Ze Latest Awards : New York Giants

Contrairement à Hollywood, réécrire le même script en NFL est bien plus compliqué. Les Giants ont déjà fait le coup du scénario « retournement de situation surprise » en 2007 et 2011, et on avait pris l’habitude qu’ils démarrent comme des gros diesels, mais cette fois c’était beaucoup trop criant pour ne pas finir en jus de boudin. Certes l’équipe a fait un gros effort pour renverser le 0-6 en 7-9, mais il y avait trop de carences et de cadeaux donnés aux adversaires pour espérer refaire le coup. Les Giants ne sont pas devenus la première équipe à jouer le Superbowl dans son stade, et ça pose pas mal de questions pour le futur.

A lire en essayant de ne pas le donner à son voisin par erreur.

 

NEW YORK GIANTS
3e NFC East ~ 7-9

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2013

 

Depuis quelques années, les Giants nous faisaient la même : on gagne, on perd, on gagne, on perd, et puis finalement on arrive à 9-7 et soit on s’arrache pour les playoffs et on renverse tout, soit on rate la qualification. Quelle version de l’équipe allait-on voir cette fois ? En tout cas, les Giants avaient rapidement ciblé leur principal problème l’année dernière : la défense contre la course, d’où les signatures de Cullen Jenkins, Mike Patterson & Shaun Rogers pour renforcer l’intérieur de la ligne défensive. La DL avait d’ailleurs vu deux départs : Chris Canty aux Ravens et Osi Umenyiora aux Falcons. Il y avait également eu quelques remplacements ailleurs en défense, que ce soit chez les Linebackers ou les arrières dont on espérait qu’ils pourraient faire une saison complète avec la majorité des 4 titulaires.

En attaque, la question principale était : est-ce que Salsa Man allait avoir ses gros sous ? Finalement Victor Cruz avait signé son gros contrat et il pouvait rejoindre le corps de receveurs qui avait entre temps perdu Domenik Hixon, Steve Smith & Martellus Bennett. Du coup cela mettait de la pression sur Rueben Randle & Brandon Myers pour aider Eli Manning. L’OL aussi avait connu un branle-bas de combat avec l’ajout du rookie Tackle Justin Pugh et le Guard James Brewer. Du coup tout cela rajoutait un peu à l’expectative d’être déjà dans une des divisions les plus mouvantes de la NFL en terme de résultats.

 

La saison

 

@Dallas 31-36, Denver 23-41, @Carolina 0-38, @Kansas City 7-31, Philadelphia 21-36, @Chicago 21-27, Minnesota 23-7, @Philadelphia 15-7, Oakland 24-20, Green Bay 27-13, Dallas 21-24, @Washington 24-17, @San Diego 14-37, Seattle 0-23, @Detroit 23-20 (OT), Washington 20-6

 

La réalité

 

Difficile de réaliser quoi que ce soit dans une saison quand vous lancez 29 interceptions (pire total) et perdez 15 fumbles (2e pire total derrière Denver). Les Giants ont donné 44 ballons à leurs adversaires, loin devant tous les autres (les seconds sont Washington et Detroit à… 34). Ce n’est pas uniquement une faillite du QB, c’est une faillite générale de l’attaque, alors que la défense s’est bien reprise après un démarrage catastrophique. On peut expliquer une partie de cette mauvaise saison par les 14 joueurs mis sur IR, mais pas seulement.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Eli+Manning+Seattle+Seahawks+v+New+York+Giants+Q_F7-uWBrMwl.jpgEn effet, c’est une chose de jouer derrière la pire ligne offensive (ou presque) de la ligue, et d’avoir un WR#1 et un TE#1 plus qu’inconstant; c’est en partie pourquoi les 27 interceptions d’Eli Manning cette année ne sont pas toutes de sa faute. La dernière fois qu’il a atteint un tel chiffre, c’était en 2010 (25), quand la moitié de ses interceptions touchaient les mains de ses receveurs avant de finir dans celles des défenseurs. Néanmoins, il est très loin d’être dédouané de toute responsabilité, car il a plusieurs fois tenté des passes impossibles ou raté des lectures de défenses. Il a terminé cette année avec son plus bas taux de complétion (57.5%) et de TD (18) depuis qu’il joue une saison complète en 2005. C’est son pire total d’interceptions et de sacks (39) de sa carrière, donc il n’est pas le seul à blâmer, mais ça n’excuse pas une chose : quand on retire les spikes, les passes envoyées en touche, les passes déviées par la DL et les passes lancées alors qu’il est frappé, Eli est avant-dernier à 67.2% de précision, derrière la sélection All-Star de Brandon Weeden, Terrelle Pryor, Case Keenum, Geno Smith et uniquement devant Matt McGloin.

Mais, en effet, il a couru pour sa vie toute la saison à cause de la pire ligne offensive de la ligue cette année. Le propriétaire lui-même, John Mara, avait dit qu’il n’était pas sûr de la qualité et de la profondeur de la ligne, et on en a eu la confirmation. Chris Snee et David Baas se sont certes blessés rapidement, mais Snee avait déjà lâché 13 pressions en 3 matchs dont 3 sacks. Derrière, on a été obligé de jouer aux chaises musicales (7 alignements différents en 16 matchs) et ça a été une catastrophe : David Diehl a sans doute joué l’année de trop, le multitâche Kevin Boothe a fait ce qu’il a pu où il a joué, James Brewer a eu l’air perdu, et Will Beatty s’est inexplicablement écrasé en lâchant 59 pressions dont 13 sacks (le pauvre a même fini avec une fracture de la jambe). Le plus ironique finalement, c’est que le rookie Justin Pugh s’en est le mieux sorti : il a connu quelques difficultés compréhensibles pour un rookie jeté dans un boxon pareil, mais il a été appliqué, a vite appris et a commis très peu de pénalités. Un vrai rayon de soleil pour le futur de l’OL à New York.

Bien entendu, la ligne n’a pas seulement raté la protection de Manning, elle a également eu énormément de mal à ouvrir des brèches aux coureurs, qui ont connu leur lot de blessures. Néanmoins, comme pour le #10, ce n’est pas l’offensive line qui a forcé David Wilson et Andre Brown à fumbler. Wilson a démarré la saison et a perdu deux fumbles dans le match d’ouverture avant d’être finalement mis sur IR suite à une sténose spinale. Brown étant sur IR avec retour, le vétéran Brandon Jacobs et le disparu Peyton Hillis ont repris la charge, et on a cru à un moment revoir la boule de billard Jacobs de 2007 : avec 58 courses pour 238 yards et 4 TD, il a fait bon travail avant lui aussi de se blesser. Finalement Brown est revenu et à son tour a donné un peu d’énergie avec 492 yards et 3 TD, mais lui aussi a perdu des ballons à la fin de la saison. Résultat : les Giants n’ont pas un coureur à 500+ yards.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Victor+Cruz+Green+Bay+Packers+v+New+York+Giants+astlfsV8wyol.jpgEt devinez quoi ? Ils n’ont pas de receveurs à 1000+ yards non plus. Je sais, je pinaille sur les chiffres vu que Victor Cruz (photo) est à 998 yards en 73 réceptions et 4 TD, mais ce que je veux dire c’est qu’il manque un nom devant lui, celui d’Hakeem Nicks par exemple. Le receveur est dans une telle mauvaise spirale que non seulement il n’est pas le meilleur receveur de son équipe, mais il n’a marqué AUCUN TD en 2013; ça fait même 18 matchs consécutifs qu’il n’est pas allé dans la endzone (enfin avec la possession du ballon). Tout ça dans sa dernière année de contrat, ce qui aurait pourtant dû être une belle motivation. Bref, avec l’inefficacité de Hicks, les défenses ont gentiment coulissé pour bloquer Cruz, qui n’a de ce fait pas pu poster de chiffres mirobolants; de son côté, Rueben Randle, après avoir démarré tambour battant avec 6 TD, a gentiment commencé à disparaître. Le Tight End Brandon Myers a été une autre déception avec seulement 522 yards et 4 TD, et surtout une mauvais performance en run block. Une belle surprise a été la découverte (même sur le tard) de Jerrel Jernigan.

Bref, voilà comment on finit dans le « bottom 5 » de la NFL dans les statistiques offensives majeures : points, yards, conversion de 3e tentative, TD en zone rouge etc. Une OL minée par les blessures, des coureurs inefficaces qui perdent la balle et un QB déconnecté de ses receveurs qui force des passes en interceptions. Et c’est d’autant plus dommage que la défense des Giants a élevé le niveau par rapport à l’année dernière, et a même élevé le niveau au cours de la saison. En effet, la défense avait sa part de responsabilité dans le démarrage à 0-6, mais ils ont fait une addition qui a bien aidé et un « vieux » est revenu sur le devant de la scène.

En effet, quand on regarde le total de sacks infligés par les Giants cette année, on a du mal à se rappeler qu’à l’époque des « Four Aces » la DL terrorisait les attaques adverses. 34 sacks est le 6e pire total de la ligue, et on ne prenait même pas le chemin d’un total pareil sans le réveil de Justin Tuck en seconde partie de saison. Le joueur a su remettre le moteur en route pour totaliser au final 68 pressions dont 11 sacks en 518 rushs (top team). Malheureusement, on a pas vu la même chose de son camarade Mathias Kiwanuka qui a complètement perdu son peps d’avant, et ne parlons pas de Jason Pierre-Paul qui a traversé l’année comme un fantôme suite à son opération du dos puis une blessure de l’épaule. Cullen Jenkins a été un apport appréciable dans le pass-rush avec 5 sacks, alors que Linval Joseph a fait un grand travail à la course. Ce qui m’amène au bon point de la DL : si le pass-rush a été très inconsistant, contre le jeu au sol ils ont tous fait un grand travail. Joseph a mené la charge avec ses 59 plaquages, mais tout le monde s’y est mis, dont le rookie de second tour Jonathan Hankins qui a été très efficace avec 10% de run stops.

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/Jon+Beason+New+York+Giants+v+Detroit+Lions+LJ6QhyiYSjUl.jpgLes Linebackers ont su ramasser les miettes de ce travail. L’addition dont je parlais un peu plus haut, celle qui a bien aidé la défense, c’est celle de l’ancien Panther Jon Beason (photo, #52), arrivé pour remettre de l’ordre dans une unité bien décriée l’année dernière. L’expérimenté Beason a immédiatement su s’imposer et mener ses partenaires; il est également une raison de la bonne défense au sol des Giants. Imaginez-vous qu’il n’a joué que deux-tiers de la saison avec New York, et il a 93 plaquages, soit 6 de moins que celui qui mène l’équipe. Son problème reste la couverture de passe qui n’a jamais été son fort à Carolina (77.1%, 2 TD, 1 INT). En tout cas, à son arrivée, Spencer Paysinger a glissé en OLB, et il a fait une saison remarquable contre la course : 9.6% run stop et seulement 5 plaquages ratés. Jacquian Williams et Keith Rivers ont complété avec la même solidité contre la course, mais ils ont tous profité de la présence de Beason. Sans lui, on aurait vu une saison bien plus compliquée de la part des LBs.

Corey Webster perdu pour la majorité de l’année, Aaron Ross perdu ensuite, on panique ? Nope. Les Giants ont eu leur lot de pertes chez les arrières, mais ces derniers n’ont pas flanché cette saison malgré quelques ratés. Tout d’abord, une fois que Will Hill est revenu de sa suspension de début de saison, le duo de Safeties qu’il forme avec Antrel Rolle (photo) n’a pas laissé passer grand-chose en l’air. Rolle a été stratosphérique avec 1 seul TD encaissé pour 6 INT (leader NFL chez les Safeties), alors que Hill a autorisé 1 TD pour 2 INT; on peut néanmoins regretter les 11 plaquages manqués par Rolle. Chez les Corners, le vétéran Trumaine McBride (photo) a été la belle surprise avec une efficacité redoutable : 43.8%, 2 TD, 2 INT et 8 passes défendues; malgré sa petite taille il a de bonnes techniques pour dévier la balle une fois dans les mains du receveur. Prince Amukamara a eu un peu plus de mal en autorisant 64.9% de passes mais il s’est rattrapé contre la course, alors que Terrell Thomas a eu beau lutté suite à ses blessures à répétition ces dernières années, il a encaissé 6 TD.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Antrel+Rolle+Seattle+Seahawks+v+New+York+Giants+8367opz--rCl.jpgEnfin, si vous voulez trouver un autre coupable pour les problèmes cette saison, les équipes spéciales en sont un; encore une fois, c’est un produit direct des blessures à répétition qui vident ces escouades de leurs joueurs. Les Giants ont encaissé 3 TD et n’ont jamais fait quoi que ce soit de potable sur retours eux-mêmes.

Tom Coughlin et ses troupes sont partis de trop loin en 2013, et ça repose en partie sur le coach lui-même. Je sais que c’est leur méthode habituelle, mais là il y avait trop de paramètres contraires pour refaire un miracle. Certes, les Giants ont quand même cru un moment au comeback, mais c’était plus dû aux tergiversations de Philly et Dallas. New York doit solidifier quelques secteurs pour redonner de la confiance à Eli et ne pas saborder le travail de la défense.

 

Les besoins

 

Les gros de devant évidemment, car c’est de là que la plupart des problèmes sont partis. Donc OL OL OL. David Wilson et JPP seront sous le microscope et un retour de leur part à un bon niveau aiderait grandement les deux côtés du ballon. Un petit LB de derrière les fagots pour assister Beason serait bien. Un CB aussi.

 

Le futur

 

Domicile : Dallas, Philadelphia, Washington, Arizona, San Francisco, Houston, Indianapolis, Atlanta.

Extérieur : Dallas, Philadelphia, Washington, St. Louis, Seattle, Jacksonville, Tennessee, Detroit.

Record cumulé en 2013 : 119-137 (26e).

Merci pour la NFC West + Detroit quand on a une OL à reconstruire les gars. Très sympa.