Nous Trente-Deux : San Francisco

Les 49ers ont gravi l’avant-dernier échelon qu’ils n’avaient pas pu gravir l’année dernière, mais la dernière marche s’est avérée trop haute pour Jim Harbaugh et son équipe. Il reste cependant une saison pleine d’espoir de revenir jouer la grande finale dans les années à venir, et de la gagner cette fois.

A lire en piquant une colère comme un gosse de 5 ans.

SAN FRANCISCO 49ers
1e NFC WTFest ~ 11-4-1 / 2-1

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2012

 

Les deux grandes questions de 2012 pour les 49ers étaient de savoir si la défense allait garder son rythme implacable et si l’attaque aérienne allait réussir à se booster quelque peu pour éviter cet abominable 1/13 en conversion de 3e tentative contre les Giants en playoffs. La franchise de la Bay Area avait donc décidé de faire son marché avec l’acquisition de Mario Manningham et le retour de Randy Moss, plus la signature de Brandon Jacobs pour faire une doublure à Frank Gore. La draft aussi avait amené ses éléments comme le receveur A.J. Jenkins et le coureur LaMichael James.

Pas énormément de changements côté défensif (on ne change pas une équipe qui gagne), et Jim Harbaugh était prêt à serrer des mains trop vigoureusement.

 

La saison

 

@Green Bay 30-22, Detroit 27-19, @Minnesota 13-24, @Jets 34-0, Buffalo 45-3, Giants 3-26, Seattle 13-6, @Arizona 24-3, St.Louis 24-24 (OT), Chicago 32-7, @New Orleans 31-21, @St.Louis 13-16 (OT), Miami 27-13, @New England 41-34, @Seattle 13-42, Arizona 27-13.

 

Les playoffs

 

Green Bay 45-31, @Atlanta 28-24, SUPERBOWL vs Baltimore 31-34.

 

La réalité

 

Comme leurs homologues Ravens en face, les 49ers se sont encore approchés un peu plus du Graal cette année par rapport à 2011, sauf qu’évidemment à la fin il n’y en a qu’un qui peut l’avoir. Les 49ers sont passés à côté pour avoir commis quelques erreurs inhabituelles en attaque et en défense en première mi-temps et avoir morflé dans la seule escouade qui n’est pas top 5 : les équipes spéciales. Sinon c’est sûr qu’il est difficile de trouver vraiment à redire sur la qualité de jeu de l’équipe cette saison, qui a en plus été vraiment épargnée par les blessures… sur le management ça c’est une autre histoire.

Et puisqu’on y arrive dans l’ordre logique, autant le faire de suite. La grande histoire à San Francisco cette année a été le remplacement d’Alex Smith par Colin Kaepernick au poste de QB. Au début on pensait que ce changement devait être temporaire suite à la commotion de Smith contre les Rams lors du fameux match nul, mais au final Kaepernick est resté. Cette saison Smith a continué sur sa lancée de l’année dernière en étant solide sinon spectaculaire et en ayant un seul match vraiment horrible (encore contre les Giants). Il a assuré son rôle de « passeur sans erreur » pendant que le jeu de course faisait l’autre moitié du travail; il finit avec 70.2% (top NFL), 1737 yards, 13 TD et 5 INT. A sa place, Kaepernick a impressionné par sa mobilité et son bras qui en font une potentielle arme double à l’avenir : il est capable de courir avec le ballon ou de délivrer des passes précises même en mouvement. L’ajout de l’option avec un jeu de course fort ne fait que compliquer la tâche des défenses adverses, et on peut être sûr qu’on va bouffer du Kaep dans les années à venir. Il termine à 62.4%, 1814 yards, 10 TD et 3 INT avec 63 portés pour 415 yards et 5 TD. Si on doit cependant pointer un souci avec lui, ce sont ses 7 fumbles; même s’il n’en a réellement perdu que 2, il doit faire attention à ça.

Ce qui est très critiquable, ce n’est pas le switch de Smith à Kaepernick, c’est le timing et la façon dont ça s’est fait. On a eu d’autres exemples par le passé, de QB titulaires qui perdent leur poste sur blessure par des « inconnus » qui leur piquent la place (Drew Bledsoe par Tom Brady, Trent Green par Kurt Warner). Mais là on parle de blessure grave qui dure une saison, pas d’une simple commotion qui benche pour UN MATCH. Alors Roger Goodell applaudit des deux mains en disant « Alex Smith a eu raison de déclarer sa commotion à son équipe », et on se dit que intrinsèquement pour sa santé il a bien fait… mais il a perdu son poste à cause de ça. Et qu’est-ce qu’on a vu un peu plus tard dans la saison ? Le QB des Jets Greg McElroy qui a tardé à révéler sa commotion parce qu’il avait peur de ne plus jouer.

Félicitations, Jim Harbaugh, d’avoir lancé le signal dans toute la ligue qu’un QB titulaire peut perdre sa place en un carton mal placé juste parce que la ligue a décidé qu’une commotion était un match obligatoire sur le banc et que le Head Coach n’attend qu’une chose : lancer son petit protégé. C’était vraiment le meilleur message à envoyer à un moment où la ligue essaie par tous les moyens de protéger les joueurs… et je n’ai même pas encore touché le sujet de son comportement sur le bord de touche. Je suis content de voir les 49ers revenir sur le devant de la scène et raviver la flamme 80s/90s, mais leur coach c’est une autre histoire.

Revenons au terrain. Pour avoir de bons QB efficaces (quels qu’ils soient), ça aide d’avoir probablement la meilleure OL de la ligue avec le Centre Jonathan Goodwin, les Guards Mark Iupati & Alex Boone, et les Tackles Joe Staley & Anthony Davis. Ces 5 linemen ont joué 96% des snaps en OL, ce qui aide à asseoir une certaine stabilité. Je pense que la protection de passe a été un peu embellie par le fait que Smith et Kaep sont des QBs mobiles, et ils ont tendance à souvent être pénalisés (Iupati est le pire avec 10 flags), mais par contre en run block, ils sont « simply the best » comme dirait Tina Turner.

Et évidemment qui en profite ? Frank Gore… comme s’il avait besoin d’une ligne premium devant lui de toute façon :p. Le coureur a aligné sa 2e saison complète de suite avec 258 portés, 1214 yards et 8 TD, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un bon moment (par contre c’est la deuxième saison de suite où il est moins utilisé à la passe). Son partenaire Kendall Hunter a été le bourrin de service avec 72 portés, 371 yards et 2 TD. On a même vu quelques apparitions de LaMichael James avec 27 portés pour 125 yards. Bref pas un coureur en-dessous des 4 yards par course à part Anthony Dixon… merci l’OL.

Enfin on termine en attaque par les receveurs. La blessure de Mario Manningham a fini par causer quelques soucis, et si on excepte Michael Crabtree et Vernon Davis, on aurait peut-être pu attendre plus des autres. Il est facile de se rappeler du Crab pour son holdout ridicule parce qu’il voulait un contrat supérieur à celui de Heyward-Bey drafté à Oakland avant lui; maintenant, on va se rappeler de lui pour son talent. Il a progressé depuis et on peut dire que 2012 est l’année de sa maturation : 85 catchs pour 1105 yards et 9 TD, un taux de catch de 72% (2e parmi les WR à 100+ ciblages) et seulement 7 drops. Le 2e receveur est Vernon Davis avec 41 catchs pour 548 yards et 5 TD et il a été précieux notamment en playoffs. Le reste est plutôt mitigé : même sans la blessure Manningham aurait pu apporter un peu plus que 42 catchs, 449 yards et 1 TD, Randy Moss a surtout servi dans le endzone pour finir les drives (3 TD) et Delanie Walker a été excellent en block mais moins en réception avec notamment 9 drops sur 39 ciblages. Vu le peu de snaps de Ted Ginn et Kyle Williams (352), quelque part on se demande pourquoi les 49ers n’ont pas testé A.J. Jenkins plus que 47 snaps.

Quoi qu’il en soit, tout cela a fait de l’attaque des 49ers une des plus efficaces, 3e avec 6 yards de moyenne par action. Certes ils ne sont que 11e avec 24.8 points marqués, mais quand on a une défense pareille, il n’est pas nécessaire de marquer 60 points pour l’emporter.

17.1 points (30e), 294.4 yards (30e), 17.8 first downs (31e), 33% de 3e tentative convertie (31e)… voilà les maigres moyennes accumulées par les adversaires de l’escouade défensive cette saison. L’attaque a lâché un peu trop d’INT et de fumbles pour avoir un turnover ratio impressionnant (+9, bon mais sans plus surtout dans une NFC qui compte 5 équipes meilleures), mais ça ne change pas que la défense est une des meilleures de la ligue.

On commence peut-être par l’escouade qui a le « moins » bien joué cette saison : la DL; je pense que les problèmes de DBs notamment en playoffs proviennent de là pour commencer. Le pass rush a été consistant en saison régulière mais a carrément disparu à partir de la blessure de Justin Smith. Il n’y a alors aucune surprise au fait que sans Justin pour « tenir » deux OL (au propre comme au figuré d’ailleurs), Aldon Smith a plus de mal, la défense contre la course a plus de mal, et les arrières ont été exposés.

En effet, Justin Smith est le MVP de l’escouade avec 11.8% de run stops (2e 3-4 DE derrière J.J. Watt) et si sa production en pass rush n’est pas énorme (31 pressions), on sait tous que l’autre Smith lui doit les siennes. Ray McDonald est un DE opposé compétent, mais on touche le problème du groupe avec le NT Isaac Sopoaga. Il a été bougé dans tous les sens contre la course, il a eu un impact nul sur le pass-rush (6 pressions), et le fait que son temps de jeu diminue (en alternance avec Ricky Jean-François qui a été meilleur) n’est pas bon signe pour lui. Vu qu’il est FA, il est probable qu’on ne le revoit plus à SF la saison prochaine.

Ce qui a empêché que la défense n’encaisse plus de yards notamment à la course, c’est le meilleur duo de LB de la ligue. Entre NaVorro Bowman et Patrick Willis, il y a de quoi non seulement plaquer tout ce qui court avec la balle, mais aussi tout ce qui catche une balle. Pendant ce temps-là Aldon Smith était occupé à engranger 19.5 sacks et 70 pressions (2e derrière Watt); c’est un chiffre impressionnant auquel il faut ajouter les 6.5 sacks et 50 pressions d’Ahmad Brooks. Bowman et Willis sont des vrais monstres au milieu : 269 plaquages, 78 run stops, 3 fumbles forcés, 2.5 sacks, 10 passes déviées, 2 TD et 3 INT. A la course, on ne fait pas mieux que ces deux-là, et en couverture non plus : ils ont les deux QB rating adverses les plus bas chez les ILB avec 71.2 et 71.7. Terrifiant.

On en arrive aux DBs, qui ont été exposés en playoffs par le manque de pass rush. La question est toujours la même : est-ce que le manque de pass rush diminue la qualité de la couverture, montrant les DBs plus mauvais qu’ils ne le sont, où est-ce qu’un pass rush parfois dominateur augmente la qualité de la couverture, montrant les DBs meilleurs qu’ils ne le sont ? Pour les 49ers, je dirais qu’on penche plus vers la 2e solution.

Si je vous demande de me citer un DB des 49ers, vous allez probablement me citer Dashon Goldson, Carlos Rogers, Donte Whitner ou Chris Culliver, mais le meilleur DB cette saison a été Tarell Brown, sans conteste. Il a autorisé moins de 60% de catchs pour 719 yards, 0 TD, 2 INT et la bagatelle de 12 passes défendues, ce qui le met avec un QB rating adverse de 75.2. Culliver a autorisé moins de passes mais a mangé 4 TD alors que Rogers a été rattrapé par l’âge avec 70.1% de catchs autorisés, 3 TD, 1 INT et 4 passes défendues. Ils ont tous morflé en playoffs de façon à peu près équivalente, sauf que Brown partait de plus haut, et Culliver s’est complètement écroulé.

Les safeties ne sont pas exempts de tout reproche non plus. Si Goldson tient bien la route en couverture avec 54.3%, 1 TD, 3 INT et 4 passes défendues, Whitner est une vraie calamité, et là je ne vous parle que de la saison régulière : 79.1%, 330 yards, 8 TD, 1 INT, 3 passes défendues. HUIT TDs, pire total NFL, et il s’en est pris 4 de plus en playoffs sans la moindre INT. Ce groupe de DB est loin d’être le plus atroce de la ligue bien entendu, mais j’explique ici comment certaines failles qui étaient masquées par la pression du front seven ont explosé à la face de SF pendant les matchs à enjeux en Janvier (et celui en Février).

N’oublions pas qu’ils ont quand même pris 24 points contre Green Bay, 24 contre Atlanta (et encore, on peut reparler de ce holding non sifflé sur Julio Jones en 4e&4), et enfin 31 contre Baltimore, bref que des attaques aériennes potables. Grâce à la production offensive ça a suffit contre les deux premiers, mais quand elle a disparu en première mi-temps contre Baltimore, ça a été plus difficile à remonter… et finalement impossible.

Et ce qui n’a pas aidé du tout, c’est le creux que David Akers a connu cette saison comparée à 2011. Après avoir égalé le kick le plus long de l’histoire en Week 1 contre GB, il n’a été que l’ombre de lui-même avec un indigne 69% de réussite (29/42). Ce qui le sauve de la dernière place est qu’il n’a pas été le seul kicker à tomber dans la nasse cette saison (Mason Crosby de GB est le dernier avec 63.6%). Andy Lee a été égal à lui-même, le meilleur punter de la ligue en yards net de moyenne avec 43.2.

Les 49ers n’ont pas beaucoup de points à travailler pour l’année prochaine pour revenir au Superbowl, mais s’ils les règlent, ils peuvent dominer la NFC pour les années à venir.

 

Les besoins

 

Les 49ers auraient bien besoin d’aide en DL, notamment en tackle. Un Safety et un Corner seraient également bénéfiques, ce qui explique toutes les discussions autour de Darrelle Revis.

En attaque, il va falloir scruter ce que va donner Manningham et comment peut évoluer Jenkins pour savoir s’il faut se mettre en quête d’un WR #2.

 

Le futur

 

Domicile : Arizona, St. Louis, Seattle, Atlanta, Carolina, Houston, Indianapolis, Green Bay.

Extérieur : Arizona, St. Louis, Seattle, New Orleans, Tampa Bay, Jacksonville, Tennessee, Washington.

Record cumulé en 2012 : 132-122-2 (7e).

Je sais ce que vous vous dites : comment le record peut être aussi positif avec les deux divisions South. Déjà les trois équipes négatives en NFC South ne le sont que d’une victoire, ce qui est largement bouffé par Atlanta seul. Ensuite Jacksonville et Tennessee sont mangés par Houston, Indy, GB, Washington, et ça devrait déjà suffire. Enfin la NFC WTFest promet de devenir un joli bassin aux requins ne serait-ce qu’avec Seattle.

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