Fiche Légende : Steve Largent

#80 – Wide Receiver

 

SteveLargent

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Steven Michael « Steve » Largent
Date de Naissance 28 Septembre 1954
Lieu de Naissance Tulsa, Oklahoma
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Putnam City, Oklahoma
Université Tulsa, Oklahoma
Draft 4e tour de 1976 (#117)
Equipes
Seattle Seahawks (1976-1989)
Statistiques 14 saisons
200 matchs – 197 comme titulaire
819 réceptions / 13089 yards
16.0 yards par réception
100 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 7 (1978-1979, 1981, 1984-1987)
All-Pro 8 (1978-1979, 1981, 1983-1987)
Performances notables Meilleur receveur NFL à sa retraite
Récompenses Membre de l’équipe des années 1980
Membre du Seahawks Ring Of Honor
Numéro #80 retiré chez les Seahawks
Hall Of Fame Classe de 1995

 

Biographie

 

Un numéro #80 démarre son parcours, feinte le Cornerback, saute et attrape la balle avec aisance pour ensuite courir jusqu’au touchdown sans être rattrapé. Une vision tout à fait normale pour ce receveur hors norme qui va établir les principaux records de l’histoire à la réception, effaçant le légendaire Don Hutson des tablettes. Vous avez dit Jerry Rice ? Perdu ! Je parle ici de celui qui a été Rice avant Rice, Steve Largent. Le trait d’union entre la vieille et la nouvelle génération est occupée par ce joueur qui ne paye pas de mine mais qui est un des plus redoutables receveurs de l’histoire.

Steve Largent naît dans l’Oklahoma, et il connaît une enfance difficile car il se considère comme un enfant petit et mal dans sa peau. Pour ne rien arranger, son père déserte la famille quand le garçon a 6 ans, et trois ans plus tard sa mère se remarie avec un homme qui va s’avérer alcoolique et violent, instillant la peur dans la maison. Plusieurs fois Steve craint pour sa santé, celle de sa mère ou celles de ses frères. En plus, le travail du beau-père force la famille à déménager 4 fois en 2 ans, déracinant constamment les enfants et particulièrement Steve qui ne se fait jamais d’amis.

Lorsqu’il intègre le lycée de Putnam à Oklahoma City, sa mère lui conseille de commencer une activité sportive comme le football pour s’éloigner un maximum de temps du domicile. On ne peut pas dire que l’idée séduise Largent, qui s’est toujours vu trop petit, trop lent ou trop faible. Néanmoins l’insistance de sa mère finit par payer : il entre dans l’équipe du lycée au poste de Wide Receiver après un passage raté en Running Back. Il gagne le respect de ses partenaires et de ses coachs grâce à son éthique de travail, ses bonnes mains et ses réceptions plongeantes spectaculaires. En prime, il trouve une autre raison de s’éloigner du climat malsain de sa maison : la rencontre avec sa future femme, alors cheerleader.

SteveLargentTulsaLargent réussit de bonnes années lycéennes sur le gridiron, mais son gabarit d’1m80 pour 86 kilos rebute les recruteurs universitaires, et il ne reçoit que quelques offres. Il accepte celle de l’université de Tulsa et intègre l’équipe de football du Golden Hurricane. Malgré les craintes par rapport à sa taille, il devient un des meilleurs receveurs nationaux, menant même la ligue en touchdowns avec 14 dans ses deux dernières années (1974 et 1975). Néanmoins, encore une fois cette réussite ne pèse pas lourd contre les préjugés des scouts, et il n’est pas parmi les prospects les plus attendus de la draft 1976.

Le #80 va même connaître une vraie descente aux enfers : il est drafté au 4e tour par les Oilers de Houston… qui le cute juste après le dernier match de présaison. Sans club, Largent se demande si sa carrière n’est pas déjà terminée, mais il a un soutien insoupçonné ; Jerry Rhome, un ancien joueur de NFL et ancien assistant coach à Tulsa, est désormais dans l’organisation de la toute nouvelle franchise des Seattle Seahawks. Il convainc le Head Coach John Patera de tester Largent qui mérite mieux que le traitement infligé par Houston ; Seattle donne alors un 8e tour en échange du joueur.

Le premier jour d’essai est une catastrophe totale pour le receveur qui relâche tous les ballons qui lui sont lancés. Le soutien de Rhome est crucial à cet instant, car avec un appui parmi le coaching staff, Largent peut se concentrer uniquement sur son rôle et non sur ce qu’il ferait s’il était cuté de nouveau. Il retrouve ses mains sûres et réussit ses entraînements, attrapant toutes les passes dans sa direction. Lors du premier match de saison régulière contre les Cardinals de Saint-Louis, Largent réussit 5 réceptions, et Patera comprend qu’il a un joueur talentueux.

Le receveur noue alors une relation particulière avec le Quarterback des Hawks, Jim Zorn, qui lui aussi a connu l’échec : non-drafté en 1975, il a été signé par Dallas, puis libéré en 1976. Zorn et Largent sont deux laissés pour compte qui espèrent pouvoir créer leur légende, mais ils ont du travail : à cette époque les franchise d’expansion comme Seattle sont un ramassis de vétérans dont personne ne veut et de jeunes joueurs sans expérience. Mais les deux joueurs n’en ont cure : la mobilité de Zorn et l’intelligence de Largent leur permettent de faire de bonnes saisons individuelles, et les Hawks passent rapidement dans les records positifs.

SteveLargentZornAprès deux années « d’échauffement », Largent commence à empiler les saisons à 65+ réceptions et 1000+ yards, menant la ligue avec 1237 yards en 1978, la première année positive pour Seattle (et les premières nominations personnelles pour le #80). Bien qu’il ne paye pas de mine, il parvient toujours à se démarquer par sa science de la route à courir et sa grande capacité d’ajustement. Avec un Jim Zorn qui a besoin d’utiliser sa mobilité pour éviter les sackeurs, Largent doit constamment improviser pour aider son Quarterback. Et surtout, contrairement à ce premier jour d’essai, c’est un aimant à ballons : aucune balle attrapable n’est relâchée. Il devient le chouchou des fans et de ses partenaires, mis à part en 1982 quand il brise la grève des joueurs car, étant un catholique dévoué, pour lui un contrat signé est comme parole de Dieu et il se doit de le respecter.

Malgré ses bonnes performances, sous Patera les Hawks (et Largent) restent dans un relatif anonymat. C’est en 1983 que tout change avec l’arrivée de Chuck Knox qui opère de suite un changement radical : il installe Dave Krieg au poste de Quarterback à la place de Zorn. Malgré la rupture du lien Zorn-Largent, sur le terrain Krieg-Largent marche de suite et cette fois les Seahawks font du bruit dans la NFL ; ils atteignent la finale NFC qu’ils perdent contre les futurs champions Raiders de Los Angeles.

Largent gagne alors enfin la reconnaissance qu’il mérite, notamment « hors » du microcosme de la NFL (publicitaires, média, paquets de céréales etc). Il ne se laisse pas distraire sur le terrain : entre 1983 et 1986, Largent enchaîne les saisons à 70+ réceptions et 1000+ yards, se classant régulièrement parmi les meilleurs receveurs NFL et recevant votes Pro Bowl et All-Pro. Celui qui a jadis été raillé pour sa petite taille ou son manque de vitesse domine son poste grâce à sa mobilité, sa coordination oeil/main, son intelligence, ses mains sûres et sa grande charge de travail quotidienne.

A partir de 1987 les chiffres de Largent diminuent jusqu’en 1989, mais sa régularité et sa longévité (il n’a raté que 4 matchs les 13 premières saisons) lui permettent d’effacer plusieurs records historiques : les 750 réceptions et 12150 yards de Charlie Joiner sont vaincus en 1987, et le 10 Décembre 1989 les 99 touchdowns de Don Hutson sont également battus (un record qui datait de 1945 !).

C’est à la fin de cette saison 1989, à 35 ans, qu’il décide de partir en retraite comme le meilleur receveur de tous les temps. Il détient les records majeurs suivants : 819 réceptions, 13089 yards, 100 touchdowns, 10 saisons à 50+ réceptions, 8 saisons à 1000+ yards et une réception sur 177 matchs consécutifs. Certes, ces six records ont été égalés ou battus depuis, mais comme Largent le dit lui-même, il ne jouait pas pour établir des records, même si c’était un honneur pour lui de les avoir à son départ de la NFL.

Largent revient ensuite à Tulsa et, en parallèle de ses actions pour les œuvres de charité, il s’intéresse à la politique. A tel point que quand il est intronisé au Hall Of Fame en 1995, il est devenu depuis Novembre 1994 un des représentants de l’Oklahoma dans la Chambre des Représentants, l’autre organe majeur du pouvoir législatif américain avec le Sénat. Il se retire en 2002, tentant de devenir gouverneur de l’Oklahoma, mais il perd finalement le vote de très peu (7000 votes).

SteveLargentPoliticsDernière petite anecdote qui résume assez bien l’homme : en 1992, le numéro #80 de Largent est retiré chez les Seahawks (c’est le premier numéro retiré par la franchise). En 2004, un certain Jerry Rice signe à Seattle, et il demande à Largent s’il peut porter leur numéro commun. Largent accepte que le #80 soit remis en service tant que Rice jouera (ce sera juste une année, Rice prenant sa retraite en 2005). Mais il est sympathique de voir dans cet acte une sorte de passage de témoin fictif, un trait d’union entre deux joueurs majeurs de l’histoire du poste de Wide Receiver en NFL.

Même si, encore aujourd’hui, Steve Largent continue à être un peu sous-estimé, comme pendant toute sa carrière.