Ze Latest Awards : Denver

Tout ça pour… ça. Les Broncos ont marché sur la ligue pendant 20 semaines (mis à part trois ratés), tout ça pour rappeler au monde qu’à une époque ils étaient les victimes habituelles de baffes plus ou moins grosses au Superbowl (27-10 contre Dallas, 39-20 contre les Giants, 42-10 contre Washington, 55-10 contre San Francisco). Vous allez me dire qu’il vaut mieux ça que de ne jamais y aller, ce qui est vrai. Ceci dit je ne suis pas sûr que John Elway et Peyton Manning soient contents d’avoir 4 défaites en finale à eux deux, propulsant Denver comme l’équipe ayant perdu le plus de Superbowls (5). S’ils sont en bonne position pour y retourner, il va falloir digérer cette saison, toute fantastique qu’elle a été offensivement.

A lire en mettant son casque (George Eddy (c)).

 

DENVER BRONCOS
1er AFC West ~ 13-3 / 2-1

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2013

 

Peyton Manning, saison deux, avec une forte possibilité d’amélioration vers une finale AFC d’abord, et qui sait un Superbowl ensuite. Et pourtant on ne pouvait pas dire que les Broncos s’étaient facilités la tâche avec les Histoires Défensives Extraordinaires version 2013 : « Le Fax Révélateur » qui avait coûté la resignature d’Elvis Dumervil et « La Chute du Flacon d’Urine » qui avait coûté 6 matchs à Von Miller.

Néanmoins, si la défense était pointée du doigt, l’attaque voyait l’arrivée d’une arme supplémentaire dont honnêtement ils n’avaient pas besoin pour mettre la pétoche à la ligue : Wes Welker, le receveur qui ne joue presque que pour les futurs Hall Of Famers (Brees aux Chargers en 2004, Brady, Manning… et Miami, d’où le « presque »).

Blague à part, si on pouvait se poser des questions sur la défense en début de saison, il y avait peu de chance que Denver laisse échapper la division et n’aille pas plus loin en playoffs, le Superbowl étant tout à fait envisageable (et puis on attendait le n-ième duel Brady/Manning en playoffs).

 

La saison

 

Baltimore 49-27, @Giants 41-23, Oakland 37-21, Philadelphia 52-20, @Dallas 51-48, Jacksonville 35-19, @Indianapolis 33-39, Washington 45-21, @San Diego 28-20, Kansas City 27-17, @New England 31-34 (OT), @Kansas City 35-28, Tennessee 51-28, San Diego 20-27, @Houston 37-13, @Oakland 34-14

 

Les playoffs

 

San Diego 24-17, New England 26-16, SUPERBOWL vs Seattle 8-43

 

La réalité

 

Parmi les 15 meilleures équipes de l’histoire de la NFL en points marqués, seule une a joué avant la fusion NFL/AFL (Houston 1961), deux avant les années 1990 (Washington 1983 et Miami 1984) et le reste navigue entre 1998 et 2013; jusque là je ne vous surprend probablement pas, il y a eu une explosion de points favorisée par les règles pro-offensives. Par contre, parmi ces 15 équipes, seules deux ont gagné le Superbowl : les Rams de Kurt Warner et du Greatest Show On Turf en 1999 (526 points, 9e), et les Saints de Drew Brees en 2009 (510 points, 15e). Si on passe aux yards, c’est encore pire : il faut aller jusqu’au 21e (les Saints de 2009) pour trouver un champion. Les Broncos ont eu beau faire une incroyable saison offensive, en surpassant de plus les problèmes cardiaques de John Fox, mais au final ils n’ont fait qu’ajouter une ligne dans la statistique d’une époque qui pousse le jeu offensif à outrance… sans que cela ait forcément un impact sur le nom du champion.

Ce que je veux dire par là, c’est que bien entendu, le fait que Peyton Manning ait battu deux records QB de la NFL avec 5477 yards et 55 TD ainsi qu’un record offensif avec 606 points à l’âge de 37 ans, deux ans après une opération du cou (et un bras moins puissant), ne fait qu’ajouter à la légende du joueur… mais au final tout ça n’a fait que renforcer encore un peu le poncif de « defense wins championships« . Et puis justement, est-ce qu’on a besoin d’en rajouter ? A l’heure actuelle Manning se tape de sa légende, on sait déjà qu’il est futur Hall Of Famer et un des meilleurs joueurs de l’histoire de la NFL; lui veut gagner une bague de plus avant que son corps ne le lâche. Il rendrait volontiers les records (dont son cinquième titre de MVP) pour une autre bague, et ainsi revenir à égalité avec son frangin Eli. Donc, au final, pour le #18 c’est une autre saison régulière brillante bousillée en playoffs de manière (presque) incompréhensible, et sans doute une vraie grosse déception. Alors oui ça a été le meilleur QB, surtout qu’il a réussi un taux de complétion de 68.3% (3e derrière Rivers et Brees), 5477 yards, 55 TD et 10 INT avec 43 drops de ses receveurs (3e pire total derrière Stafford et Brady). Il n’a rien perdu de sa lecture de la défense et il s’est maintenant bien adapté aux limitations de son physique. Il a été bien assisté avec tout un tas de bons joueurs autour de lui, de la ligne offensive aux coureurs et évidemment ce corps de receveurs talentueux. Mais le titre n’est pas au bout, et à son âge, ça signifie presque une saison pour rien. Rendez-vous en 2014.

Il est toujours sympathique de protéger Manning car il a tendance à lire la défense comme pas deux et à lâcher la balle très vite. La ligne en a bien profité, même si elle a été bonne d’elle-même, et ce malgré les pertes de J.D. Walton et Ryan Clady rapidement dans la saison. Manny Ramirez au Centre et Chris Clark en Left Tackle ont pris leurs places, et ils ont fait une très bonne année (bien que Clark ait lâché 32 pressions dont 7 sacks). Avec l’excellent Guard Louis Vasquez et le Tackle Orlando Franklin, le côté droit de l’OL n’a connu aucun problème : Vasquez a été logiquement voté All-Pro à la suite d’une saison remarquable dans tous les compartiments du jeu, et Franklin a juste été un peu trop pénalisé (11) mais sinon il a rempli sa tâche. Le seul point un peu faible a été le Left Guard Zane Beadles, mais perdre Clady à côté de soi n’aide pas forcément. Dans l’ensemble la ligne a fait un superbe travail de protection (18 sacks seulement de Manning) et dans le run block, que ce soit traditionnel ou en screen. C’est juste dommage qu’elle ait connu quelques trous d’air, le Superbowl en étant un.

Ils ont d’ailleurs tellement bien marché au sol, qu’ils ont permis à Knowshon Moreno de faire sa première saison à 1000+ yards de sa carrière. Il a d’autant plus de mérite qu’il n’a pas forcément reçu beaucoup d’aide à côté, avec le rookie Montee Ball et Ronnie Hillman qui ont fumblé rapidement pendant la saison. Ball s’est bien repris au fur et à mesure, mais Moreno a été le leader du jeu au sol, et un leader tout court : il a accumulé 1038 yards au sol et 568 en réception avec 13 TD au total. Moreno n’a rien fait de véritablement extraordinaire cette saison, mais il a été une force constante dans l’attaque, le genre de prestation qu’on attendait de lui depuis un moment. Ball s’est donc bien repris par la suite, finissant même avec une moyenne supérieure à Moreno (4.7 yards contre 4.3), pour 559 yards et 4 TD. Le duo Moreno/Ball peut promettre pour la saison suivante s’ils poursuivent sur le même rythme.

Histoire de rajouter aux records battus par l’attaque de Denver cette saison : aucun quatuor de cibles de passe n’a réussi à marquer 10 TD chacun dans l’histoire de la ligue. Demaryius Thomas, Eric Decker, Wes Welker et le Tight End Julius Thomas ont permis à Manning de s’en donner à coeur joie pendant toute l’année. Le QB et ses receveurs ont tellement connecté ensemble que si on prend le QB rating de Manning vers chacun d’eux, les trois sont dans le top 10 de la ligue (2e Thomas 122.6, 5e Decker 113.4, 10e Welker 106.7). Thomas-le-receveur a été le préféré de Peyton avec 1430 yards et 14 TD; seul le duo Nick Foles-DeSean Jackson a posté un QB rating supérieur au leur (124.4). Decker a parfaitement joué le rôle du #2 de possession avec 1288 yards et 11 TD. Welker a excellé dans le slot comme à son habitude et a même battu son record de carrière avec 10 TD (et 778 yards). Enfin, Thomas-le-Tight-End a pu jouer une saison complète (ses deux premières étant gâchées par une blessure à la cheville), et le résultat a été dominateur : 788 yards et 12 TD. On peut également ajouter que les receveurs ont fait un bon travail de run block, ce qui n’a pas du tout été le cas de Julius Thomas; Jacob Tamme ou Virgil Green ont été plus complets que lui sur cet aspect.

Bon, je pense avoir assez prouvé la magnificence de l’attaque des Broncos qui a brisé tout un tas de records cette année. Ah si attendez, j’ai un truc de mal à dire dessus : c’est bien d’avoir un QB qui ne lance que 10 interceptions, mais ça mine complètement ce travail de commettre 27 fumbles avec surtout 16 perdus (pire total de la NFL). De ce fait, Denver a fini la saison régulière avec un turnover ratio de 0; seul les Chargers ont fait pire dans les équipes qualifiées en playoffs. Passons maintenant du côté de la défense, qui n’a pas été au niveau historique de son homologue mais qui a fait un bon travail; pourtant, elle a connu plusieurs absences handicapantes et un petit problème de qualité chez les arrières qu’il va falloir régler pour le futur (pas les titulaires, mais plus en nickel et dime).

La ligne défensive fait partie des unités lésées par les absences : le match de New England a fait des dégâts puisque l’unité a perdu Kevin Vickerson sur blessure et Derek Wolfe suite à son étrange épisode de convulsions dans le bus du retour (il n’a plus joué de la saison après cela). Vickerson a été le taulier de la ligne frontale, menant une des 10 meilleures défenses de la ligue au sol (3.9 yards par course). A côté de lui, l’ex-Jaguar Terrence Knighton (photo) a trouvé un second souffle dans le Colorado : il végétait à Jacksonville, et a profité de son arrivée à Denver pour faire une saison pleine. Que ce soit avant ou après la blessure de Vickerson, il a tenu le fort au sol et a su venir presser le QB adverse (33 pressions dont 3 sacks). Malik Jackson et Sylvester Williams ont vu plus de snaps dans la rotation avec la blessure de Vickerson, et si Jackson a été brillant dans tous les compartiments (avec notamment 43 pressions dont 6 sacks), Williams n’a pas forcément eu l’impact escompté encore. Néanmoins, on peut se dire que les Defensive Tackles ont assuré même sans Vickerson… ce qui n’a pas forcément été le cas des Defensive Ends.

Bien sûr, les longues indisponibilités de Von Miller n’ont rien arrangé, mais en général les Broncos n’ont pas mis assez de pression sur le QB adverse. L’ex-Charger Shaun Phillips est venu boucher le trou laissé par le fax raté de Dumervil (c’est un gros trou) et bien qu’il ait été le meilleur finisseur avec 47 pressions dont 10.5 sacks, il est loin d’avoir été le plus efficace : il a réalisé ses 47 pressions en 447 rushs. En comparaison, Robert Ayers a 43 pressions en 314 rushs (pour 5.5 sacks); de plus, Ayers a été un très bon élément, solide contre la course (10.6% de run stops). Mais le vrai souci est chez Derek Wolfe, qui continue d’avoir des soucis d’efficacité dans le pass-rush avec seulement 38 pressions dont 4 sacks en 339 rushs. C’est mieux que l’année dernière, mais ça reste toujours insuffisant pour un 4-3 DE titulaire.

La ligne des Linebackers a apprécié le mur au sol devant elle et aurait aimé un peu plus d’aide dans le pass-rush. En effet, il lui a manqué son arme fatale, Von Miller, qui a d’abord fait une belle cagade en offseason, lui coûtant six matchs, puis qui a subi cette blessure au genou en Week 16. Entre temps, le #58 est revenu avec un peu de poids en plus et n’a pas semblé aussi explosif qu’à son habitude, même s’il a eu le temps d’accumuler 5 sacks et 3 fumbles forcés. Il reste à voir si sa blessure lui permettra de reprendre la saison prochaine à temps… et rien n’est moins sûr. Son absence a créé un turnover dans l’unité : Nate Irving n’a pas convaincu en Middle Linebacker en offseason, et il a remplacé Miller à l’extérieur, ce qui a fait glisser le vétéran Wesley Woodyard en MLB… et le joueur a clairement été hors de position : pas assez d’impact dans le jeu de course et 4 TD pris en couverture de passe. On ne peut pas vraiment lui tenir rigueur de cette saison semi-ratée vu les conditions. Néanmoins, à toute chose malheur est bon, et cette nécessité de replacement a permis de découvrir un talent en Danny Trevathan (photo) : le joueur a pris la place habituelle de Woodyard et a été partout sur le terrain. Il a accumulé 129 plaquages (top team), 10.1% de run stops, 3 fumbles forcés et 3 INT en couverture, même s’il peut encore s’améliorer sur ce dernier point (3 TD encaissés et presque 70% de passes autorisés). Trevathan a été été la révélation défensive de l’année à Denver, et les Broncos doivent trouver le moyen de le faire jouer l’année prochaine.

On termine par le fameux petit problème de qualité… et avant qu’on me brandisse les fourches sous le nez, je ne parle pas de Dominique Rodgers-Cromartie (photo). J’ai toujours eu un peu de doute sur sa vraie valeur, surtout après son passage à Philadelphie, mais DRC a fait une saison phénoménale pour les Broncos, n’autorisant que 44.1% de réception et 4 TD, réalisant 3 INT et 10 passes défendues et manquant seulement 5 plaquages… tout ça en général contre le receveur #1. Si son contrat d’un an était un « essayez avant d’acheter », alors l’essai est concluant, il faudrait penser à l’acheter. Champ Bailey a raté la majorité de la saison à cause d’une blessure au pied, poussant le slot Cornerback Chris Harris à l’extérieur, et avec à-propos : il n’a encaissé qu’un seul TD pour 3 INT et 9 passes défendues, sachant monter au créneau quand il le fallait; on s’est rendu compte de son absence après sa rupture d’ACL en playoffs. Non, ce ne sont pas les deux qui sont en cause, c’est plutôt derrière que ça s’est gâté : Kayvon Webster, Champ Bailey, Quentin Jammer et Tony Carter ont accumulé 9 TD, 2 INT et 15 passes défendues à eux quatre. Les Safeties ont soufflé le chaud et le froid : Rahim Moore a été bon (2 INT) mais a raté plusieurs matchs à cause d’une autre blessure bizarre, Mike Adams a fait le travail à la course et Duke Ihenacho a été prometteur mais inconstant avec notamment 10 plaquages manqués. Attendez vous à voir du changement dans les rangs, vu qu’en plus une valise des noms que j’ai cités sont Free Agent.

Enfin, félicitations à Matt Prater qui a battu le record du plus long Field Goal avec 64 yards, même si comme par hasard il a eu lieu à Mile High, un stade à 1069 mètres d’altitude où DEUX FG de 63 yards avaient déjà été réussi. Sinon Trindon Holliday est une sacrée menace sur retour… quand il ne perd pas la balle.

L’année dernière je disais qu’une erreur ne valait pas de jeter toute une saison à la poubelle. Cette année on parle plus d’un passage à vide monstrueux au pire moment, mais pour autant pas de quoi jeter non plus la saison à la poubelle. La seule question que les Broncos doivent se poser, c’est ce qu’ils doivent faire pour éviter que ça arrive de nouveau s’ils se retrouvent dans la même position l’année prochaine. Parce qu’en regardant la tête de l’AFC ces dernières années, ils peuvent le refaire.

 

Les besoins

 

Le turnover a déjà commencé chez les arrières avec le cut de Bailey, sans compter que DRC, Harris, Jammer, Carter et Adams. Il ne m’étonnerait pas que l’équipe décide aussi de s’offrir un DE pass-rusher pour éviter de tomber en panne sèche au pire moment (genre dans les playoffs).

 

Le futur

 

Domicile : Kansas City, Oakland, San Diego, Buffalo, Miami, Arizona, San Francisco, Indianapolis.

Extérieur : Kansas City, Oakland, San Diego, New England, NY Jets, St. Louis, Seattle, Cincinnati.

Record cumulé en 2013 : 146-110 (2e).

Denver avait le calendrier projeté le plus facile en 2013… c’est fou ce que ça change quand on n’a pas une division de raccrocs et qu’on se prend la NFC West l’année suivante. BRUTAL.