Fiche Légende : Jerry Rice

#80, 19 – Wide Receiver

 

JerryRice

 

Présentation

 

GENERALITÉS
Nom complet Jerry Lee Rice
Date de Naissance 13 Octobre 1962
Lieu de Naissance Crawford, Mississippi
Date de Décès
Lieu de Décès
CARRIÈRE
Lycée Oktoc Moor, Mississippi
Université Mississippi Valley State
Draft 1er round de 1985 (#16)
Equipes
San Francisco 49ers (1985-2000)
Oakland Raiders (2001-2004)
Seattle Seahawks (2004)
Statistiques 20 saisons
303 matchs – 284 comme titulaire
1549 réceptions / 22895 yards
14.8 yards par réception
208 touchdowns
HONNEURS
Pro-Bowls 13 (1986-1996, 1998, 2002)
All-Pro 12 (1986-1996, 2002)
Performances notables Meilleur receveur de l’histoire
Récompenses 2 fois Offensive Player Of The Year (1987, 1993)
Superbowl XXIII MVP
3 bagues de champion (1988, 1989, 1994)
Membre de l’équipe des années 1980
Membre de l’équipe des années 1990
Membre de l’équipe des 75 ans de la NFL
Numéro #80 retiré chez les 49ers
Hall Of Fame Classe de 2010

 

Biographie

 

1549 réceptions, 22865 yards (23540 yards en cumulé), 208 touchdowns, 17 saisons à 50+ réceptions, 14 saisons à 1000+ yards, 76 matchs à 100+ yards, 274 matchs consécutifs avec au moins une réception.

En playoffs : 29 matchs, 151 réceptions, 2245 yards, 22 touchdowns, 8 matchs à 100+ yards.

Au Superbowl : 33 réceptions (dont 11 dans le SB XXIII), 589 yards (dont 215 dans le SB XXIII), 8 touchdowns (dont 3 dans le SB XXIV et le XXIX).

Ce sont les principaux records détenus par celui qui a été, en 2010, voté comme le meilleur joueur de l’histoire de la NFL devant Jim Brown et Lawrence Taylor dans une enquête de NFL Network auprès d’un panel (joueurs, coachs, exécutifs, média). Et encore, vous devez remercier Don Hutson d’avoir mené la ligue en réceptions aussi longtemps car Jerry Rice est juste derrière lui dans ces catégories également. Récemment, quelques impudents ont osé venir taquiner le maître et lui dérober deux records sur une saison : en 2007 Randy Moss a inscrit 23 touchdowns, et en 2012 Calvin Johnson a accumulé 1964 yards. De belles performances ponctuelles, mais si l’on prend du recul, on se demande bien qui pourra mettre en danger les autres records d’une carrière illustre qui a duré 20 ans.

Rice grandit dans la ville de Crawford, Mississippi. Quand il est en âge d’aider son père qui est maçon, il monte sur les échafaudages ; il lance et rattrape des briques à mains nues, forgeant sans le savoir une de ses principales futures armes. Avec ses frères, il s’intéresse à différents sports (basket, baseball, football), et il adore courir le long d’un chemin qui borde sa maison. Il intègre le lycée de Moor, mais bien qu’il soit fan de football, il n’a pas vocation à y jouer… du moins jusqu’à un certain incident.

Un jour où il veut éviter d’aller en cours, il tombe sur le vice-principal du lycée. Les avis divergent sur la suite : soit Rice a couru tellement vite qu’il a réussi à s’échapper, soit le vice-principal a réussi à le rattraper, mais quoi qu’il en soit après une punition, le VP demande au garçon d’intégrer l’équipe de football. Rice s’exécute, et il va rapidement dévoiler ses talents : il devient un All-State Wide Receiver et Defensive Back, en plus de quelques piges comme Running Back et Quarterback.

Néanmoins, Moor est un petit lycée et Rice n’est pas courtisé par les grandes universités (ni les moyennes d’ailleurs). La Division I-A boude le joueur, et la Division I-AA fait pareil sauf pour un homme, Archie Cooley, qui a entendu parler d’un joueur polyvalent. Cooley souhaite engager Rice à Mississippi Valley State, et comme c’est la seule vraie offre que le jeune homme reçoit, il accepte d’intégrer cette école réservée aux afro-américains.

JerryRiceMVSURice arrive dans l’équipe de MVSU qui est une vraie mitraillette offensive : non seulement elle joue principalement en « no-huddle » (donc avec un tempo rapide) mais elle est aussi basée sur la « spread offense« , une tactique qui aligne 3+ receveurs à chaque fois. Dans cette configuration, Rice peut faire éclater son talent avec le Quarterback Willie Totten : les défenses remarquent rapidement qu’il est quasiment impossible de couvrir Rice en un-contre-un, mais avec autant de receveurs sur le terrain c’est presque impossible de lui assigner deux défenseurs sans lâcher la couverture sur une autre cible.

Même s’il n’est pas un monstre de rapidité, Rice est agile, précis, travailleur, et surtout il attrape tout ce qui passe à sa portée ; il gagne même le surnom « World » parce qu’il n’y a pas une passe au monde qu’il ne peut saisir. Il poste des chiffres de receveurs NFL dans son année senior en 1984 : en 11 matchs, il accumule 112 réceptions, 1845 yards et 27 touchdowns (records NAIA) alors que son équipe marque 59 points en moyenne. Sur sa carrière universitaire, il est à 50 touchdowns, un record qui attendra 2006 avant d’être battu. Il fait une dernière performance magistrale dans l’All-Star Game, étant nommé MVP.

Quand la draft NFL de 1985 arrive, les scouts NFL sont bien entendus au courant du phénomène Rice, mais ils ont plusieurs doutes concernant le receveur : MVSU est en Division I-AA, Rice manque de vitesse, et les attaques NFL sont bien plus complexes. De ce fait, on ne peut pas dire qu’il attire beaucoup les franchises, mais le coach des champions en titre 49ers, Bill Walsh, décide d’outrepasser ces craintes. Pour lui, Rice possède tous les atouts d’un receveur dans la « West Coast Offense » qu’il a installée à San Francisco : s’il est agile et précis, il peut se démarquer et être dans le parfait timing pour recevoir la passe.

En tant que champions les 49ers choisissent en dernier dans le premier tour, et Walsh ne veut pas prendre de risque : il échange avec New England pour remonter en 16e position et choisir Rice. Cette décision va d’abord se retourner contre lui, car la saison du rookie est émaillée de passes relâchées (un comble). Comme les scouts le craignaient, Rice est submergé par la complexité de l’attaque de San Francisco, et il réfléchit plus à l’attaque qu’à ses mains. Il manque jusqu’à 15 réceptions en 1985, mais Walsh lui fait confiance et le soutient. Le receveur termine quand même dans l’équipe All-Rookie, se faisant remarquer avec un match à 241 yards, et il va donner raison à son coach dès l’année suivante.

86 passes, 1570 yards (leader) et 15 touchdowns (leader) permettent à Rice de mener les receveurs NFL en 1986 ; c’est la première de six années passées en tant que leader en yards. Le #80 ne droppe plus les passes, et il forge une relation unique avec le Quarterback Joe Montana, devenant sa cible privilégiée. 1987 est la confirmation de la domination du joueur et l’établissement d’un record qui mettra 20 ans à être battu : dans une saison écourtée par la grève, il parvient à marquer 22 touchdowns en 12 matchs (alors que Moss aura besoin des 16 matchs pour atteindre 23). Il est logiquement nommé Offensive Player Of The Year, et il commence à truster le Pro Bowl et la sélection All-Pro.

JerryRiceMontanaNéanmoins, si tout cela est très joli, ça ne porte pas encore ses fruits en terme de bagues. En effet, depuis son arrivée les 49ers ne sont pas retournés au Superbowl. Ironiquement, c’est la première année un peu moins bonne de Rice qu’ils y arrivent : malgré une moyenne hallucinante de 20.4 yards par passe en 1988, il ne marque que 9 touchdowns. Les 49ers arrivent jusqu’en finale contre les Bengals de Cincinnati, et c’est le moment que choisit Rice pour poster une performance exceptionnelle : 11 réceptions, 215 yards et 1 touchdown. Il gagne le titre de MVP d’un Superbowl remporté par San Francisco 20-16.

1989 est une domination absolue des 49ers et de Rice qui aligne 1483 yards et 17 touchdowns. San Francisco roule sur la NFL avec un record de 14-2 et termine son année par la plus écrasante victoire de l’histoire du Superbowl contre les Broncos 55-10 ; Rice est encore une fois à la fête avec 7 réceptions, 148 yards et 3 touchdowns. 1990 est la consécration absolue pour le #80 qui atteint pour la première fois la barrière des 100 réceptions, et qui mène la ligue dans les trois catégories : réceptions (100), yards (1502) et touchdowns (13). Néanmoins cette belle saison est gâchée par la finale NFC dans laquelle Montana reçoit une commotion et les 49ers perdent 15-13.

Les trois années suivantes, Rice poste à chaque fois 80+ réceptions, 1200+ yards et 10+ touchdowns, mais les 49ers sont contrés par la progression fulgurante des Cowboys de Dallas, bridés par les blessures de Montana et empêtrés dans la querelle Montana/Steve Young. Quand c’est finalement Young qui reprend les commandes en 1994, Rice dépasse pour de bon les 100 réceptions avec 112, et il est une fois de plus l’artisan du retour de San Francisco au Superbowl. Les Chargers ne font pas le poids et « Flash 80 » (sa plaque minéralogique) fait un nouveau carton avec 10 réceptions, 149 yards et 3 touchdowns. San Francisco l’emporte 49-26, offrant une troisième bague à Rice.

Pendant ce temps, le receveur a déjà commencé à réécrire les livres des records : en 1992 il bat le record de touchdowns à la réception de Steve Largent avec 101. En 1994 il bat le record « global » de touchdowns de Jim Brown avec 124. En 1995 il fait d’une pierre deux coups : il bat le record de Charlie Hannigan avec 1848 yards sur la saison, et il devient le meilleur receveur de l’histoire en dépassant James Lofton avec 14040 yards. Mais San Francisco est barré en playoffs par les Packers de Green Bay ces deux années-là.

JerryRiceTheHillDepuis ses débuts, Rice n’a pas raté un seul match. C’est un forçat de travail qui a une éthique parfaite, qui étudie le jeu sous toutes les coutures et qui profite de l’offseason pour rester en forme. Il a d’ailleurs son endroit favori : « The Hill« , une colline située dans le parc naturel d’Edgewood. Il n’hésite pas à courir près de 4 kilomètres uniquement en pente pour garder sa condition. Mais tout l’entraînement du monde ne le sauve pas d’une grave blessure au genou au début de la saison 1997, le forçant à manquer toute cette édition.

Il revient en 1998 pour établir deux nouveaux records : une réception dans 183 matchs consécutifs démarrés, et 80 touchdowns en duo avec son Quarterback Steve Young. Il est également au centre d’une polémique lors du Divisional Round contre les nouveaux rivaux  Packers, quand sur le drive final il fumble clairement la balle mais les arbitres lui accordent la réception. Derrière un jeune Terrell Owens donne la victoire dans un match connu comme « The Catch II« , mais cet incident couplé à un autre en saison régulière va pousser la ligue à ramener le système d’instant replay.

Rice connaît une chute de production en 1999 et en 2000, n’atteignant même pas les 1000 yards dans une saison complète pour la première fois depuis sa saison rookie. A 40 ans, avec les 49ers en mode reconstruction et l’émergence d’Owens, le légendaire #80 comprend que sa place n’est plus à San Francisco. Tout le monde pense qu’il va raccrocher les crampons, mais il décide de signer non loin de là, à Oakland, pour essayer de donner un second souffle à sa carrière. Il se retrouve à l’opposé de Tim Brown (#81), présent à Oakland depuis 1988, pour former un des tandems de receveurs les plus vieux de l’histoire à 40 et 36 ans.

JerryRiceTimBrownMais la mayonnaise prend immédiatement : Rice revient à des performances plus dignes de lui en 2001 et 2002 avec 80+ réceptions, 1100+ yards et 7+ touchdowns. En 2002 il marque son 200e touchdown et devient le recordman des yards en cumulés, dépassant Walter Payton. Cette performance personnelle est accompagnée de la performance collective alors que les Raiders, spoliés en 2001 par la fameuse « Tuck Rule« , accèdent au Superbowl XXXVII contre les Buccaneers de Tampa Bay. Rice en profite pour devenir, avec son partenaire Bill Romanowski et l’ancienne gloire Gene Upshaw, un des 3 joueurs à disputer 3 Superbowls sur 3 décades différentes (et ironiquement, tous des Raiders !). Malheureusement Oakland est battu à plates coutures 48-21 par Tampa Bay.

Cette fois Rice est vraiment au bout de la route, et il fait sans doute l’erreur de faire les années de trop : en 2003 ses chiffres décroissent, et en 2004, frustré par son rôle qui se réduit, il demande à être échangé. Il part aux Seahawks de Seattle faire quelques matchs, et à la fin de la saison il examine une demande des Broncos, mais il décide de raccrocher les crampons. Afin de partir comme un 49er, il signe un contrat d’un jour pour un montant exact de $1,985,806.49 : la somme est symbolique car elle combine son année de draft (1985), son numéro (80), l’année du contrat (06) et le nom de l’équipe (49) ; Rice ne touchera pas un sou évidemment.

Ai-je besoin de préciser que son numéro est retiré et que son intronisation au Hall Of Fame a lieu pour sa première année d’éligibilité. Que dire de plus ? Vous pouvez retourner au début de cet article et relire les records qu’il possède. Parmi ceux-là, beaucoup ne tomberont probablement jamais, même dans une ligue qui s’oriente de plus en plus vers la passe. Pour les battre, il faudrait une longévité approchant les 20 ans de carrière de Jerry Rice, et une réussite qui permette au joueur d’atteindre plusieurs Superbowls.

Certains pensent que Don Hutson aurait pu surpasser Rice s’il avait joué à la même époque, ou que Steve Largent aurait pu poster les mêmes chiffres avec Montana et Young comme QB. Tout cela reste hypothétique : il n’y a qu’un seul Jerry Rice, un seul homme au sommet d’une colline d’entraînement qui ressemble plus à l’Everest pour tous les autres receveurs.

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