais il ne reste pas moins que c’est une saison « moyenne » à son niveau personnel (je suis sûr que pas mal de clubs prendraient une saison moyenne de Brees sans problème). Le #9 va avoir 36 ans, et fort logiquement on commence à se poser la question de sa succession à New Orleans. Elle risque d’être épineuse, car il y a son contrat, et surtout le fait que les Saints… ne l’ont pas drafté. Et la liste des QBs draftés par NO à travers les années est assez catastrophique vu qu’aucun n’a un record positif en NFL : mis à part Archie Manning (bien sûr) et à moindre mesure Marc Bulger (qui a fait le gros de sa carrière aux Rams), le reste est une série d’illustres inconnus qui ont pas, peu ou mal joué (vous vous rappelez de J.T. O’Sullivan quand il a joué les pompiers incendiaires à San Francisco ? Drafté par NO).

Mais revenons en 2014, pour expliquer les autres raisons de la saison moyenne de Brees. Tout démarre devant, où une nouvelle fois la ligne offensive a déçu, elle qui était un pilier de l’attaque avant. Elle n’a pas été aussi empruntée que l’année dernière (30 sacks seulement), mais cela a quand même impacté le jeu de Brees. On commence par les points forts : les deux Tackles. Terron Armstead à gauche et Zach Strief à droite ont être efficaces dans le jeu au sol et en protection de passe (même si Strief a lâché 40 pressions dont 3 sacks). C’est à l’intérieur que la saison a été beaucoup plus compliquée, et ce n’est pas une surprise si c’est là qu’on retrouve les plus âgés : Ben Grubbs a été souvent dépassé au sol, la sélection de Jahri Evans au Pro Bowl prouve à quel point c’est une vaste fumisterie vu qu’il a joué blessé et a fait la pire saison de sa carrière surtout en protection (47 pressions dont 6 sacks !), et Jonathan Goodwin semble vraiment au bout de sa carrière (il a 36 ans). Il faut du sang neuf dans l’unité parce que là, l’OL n’est pas au niveau deux saisons de suite.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Mark+Ingram+San+Francisco+49ers+v+New+Orleans+EyXVk4jXKAOl.jpgCette méforme des gros (même s’ils ont été meilleurs au sol qu’en protection de passe) et les blessures dans le trio de coureurs n’ont pas permis à l’unité de faire mieux que hisser le jeu au sol à 113.6 yards (13e), mais ce chiffre n’est pas anodin, et la qualité est là. Mark Ingram (photo) a été la force principale au sol, assisté par Khiry Robinson, alors que Pierre Thomas a, comme à son habitude, joué les double menaces; ces deux derniers ont néanmoins eu une saison hachée par les pépins physiques. C’est dommage, car Ingram a constamment avancé pour New Orleans avec 226 courses pour 964 yards, scorant souvent (9 TDs). Robinson a été un fidèle lieutenant avec 76 courses, 362 yards et 3 TDs. Thomas a été redoutable notamment sur 3e tentative avec 45 courses et 45 réceptions pour 600 yards et 3 TDs. Il y a quelque chose à faire si Ingram est resigné et Robinson/Thomas évitent les blessures.

On ne peut pas dire la même chose des receveurs, car si Brees a eu du mal à avancer (et a lancé plus d’interceptions), c’est parce que l’unité n’a pas su être aussi performante qu’elle sait le faire. On a eu un Jimmy Graham blessé une partie de la saison, un rookie Brandin Cooks très prometteur qui finit sur IR, un Marques Colston qui n’a pas été aussi décisif que d’ordinaire, un Kenny Stills performant et un Nick Toon encore un peu tendre. Stills (photo) a été le bon élément du groupe : le receveur s’est durablement installé dans le système avec ses 63 réceptions pour 931 yards et 3 TDs et son taux de réception de 79%. Cooks a vraiment fait une super saison (81.5% en taux de réception) avec des mains très sûres (2 drops) pour 53 réceptions, 550 yards et 3 TDs; Stills et lui devraient faire un sacré combo dans le futur. Colston a été un peu en-deçà : malgré ses 59 réceptions pour 902 yards et 5 TDs, il n’a pas marqué pendant une longue période et il a souffert de quelques drops (8 sur 67 passes attrapables). Il s’est bien repris en cours de saison mais le démarrage a été compliqué. Enfin, Graham a certes eu une saison peut-être un peu décevante à la passe (même s’il est à 85 réceptions, 889 yards et 10 TDs), mais il a été blessé et on l’a vu nettement s’améliorer dans le jeu de course.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Kenny+Stills+Cincinnati+Bengals+v+New+Orleans+oYctMZaca9Ul.jpgAu final, les Saints ont quand même marqué 25.1 points (9e) et gagné 411.4 yards (top NFL) dont 297.8 à la passe (3e). Mais les pertes de balle ont limité cette traduction des yards en points, et avec une attaque qui se tire des balles dans le pied collectif de cette façon, impossible de complètement rattraper le niveau catastrophique d’une défense qui n’a jamais réussi à sortir l’attaque adverse du terrain (46% de conversion de 3e tentative autorisée, 31e). Car maintenant qu’on peut vraiment sortir les boulets rouges.

L’écran de fumée Rob Ryan n’aura donc fonctionné qu’une seule saison. Si on peut modérer cela par le fait que les Saints n’ont pas été épargnés par les blessures, surtout dans l’arrière-garde, ça n’explique pas que le front-7 ait également lutté, lui qui avait été si dominateur l’année dernière. Le duo de Defensive Ends Cameron Jordan – Junior Galette a été moins impressionnant cette saison avec seulement 17.5 sacks, soit 7 de moins que 2013. Certes, Galette a réussi à maintenir un niveau excellent dans l’exercice avec la bagatelle de 68 pressions dont 10 sacks, mais Jordan a été bien moins efficace (et ce malgré une présence accrue au sol). Au milieu de la ligne, à part Akiem Hicks qui a été solide au sol, ça n’a pas été suffisant dans tous les compartiments du jeu : pas de soutien dans le pass-rush, et du mal à venir stopper les coureurs. Pas étonnant que les Saints n’aient réussi que 34 sacks (25e), et encaissé 132.8 yards au sol par match (29e).

De ce fait, cela a donné bien plus de travail à un Curtis Lofton qui a couru comme un poulet sans tête pour être au four et au moulin; sans surprise ça n’a pas été une réussite : non pas que le joueur ne soit pas talentueux, mais il a été impacté par les soucis devant et autour de lui. En effet, on ne peut pas dire que David Hawthorne ou Parys Haralson aient été excellents cette saison. Lofton a été la seule composante constante dans l’unité alors que Hawthorne a fait des très bons matchs pour disparaître complètement ensuite. L’unité a également eu beaucoup de mal en couverture avec 5 TDs encaissés à eux trois. Dans l’ensemble, pas assez de boulot abattu de la part des Linebackers pour solidifier la défense.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Keenan+Lewis+New+Orleans+Saints+v+Tampa+Bay+vP8szWLPJeAl.jpgEt que dire des arrières ? Les Saints, qu’on voyait déjà très très limite au niveau du Salary Cap avec les gros contrats en cours, n’ont pas pu s’empêcher de payer Jairus Byrd grassement pour le faire venir : au moins ils ont eu de la chance, c’est l’année où il pesait le moins lourd sur le Cap qu’il est parti en IR; s’il refait la même l’année prochaine, ce sera 10M$ dans les toilettes et pas seulement 3. Le poste de Safety a vraiment été décimé, puisque Rafael Bush et Vinnie Sunseri ont fini sur IR, et Kenny Vaccaro s’est pris le mur des sophomores en plein dans la face : la stat la plus parlante est le fait qu’il a multiplié son nombre de pénalités par deux (5 / 10) et son nombre de plaquages ratés par SIX (3 / 19); au moins il a réussi 2 INTs et n’a encaissé aucun TD en couverture. Chez les Cornerbacks, tout est parti en sucette, car même l’excellent Keenan Lewis (photo) a eu une année bien moins bonne que 2013 : il a pris 7 TDs sur la face avec seulement 2 INTs, loin des 3 TDs et 4 INTs de l’année dernière. De l’autre côté, les Saints ont un problème : ils ont deux slot CBs potables avec Corey White et Patrick Robinson, mais quand on les met sur l’aile c’est Waterloo morne plaine et aucune solution n’est possible actuellement. Bref, une arrière-garde vraiment aux abois cette saison, qui n’a forcé que 12 interceptions et pas forcément aidé par le manque de pass-rush devant.

Au moins, les équipes spéciales sont bonnes pour la plupart : Thomas Morstead est un excellent punter, Jalen Saunders a amené de la fraîcheur et de l’explosivité dans les retours et Cooks devra apprendre encore un peu mais promet aussi.

Il y a donc pas mal de chantiers pour les Saints l’année prochaine : Sean Payton a logiquement gardé sa place parce qu’il faudrait un plus gros cataclysme (style Falcons) pour le déloger, mais disons que son siège se réchauffe un peu, notamment avec la performance défensive. Néanmoins, le plus inquiétant pour New Orleans, c’est qu’ils vont devoir trouver des réponses en dégraissant leur effectif : les Saints sont projetés à 164M$ de Salary Cap en 2015, le pire total de la NFL; quelque soit l’augmentation du SC, ils seront largement au-dessus.

 

Les besoins

 

Un à chaque niveau de la défense : un Defensive Tackle qui prend de la place, un Linebacker qui peut couvrir, et un Cornerback à l’opposé de Keenan Lewis. En attaque, un Guard sûr, et un Centre si la franchise n’a vraiment pas confiance en Tim Lelito (et un coureur si Ingram n’est pas resigné). Les Saints choisissant en #13, ils ont le luxe de probablement prendre le meilleur joueur qui reste et ça comblera un besoin.

 

Le futur

 

Domicile : Atlanta, Carolina, Tampa Bay, Dallas, NY Giants, Detroit, Jacksonville, Tennessee.
Extérieur : Atlanta, Carolina, Tampa Bay, Philadelphie, Washington, Arizona, Houston, Indianapolis.
Record cumulé en 2014 : 109-145-2 (0.430, 28e).

C’est l’effet des deux South qui sont probablement les plus faibles divisions actuellement. Attention donc au retour de bâton et attention aussi à Detroit et Arizona qui ne sont pas des cadeaux.