Ze Latest Awards : Cincinnati

On pensait que c’était acquis. Les Bengals, progressant chaque année, remportant enfin le titre de l’AFC North, à domicile en Wild Card contre une équipe passée par un trou de souris en playoffs. La plus longue série de saisons consécutives sans victoire en playoffs, 22, avait tout pour être arrêtée afin de laisser Detroit en tête de cette triste liste. Mais tout s’est écroulé en 4 quart-temps. Troisième défaite de suite en Wild Card, deux coordinateurs qui quittent l’équipe, et plus de questions que de réponses à la fin de l’année.

A lire en se demandant si ça va passer un jour.

 

CINCINNATI BENGALS
1er AFC North ~ 11-5 / 0-1

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2013

 

Est-ce que les Bengals allaient enfin pouvoir sauter le pas du premier match de playoffs, et empêcher Andy Dalton de tomber dans le syndrome Matt Ryan ? C’était l’enjeu principal d’une saison où les Bengals semblaient en bonne situation pour disputer l’AFC North avec des Ravens ayant perdu des éléments importants et des Steelers balbutiants. Afin de fournir Dalton en armes, la draft avait été offensive avec les acquisitions du Tight End Tyler Eifert ou du coureur Giovani Bernard.

En défense, si on attendait encore une grosse saison de Geno Atkins, Michael Johnson & co., il restait le problème Ray Maualuga dont les performances décroissaient depuis quelques temps. C’était d’ailleurs le seul véritable problème, car l’arrière-garde avait toujours Leon Hall, Terrence Newman ou Reggie Nelson pour veiller au grain. On attendait donc de bonnes choses pour Cincinnati, malgré un calendrier compliqué par le choc entre les deux divisions North.

 

La saison

 

@Chicago 21-24, Pittsburgh 20-10, Green Bay 34-30, @Cleveland 6-17, New England 13-6, @Buffalo 27-24 (OT), @Detroit 27-24, Jets 49-9, @Miami 20-22 (OT), @Baltimore 17-20 (OT), Cleveland 41-20, @San Diego 17-10, Indianapolis 42-28, @Pittsburgh 20-30, Minnesota 42-14, Baltimore 34-17

 

Les playoffs

 

San Diego 10-27

 

La réalité

 

Les Bengals ont subi 5 défaites cette saison, par 3, 11, 2, 3 et 10 points, dont deux en prolongations. Ils ont allumé le tableau d’affichage dans la seconde moitié de la saison avec plusieurs victoires à 40+ points, donnant l’impression qu’ils étaient chargés à bloc en prévision des playoffs. Malgré les blessures en défense, l’escouade répondait présente, créant des turnovers, stoppant les adversaires, alors que l’attaque déroulait sans grande opposition. Alors que s’est-il passé contre des Chargers qui sont arrivés au Paul Brown Stadium par un chemin improbable ? Simple : San Diego était déjà en mode victoire à tout prix contre Kansas City et a amené cette mentalité le jour du match, ce que les Bengals n’ont pas su faire. Et bien évidemment, même si le playcall offensif a été en partie responsable de cette défaite, le projecteur va éclairer celui qui a le malheur d’être devenu le nouveau « Matt Ryan« .

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Andy+Dalton+New+York+Jets+v+Cincinnati+Bengals+tiYIIDAhKCll.jpgBien sûr ce n’est pas forcément une mauvaise chose qu’Andy Dalton soit le nouveau « Matt Ryan », parce qu’il y a pire (le nouveau JaMarcus Russell par exemple). Ca veut dire que Dalton est capable de mener son équipe à un record positif en saison régulière, et de la qualifier pour les playoffs. Le gros souci du Ginger Ninja, c’est surtout d’être constant sur une année : la stat qui frappe c’est 20 interceptions, un nombre beaucoup trop haut pour le QB d’une équipe qui veut maintenir un succès pérenne dans la ligue; je lui donne un passe pour les 61.9% de complétion parce qu’il a eu 14 passes déviées sur la ligne, et si on les retire, avec les drops, les spikes et les lancers en touche, il remonte à 72.8%. Son match catastrophe contre les Ravens (4 INT) n’était que le prélude à ce qu’il allait vivre la semaine suivante, et prouve que quand les caméras sont braquées sur lui, il perd ses moyens. Alors certes il a augmenté ses autres stats, 4293 yards et 33 TD, battant par la même occasion les records de la franchise sur une saison de Carson Palmer, mais tant qu’il continuera à avoir ces baisses de régime, surtout dans les moments importants de la saison, il ne pourra jamais passer l’échelon supérieur… et les Bengals non plus. Dalton n’est pas un mauvais QB du tout, pas mal d’équipes le signeraient sans hésiter, et tout n’est pas entièrement de sa faute (j’y reviens plus tard), mais il doit encore franchir un palier pour porter Cincinnati plus haut. Le peut-il, là est la question.

En plus, on ne peut pas dire qu’il a dû courir pour sa vie derrière une ligne offensive douteuse. Au contraire, les sept « gros » ont fait une très bonne année avec 29 sacks encaissés; oui j’ai bien dit sept, car en plus l’équipe a subi des pertes, notamment au poste de Guard. Cela a forcé par exemple le Left Tackle Andrew Withworth à venir jouer à l’intérieur, et le bougre n’a pas baissé de pied pour autant : il reste sans conteste le meilleur Lineman des Bengals. De l’autre côté, le Right Tackle Andre Smith a également fait sa part du boulot; même si les deux ont lâché 10 sacks au total, ils l’ont fait sur une petite période de temps (notamment le premier match contre Baltimore) et ont été très solides le reste de la saison. Les Guards Kevin Zeitler et Clint Boling ont été sympathiques, avec chacun sa spécialité : Zeitler le run block, Boling le pass block. Même les remplaçants Anthony Collins et Mike Polak ont été efficace quand on les a appelés (aucun sack concédé, comme Boling). Malheureusement, le Centre reste la position la plus fragile encore cette année : après le duo Jeff Faine/Trevor Robinson, c’est Kyle Cook qui a eu des difficultés pour se mettre au niveau des autres.

http://www3.pictures.zimbio.com/gi/Giovani+Bernard+Minnesota+Vikings+v+Cincinnati+FtQS3lcoDzDl.jpgSi on excepte Christine Michael à Seattle, le second round de la draft 2013 a plutôt bien réussi en terme de coureurs : Le’Veon Bell à Pittsburgh, Montee Ball à Denver ou Eddie Lacy à Green Bay ont chacun apporté quelque chose à leur franchise. Les Bengals n’ont pas dérogé à la règle avec le choix de l’explosif Giovani Bernard (photo), qui a fait exactement ce que Cincinnati attendait de lui : rendre les défenseurs fous. Mais pas seulement : j’avais des doutes sur sa capacité à pilonner une défense entre les Tackles; il les a balayés, malgré quelques difficultés en fin de saison :  avec 170 courses, 659 yards, 5 TD et une moyenne de 4.1 yards par course, il peut aussi grappiller les yards après contact. Il faut rajouter à cela ses 56 réceptions pour 514 yards et 3 TD pour comprendre qu’il est l’arme multitâche du futur dans l’Ohio du Sud; c’est le seul coureur en NFL qui a presque autant de plaquages manqués forcés à la course qu’à la réception. Il n’a plus qu’à faire très attention à la balle en playoffs, sinon il est parti pour faire du dégât. Cependant, peut-il faire la même chose sans BenJarvus Green-Ellis pour lui économiser 220 courses ? On risque peut-être d’avoir la réponse assez tôt car avec 756 yards (3.4 yards par course) et 7 TD, BJGE continue de décevoir en étant souvent indécis et en ne cassant pas assez de plaquages (la moitié de « Gio »).

http://www2.pictures.zimbio.com/gi/j+Green+Cincinnati+Bengals+v+Miami+Dolphins+h_FIFUA1Mjrl.jpgQuand je disais tout à l’heure que tout n’était pas entièrement la faute de Dalton, je faisais référence au fait que le QB a lancé 11 TD et surtout 12 INT en direction d’A.J. Green (photo); n’oublions pas, en plus, qu’un des 11 TD est arrivé sur la Hail Mary improbable contre Baltimore remise en l’air par le défenseur. C’est surtout ce chiffre de 12 INT qui est révélateur : certes, Green a fait une saison phénoménale à 98 réceptions et 1426 yards, mais en regardant certaines actions, on voit qu’il ne court pas sa route complètement ou parfaitement, ce qui mène au mieux à une passe incomplète, au pire à une interception. Ca peut avoir l’air de pinaillage vu son niveau, mais c’est ce qui fait la différence entre accéder aux playoffs et gagner en playoffs. De même avec son taux de catch : 57.1% avec 11 drops sur 109 ciblages (dont quelques-uns cruciaux), ça prouve qu’il doit encore travailler certaines choses malgré tout le talent qu’il a. Marvin Jones a été la surprise du chef cette année en faisant un bond en avant dans sa progression : 51 réceptions, 712 yards, 10 TD, 66.2% de catchs et seulement 3 drops; il a été le receveur #2 idéal pour Dalton. Mohamed Sanu a été moins brillant (9.7 yards par passe et 2 TD), alors qu’Andrew Hawkins a prouvé que même sans jouer beaucoup il n’a rien perdu de sa vitesse. Chez les Tight Ends, Jermaine Gresham continue d’alterner entre Jimmy Graham et Kellen Davis (458 yards et 4 TD), et vu la belle performance de Tyler Eifert dans un temps de jeu plus limité (445 yards et 2 TD), ça ne m’étonnerait pas que Gresham devienne rapidement dispensable… tant qu’on ne demande pas de run block.

Malgré ces petits défauts, les Bengals ont du talent partout en attaque, ce qui leur permet de varier les assauts; ils ont accumulé le 2e meilleur temps de possession de la ligue avec 32:50 en moyenne, et le 2e pourcentage de TD en zone rouge avec 71.4%… rien qui ne prédestinait à rester à 10 points en Wild Card. Ils ont également des talents partout en défense, ce qui leur permet d’avoir la 3e moyenne de yards encaissés de la ligue avec 305.5, et seulement 2 coureurs adverses à 100+ yards… rien qui ne prédestinait à se prendre presque 200 yards au sol en Wild Card.

http://www4.pictures.zimbio.com/gi/Michael+Johnson+Cleveland+Browns+v+Cincinnati+4_OyuwLzGnrl.jpgEt pourtant, on prédisait que les Defensive Linemen allaient ramer sans leur chef de file Geno Atkins, compté au rang des victimes du fichu ACL. En effet, le Defensive Tackle était encore parti pour faire une saison monstre au sein de son unité, avec en particulier 34 pressions dont 6 sacks, avant de subir sa blessure contre Miami. Les Bengals n’ont pas vraiment réussi à le remplacer (parce qu’on ne remplace pas Atkins), mais on peut dire qu’ils ont réussi à vivre plutôt bien sans lui. Brandon Thompson est celui qui a principalement pris la place du Geno-qui-ne-joue-pas-à-New-York; il a répondu de manière intéressante, même s’il est encore un peu tendre pour la NFL. L’autre DT, Domata Peko, a été bien plus inconstant que les années précédentes, payant un peu l’absence d’Atkins à côté de lui. Il y a eu moins de problème sur les extérieurs : le duo des « tueurs de mouche » Carlos Dunlap & Michael Johnson (photo) a fait son travail habituel, et même plus; en effet, ils ont chacun dévié 7 passes sur le la ligne de scrimmage (top NFL). Ce n’est pas la seule chose qu’ils ont en commun puisqu’ils ont été très solides contre la course avec 8.4% de run stops. Néanmoins, s’ils ont su apporter une pression constante sur le QB adverse, ils auraient pu faire encore mieux : Dunlap a 69 pressions dont 7.5 sacks, mais sur 568 rushs ça aurait mérité un peu plus; Johnson a 61 pressions dont 3.5 sacks en 553 rushs. Wallace Gilberry a été un bon apport du banc avec 31 pressions dont 7.5 sacks. La DL est également experte en fumble forcés : Dunlap en a 4, Johnson 2 et Gilberry 1.

http://www1.pictures.zimbio.com/gi/Vontaze+Burfict+Cincinnati+Bengals+v+Pittsburgh+CqETyJOfrScl.jpgChez les Linebackers, Vontaze Burfict (photo) continue d’étaler son talent et de prouver que les Bengals ont fait le bon pari en le signant l’année dernière. Il n’y a pas une chose qu’il ne sache pas faire : il vient stopper les coureurs (9.7% de run stops), il accorde moins de 8 yards par réception en couverture et ne prend aucun TD (pour 1 INT et 4 passes déviées), il peut venir sacker le QB (16 pressions dont 3 sacks) et tout ça en ratant peu de plaquages (8 sur environ 150). Burfict n’a plus qu’une chose à apprendre : stabiliser sa production match après match (il lui arrive encore de passer un peu au travers). A l’opposé, l’ami de Hard Knocks James Harrison a été en demi-teinte : que ce soit à la course ou contre la passe, on l’a déjà vu plus actif. Et au centre de l’unité, la question est maintenant posée : quel Rey au poste de Middle Linebacker ? Vincent Rey ou Rey Maualuga ? Le second Rey (le titulaire) a fait une saison très moyenne avant de se blesser et de donner sa chance au premier Rey (le remplaçant), qui l’a saisie avec à-propos. Rey-remplaçant a été meilleur contre la course (11.1% vs 10.4% de run stops) et en couverture (65.7% et 2 INT contre 81.1%, 1 TD, 1 INT et 1 passe déviée). Cela fait maintenant quelques années que Maualuga a du mal à élever son niveau de jeu par rapport à celui de ses partenaires à côté, et il va falloir penser à le remplacer à Cincinnati.

Une autre unité dont on craignait que les blessures ne l’affaiblissent était celle des arrières. Avec les pertes de Leon Hall suite à sa rupture du tendon d’Achille contre Detroit, et celle de Taylor Mays à l’épaule contre les Jets, on s’attendait à ce que les survivants souffrent… et ça n’a pas été le cas. Terrence Newman continue d’être le vétéran aguerri sur lequel on peut s’appuyer (60%, 3 TD, 2 INT et 6 passes déviées), alors que Adam « Pacman » Jones a remplacé Hall avec succès (50%, 4 INT, 3 INT et 9 passes déviées). Chris Crocker a été signé pour compléter le trio et il a su performer lui aussi dans le slot, alors que seul Dre Kirkpatrick a été un ton en-dessous (malgré 3 INT). Du côté des Safeties, Reggie Nelson a été solide sinon spectaculaire (2 INT) alors que George Iloka est un parieur qui peut réussir (0 TD, 1 INT et 5 passes déviées) ou pas (13 plaquages ratés). Dans l’ensemble, l’unité a quand même été bonne et a su pallier aux manques de manière presque surprenante.

Enfin, les équipes spéciales ont été très bonnes à Cincinnati : on se rappellera de Kevin Huber pour le carton qu’il prend à Pittsburgh, mais il a été excellent jusque là. Mike Nugent sait gagner des matchs avec ses kicks et Brandon Tate est toujours dangereux sur retours.

Les Bengals ont les talents nécessaires pour retourner en playoffs, mais ils vont devoir trouver le déclic pour passer le premier tour. Et cela sans Mike Zimmer et Jay Gruden, leurs deux coordinateurs, devenus Head Coachs de Minnesota et Washington respectivement. Cincinnati a décidé de promouvoir leurs remplaçants en interne (Hue Jackson et Paul Guenther), ce qui est toujours une bonne chose pour avoir de la continuité. Ceci dit, la continuité, c’est bien pour retourner en playoffs, mais le coup de pied aux fesses pour franchir le Wild Card, c’est encore mieux.

 

Les besoins

 

Arrêter de lâcher le jeu de course même un peu derrière au score ? Ah on parle de besoins de joueurs pardon. On va probablement plus chercher en défense, surtout si Michael Johnson part après son franchise tag en 2012. DE, LB, CB sont des possibilités. Un Centre serait peut-être aussi à regarder du côté de l’attaque.

 

Le futur

 

Domicile : Baltimore, Cleveland, Pittsburgh, Jacksonville, Tennessee, Atlanta, Carolina, Denver.

Extérieur : Baltimore, Cleveland, Pittsburgh, Houston, Indianapolis, New Orleans, Tampa Bay, New England.

Record cumulé en 2013 : 120-136 (23e).

Eh oui, voilà ce que c’est qu’être champion de division, on se prend Denver et NE dans la face. La NFC South ne va pas être aisée, et comme toujours l’AFC North va être coton. Je subodore qu’Atlanta ou Tampa Bay sera meilleur en 2014, Houston potentiellement aussi, donc ce « 23e » calendrier peut être trompeur.