Ze Latest Awards : San Francisco
C’est difficile de dire que la saison est ratée quand on finit 12-4 derrière Seattle et qu’on atteint la finale NFC pour la troisième année consécutive après des années de médiocrité (voire nullité). Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser aux Bills des années 1990 et aux Eagles des années 2000s, qui ont sans arrêt perdu quand ça comptait vraiment. Quand on rajoute le fait que San Francisco a vu une équipe bâtie sur le même modèle qui, elle, est parvenue jusqu’au titre du premier coup, ça doit quand même laisser un sacré arrière-goût. Derniers de nos Awards Parodiques, les 49ers ont tenté le casse en faisant le pari de rafler la mise avant que le train du salary cap n’arrive, et maintenant ils sont devant quelques maux de crâne, et sans Lombardi en plus dans la vitrine.
A lire en ayant l’écume aux lèvres (dit aussi « avoir un Harbaugh »).
SAN FRANCISCO 49ERS
2e NFC West ~ 12-4 / 2-1
Les prévisions de Madame Soleil 2013
Aucune raison de ne pas voir les 49ers refaire le même parcours en 2013 qu’en 2012, ce qui nous promettait encore plus de gros plans sur le visage apoplectique de Jim Harbaugh qu’on ne souhaitait voir. Néanmoins, avec l’équipe jeune qu’il avait bâtie, rien n’empêchait l’escouade de continuer sa progression vers le trophée Lombardi… enfin rien sauf le futur contrat de Colin Kaepernick.
La seule ombre au tableau était évidemment la blessure de Michael Crabtree au tendon d’Achille, et visiblement le cut d’A.J. Jenkins prouvait que la franchise avait fait une erreur, cependant ils avaient suivi le vieil adage : « si vous ne pouvez pas les battre, engagez-les » en signant Anquan Boldin.
Du côté de la défense, la seule inconnue restait sur une arrière-garde qui avait été un peu malmenée l’année dernière, et il allait être intéressant de voir si Nnamdi Asomugha revenait à son meilleur niveau après son passage catastrophique à Philadelphie. Quoiqu’il en soit, difficile d’imaginer les 49ers autrement qu’en playoffs, mais pour le titre de division Seattle allait chèrement vendre sa peau.
La saison
Green Bay 34-28, @Seattle 3-29, Indianapolis 7-27, @St. Louis 35-11, Houston 34-3, Arizona 32-20, @Tennessee 31-17, @Jacksonville 42-10, Carolina 9-10, @New Orleans 20-23, @Washington 27-6, St. Louis 23-13, Seattle 19-17, @Tampa Bay 33-14, Atlanta 34-24, @Arizona 23-20
Les playoffs
@Green Bay 23-20, @Carolina 23-10, @Seattle 17-23
La réalité
En effet, rien n’empêchait San Francisco de refaire la même saison (voire même un peu mieux au niveau du record)… sauf Seattle. Néanmoins, on a quand même pu remarquer quelques failles dans l’équipe cette saison, avec notamment une absence de marque en attaque. En effet si la défense a été compétente comme à son habitude, l’attaque l’a été beaucoup moins cette année, notamment dans les airs (186.2 yards, 30e). Alors bien évidemment, quand on a un des meilleurs jeux au sol et une défense pareille (même si les arrières n’ont pas été exempts de tout reproche), ce n’est pas forcé d’avoir un jeu de passe délirant. Néanmoins on ne peut s’empêcher de penser que si on doit trouver une faille quelque part dans l’équipe de San Francisco, c’est dans ce secteur-là (vous allez vite comprendre en voyant les chiffres).
Ce qui nous amène naturellement au cas Colin Kaepernick… dans tous les sens du terme d’ailleurs, que ce soit niveau performance dans le jeu de passe ou mal de crâne pour le salary cap. C’est le risque quand on adoube les ptits jeunes un peu trop vite : on oublie qu’ils apprennent le jeu, et que dès qu’on leur enlève une de leurs armes à la réception, ils peuvent régresser et… redevenir des ptits jeunes. Kaepernick a certes brillé dès le premier match, mais ensuite ça a été bien plus compliqué pour lui en l’absence de Michael Crabtree : imprécis, indécis, et totalement transparent quand sa cible #1 est bien couverte par la défense adverse. Quand le Crab est revenu c’est allé bien mieux, et le #7 a terminé la saison puis a joué les playoffs de manière très sûre, mais ça prouve ce que je disais : il doit progresser encore, car sa mécanique dans la poche est problématique et sa lecture des défenses reste minimale. Quand on a Vernon Davis et Anquan Boldin, avec l’assurance de Frank Gore au sol, pas besoin d’être Peyton Manning pour arriver à faire quelque chose en attaque. Cela dit, ce n’est pas totalement de sa faute non plus : la ligne offensive et le manque de profondeur de talent au poste de receveurs n’a pas aidé, mais quelques fois je pense que ce n’est pas mal que le jeu rappelle que les jeunes QB lancés de suite dans le bain ont quand même besoin d’apprendre. Kaep termine avec 58.4% de complétion (trop bas), 3147 yards, 23 TD et 8 INT, avec 524 yards au sol et 4 TD. Dernière chose, dommage de prendre soin de la balle avec seulement 8 INT et de commettre 6 fumbles dont 4 perdus à côté.
Je parlais de ligne offensive, car en effet on l’a connu plus solide l’année dernière. Je ne vais pas essayer de vous faire croire qu’ils sont devenus mauvais, et Kaepernick reste responsable d’une bonne partie des 39 sacks qu’il a pris en essayant de créer un miracle, mais l’unité semble avoir régressé par rapport à 2012. Les coureurs n’ont pas toujours eu les mêmes brèches, et le QB n’a pas eu toujours eu autant de temps pour lancer. Joe Staley reste le #1 de l’unité (20 pressions dont 4 sacks pour un Left Tackle !), Anthony Davis est un Right Tackle capable, mais c’est plus l’intérieur qui a été inconstant : on a connu Mark Iupati et Alex Boone plus tranchants au sol et en protection de passe, alors que Jonathan Goodwin a lâché 4 sacks, ce qui reste un peu élevé pour un Centre. Je sais que les deux Guards ont été votés au Pro-Bowl, mais regardez les deux équipes All-Pro : ils n’y sont ni l’un ni l’autre, et ce n’est pas un hasard; ça montre bien que leur niveau de jeu n’était pas celui de la saison précédente (même si, encore une fois, ils ont été solides).
Je donne l’impression de chercher la petite bête, mais je tente de prouver que la pénurie offensive des 49ers pendant plusieurs matchs est venue d’un peu partout. Bon, OK, « pénurie » serait un grand mot pour Frank Gore (photo), mais on ne peut s’empêcher de remarquer qu’il a lui aussi légèrement baissé de pied. Certes, il a réussi une année à 276 courses, 1128 yards et 9 TD, sachant que pendant un moment il a été la seule force offensive de l’équipe (il a également été excellent en protection de passe en ne lâchant que 4 pressions). Néanmoins, sa moyenne de 4.1 yards est la plus basse de sa carrière et vient à mon avis de trois choses, deux étant rectifiables et la troisième un vrai futur problème : 1) une OL un peu moins efficace, 2) un playcall parfois trop prévisible et surtout 3) il a atteint la barre des 30 ans, qui en général n’est pas tendre avec les chevaux de labour comme lui. Il n’a fait qu’une saison à 300+ courses, mais on va devoir commencer à surveiller ses performances les années prochaines. C’est maintenant que la présence d’un Kendall Hunter est profitable, car il a montré qu’il pouvait prendre le relais en maximisant ses 78 courses avec 4.6 yards de moyenne et 3 TD. Bruce Miller a été un très bon Fullback pour les deux.
Nous en arrivons aux receveurs. On se doutait déjà que la signature de Boldin (photo) était un gros plus pour les 49ers, mais on ne se doutait pas que ce serait à ce point après la blessure du Crab (je ne sais toujours pas comment il a pu partir pour un 6e tour de draft seulement). L’ancien Raven a été l’Alpha et l’Oméga pendant un moment, avec ce match d’ouverture énorme sur la route d’une saison à 85 réceptions, 1179 yards et 9 TD; il a également un taux de drops assez bas avec 6 sur 91 rattrapables. Il a tenu le fort le temps que Michael Crabtree se remette de sa blessure au tendon d’Achille; quand ce dernier est revenu, comme par hasard l’attaque s’est mise à marcher bien mieux. Le dernier membre du trio infernal a bien sûr été le Tight End Vernon Davis, qui est un monstre : il a dominé la red zone comme pas deux avec 13 TD sur 52 réceptions et 850 yards, soit un TD tous les 4 ballons attrapés (!). Sinon pour le reste, rideau : Mario Manningham et Quinton Patton ont été blessés la majorité de la saison, Jon Baldwin a été transparent et Vance McDonald a été plus utilisé en run block qu’à la passe. C’est l’unité à renforcer en attaque pour San Francisco cette offseason, parce que Boldin, Crabtree et Davis totalisent TOUS les TDs à la réception des 49ers cette année.
C’est une preuve de la qualité de l’équipe de finir 12-4 avec tous ces petits pépins en attaque, surtout quand on pense que les 49ers étaient à un call limite contre les Saints de finir 13-3, de piquer le titre de division à Seattle… et de jouer la finale NFC à la maison. Cela a été possible grâce à une défense qui a encore fait du très bon travail cette année, même si là aussi on peut remarquer quelques petites failles ici ou là. On peut déjà remarquer que la défense a été la seule à ne pas avoir laissé un seul coureur adverse dépasser les 100 yards.
C’est bien sûr en partie grâce à la ligne défensive qui a été comme toujours très bonne cette saison, même si elle n’a pas toujours su aller plaquer le porteur à perte. Le Defensive Tackle ex-Chief Glenn Dorsey s’est retrouvé titulaire suite à la blessure de Ian Williams, et il a très bien joué le rôle du mammouth qui bloque le passage avec 10.4% de run stops (9e DT). Les deux Defensive Ends Justin Smith (photo) et Ray McDonald ont eu chacun leur spécialité : McDonald est solide au sol alors que comme toujours Smith est une force dans le pass-rush (56 pressions dont 6.5 sacks). Ils ont également pu se reposer un peu plus que l’année dernière avec une rotation plutôt sympathique formée de Tony Jerod-Eddie et Demarcus Dobson; sans oublier le rookie Tank Carradine qui attend son heure dans l’ombre. Bref, les 49ers semblent parer pour l’avenir du côté de leur gros de devant.
Et c’est pareil derrière. Nul besoin de présenter probablement le meilleur duo de Linebackers de la ligue avec NaVorro Bowman (photo) et Patrick Willis. Les deux joueurs ont encore fait une saison pleine au centre de l’unité, mais on a vu un petit changement de dynamique entre les deux : alors que Willis était le taulier historique qui menait la barque les années précédentes, cette année c’est Bowman qui est sans conteste le MVP de la défense. Le #53 a fait une saison pleine : 145 plaquages, 11.4% de run stops (8e ILB), 4 fumbles forcés, 18 pressions dont 5 sacks (sur 73 rushs) et 2 interceptions, dont le fameux pick-6 qui a clôt le dernier match à Candlestick Park. Il a été partout, tout le temps, avec efficacité et férocité; sa terrible blessure lors de la finale NFC, qui risque de lui faire rater une bonne partie de la saison prochaine, est vraiment dommageable pour l’équipe. Willis n’a pas été en reste : il a lui aussi fait une très bonne année avec 104 plaquages, 2 fumbles forcés et 11 pressions dont 3 sacks (en 56 rushs). Suite à la blessure de Bowman, c’est probablement Michael Wilhoite qui va être en première position pour le remplacer, lui qui a déjà fait un intérim quand Willis a été blessé cette année. Chez les Outside Linebackers, Aldon Smith a été de nouveau polyvalent avec 55 pressions dont 8.5 sacks et 7.2% de run stops. Ahmad Brooks a été un peu plus polyvalent que Smith avec 44 pressions dont 8.5 sacks aussi et 8.2% de run stops; par contre il a toujours tendance à être pris hors-jeu. Comme pour la DL, la rotation a été bonne avec Dan Skuta et Corey Lemonier qui ont su relever les titulaires en étant efficaces. Le front-7 des 49ers est un des meilleurs de la ligue, autant par la qualité des titulaires que des remplaçants.
Bon alors, on trouve une faille dans cette défense ou c’est vraiment impossible ? On pourrait à la rigueur pointer le fait que les 49ers n’amassent pas autant de sacks que d’autres gros pass-rushs (38 sacks au total, ça reste un peu faible), mais il y a eu un problème plus évident, et il est chez les arrières : Carlos Rogers. A 33 ans, le Cornerback continue son déclin depuis 2011 : il n’a pas fait une saison horrible pour autant, mais il a le plus haut taux de réception de l’équipe (61.6%), a raté le plus de plaquages chez les CBs (13), et avec 93 ciblages a produit trop peu (2 INT et 4 passes défendues). Etant donné que c’est lui qui coûtera le plus cher l’année prochaine (avant les nouveaux contrats), il risque de ne pas faire long feu. D’autant plus que derrière lui Tarrell Brown a fait une année correcte (moins de 60%, 3 TD, 11 passes défendues mais aucune interception) et Tramaine Brock a explosé : si l’ancien non-drafté de 2010 a encaissé 5 TD, il n’a autorisé que 55.4% de catchs avec 5 INT et 8 passes défendues. La dernière ligne de défense a aussi été très solide avec Donte Whitner et Eric Reid. Bien que le rookie ait commis quelques erreurs naturelles (13 plaquages manqués, 66% de passes autorisées), il les a rapidement corrigées, n’a commis aucune faute (l’opposé de Dashon Goldson) et a fait une année complète contre la course et la passe, avec notamment 4 interceptions. Le seul souci avec lui, finalement, c’est qu’il a déjà pris deux commotions en une seule saison. Whitner a été le pilier du duo, s’est même amélioré en couverture (une passe sur deux autorisée seulement, 2 INT), mais il reste un peu trop ardent dans ses plaquages pour la NFL d’aujourd’hui (un des raisons de ses 7 pénalités). Enfin, Nnamdi Asomugha est tristement parti en retraite après avoir été un des meilleurs Corners de la ligue à Oakland. Dans l’ensemble, à part Rogers (et Aso évidemment), les arrières des 49ers ont été excellents.
Dans les équipes spéciales, Phil Dawson et Andy Lee ont été solides, mais s’il manque quelque chose à San Francisco c’est probablement un vrai returner dangereux.
Maintenant, les 49ers vont devoir faire des choix, car ils n’ont pas énormément de salary cap, et Kaepernick doit recevoir son nouveau contrat. On risque de voir un peu de changement dans la Bay Area, mais rien de véritablement transcendant, du moins pour l’instant. Et de toute façon, notamment en défense, l’équipe a assez de qualité sur le banc pour amortir tout départ… même si la blessure de Bowman est une autre paire de manches. C’est en attaque qu’il va falloir apporter un peu de sang neuf pour ne pas revivre une moitié de saison comme la première de 2013, mais à part ça, rien n’empêche San Francisco de jouer encore les premiers rôles l’année prochaine.
Les besoins
Receveur et Cornerback : une bonne flèche (en attendant Patton) ferait du bien, et un peu d’aide chez les arrières ne fera pas de mal. A part ça, le roster est très solide.
Le futur
Domicile : Arizona, St. Louis, Seattle, Philadelphia, Washington, Kansas City, San Diego, Chicago.
Extérieur : Arizona, St. Louis, Seattle, Dallas, NY Giants, Denver, Oakland, New Orleans.
Record cumulé en 2013 : 144-112 (4e).
Le privilège d’être dans la NFC West et de se prendre l’AFC West l’année prochaine, plus Chicago et New Orleans. Ca promet du beau grabuge .