Football Kombat : Jacksonville
Nous continuons notre joyeux voyage dans l’AFC South avec une équipe des Jaguars dont, pour être honnête, on n’attendait pas grand-chose vu le nombre de changements et la politique de jeunesse en attaque. Sans surprise on n’a pas eu grand-chose… même si encore une fois, ici ou là, on a vu certaines choses intéressantes.
A lire en essayant de se rappeler comment c’était en 2007 (11-5, playoffs).
JACKSONVILLE JAGUARS
3e AFC South ~ 3-13
Les prévisions de Madame Soleil 2014
On espérait avant tout que les Jaguars puissent aligner trois receveurs pendant la totalité de la saison, car l’équipe avait été maudite au poste : Justin Blackmon suspendu indéfiniment, Ace Sanders suspendu 4 matchs, Cecil Shorts, Tandon Doss et Allen Robinson qui ratent tout ou partie de la présaison avec possibilité que ça déborde sur la saison régulière… heureusement que l’équipe avait récupéré Marqise Lee à la draft. Bref, ce n’était vraiment pas le moment de lancer Blake Bortles dans l’arène, et la décision de titulariser Chad Henne était bien plus sage. Dans le reste de l’attaque, comment ne pas parler du départ (pourtant nécessaire) de LA figure restante des Jaguars, le coureur Maurice Jones-Drew; Pocket Hercules était allé aux Raiders, remplacé par Toby Gerhart. Avec une Offensive Line sans le Tackle Eugene Monroe, le Centre Brad Meester (retraite), un Luke Joeckel qui devait s’affirmer et tout un pan gauche suspect, il y avait énormément de questions quant à la partie offensive de l’escouade.
Du côté défensif, c’était déjà mieux : elle avait surtout souffert de l’inefficacité offensive et d’un groupe d’arrières un peu jeunes, mais l’expérience allait venir. L’équipe avait décidé de se séparer du Defensive End Jason Babin et de le remplacer par les anciens Seahawks Chris Clemons et Red Bryant; le Defensive Tackle des Steelers Ziggy Hood était aussi arrivé. Ils avaient remplacé le Linebacker Russell Allen par Dekoda Watson, mais sinon aucun autre changement majeur, notamment au niveau des Defensive Backs. Clairement, le General Manager David Caldwell et le Head Coach Gus Bradley pensaient avoir posé les bases défensives.
On ne pouvait pas complètement leur donner tort, surtout avec une attaque pataude qu’ils avaient tenté d’améliorer par la draft et la Free Agency, avec l’espoir que Bortles soit enfin un Quarterback digne de succéder à Mark Brunell et David Garrard. Ils avaient planifié de lui donner un peu de temps, une décision plutôt saine vu l’effectif en attaque et la présence de Henne qui pouvait jouer ce rôle de bouche-trou. C’était pour cela que cette saison était plus importante sur la manière plutôt que le résultat.
La saison
@Philadelphie 17-34, @Washington 10-41, Indianapolis 17-44, @San Diego 14-33, Pittsburgh 9-17, @Tennessee 14-16, Cleveland 24-6, Miami 13-27, @Cincinnati 23-33, Dallas 17-31, @Indianapolis 3-23, NY Giants 25-24, Houston 13-27, @Baltimore 12-20, Tennessee 21-13, @Houston 17-23.
Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 116-140 (0.453, 29e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 131-124-1 (0.514, 10e).
Écart entre les deux records : 0.061 (2e).
Jacksonville étant dans la même division que Tennessee, ils ont donc logiquement eux aussi un des plus grands écarts projeté/réel avec une AFC North bien supérieure cette saison et les deux équipes à 10 victoires en NFC East. Les Jags ont même un plus grand écart de place entre le projeté/réel (29e – 10e) que Tennessee (31e – 16e).
La réalité
Le « Shadguar » était plutôt un chaton inexpérimenté en attaque, et ça s’est vu : 15.6 points marqués (32e), 289.6 yards (31e) dont 187.6 à la passe (31e), 31.9% de conversion de 3e tentative (29e), 40.6% de TD en redzone (31e)… on va s’arrêter là. L’offensive des Jaguars a encaissé une saison pour l’expérience en sachant parfaitement qu’il était très compliqué d’attendre quoi que ce soit de productif. A la fin d’une telle année, les seules questions qui vaillent la peine d’être posées sont : « y’a-t-il eu des améliorations ? » et « y’a-t-il des espoirs d’amélioration dans le futur proche ? ».
Il serait logique de commencer par expliquer la performance du rookie QB Blake Bortles qui a remplacé Chad Henne au bout de deux matchs et demi. Mais en fait, il serait déjà plus juste de commencer par le talent autour de lui, pour ensuite revenir à lui et se forger une opinion. On va donc commencer par la ligne offensive, car quand une attaque patine au sol ET en l’air, elle est souvent à la base des problèmes. Commençons de suite par dire qu’elle a sans doute souffert de l’absence du coach de l’unité, George Yarno, qui a dû se soigner suite à un cancer. Il n’a pas été là même pendant l’offseason, et vu que l’équipe a démarré deux rookies et un 2e année, le résultat a été sans surprise : 71 sacks, top NFL et record de franchise. Certes, tous ne sont pas à mettre au discrédit des gros, mais quand on atteint 70+ sacks, il y a clairement un problème.
Commençons déjà par la belle surprise : le rookie 3e tour Guard Brandon Linder (photo). Il a sans conteste été le meilleur Lineman de l’équipe, ce qui augure du meilleur pour le futur; ne lâcher que 15 pressions (même s’il y a 5 sacks dans le lot) après avoir été jeté dans le bain de suite, c’est excellent, et il a également su faire le travail au sol. Pour le reste c’était bien plus limite : l’autre Guard, Zane Beadles n’a pas donné totale satisfaction pour un vétéran, sa participation au sol étant peu convaincante. Le Left Tackle Luke Joeckel a pratiquement fait sa première saison NFL (puisqu’il avait été blessé rapidement en 2013), et a fait une saison en dents de scie. Le Centre et le Right Tackle ont été des problème toute l’année : à droite Cameron Bradfield, Austin Pasztor ou Sam Young n’ont pas du tout marché, et au centre le rookie Luke Bowanko a finir par voler la vedette à Mike Brewster et Jacques McClendon. Bref, si on voit des flashs de talent ici ou là, l’inexpérience a coûté cher à l’unité.
Et en général, quand l’OL a du mal, le jeu de course s’en ressent de suite. Toby Gerhart n’a pas été du tout à la hauteur des espérances de l’équipe cette année avec 101 courses pour 326 yards et 2 TDs, soit une petite moyenne de 3.2 yards par course. Néanmoins, l’équipe s’est trouvé un coureur inattendu en la personne de Denard Robinson. L’ancien QB de Michigan reconverti en receveur a encore changé de casquette pour devenir le coureur principal de l’équipe, et on peut dire qu’il ne s’en est pas mal sorti : 135 courses, 582 yards et 4 TDs. Cependant, il a fini par payer son manque de gabarit avec une performance en baisse et une mise sur IR vers la fin de la saison. Il va falloir que Gerhart se bouge et on pourrait peut-être voir un peu plus de Jordan Todman (32c/186y/1TD).
Au niveau des cibles de passe, on a vu des vétérans bien moins productifs qu’attendus avec Cecil Shorts (suspension) et Marcedes Lewis (méforme puis blessure) : Shorts n’a marqué qu’un seul TD en 53 réceptions pour 557 yards, et Lewis n’a réussi que 18 réceptions pour 206 yards et 2 TDs avant de se blesser. De ce fait, les rookies ont pris le pouvoir avec le non-drafté Allen Hurns (51c/677y/6TD), Allen Robinson (48c/548y/2TD) et Marqise Lee (37c/422y/1TD). Hurns, Shorts et surtout Lee doivent encore bosser sur leur drops (entre 12 et 14% des passes attrapables), mais au moins on a des aperçus de qualité dans un corps jeune et prometteur.
Et donc au milieu de tout cela se trouve Blake Bortles : 58.9%, 2908 yards, 6.1 yards par passe tentée, 11 TDs, 17 INTs, 55 sacks et 69.5 de QB rating. Les 6.1 yards par passe tentée (seul Derek Carr a fait pire), 17 INT et 69.4 QB rating (pires NFL) lui font mal; les 55 sacks lui donnent une petite excuse. Il est clair qu’il a besoin de grandir en même temps que l’attaque autour de lui, et il a des qualités Big Ben-esque : physique de déménageur, difficile à faire tomber, bon bras, peut improviser à la course (56c/419y). Néanmoins il pêche encore largement sur la lecture de la défense, se fixant bien trop sur son receveur (d’où les interceptions), et son mouvement de lancer fait parfois passer Byron Leftwich pour Flash Gordon. Il y a donc encore du boulot pour avoir une attaque potable dans les années à venir.
Et la défense alors, comment se porte-t-elle ? Un peu mieux que l’attaque, même si cette année ce n’était pas beaucoup dire. Elle a souffert au sol, principalement à cause de la perte de son meneur Paul Posluszny, a été compétente dans le pass-rush (45 sacks) mais n’a pas du tout su en profiter derrière avec seulement 6 interceptions, le pire total de la ligue.
Commençons par le MVP défensif sans contestation : le Defensive Tackle Sen’Derrick Marks. Il a été le meilleur sackeur de l’équipe avec 8.5 sacks parmi 38 pressions… oui je répète, un DT a été le meilleur sackeur de l’équipe. Il n’a pas été aussi prolifique au sol, mais il a su être présent. Il a bien été assisté par un petit jeune qui gagne ses galons : Ryan Davis. Defensive Tackle lui aussi, non-drafté signé en 2012, il gagne des snaps par sa production sur le terrain : 6.5 sacks et capable de stopper la course même si on lui a peu demandé cette année; on devrait le voir plus souvent l’année prochaine. Pour le reste des « gros », c’est bien plus insuffisant, notamment de la part des Free Agents : les anciens Hawks Defensive Ends Chris Clemons et Red Bryant n’ont pas apporté ce qu’on attendait d’eux. Certes Clemons a amassé 8 sacks et Bryant a été présent au sol, mais quand un DE sacke moins qu’un DT, il y a un problème. L’ancien Steeler Ziggy Hood n’a pas non plus été rayonnant même s’il a joué son rôle dans la pression du QB adverse. C’est un peu le mode opératoire des Jags cette saison : pas vraiment de gros sackeur à 10+ unités, mais un danger qui vient de partout. Cela explique qu’au final, les Jags ont quand même réussi 45 sacks, ce qui est un total plus qu’honorable; mais il aurait clairement pu être encore plus impressionnant si les DE s’étaient bougés un peu plus.
Chez les Linebackers, il y a donc eu cette absence cruciale de « Poz » au milieu de la ligne : ses 10.8% de run stops ont bien manqué à l’unité. J.T. Thomas s’est décalé pour le remplacer, et sans surprise il a lutté pour jouer le rôle, avec notamment 14 plaquages manqués. Cependant, quand le MLB titulaire reviendra, il pourra bénéficier d’une paire d’Outside Linebackers vraiment très intéressante : on connaît déjà Geno Hayes, mais le rookie Telvin Smith (photo) s’est révélé cette saison. Les deux joueurs ont été présents au sol (11.8% de run stops pour Smith et 9.4% pour Hayes), et ont réussi à venir mettre la pression les rares fois où on le leur a demandé. Ils peuvent encore s’améliorer en couverture (environ 70% et 2 TDs lâchées à eux deux), Smith doit encore bosser sur la technique de plaquage (13 ratés), et Hayes est un futur Free Agent; il faut donc encore un peu de travail, mais si Hayes est resigné, cela fera une triplette de Linebackers vraiment prometteuse pour 2015.
On en arrive à l’unité qui a connu le plus de difficultés cette année : les arrières. Vous vous rappelez les 6 interceptions, plus bas total de la ligue ? J’avais oublié de vous dire une chose : J.T. Thomas en a réussi deux et Telvin Smith une… ce qui n’en laisse donc que TROIS pour l’ensemble des arrières. Commençons déjà par dire que la perte d’Alan Ball, le vétéran et leader de l’unité, n’a pas aidé à gérer la jeunesse du groupe (51.2% de passes autorisées, 1 TD, 1 INT, 1 passe défendue pour lui). Certes, même dans ces conditions, on a réussi à voir des choses sympathiques de la part de Demetrius McCray (57.9%) ou Aaron Colvin (aucun TD encaissé). Malheureusement, le reste a été bien moins bon : Dwayne Gratz a été le plus maltraité des Cornerbacks avec 6 TDs encaissés, et Will Blackmon n’a pas été consistant (75.7% et 1 TD). Et surtout, les Safeties ont eu bien du mal à être efficaces : John Cyprien et Josh Evans ont raté tous les deux 20+ plaquages, autorisé 60+% de réceptions et 4 TDs à eux deux. Au moins Cyprien a été adéquat au sol, mais Evans a été transparent.
Donc la défense n’a pas été totalement à la rue (du moins pas dans la deuxième partie de la saison), et l’attaque a besoin de prendre de l’expérience. Ce qui est un peu embêtant, c’est le renvoi du Coordinateur Offensive Jedd Fisch. Si cette année était sacrifiée sur l’autel de la jeunesse, il ne faudrait pas qu’elle ne serve à rien si Bortles & Co. doivent apprendre un nouveau playbook (en même temps, c’est sûr que s’il faut en changer, autant le faire tout de suite plutôt que d’attendre 3 ans).
Les besoins
OL puis DE / DB, dans cet ordre. Au jour d’aujourd’hui, il serait logique de penser au DL de USC Leonard Williams s’il est disponible pour donner un vrai pass-rusher leader à l’équipe.
Le futur
Domicile : Houston, Indianapolis, Tennessee, Buffalo, Miami, San Diego, Atlanta, Carolina.
Extérieur : Houston, Indianapolis, Tennessee, New England, NY Jets, Baltimore, New Orleans, Tampa Bay.
Record cumulé en 2014 : 118-137-1 (0.463, 25e).
Idem que pour les Titans : la NFC South a été historiquement mauvaise, donc la projection est logiquement basse. La NFC South pourrait ne plus être historiquement mauvaise l’année prochaine, donc le réel pourrait bien être (beaucoup) plus haut.