Football Kombat : Buffalo

La meilleure nouvelle de la saison pour les Bills a probablement été le rachat de la franchise par Terry Pegula, un local de l’étape qui devrait s’assurer que la franchise reste à Buffalo dans le futur. Mais ils en ont eu une autre pendant la saison avec une défense implacable qui a été une des meilleures de la ligue. Malheureusement l’attaque a sévèrement pêché comme on s’y attendait, et cela devrait être le premier chantier à regarder pour l’année prochaine.

A lire en dégustant de bonnes Buffalo Wild Wings.

BUFFALO BILLS
2e AFC East ~ 9-7

Les prévisions de Madame Soleil 2014

Elles pouvaient être optimistes avant plusieurs événements, notamment en défense : le départ du Coordinateur Mike Pettine à Cleveland, le Defensive Tackle Marcell Dareus qui n’arrivait pas à éviter d’être arrêté, la grave blessure du Linebacker Kiko Alonso et le départ du Safety Jairus Byrd à New Orleans. Du coup, l’unité la plus solide l’année passée, la défense, n’avait plus la même allure dominante. De plus, même si les Bills avaient fait une grosse affaire en récupérant le receveur Sammy Watkins à la draft, ils avaient dû casser leur tirelire dans une promotion pourtant riche en receveurs. Si on rajoutait par dessus la mort de leur propriétaire historique Ralph Wilson et les menaces de déménagement, on ne pouvait pas dire que l’offseason de Buffalo était de tout repos.

En attaque, la question était de savoir si E.J. Manuel allait être laissé tranquille par les blessures au genou pour faire une saison complète, et si l’échange des receveurs Stevie Johnson pour Mike Williams allait être préjudiciable même avec Watkins. Le jeu de course allait probablement être encore utilisé avec le duo C.J. Spiller – Fred Jackson et l’assistance de Bryce Brown. En défense, on était en droit de se questionner sur la domination de la DL sans Pettine, et la défense contre la course peu efficace (ce qui ne risquait pas de s’améliorer sans Alonso).

14 ans que Buffalo n’était pas retourné en playoffs (plus longue série en NFL) et on n’avait pas beaucoup d’espoir que ça s’arrête là.

La saison

@Chicago 23-20 (OT), Miami 29-10, San Diego 10-22, @Houston 17-23, @Detroit 17-14, New England 22-37, Minnesota 17-16, @NY Jets 43-23, Kansas City 13-17, @Miami 9-22, NY Jets 38-3, Cleveland 26-10, @Denver 17-24, Green Bay 21-13, @Oakland 24-26, @New England 17-9.

Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 127-127-2 (0.500, 14e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 132-124 (0.516, 9e).
Écart entre les deux records : 0.016 (10e).

Buffalo n’a pas eu droit à son calendrier au record équilibré, la faute à Houston et à une NFC North revenue sur le devant de la scène… qu’ironiquement les Bills ont vaincu totalement avec 4 victoires en 4 matchs d’ailleurs. C’est donc à ranger dans la colonne « raisons d’espérer mieux ».

La réalité

Comme je l’ai dit dans les prévisions, les Bills ont actuellement la plus longue absence des playoffs; ils viennent de boucler leur 15e saison depuis le tristement célèbre (pour eux en tout cas) Music City Miracle. Mais la vérité, c’est que Buffalo n’a probablement jamais été aussi proche d’y retourner depuis cet épisode que cette saison. Regardez les scores, et vous allez vite remarquer quelque chose : seule la défaite contre New England a été de 14+ points, et à chaque fois la défense a limité l’adversaire autour de 20/23 points. D’ailleurs quand on fait une moyenne par équipe des écarts de points lors des défaites cette saison, le top 5 donne : Seattle (-5.5), Houston (-7.7), Kansas City (-8), Baltimore (-8.3) et Buffalo (-8.4). Et sans trop de surprise, on y retrouve des équipes similaires : grosses défenses avec des degrés variés d’efficacité offensive. C’est bien là le chantier qui attend Buffalo car ils ont réussi à marquer moins de TDs en attaque que KC cette saison (36 vs. 30).

PS : Au passage, les 5 équipes ayant la moyenne la plus élevée d’écart de points lors des défaites cette saison sont Arizona (-16), Oakland (-16.62), Carolina (-16.63), Indianapolis (-16.8)… et je vous laisse deviner/chercher le champion incontesté à -21, j’en parlerais lors de leur Review.

Mais revenons aux Bills et la démonstration par a+b de leur inefficacité offensive : 21.4 points de moyenne (18e), 318.5 yards (26e) dont 225.9 à la passe (18e) et 92.6 au sol (25e). A cela on rajoute les stats sur la saison : 36.2% de conversion de 3e tentative (25e), 273 first downs (28e), 40.8% de TDs en redzone (31e)… je pense que vous avez compris le principe. En général, l’attaque n’a pas été glorieuse, et ça commence avec le poste le plus important, celui de Quarterback. On était déjà sceptique sur le choix d’E.J. Manuel (surtout au premier tour !) et ça ne semble pas s’améliorer : le joueur a joué 4 matchs avant de finir sur le banc avec 58%, 838 yards, 6.4 yards par passe tentée, 5 TDs, 3 INTs, 6 sacks et 80.3 de QB rating. A sa place, c’est le vétéran Kyle Orton qui a repris les commandes et qui a plutôt bien démarré son intérim, mais il a toujours réussi à pourrir ses matchs avec une ou deux erreurs qui ont fini par abaisser sa performance. Orton est un gars sympa, mais il ne portera pas une équipe à lui tout seul; certes il n’a pas eu beaucoup de soutien (j’y reviens), mais il a eu ses propres problèmes avec un manque de déplacement dans la poche ou une mauvaise précision. Sa ligne de stat résultante est mi-figue mi-raisin : 64.2%, 3018 yards, 6.8 yards par passe tentée, 18 TDs, 10 INTs, 33 sacks et 87.8 de QB rating, mais sa fin de saison a vraiment été difficile. Il devrait de plus annoncer sa retraite, laissant les Bills dans une situation fort compliquée.

Mais ils en ont une autre sur les bras, celle de la ligne offensive qui a connu de grosses difficultés cette année, elle qui, il y a peu, était plutôt une force de l’équipe. Pourtant, elle a bénéficié d’une année sans blessures, mais malgré quelques bonnes choses ici ou là elle a été bien trop inconstante, que ce soit en protection de passe ou dans le jeu au sol, pour être le ciment nécessaire à une attaque potable. Et tout le monde a été touché : même le Left Tackle Cordy Glenn qui est régulièrement le meilleur lineman de l’équipe (et qui l’a encore été cette année), a quand même lâché 30 pressions dont 8 sacks. Le Centre Eric Wood a lâché deux fois plus de pression que l’année dernière et 3 sacks contre 0 en 2013; le Guard Kraig Urbik est venu remplacer un Cyril Richardson en difficulté, et même lui a connu quelques trous d’airs. Enfin tout le côté droit a été assez terrible entre le Guard Erik Pears et le rookie Tackle Seantrel Henderson qui a logiquement connu une première année ardue (79 pressions dont 10 sacks à eux deux).

Vous comprenez donc qu’il est difficile d’asseoir un quelconque jeu au sol quand l’OL n’arrive pas à dominer son adversaire direct, et c’est la cause principale d’une année historiquement mauvaise à la course : 1482 yards, soit le plus faible total sur une saison à 16 matchs (instaurée en 1978). On commence à connaître la formule entre le « boom-or-bust » C.J. Spiller et le « bon vieux » Fred Jackson, mais ils n’ont pas reçu beaucoup d’aide, que ce soit de l’OL ou du playcall. Spiller n’a pas fini la saison à cause d’une fracture de la clavicule, s’arrêtant à 78 courses pour 300 yards et 19 réceptions pour 125 yards et 1 TD; des chiffres vraiment faibles pour un joueur de cette trempe (si on excepte les retours de kick où il a claqué un bon TD). Jackson continue d’être toujours aussi généreux et solide, puisqu’il se retrouve tout simplement comme le coureur ET le receveur le plus utilisé pour un total de 205 touches, 1026 yards et 3 TDs. Néanmoins, les Bills ont quand même fait une belle acquisition avec l’ancien 49ers Anthony Dixon qui a été sérieux au sol avec 4.1 yards de moyenne et 2 TDs; il a même réussi à contrer deux punts. Donc on ne peut pas dire que le mauvais jeu au sol soit la faute des coureurs.

Mais quand vous terminez avec un coureur comme cible privilégiée de votre QB, il y a un problème dans le talent au poste de receveur, dans le playcall ou dans l’exécution; à Buffalo, c’est probablement… un peu des trois, mais surtout les deux derniers. En effet on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a du talent chez les receveurs, et qu’avec un meilleur QB ça pourrait aller mieux. Sammy Watkins (photo) a été impressionnant au début avant de faiblir un peu suite à la conjugaison du fameux rookie wall et de certaines blessures; il promet vraiment pour l’avenir même si je continue de penser que les Bills ont payé trop cher vu la confirmation de la qualité de la classe de receveurs à la draft. Il termine à 65 réceptions pour 982 yards et 6 TDs, et il doit travailler son taux de réception de 52.4% (même si encore une fois le QB a sa part de responsabilité). De plus, la menace qu’il représente a été un aimant à défenseur qui a profité aux autres cibles : le sophomore Robert Woods a lui aussi 65 réceptions pour 699 yards et 5 TDs, alors que Chris Hogan a compilé 41 réceptions pour 426 yards et 4 TDs. Mais tout n’est pas rose : Woods par exemple a eu un vrai problème de drops (8 sur 72 passes attrapables). Du côté des Tight Ends, Scott Chandler est un joueur solide mais ne va pas renverser le cours d’un match par ses capacités athlétiques (47 réceptions pour 497 yards et 3 TDs).

C’est cet espèce de mélange entre joueurs « sympas sans plus », mauvaises performances et jeunesse à certains postes qui place l’attaque loin du niveau des deux autres escouades; la défense et les équipes spéciales ont plus ou moins porté l’équipe à bout de bras cette saison. En effet, l’escouade défensive a été impériale : elle a été bien meilleure contre la course (105.8 yards, 13e), elle a été redoutable contre la passe (209.9 yards, 3e) bien aidée par un pass-rush monstrueux (54 sacks, top NFL), elle a volé beaucoup de ballons (30, 3e) et elle a autorisé le moins de conversion de 3e tentative (33.2%).

Tout cela a bien évidemment commencé au niveau d’une ligne défensive qui a rassemblé les quatre éléphants en délire : mis à part Kyle Williams (5.5 sacks), les autres titulaires ont tous atteint ou dépassé la barre des 10 sacks – Mario Williams mène la danse avec 14.5, avec Marcell Dareus et Jerry Hughes derrière à 10. Et n’allez pas croire que Kyle Williams a dormi pour avoir 5.5 sacks, puisqu’en fait il a même appliqué plus de pression que Dareus au total (49 contre 32); quand on fait le total des quatre tractopelles on arrive à 202 pressions dont 40 sacks. De plus, ils n’ont pas chômé au sol, notamment Dareus qui a été parmi les meilleurs Defensive Tackles avec 10.2% de run stops; il a prouvé que, quand il veut bien se mettre la tête au foot US, il peut dominer. La seule chose qu’on peut reprocher au groupe, c’est que Hugues a commis une petite valise de pénalités (13) et que ça manque un peu de profondeur derrière les 4 Fantastiques, contrairement par exemple à celle des Jets, mais c’est du pinaillage.

Derrière, comme je l’ai dit dans l’intro, la situation n’était guère encourageante avec une défense à la course 2013 très décevante plus la blessure de Kiko Alonso pour la saison. Sauf que les Bills ont découvert un rookie prodigieux, Preston Brown, qui est venu parfaitement complémenter Brandon Spikes et un des Linebackers les plus sous-côtés de la ligue, Nigel Bradham (photo). Brown est déjà très sûr au plaquage (6 manqués alors qu’il mène l’équipe avec 109) et, s’il n’a pas la couverture d’un Alonso, il a été plus solide au sol. De l’autre côté, Bradham a fait une saison très complète avec 104 plaquages, 14 pressions en 45 rushs (!) dont 2.5 sacks, 2 fumbles forcés, 1 INT et 2 passes déviées. Spikes a apporté son expérience précieuse de vétéran pour encadrer les deux jeunots autour; même s’il n’a pas joué toute la saison, il a également fait partie de cette résurgence du jeu au sol. Néanmoins, est-ce que c’est suffisant pour décider d’envoyer un Alonso encore sur son contrat rookie à Philadelphie ? C’est moins sûr.

Enfin nous terminons avec l’arrière-garde, où là aussi on se demandait ce que l’absence d’une des stars allait bien pouvoir provoquer. 19 INTs, ça vous va ? Jairus Byrd n’a pas eu l’air de trop manquer aux Bills, et même si le pass-rush a eu son importance, on sent qu’il y a du talent dans l’unité. Corey Graham a réussi une année phénoménale, faisant partie des 4 Cornerbacks ayant autorisé moins de 50% de complétion avec 50+ ciblages, pour 1 TD, 2 INTs et la bagatelle de 11 passes défendues. Dans sa troisième année (ou sa 2.5e année puisqu’il a été blessé en 2013), Stephon Gilmore s’est vraiment intégré au fur et à mesure dans le système défensif, que ce soit à la passe ou au sol où il a été une aide précieuse; il devra limiter un tout petit peu les TDs (5) mais a réussi 3 INTs. Le bien-nommé Nickell Robey, qui joue dans le slot, a été un peu plus souvent battu que ses camarades (13 yards de moyenne), mais ça reste quand même acceptable avec 1 TD pour 6 passes défendues. Au niveau des Safeties, on a connu un Aaron Williams un peu plus efficace car il a dû se battre contre des blessures, même s’il a été très correct en couverture. Par contre le remplaçant de Byrd, Da’Norris Searcy, a fait oublier l’ancien All-Pro : aucun TD, 3 INTs, 1 passe défendue sur 19 ciblages, et il a été un missile à tête chercheuse dès qu’il est descendu dans la boîte (13.2% de run stops). S’il peut continuer comme ça, les Bills n’ont vraiment aucun souci à se faire suite à la perte de leur patron de l’arrière-garde.

Finalement, la seule chose qu’on peut reprocher à la défense (même si ce n’est pas son travail premier), c’est de n’avoir pas su marquer suffisamment elle-même avec une attaque limitée : avoir 30 ballons volés et surtout 19 INTs mais seulement 1 TD (de Hughes, un DL en plus), c’est vraiment dommage.

Enfin, un mot sur les équipes spéciales qui ont été excellentes comme je vous l’ai dit : avec une attaque qui a pilé aussi souvent, le kicker Dan Carpenter a été souvent mis à contribution, et il s’en est tiré avec un très bon 34/38. Le Punter Colton Schmidt a fait le travail, et les Bills ont scoré deux TDs sur retour (un kick, un punt) sans en prendre un et ont également bloqué deux punts.

Suite à tout cela, Doug Marrone a décidé de prendre la poudre d’escampette de manière un peu bizarre, pour être remplacé par… Rex Ryan. Bien évidemment, la première réaction est de se demander si Rexou n’est pas un peu maso de partir des Jets pour retomber exactement dans la MÊME situation à Buffalo, avec une grosse défense et une attaque sans QB (ni OL…). La venue de Greg Roman n’est pas forcément un gage de quoi que ce soit concernant le futur de l’escouade offensive, d’autant plus que c’est souvent un symptôme chez les Bills : l’une des deux escouades marche du tonnerre, l’autre la tire vers le bas. Avec en plus le départ de Jim Schwartz qui a élevé le niveau de la défense cette saison… ça ne fait que renforcer le point d’interrogation qui flotte sur la franchise, et l’incertitude sur le fait qu’elle puisse ENFIN s’améliorer ou non.

Les besoins

Euh… tous les postes offensifs, ça vous va comme réponse ? Non sérieusement… tous les postes offensifs. Fred Jackson n’est plus tout jeune, un receveur dragster ne serait pas de trop, mais clairement OL, TE et QB sont les plus pressants. Gros problème pour eux : ils n’ont pas de premier tour à cause de l’échange pour Sammy Watkins, rendant cette décision encore plus incompréhensible.

Le futur

Domicile : Miami, New England, NY Jets, Houston, Indianapolis, Cincinnati, Dallas, NY Giants.
Extérieur : Miami, New England, NY Jets, Jacksonville, Tennessee, Kansas City, Philadelphie, Washington.
Record cumulé en 2014 : 124-131-1 (0.486, 19e).

Les Bills ont un calendrier plutôt facile apparemment à cause des Jets et des moitiés d’AFC South et de NFC East, mais le fait d’avoir fini 2e de la division rajoute Cincinnati et Kansas City, avec surtout un déplacement à Arrowhead jamais évident. Néanmoins, ils évitent les divisions à grosses défenses (à part la leur évidemment), donc si l’attaque trouve les bonnes pièces, qui sait.