Ze Latest Awards : Pittsburgh

Est-ce que les Steelers méritaient d’aller en playoffs ? Plus que San Diego ou Baltimore ou Miami ? Je sais bien qu’on n’est pas là pour récompenser le mérite, et que d’autres équipes ont fait des démarrages vaseux pour se retrouver en playoffs (et certains ont même gagné le Superbowl). De plus, Pittsburgh n’a pas été spécialement catastrophique dans un secteur (pas comme San Diego et sa défense en saison régulière par exemple). Ils ont été au niveau de la course au seed #6, c’est-à-dire moyen.

A lire en faisant un pas de deux (olé !).

 

PITTSBURGH STEELERS
2e AFC North ~ 8-8

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2013

 

C’est un peu comme ce fameux proverbe : « une horloge cassée a raison deux fois par jour ». A force de répéter que la défense était trop vieille, que le jeu de course était trop absent et que Big Ben allait finir par y rester derrière son OL, on risquait forcément d’avoir raison quand les Steelers feraient une saison vraiment mauvaise (et par là j’entends pire qu’un record de 8-8). Était-ce l’année de trop pour une équipe de Pittsburgh en manque cruel de renouvellement ?

En tout cas, on ne peut pas dire que l’organisation n’avait pas fait le ménage parmi les concernés : dehors James Harrison, Casey Hampton, Willie Colon, Max Starks, Ramon Foster, histoire de mettre un peu de sang neuf dans… non attendez, sans aucune arrivée majeure ? OOOOOOOK. Sachant qu’en plus l’équipe s’était séparée d’un Mike Wallace trop cher, d’un Rashad Mendenhall trop blessé ou d’un Keenan Lewis trop… trop quoi lui en fait, il n’était pas une des bonnes surprises de l’année dernière ? D’accord, l’équipe avait signé le CB des Cardinals William Gay mais c’était quand même assez surprenant.

Enfin bref, pour tout vous dire c’était le grand questionnement sur Pittsburgh cette saison, et rien n’avait été vraiment fait dans l’offseason pour rassurer. Il n’y avait pas forcément de quoi être optimiste sur les chances des Steelers qui allaient devoir recevoir une bonne contribution des rookies comme Jarvis Jones ou Le’Veon Bell pour survivre dans une AFC North relevée qui comptait les champions en titre et les Bengals…

 

La saison

 

Tennessee 9-16, @Cincinnati 10-20, Chicago 23-40, @Minnesota 27-34, @Jets 19-6, Baltimore 19-16, @Oakland 18-21, @New England 31-55, Buffalo 23-10, Detroit 37-27, @Cleveland 27-11, @Baltimore 20-22, Miami 28-34, Cincinnati 30-20, @Green Bay 38-31, Cleveland 20-7

 

La réalité

 

On a bien cru qu’en effet l’horloge cassée allait avoir raison cette année avec ce démarrage à 0-4 puis 2-6 et l’appel de quelques têtes par-ci par-là. Et puis, l’AFC manquant cruellement de qualité pour ce qui est du seed #6, les Steelers ont pu revenir dans la course et espérer jusqu’à la dernière seconde une place en playoffs improbable que les Chargers ont fini par leur ravir… avec la fameuse controverse. Même si c’est une fin idoine à cette saison rocambolesque en Pennsylvanie, les Steelers ne peuvent néanmoins s’en prendre qu’à eux-mêmes avec ce début catastrophique.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Ben+Roethlisberger+Cleveland+Browns+v+Pittsburgh+nY9fVzb5Epxl.jpgEt une partie de ce fait est imputable à Ben Roethlisberger. Le géant QB a démarré l’année en mode sommeil comme son équipe, avec au moins une perte de balle dans les 4 premiers matchs; la catastrophe ayant culminé dans ce « double-double » contre Chicago (2 interceptions et 2 fumbles perdus). Néanmoins, cela n’explique pas complètement qu’il ait établi le record historique de complétions dans une saison des Steelers (375), ou qu’il ait approché son meilleur total de yards sur une saison (4261) : cela veut dire qu’il a aussi dû s’employer parce que les Steelers ont été souvent derrière au score (le meilleure exemple étant le match contre Detroit). Big Ben a su redresser la barre après son départ compliqué, prenant les commandes de l’attaque et de la no-huddle. Il reste un des QBs les plus précis de la ligue à 64.2%, et après un départ à 6 TD et 6 INT il a réussi une belle série pour terminer à 28 TD et 14 INT. Il n’a pas forcément été aidé par les 36 drops de ses receveurs, même si c’est loin d’être le pire taux de la ligue (6.2%, 13e).

Allez, c’est maintenant qu’on ouvre le chapitre habituel où on dit que Roethlisberger a eu… une protection plutôt potable ? Oh sans blague ? Il n’a pas dû éviter 132 sacks par lui-même pour lancer une passe après 7 secondes de slalom spécial ? Eh bien non. On ne va pas sauter au plafond tout de suite, mais étant donné les blessures et l’inefficacité de la ligne au départ, elle s’est plutôt bien reprise par la suite. En effet, le Centre Maurkice Pouncey a fini sur IR après seulement 8 petits snaps (ouch), remplacé par un Fernando Velasco moins bon mais solide, et le Left Tackle Mike Adams a été très décevant, ce qui a poussé la titularisation… du 7e tour Guard Kelvin Beachum à sa place. Ca avait tout de l’Armageddon annoncé, mais le seconde année s’en est plutôt bien sorti. La paire de Guards David DeCastro et Ramon Foster a été bonne, ce qui est encourageant pour DeCastro après son année blanche de rookie l’année dernière. Le seul souci a été Marcus Gilbert qui a fait le yoyo toute la saison avec 46 pressions dont 11 sacks lâchés au final. En tout cas, malgré les modifications, la ligne s’en est bien sortie en protection de passe (43 sacks), par contre le run block est encore à améliorer.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Le+Veon+Bell+Cincinnati+Bengals+v+Pittsburgh+SwYcgmTiRIzl.jpgCe qui ne donne que plus de poids à la découverte de l’année chez les Aciéristes, Le’Veon Bell (photo). Pittsburgh avait hésité entre Eddie Lacy et lui à la draft, et avait préféré prendre Bell; en fait en regardant leurs saisons respectives, il n’y avait pas matière à choix, puisqu’ils ont tous les deux battus le record de yards pour un rookie coureur dans leur franchise. Art Rooney II, qui voulait que les Steelers reviennent à un jeu au sol prépondérant, n’aura sûrement pas à un retour aux années 1970s, mais Bell est ce qui s’approche de plus d’une arme double permettant d’équilibrer l’attaque : 244 courses pour 860 yards et 8 TD, plus 43 réceptions pour 399 yards; ces 1259 yards cumulés battent le record de Franco Harris pour un rookie coureur à Pittsburgh. Sa moyenne de 3.5 yards par course est un peu basse, mais l’OL y a sa part de responsabilité, et il devrait progresser encore. Jonathan Dwyer a été un second couteau efficace avec 49 courses et 197 yards (4.0 yards).

On se posait des questions sur les performances du jeu de passe des Steelers avec Mike Wallace parti aux Dolphins, et on a eu la réponse : ca convient très bien à Antonio Brown, qui lui aussi a décidé de réécrire un peu le livre d’histoire de la franchise. 110 réceptions, 1499 yards et 8 TD plus tard, Brown est le receveur le plus prolifique en yards dans une saison de l’équipe, devant Yancey Thigpen et John Stallworth; il est également à 2 réceptions d’égaler le record en une saison d’Hines Ward. Brown a été stratosphérique cette année, avant, pendant et après la réception : il est juste en-dessous des 70% en taux de catch (ce qui est très incroyablement haut pour autant de réceptions), il a 8 drops sur 118 passes rattrapables (ce qui est incroyablement bas pour autant de ciblages), et il a 655 yards après la réception, ce qui est 3e dans la ligue. Pour ne pas gâcher, il a également été très bon sur retour de punt, ce qui lui a valu d’aller au Pro Bowl. Il a été assisté par un Jerricho Cotchery tellement insaisissable dans le slot qu’il a scoré plus de TD que Brown avec 10. Emmanuel Sanders a eu une année un peu plus difficile avec « seulement » 67 réceptions, 735 yards et 6 TD; les drops au pire moment continuent de le hanter, comme celui sur la conversion à deux points contre Baltimore. Du côté des Tight Ends, on a rapidement vu ce que l’attaque manquait quand Heath Miller n’était pas là; et même après son retour il n’a pas semblé dans le coup : 593 yards, 1 TD.

Mais quoi qu’il en soit l’attaque a été là pour rattraper le coup, car la défense, elle, a légèrement décliné cette année; sans surprise, à cause notamment des départs de Casey Hampton, James Harrison et Keenan Lewis. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il y a du talent, quelques fois il manque juste de support.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Cameron+Heyward+Cleveland+Browns+v+Pittsburgh+DCUfdxqwQ-dl.jpgLa DL, par exemple, a vu l’éclosion de Cameron Hayward (photo) cette année avec 47 pressions dont 5 sacks. Mais c’est à peu près tout question compliment : il n’a pas été vraiment efficace à la course, comme ses partenaires Ziggy Hood, Brett Keisel ou Steve McLendon. Cet état de fait a donné une défense historiquement faible au sol : 115.6 yards encaissés par match et 18 TDs sur toute la saison, des totaux aberrants pour une défense comme celle de Pittsburgh. Le pass-rush aussi a souffert : non seulement ils n’ont pas vraiment réussi à percer les OLs adverses, mais même si on part du principe qu’ils sont là pour bloquer et en faire profiter les Linebackers, les Steelers n’ont réussi que 34 sacks, le 25e total de la ligue. Tout part de la DL qui, à part Heyward, n’a pas réussi à se mettre au niveau requis. C’est embêtant pour McLendon qui n’a pas l’aura d’un Hampton au centre de la ligne.

Du côté des Linebackers, il y a également eu du bon et du moins bon. Le moins bon est bien évidemment la blessure de Larry Foote dès le premier match et sa mise sur IR comme pour Pouncey. Cela a demandé une réorganisation de l’unité qui n’est pas allée sans mal, car le rookie Vince Williams a vu plus de snaps que l’équipe aurait voulu aux côtés de Lawrence Timmons (en général Dick LeBeau n’aime pas faire jouer des rookies de suite, il préfère qu’ils apprennent derrière les vétérans). Les deux ILB n’ont pas été à la rue au sol malgré les problèmes devant (Timmons est à 10.7% en run stops), mais évidemment on attend mieux de leur part aussi dans le pass-rush. A l’extérieur, LaMarr Woodley (photo, à droite) a pris la place de James Harrison, et si son travail au sol pourrait être amélioré, il a été redoutable dans un rôle de pass-rush limité : il a réussi 37 pressions (dont 5 sacks) en 196 rushs seulement. Jarvis Jones a connu une saison rookie compliquée, et Jason Worilds (photo, au milieu) a tiré son épingle : il a regagné du temps de jeu pendant la saison, devenant une vraie menace contre la course et dans le rush avec 48 pressions dont 8 sacks. Bref, cahin-caha, la ligne de Linebackers a fait le travail malgré les blessures et les rookies, mais elle pourrait clairement bénéficier d’un super pass-rusher.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Lamarr+Woodley+Miami+Dolphins+v+Pittsburgh+TGJEOu_3veFl.jpgEvidemment, la facilité serait de dire que ce super pass-rusher pourrait venir mettre plus de pression sur le QB et l’empêcher d’exposer une arrière-garde qui n’a pas été horrible, mais qu’on a déjà vu plus efficace par le passé. Cependant quand on regarde un peu les chiffres on se rend compte d’un phénomène étonnant : les Steelers ont posté quasiment autant de sacks qu’en 2011 et 2012… et pourtant ça ne les empêchait pas de limiter à 31/34 les gains à la passe de 20+ yards et à 2 les gains à la passe de 40+ yards. Cette année ? 46 gains de 20+ yards et surtout 12 gains de 40+ yards; les DBs ont lâché beaucoup plus de big plays que les années précédentes. William Gay a été le plus efficace avec moins de 60%, 1 TD, 1 INT et 5 passes défendues, alors que Cortez Allen a été plus limite avec 5 TD, 1 INT et 2 passes défendues. Ike Taylor a beaucoup ramé : il a lâché 1043 yards, le pire total NFL (et le seul à 1000+), et encaissé 6 TD avec 12 passes défendues. Chez les Safeties, Ryan Clark n’a pas été à son niveau habituel cette année, on l’a connu bien meilleur à la course et en couverture (3 TD, 2 INT, 1 passe défendue, lui qui d’habitude a plus de passes défendues que de TD). Quant à Troy Polamalu (photo, à gauche), sa saison a été un peu bizarre vu qu’il a dû venir aider au poste de Linebacker après la blessure de Foote; il a encore été solide, même si son instinct lui joue de plus en plus de tours en couverture, cf. le match contre Miami.

En résumé, les Steelers sont là où ils le méritent quand on prend la saison dans son ensemble. Ils ont subi quelques coups durs avec la perte de deux joueurs essentiels au premier match, ce qui n’a pas aidé dans ce démarrage compliqué. Ils ont bien redressé la barre mais ça ne doit pas masquer les insuffisances et le manque de profondeur à certains postes.

 

Les besoins

 

Un 3-4 OLB pass-rusher. Les Steelers ne peuvent décemment pas rester à moins de 40 sacks comme ses trois dernières années (et Jarvis Jones ne suffira pas même s’il progresse). Un Safety va devenir important pour préparer l’après Polamalu/Clark. En attaque, un petit OT parce qu’actuellement c’est quand même un 7e tour Guard qui a le poste à droite.

 

Le futur

 

Domicile : Baltimore, Cincinnati, Cleveland, Houston, Indianapolis, New Orleans, Tampa Bay, Kansas City.

Extérieur : Baltimore, Cincinnati, Cleveland, Jacksonville, Tennessee, Atlanta, Carolina, NY Jets.

Record cumulé en 2013 : 120-136 (23e).

La vraie difficulté de ce calendrier est de deviner quels niveaux auront Houston et Tampa Bay en général, ainsi que les Jets offensivement. Ca peut être soit jouable pour un seed #6 (oui encore :p), soit compliqué.