Fiche Légende : Ed Sabol

Président/Fondateur de NFL Films

 

EdSabol

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Edwin Milton Sabol
Date de Naissance 11 Septembre 1916
Lieu de Naissance Atlantic City, New Jersey
Date de Décès 9 Février 2015
Lieu de Décès Scottsdale, Arizona
CARRIÈRE
Lycée
Université Ohio State
Draft
Equipes
Statistiques
HONNEURS
Pro-Bowls
All-Pro
Performances notables
Récompenses
Hall Of Fame Classe de 2011

 

Biographie

 

Lorsque les Colts battent les Giants au bout du suspense dans The Greatest Game Ever Played en 1958, le premier match de football professionnel télévisé sur le plan national fait définitivement rentrer le sport dans le coeur des Américains. Ce match de légende est le point de départ de la progression populaire du sport, celle qui va l’emmener à la place de #1 aux Etats-Unis. Il ne lui manquait qu’une chose : être mis en image et en son. C’est un ancien vendeur de vêtements, fortement influencé par Hollywood et Broadway, qui va décider un jour de filmer un match de football amércain comme le film dramatique et spectaculaire qu’il peut être, avec ralentis magistraux, gros plan sur des ballons qui tournent lentement dans le ciel, narration épique et musique orchestrale de qualité. Cet homme est Ed Sabol, le fondateur de NFL Films avec son fils Steve, et qui va modeler ainsi l’imaginaire de générations de fans.

Edwin Sabol naît à Atlantic City dans le New Jersey, et grandit dans celle de Blairstown (qui se situe entre New York et Philadelphie). Il se révèle être un garçon très sportif, notamment dans le domaine de la natation. Lorsqu’il rejoint la Blair Academy, un lycée privé, il s’inscrit en natation, athlétisme et football américain ; mais c’est surtout dans sa première discipline qu’il se démarque le plus, parvenant à battre le record du monde inter-scolaire en 100 mètres nage libre.

EdSabolCameraSon talent de nageur lui permet d’obtenir une bourse sportive pour l’Université d’Ohio State en 1935, et il continue sa brillante carrière en tant que premier relayeur dans un 4*100 mètres nage libre qui devient champion des universités américaines en 1937. L’anecdote raconte même que son excellence lui vaut d’être sélectionné pour faire partie de l’équipe olympique américaine en 1936 à Berlin, mais Sabol, d’origine juive, refuse de « nager dans une piscine construite par Adolf Hitler« .

Sabol est également un grand fan d’art dramatique : à Ohio State il fait partie du Scarlet Mask Drama, une association d’art dramatique de renom. Son succès en tant qu’auteur et interprète le pousse à tenter sa chance à Broadway une fois qu’il arrête l’université, et il apparaît dans quelques productions. C’est à ce moment que la Seconde Guerre Mondiale éclate, et il doit s’engager dans le conflit mondial ; il fera un an comme fusilier dans une division d’Infanterie dirigée par le Général Patton (notamment en France).

Lorsqu’il revient de la Guerre, il se rend compte qu’il ne peut vivre de ses passions, et se résout à prendre un travail de vendeur de pardessus dans la société de son beau-père. Comme il le dit lui-même :

C’était comme aller chez le dentiste tous les matins.

Il végète ainsi dans un métier qui ne lui plaît pas jusqu’au jour où un cadeau de mariage va changer sa vie : une caméra 16mm. Et son sujet principal naît quelques mois plus tard : son fils Steve, qui va devenir l’acteur premier de toutes ses productions. Sabol filme son fils partout, et notamment lorsque celui-ci, un peu plus grand, commence à jouer au football américain.

EdSabolYoungSteveMais Sabol fait plus que filmer simplement les matchs : il les édite et ajoute de la musique pour augmenter l’intensité dramatique des actions. Rapidement, ses qualités de metteur en scène / monteur se font connaître par le bouche-à-oreille, et d’autres écoles demandent les services de Sabol. Il se dit qu’il a peut-être trouvé sa voie, et il tente un coup de poker énorme : il monte la société Blair Motion Picture, nommée d’après sa fille Blair, et décide d’entrer dans les enchères lancées par la NFL pour filmer la finale 1962. Il débourse 3000$, bien plus que n’importe quel autre participant, et il remporte la mise : il se retrouve ainsi producteur officiel du film de la finale NFL 1962 entre Green Bay et les Giants.

Le résultat, Pro Football Longest Day (« le jour le plus long du football professionnel »), est un succès retentissant ; Pete Rozelle lui-même, le patron de la NFL, déclare que c’est le meilleur film qu’il a jamais vu. Sabol commence ainsi son partenariat avec la NFL, mettant en image et son les finales de 1963 et 1964. Avec la popularité grandissante du football professionnel suite à la fameuse finale de 1958, Sabol propose alors à Rozelle de doter la NFL d’une société de production à 100% dévouée et dont le rôle serait de promouvoir et mettre en scène toute la saison. La ligue accepte et Blair Motion Picture devient NFL Films.

Ed est rejoint par son fils Steve et les deux hommes décident de transcender le sport pour le porter au rang de spectacle tour à tour comique, dramatique, spectaculaire, mais toujours intense. Ed est un spécialiste de l’image et Steve est un auteur fantastique qui parvient à écrire des textes marquants ; un des plus célèbres est The Autumn Wind, un poème dédié aux Raiders qui a tellement impressionné le propriétaire Al Davis que l’équipe l’a adopté. Il ne leur manque qu’un musicien et une voix pour narrer les textes ; ils les trouvent avec Sam Spence et John Facenda. Lorsque les quatre travaillent de concert, cela donne en en 1966 They Call It Pro Football (« On l’appelle le football professionnel »), un monument lyrique et épique à la gloire du sport et de ses acteurs. C’est le début d’un style unique qui va bercer des générations de fans.

Ed et Steve SabolMais les images et les musiques ne leur suffisent plus, ils veulent également capter le son sur le bord de touche. Autant dire qu’au début, les Coachs et les joueurs ne sont pas très chauds à l’idée d’avoir des caméras ou pire, des micros sur eux. Mais Sabol n’a pas oublié sa formation de businessman, et il parvient à convaincre les protagonistes que NFL Films va les transformer en « quelque chose de plus grand que John Wayne« . Les acteurs finissent par accepter en sachant que les Sabol ne feraient rien qui pourraient leur nuire. NFL Films parvient alors à renforcer la puissance de ses documentaires avec des bande-sons légendaires comme Vince Lombardi se demandant ce qu’il se passe dans son équipe (What the hell’s going on out there ?) ou Hank Stram des Chiefs qui jubile lors du Super Bowl IV alors que son équipe d’AFL marche sur les Vikings de la NFL.

NFL Films devient alors un précurseur dans plusieurs techniques de montage et de narration, qui sont même reprises par des réalisateurs de films qui grandissent avec les productions des Sabol. La société se permet même de sortir du cadre du football américain professionnel, faisant des piges pour le football universitaire ou des documentaires comme le drame de Munich aux JO de 1972 ; elle servent également de soutien pour les grandes finales américaines de sport (Stanley Cup, finale NBA, World Series).

EdSabolEmmyNFL Films empile les récompenses avec 112 Sports Emmy, l’équivalent des Emmy Awards pour le sport, dont le Lifetime Achievement Emmy pour l’ensemble de l’oeuvre. A titre personnel, Ed Sabol a lui aussi reçu plusieurs récompenses, dont le Order Of The Helmet Leather Award, le Bert Bell Award et le Pete Rozelle Radio & TV Award, des récompenses très rares pour sa contribution au sport. Enfin, il a été intronisé au NFL Hall Of Fame en 2011.

Lentement, les piliers fondateurs de NFL Films sont partis les uns après les autres, mais le pouvoir d’attraction de NFL Films n’a jamais faibli. Depuis la mort de John Facenda, Steve Sabol a prêté ses textes aux voix de Burt Lancaster, Charlton Heston, Orson Welles, Vincent Price, Laurence Fishburne, Alec Baldwin, Bruce Willis, Gene Hackman ou Donald Sutherland. Sam Spence a laissé sa place à David Robidoux. Et même si aujourd’hui, Ed et Steve Sabol nous ont quittés, l’esprit de NFL Films continuera de perdurer pour exalter toutes les qualités cinématographiques d’un sport qui s’y prête admirablement ; et cela, Ed Sabol l’avait compris avant tout le monde.