Mailbag QPUL : Le Mailbag pour tous

Nouvelle édition de notre mailbag Questions Pour Un LatestHuddle.

Retour après une petite période de disette avec quelques questions d’actualité, parce que dans le mailbag on n’évite aucun sujet.

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Loris : Est-ce que tu peux détailler un peu le programme général d’une offseason pour une équipe, notamment les différents camps ?

En général les activités démarrent après la draft, laissant ainsi un peu de temps aux joueurs et aux coachs pour souffler (après, ça dépend des personnes). Cependant, il est possible que les équipes organisent un minicamp pour les volontaires mi-Avril pour voir un peu où ils en sont question forme, poids etc.

Ensuite, arrive le Rookie Minicamp obligatoire, qui dure trois jours début Mai et dont le but est de familiariser les nouveaux venus avec les installations, l’histoire du club et le personnel.

Pendant Mai, l’équipe ou même les joueurs peuvent décider de tenir des entraînements pour parfaire le conditionnement physique et remettre les corps d’aplomb. Les contacts ET les oppositions attaque contre défense sont cependant interdits. C’est vraiment de la remise en route.

On arrive alors fin Mai, la période des fameux OTAs dans laquelle nous nous trouvons. OTA signifie « Organized Team Activities », elles sont « volontaires » dans le sens où « sûr tu peux ne pas venir mais franchement ça la fout TRES mal de les éviter ». Là on peut avoir des entraînements attaque contre défense, mais les contacts sont toujours interdits.

On arrive vers début/mi-Juin, où en général les Minicamps obligatoires sont tenus : ils durent trois jours et servent à remettre tout le monde dans le bain et faire une conclusion sur la période qui vient de s’écouler.

La dernière pause dans le planning amène gentiment tout le monde fin Juillet au début des training camps et la mise des protections pour le retour du « vrai » football avec les matchs de pré-saison en Août.

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Olivier : Je m’interroge sur la politique de merchandising hors USA des franchises et plus particulièrement en Europe. En effet, je me rappelle que, dans ma jeunesse (il y a 20 ans), on voyait pas mal de gens avec des casquettes Raiders ou Redskins. On parlait plus de foot américain alors qu’il n’y avait pas encore internet. Je me rappelle, par exemple, que les Raiders avaient la réputation de bad boys. Est-ce qu’à ce moment là certaines franchises (ou la NFL) souhaitaient conquérir l’Europe ? Ou c’était peut-être juste un effet de mode… Depuis lors, on ne parle plus de foot américain. On en entend parler juste au moment du superbowl et encore, on nous parle du nombre de spectateurs, le résultat du match importe peu. Est-ce que la NFL a abandonné l’Europe ?

C’est vraiment étrange que tu poses la question, parce que la NFL n’a jamais été aussi volontaire dans son désir de s’étendre en Europe. Il y a deux matchs à Londres cette année, preuve que Goodell est en train d’essayer de construire une base de fans du sport en Angleterre pour pouvoir, qui sait, déménager une franchise. La NFL n’oublie pas l’Europe, au contraire.

Ceci dit, il n’est pas impossible que la fin de la NFL Europe en 2007 ait un peu joué. Je pense également qu’Internet offrant une possibilité monstre de se cultiver sur le sport, tu as moins besoin de converser de visu avec d’autres pour vivre ta passion (c’est un phénomène d’ « isolement numérique » qui est applicable à beaucoup d’autres domaines).

J’ai la sensation que question télé la couverture du foot US est certes accessible à tous avec le Superbowl sur France 2 puis W9, mais le reste de la saison ? On en revient toujours à Canal+, voire pire maintenant Canal+ Sport si tu veux regarder un match à un horaire décent. Pour parler de mon expérience perso deux minutes, j’ai commencé à regarder du Foot US sur Canal à l’époque où tu avais un résumé d’une heure d’un match le samedi après-midi. Je pense que le samedi à 16h reste un créneau plus exposé que le mardi à 18h ou pire à 2h du matin, même sûr une chaîne payante. Aujourd’hui la seule solution pour voir du foot US sans payer en France, c’est le Superbowl, c’est-à-dire la fin d’une des saisons les plus courtes du sport US; difficile d’accrocher quelqu’un sur un championnat qui ne reprend que 7 mois plus tard. Ou alors tu bascules sur le championnat élite, mais lui aussi pâtit d’un manque de reconnaissance.

Je pense que tout ça reste largement insuffisant pour attirer du monde. Je suis sûr que ça a suffi à faire naître des vocations chez les jeunes, ceci dit je pense que ça s’arrête là. Mais finalement, est-ce qu’on peut espérer énormément mieux pour un sport typiquement US contrairement au basket (et sans français qui réussit type Tony Parker pour forcer les média à regarder un peu ce qu’il s’y passe ?).

Bref en France, le foot US est trop obscur et peu représenté pour attirer des gens « par hasard » (et c’est comme ça qu’on connaît un succès massif, quand les gens tombent dessus par hasard et sont accrochés par ce qu’ils voient). Du coup en effet, quand tu en entends parler c’est très rarement pour les bonnes raisons : soit à cause d’un scandale, soit à cause d’un people, soit Tebow. De temps en temps t’as la chance de voir une action si c’est vraiment hyper spectaculaire, comme le salto de Jerome Simpson contre les Cardinals (et encore, ils vont réussir à se tromper sur le nom du joueur, de l’équipe, de la ville ou de la planète).

C’est un sport qui paraît tellement « loin » du français moyen que les media passent par les dénominateurs communs qui parlent à tout le monde : les people, les sous et l’audience. Franchement, Duschnock se tape que QB X a fait 31/35 et que c’est un record du Superbowl ou alors que le match s’est joué à la dernière seconde avec une tactique super bien appliquée, tout ce qui l’intéresse c’est de savoir que Beyoncé a chanté à la mi-temps et jusqu’où sa robe allait *headshot*.

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Pierre : Est-ce que tu penses vraiment que la NFL est prête pour le premier joueur actif ouvertement gay ? Vu que la question du mariage gay est aussi d’actualité aux USA, on voit pas mal de joueurs réagir, mais sincèrement dans un sport aussi « macho » j’ai des doutes.

Et je pense à tous ceux qui disent qu’avec la politique de sécurité de Goodell bientôt le curling sera plus violent que le foot :p.

C’est une question assez pernicieuse en plus, parce qu’on demande à un joueur d’aller clamer qu’il est gay comme si on demandait à un joueur d’aller clamer qu’il préfère le cake aux poireaux. Tu vois le tapage médiatique que l’annonce de Jason Collins a eu dans le basket ? C’est ça le problème : le jour où ça arrive et qu’on hausse les épaules en disant « ok what’s new ? », là ce serait vraiment une avancée.

Trop tôt encore, les gars.

La vraie différence serait faite le jour où le joueur n’annoncera pas son homosexualité par simple pudeur normale et non par peur des représailles sur ou en dehors des terrains. Encore une fois, le monde devrait se cogner rondement de ce que fait X avec son service trois pièces comme il devrait se cogner rondement des céréales préférées de Brian Urlacher (petite dédicace à un grand joueur classe qui prend sa retraite).

Ce qui est attendu finalement, c’est quelqu’un qui accepte d’être le porte-drapeau d’une cause en sachant parfaitement qu’il va avoir sa bouille 24/7 à la télé et qu’accessoirement il va en prendre plein la tronche. C’est toujours comme ça que ça marche.

Vous imaginez un « Gay Tracker » sur NFL.com comme on a un « Tebow Tracker » là ? *vomit*.

Et puis, on dirait que la question de l’homosexualité est nouvelle parce qu’elle est dans l’air du temps, mais je connais au moins un coach qui acceptait les gays autant que les hétéros dans son équipe. Comme Paul Brown avait bazardé les barrières raciales en amenant le premier joueur black en NFL, Vince Lombardi avait un frère gay, avait subi la discrimination à cause de ses origines italiennes et savait pertinemment qu’il avait des gays dans son équipe, le meilleur exemple étant le coureur des Redskins Ray McDonald. Ca ne lui posait aucun problème, et même plus : ça n’avait pas intérêt à poser un quelconque problème à qui que ce soit.

Je ne sais pas vous mais plus j’en apprends sur Lombardi, plus j’apprécie que le trophée de la NFL porte son nom.

Si Lombardi n’arrive pas à faire rentrer ça dans les crânes, je ne sais pas qui le pourrait. Parce que malheureusement, il te suffit de regarder les news ces derniers temps pour avoir une idée de certaines réactions d’adversaires ou de fans. La liberté d’expression est la possibilité de dire tout et surtout n’importe quoi.

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Alex : J’ai lu un article sur le fait que les Patriots ont sélectionné trois joueurs de Rutgers à la draft, et que c’était une habitude de Belichick. Je sais que les franchises prennent les talents où ils se trouvent, mais je me demandais cependant si ça arrivait que les équipes aient leur « université fétiche » à la draft ?

C’est une question qui mélange à la fois la période de l’histoire, les personnes, et le succès du programme universitaire. Déjà pour commencer, comme tu le dis, avec le système de scouting tentaculaire qui existe aujourd’hui et qui n’a rien à voir avec le travail artisanal d’antan, les talents peuvent venir de partout.

Tiens au passage, un nouveau petit quiz mailbag : si je vous dis qu’il y a plusieurs joueurs NFL qui sont allés dans des universités de Division TROIS NCAA, vous allez sûrement penser que les gars ont joué dans les années 40 ou alors que s’ils jouent aujourd’hui ils sont enterrés dans le practice squad. Pourtant si vous suivez la NFL vous en connaissez au moins un : il a attrapé des passes d’un futur Hall Of Famer et aujourd’hui il reçoit des passes d’un QB électrifiant. Et pour les super connaisseurs, la question subsidiaire : c’est la même école qu’un receveur rookie qui a fait une bonne saison en 2012-2013. Réponses à la fin.

Pour reprendre sur notre sujet, évidemment un programme universitaire à succès et/ou avec une grande histoire comme Notre Dame, USC, Ohio State, Texas, Michigan, Miami… sortira toujours des talents et sera sur les devants de la scène lors de la draft.

« OK toi tu vas à Indianapolis, toi à Chicago, vous deux à Arizona, toi à Oakland… »

Ensuite c’est une question de personnes et des affinités personnelles ou « professionnelles » qu’elles peuvent entretenir avec des coachs ou un système de jeu dans une université particulière. Dans le cas de Belichick, il connaît Greg Schiano (qui était coach à Rutgers avant de venir aux Bucs) depuis un moment, et le fils de Billou a été à Rutgers.

Enfin, c’est une question de période. Je parlais du travail artisanal d’antan, quand les Mike Mayock (is God) et autres Mel Kiper Jr. n’étaient même pas encore des embryons d’idée et que la draft faisait la bagatelle de 30 tours (et un maximum de 391 picks en 1950). Vu le nombre effarant de picks à faire et le manque de développement du scouting, il était très courant de voir les équipes prendre des gens du coin parce que c’était plus simple. C’est moins le cas aujourd’hui.

Voici un article intéressant du point de vue historique qui regarde les cinq universités qui ont été les plus choisies par chaque équipe de la NFL. Toutes les drafts sont couvertes depuis 1936 jusqu’à 2013, donc gardez bien en tête ce que je vous ai dit sur la proximité géographique qui était à une certaine époque le seul critère de choix une fois tous les vrais talents connus partis.

C’est par ici.

Preuve de ce que je vous disais, les franchises historiques ont surtout historiquement tapé dans le coin, regardez un peu le joyeux mélange entre les états autour du lac Michigan où vous avez les équipes de Green Bay, Chicago, Detroit, Cleveland et Cincy qui choisissent entre Michigan/Michigan State, Wisconsin, Minnesota, Ohio State, Notre Dame (Indiana) ou Purdue (Indiana aussi). La connexion Pittsburgh/Pitt est forte, comme Miami avec « The U » et les Gators ou les équipes californiennes avec USC voire UCLA.

Un classement en ne regardant que la NFL « moderne » (après la fusion de 1970) serait un peu différent je pense.

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Réponses au quiz :

Garcon
Pierre Garçon, le receveur drafté en 2008 par les Colts et qui est désormais aux Redskins, vient de Mount Union, une université de Division III située dans l’Ohio…
Cecil Shorts III
…tout comme Cecil Shorts III, le receveur des Jaguars qui s’est révélé cette année.

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C’est la fin de ce mailbag.

N’hésitez pas à continuer d’envoyer des questions à l’adresse latestmailbag at yahoo dot com.

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