Football Kombat : Atlanta

Je n’arrive pas à me retirer de la tête cette phrase de Mike Smith dans Hard Knocks qui disait qu’il en avait marre d’entendre que les Falcons étaient une équipe soft, notamment sur les deux lignes. Alors certes sur l’offensive ils ont accumulé une poisse incroyable avec les blessures, mais sur la défensive… en fait sur la défense tout court, rien n’a changé. D’où probablement ce changement de régime pour essayer d’insuffler un vent de nouveauté.

A lire en imaginant les réactions de Bryan Cox ou Mike Tice pendant la saison.

 

ATLANTA FALCONS
3e NFC South ~ 6-10

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2014

 

Mieux qu’en 2013 : eh ouais sur Latest ON N’A PAS PEUR DE PRENDRE DES RISQUES ! Plus sérieusement, les Falcons avaient tenté de pousser au maximum pour gagner un titre sans vraiment prendre garde à l’âge de l’effectif, et ça leur avait finalement explosé à la face quand quelques stars se sont blessées. L’équipe savait qu’elle retrouverait du talent naturellement avec la guérison des blessures (les receveurs Roddy White et Julio Jones) mais qu’elle devait aussi faire le ménage, notamment sur les deux lignes. C’est ce qu’elle a fait en rajoutant le premier tour Tackle Jake Matthews (un Matthews de plus en NFL !) à la draft et le Guard Jon Asamoah en Free Agency à la place de Garrett Reynolds. Sur la Defensive Line, il fallait plus de solidité défensive et de pression sur le Quarterback adverse à l’opposé de Osi Umenyiora; la franchise avait vu les arrivées du Defensive Tackle Paul Soliai, du Defensive End Tyson Jackson et la draft du deuxième tour Defensive Tackle Ra’Shede Hageman.

Malheureusement, le focus était rapidement allé sur la ligne des Linebackers avec les départs d’Akeem Dent et Stephen Nicholas, ainsi que la mise sur IR de Sean Weatherspoon; si les rookies Paul Worrilow et Joplo Bartu avaient fait ce qu’ils pouvaient en 2013 (et plutôt bien vu les circonstances), cela allait leur mettre encore la pression. Chez les arrières, le ménage avait aussi été fait avec les départs des Cornerbachs Chris Owens et Asante Samuel, pour les arrivées de Javier Arenas et du Safety Dwight Lowery. Bref, la qualité de la défense allait être une des inconnues dans l’équation d’Atlanta.

Même avec le départ du Tight End Tony Gonzalez en retraite, l’attaque menée par Matt Ryan pouvait scorer, et les ajouts de la ligne offensive étaient faits pour aider Steven Jackson au sol. De plus, Devin Hester était venu pour booster les équipes spéciales. Mais tout cela risquait d’être léger si la défense n’était pas efficace, ce qui était problématique dans une NFC South armée offensivement (et défensivement aussi).

 

La saison

 

New Orleans 37-34 (OT), @Cincinnati 10-24, Tampa Bay 56-14, @Minnesota 28-41, @NY Giants 20-30, Chicago 13-27, @Baltimore 7-29, Detroit 21-22, @Tampa Bay 27-17, @Carolina 19-17, Cleveland 24-26, Arizona 29-18, @Green Bay 37-43, Pittsburgh 20-27, @New Orleans 30-14, Carolina 3-34.

Record cumulé projeté (avec les records de 2013) : 130-124-2 (0.512, 11e).
Record cumulé réel (avec les records de 2014) : 122-131-3 (0.482, 23e).
Écart entre les deux records : -0.030 (25e).

Le bénéfice d’être dans une NFC South historiquement faible, et ce même avec deux divisions North qui ont été meilleures que l’an passé. Il ne faudrait pas trop compter là-dessus l’année prochaine.

 

La réalité

 

C’est assez révélateur que les Falcons terminent à 6-10 dont 5-1 dans une division qui n’a jamais été aussi faible depuis 2002. Encore plus révélateur quand la fameuse défaite intra-division arrive avec le titre en jeu et qu’Atlanta pond un oeuf de requin-baleine sur sa propre pelouse (les requins ne « pondent » pas d’oeufs puisqu’ils sont ovovivipares, mais un oeuf « avorté » peut être éjecté et il y en a un qui a été mesuré à 30 cms de haut sur 14 de large et 9 d’épaisseur, soit plus gros qu’un oeuf d’autruche… c’était la minute National Geographic). Cela a coûté sa place à Mike Smith et en quelque sorte à Thomas Dimitroff qui doit maintenant partager le siège avec Scott Pioli. Un seul coup d’oeil et il sait où il met les pieds : tout est à rénover, et même le jeu de passe (seule vraie arme) est à fignoler.

Une chose que vous ne verrez pas dans cette Review, c’est une critique de Matt Ryan… mis à part peut-être le fait qu’il ne vous gagnera pas un match avec personne autour de lui, mais ils sont très très très très peu nombreux à pouvoir le faire. J’ai toujours plus ou moins pris Ryan pour un gars plutôt réservé, qui a l’air sympathique et cool, genre leader dans l’ombre, et Hard Knocks m’a confirmé tout cela voire un peu plus. Cette année Ryan a montré une volonté de fer pour essayer de faire avancer l’équipe coûte que coûte; certes, il a un corps de receveurs très talentueux, mais il a dû composer sans OL et sans jeu de course pendant la quasi-majorité de la saison. Et au final, il arrive à pondre 66.1%, 4694 yards, 7.5 yards par passe tentée, 28 TDs, 14 INTs, 31 sacks et 93.9 de QB rating… ce ne sont pas ses meilleures stats, mais en tout cas elles sont meilleures que l’année dernière. C’est ce genre de performance qui fait penser que contrairement à beaucoup d’autres franchises, les Falcons n’ont pas de problème de ce côté-là. Il lui arrive encore de faire quelques interceptions boulettes de temps en temps, mais je pense qu’une partie de cela est due au fait qu’il avait le poids de toute l’attaque sur les épaules.

Et la première raison, c’est une OL décimée par les blessures. Et quand je dis décimée, je suis très généreux : comme vous le savez peut-être, « décimer » veut dire « éliminer un dixième d’un groupe ». Les Falcons ont 15 OLs sur leur roster, dont CINQ sur IR… il y a un verbe pour dire « éliminer un tiers d’un groupe » en français ? Metre Capello, tu nou a quité tro to. Les catastrophes ont rapidement commencé avec la perte de Sam Baker en présaison, propulsant un Jake Matthews pas prêt du tout au poste de Left Tackle. Puis Mike Johnson a suivi, et le match à Minnesota a fait un strike avec le Centre Joe Hawley et l’autre Tackle Lamar Holmes, forçant Peter Konz à revenir au Centre et Gabe Carimi fraîchement signé à jouer à droite. Ensuite Konz s’est blessé et Carimi n’a pas donné pas satisfaction, propulsant le rookie non-drafté James Stone au Centre et un autre non-drafté de 2013 Ryan Schraeder en Right Tackle. Pendant ce temps, les Guards Jon Asamoah et Justin Blalock ont regardé tout ça en essayant d’être des piliers qui ne s’écroulent pas. Et honnêtement… avec tout ce ramdam on peut dire que les deux ont tenu leur rang même si fort logiquement ils ont lâché pas mal de pressions (une trentaine chacun dont 3 et 2 sacks respectivement). Sans surprise, c’est au niveau du Centre et des Tackles qu’il y a eu des soucis : Stone a été dépassé, Carimi aussi et Jake Matthews a eu la pire tâche de tous (50 pressions dont 7 sacks). Néanmoins… quand le carrousel a bien voulu arrêter de tourner, la ligne offensive a montré quelques belles choses sur la fin de saison, donc clairement il y a un espoir. Matthews a trop de talent pour ne pas s’améliorer, Hawley est un Centre potable et surtout Schraeder a fait une entrée très intéressante pour un non-drafté, le genre qui doit faire sourire les fans des Falcons en se disant « si on peut laisser Holmes sur le banc, c’est TOUT BENEF !!!! ».

Deuxième élément qui n’a pas aidé, en corrélation avec l’OL : le jeu au sol, avec 93.6 yards par match (24e). Que ce soit Steven Jackson (190c/707y/6TD), Devonta Freeman (65c/248y/1TD) ou Jacquizz Rodgers (58c/217y/1TD), aucun des trois n’a réussi à dépasser 4 yards par course de moyenne. Jackson est clairement sur la fin, et les deux autres n’ont pas assez de coffre pour prendre sa place dans le rôle du marteau-pilon; ils ont néanmoins été précieux en réception. Antone Smith a fait quelques apparitions remarquées avec 5 TDs dont la majorité en longue distance, mais encore une fois les Falcons n’ont pas un vrai jeu au sol sur lequel s’appuyer, surtout quand leur OL rame autant pour protéger leur QB.

QB qui a eu de meilleures stats cette année, comme je l’ai dit précédemment, parce que Julio Jones n’a pas fini sur IR. Le #11 a fait une année fabuleuse avec 104 réceptions, 1593 yards et 6 TDs dont ce match faramineux à Green Bay avec 259 yards. Il a comme toujours été assisté par good ol’ Roddy White (80c/921y/7TDs) ainsi que les deux hommes du slot Harry Douglas (51c/556y/2TDs) et Devin Hester (3 TDs en cumulé). Les petites blessures des uns et des autres ont un peu ralenti la production, mais ça reste un corps très fort même avec un joueur en moins (… sauf si c’est Julio). Cependant, le départ en retraite de Tony Gonzalez s’est fait sentir : même si on ne demande pas à Levine Toilolo d’être un futur Hall Of Famer, la chute de qualité a quand même été assez violente.

Donc résumons voir… même sans un jeu de course très folichon, les Falcons ont réussi à scorer 23.8 points en moyenne (12e) avec 61.4% de TD en redzone (5e); ils ont gagné 378.2 yards (8e) dont 284.6 à la passe (5e) et réussi 20.6 first downs (14e)… mais diantre comment peut-on finir à 6-10 avec tout ça ? Simple : on perd un certain nombre de matchs serrés et on lâche une grosse avance, genre 21-0 sur Detroit à Londres. Allons ensemble de l’autre côté du miroir, là où le soleil ne luit jamais (ou presque).

398.2 yards encaissés par match, 22.4 first downs, 46.8% de 3e tentative adverse converties. La seule chose qui a un peu sauvé la défense c’est sa capacité à voler des ballons (28, 6e en NFL) ce qui permet à la franchise d’avoir un turnover ratio de +5. Mais c’est bien le seul point positif, et le problème c’est surtout que les vieux démons des Falcons sont toujours là. On commence par les problèmes sur la ligne défensive : le pass-rush est toujours complètement amorphe – les Falcons n’ont réussi que 22 sacks; seul Cincinnati a fait pire. Le « meilleur » sackeur de l’équipe est Kroy Biermann avec QUATRE ET DEMI (4.5); il a d’ailleurs fait une saison assez solide dans l’ensemble (42 pressions en tout). Mais derrière c’est une litanie de joueurs à 1 et 2 sacks : Osi Umenyiora ou Jonathan Massaquoi n’ont pas assez joué pour vraiment peser sur le pass-rush, et le 2e année Malliciah Goodman a été transparent. Au centre de la ligne Jonathan Babineaux s’est montré dans le rush, par contre comme l’ensemble de la DL il a eu des difficultés à faire face dans le jeu au sol.

Néanmoins la défense au sol n’a pas totalement explosé et a même montré quelques capacités (ok mis à part dans le dernier match) grâce au boulot du back-7. Et ce n’était pas forcément gagné avec la blessure de Sean Weatherspoon au début de la saison, mais encore une fois Paul Worrilow a fait un intérim assez sympathique; le problème c’est qu’il n’a pas été drafté pour une bonne raison : il manque d’explosivité et peut se faire rapidement dépasser que ce soit au sol ou surtout en couverture (80% de passes autorisées et 6 TDs). Joplo Bartu et le rookie Prince Shembo ont fait un peu la même saison : sympathique mais sans plus. Ca manque vraiment de playmakers dans cette unité.

Les arrières ont également aidé à l’effort contre la course… mais honnêtement ça ne sert pas à grand-chose quand c’est la porte ouverte à la passe. Desmond Trufant (photo) continue son ascension parmi les meilleurs jeunes Cornerbacks de la ligue avec 58.7%, 2 TDs, 3 INTs et 9 passes défendues; il est clairement la star de la défense (alors qu’il est dans sa 2e année, cherchez l’erreur) et promet de belles années encore à Atlanta. Notons également le slot CB Josh Wilson qui n’a pas été mauvais avec aucun TD encaissé et 1 INT mais qui autorise quand même un peu trop de passe (70%). Cependant, une fois qu’on regarde à côté… les deux Robert, Alford et McClain (le second ayant remplacé le premier, blessé, à l’aile) ont été assez terribles toute la saison : certes ils ont 5 INTs à eux deux, mais ils ont pris 8 TDs et Alford est à 17.1 yards encaissés de moyenne. Ils ont été constamment abusés par les QBs adverses et ça n’augure rien de bon pour l’année prochaine. Chez les Safeties, William Moore s’est rapidement blessé, Kemal Ishmael s’est fait remarquer avec 4 INTs, sauf qu’il a pris autant de TDs et lâcher près de 20 yards par réception, et Dwight Lowery a été un peu plus solide que ce soit à la course ou à la passe. Mais mis à part Trufant, ça manque cruellement de playmakers dans cette uni… attendez ça me rappelle quelque chose. Oui c’est bien le problème dans toute la défense des Falcons : il n’y a aucun playmaker sauf le #21.

Et enfin bien sûr, on ne peut pas terminer sans parler des équipes spéciales et du record de Hester (photo) qui a désormais 20 TDs sur retours en carrière : 14 punts, 5 kickoffs (dont 1 au Super Bowl) et 1 Field Goal manqué. Qu’il le fasse à domicile à Atlanta lors du Thursday Night Football sous les yeux de Deion Sanders était fort puisque Sanders est un ami de Hester, a commencé à Atlanta et détenait le record avant lui; mais la cerise sur le gâteau est que c’était contre Tampa Bay coaché par Lovie Smith, celui qui a drafté Hester à Chicago et qui est également son grand ami. 20 TDs sur retour, et on parle d’un joueur contre qui les équipes ont tout tenté pour ne pas lui donner la balle.

En résumé, Dan Quinn, l’ancien Coordinateur Défensif des Hawks et le nouveau Head Coach, ainsi que Scott Pioli savent où regarder : en défense (ça tombe bien, Quinn sait ce que c’est qu’une grosse défense à Seattle). L’OL devrait se solidifier avec les retours de blessure et si Schraeder parvient à laisser Holmes sur le banc. Il faut que, cette fois, les bonnes volontés ne partent pas en fumée.

 

Les besoins

 

Pass-rusher #1 absolu genre le premier qui passe HOP à Atlanta, ce qui permettra de jouer la montre avec les besoins chez les arrières. Un Linebacker vraiment athlétique ne serait pas une mauvaise idée. En attaque, un Tight End et un coureur-pilon pour remplacer Gonzalez et Jackson.

 

Le futur

 

Domicile : Carolina, New Orleans, Tampa Bay, Philadelphie, Washington, Minnesota, Houston, Indianapolis.
Extérieur : Carolina, New Orleans, Tampa Bay, Dallas, NY Giants, San Francisco, Jacksonville, Tennessee.
Record cumulé en 2014 : 104-150-2 (0.410, 32e).

OK, la NFC East et l’AFC South ont leur lot d’équipes rase-mottes mais Houston n’est pas loin d’être très potable et la NFC South peut revenir à un meilleur niveau en 2015. Donc je ne serais pas surpris que le record réel en 2015 soit un peu plus costaud.