Nous Trente-Deux : Indianapolis

Le retournement impressionnant des Colts cette année n’est pas sans rappeler celui qu’ils avaient déjà réalisé en 1999-2000 quand ils avaient terminé la saison 1998-1999 3-13 pour faire un 13-3; c’était la seconde année de Peyton Manning aux Colts. Ca augure du meilleur pour Andrew Luck, même si les Colts ont quand même paru en surrégime cette année.

A lire avec de l’espoir plein les mirettes.

 

 

 

 

Andrew Luck au Hall Of Fame ! Vous connaissez les médias, hein ? Une bonne performance en présaison ça suffit pour baver. Plus sérieusement, tous les regards étaient évidemment braqués sur le nouveau petit prodige qui devait mener les Colts à une répétition des années Manning sans se viander systématiquement sur les Patriots si possible.

Et pour ça, autant dire qu’il y avait eu du ménage dans la franchise au fer à cheval : exit Bill Polian, Jim Caldwell, Peyton Manning, Gary Brackett, Dallas Clark, Melvin Bullit et surtout… Curtis Painter !!! Noooooooon rendez-nous le peintre !!! Bref, si on ajoute la retraite de Ryan Diem et les départs de Jacob Tamme et Pierre Garçon, ça faisait beaucoup. Reggie Wayne avait décide de rester, et la double draft des TE Coby Fleener et Dwayne Allen devait donner les premières armes à Luck.

La signature de Cory Redding des Ravens en DL était la plus grosse arrivée pour soutenir Freeney et Mathis alors que Pat Angererererer reprenait les clés de la maison Colts en LB. Bref, une saison remplie d’incertitudes pour Indianapolis, comme souvent quand un long cycle s’achève.

 

 

@Chicago 21-41, Minnesota 23-20, Jacksonville 17-22, Green Bay 30-27, @Jets 9-35, Cleveland 17-13, @Tennessee 19-13 (OT), Miami 23-20, @Jacksonville 27-10, @New England 24-59, Buffalo 20-13, @Detroit 35-33, Tennessee 27-23, @Houston 17-29, @Kansas City 20-13, Houston 28-16.

 

 

@Baltimore 9-24.

 

 

Wow. Des rookies plein les poches, un coach qui est soudain diagnostiqué avec une leucémie en plein milieu de la saison, un QB attendu depuis un moment qui se retrouve au milieu de tout ce bazar… quelques fois il faut juste dire la vérité : chapeau aux Colts pour l’année qu’ils viennent de faire. Moi aussi je me suis dit que les Colts avaient beaucoup de « chance » de s’être vautrés sans Peyton Manning pile l’année où le prospect de la mort qui tue la mère des ours est à la draft (ça aide de finir #1), mais on ne peut pas dire que la route ait été facile pour eux pour autant.

A commencer par Andrew Luck, pour lequel la plus grosse bêtise serait de s’arrêter aux stats pour juger de sa performance… ou alors il faut regarder les bonnes. Les deux gros flags rouges qui n’en sont pas forcément, ce sont le taux de complétion de 54.1% (le plus bas chez tous les titulaires) et les 18 interceptions. Ces deux chiffres sont le produit de plusieurs choses : Luck a lancé 627 passes, 5e total de la ligue. De plus, l’attaque des Colts reste très verticale : Luck est le seul QB à avoir tenté 100+ passes de 20 yards (101), ce qui représente 16.1% de ces lancers. Ca le met en 3e position derrière Joe Flacco et Russell Wilson, avec une OL bien pire que celles des deux QBs. Pas étonnant qu’il ait dû forcer certaines passes qui ont été interceptées (9 TD/6 INTs sur ces passes longues). Néanmoins il a quand même réussi à casser le record de Cam Newton de l’année précédente avec 4374 yards et il a scoré 23 TD, menant plusieurs drives pour la victoire. Tout ça avec des cibles quasiment toutes rookies et avec un jeu de course qui a mis du temps à démarrer. Luck a les bollocks suffisantes pour faire face à la pression et lancer les passes, parfois on dirait vraiment un mini Big Ben; il a démontré qu’il avait les qualités pour faire une super carrière dans la ligue, mais il va TRES VITE falloir lui filer une protection potable, et espérer que l’alchimie continue avec ces cibles… et surtout qu’elles attrapent mieux la balle (j’y reviendrais).

En effet, l’OL a été une catastrophe cette saison, et le talent de Peyton Manning n’est plus là pour la couvrir. Luck a pris pas mal de sacks parce qu’il a gardé la balle en main attendant que le schéma se développe, un problème dans le système offensif de Bruce Arians. L’OL a lâché 41 sacks et 245 pressions au total, ce qui est le bottom NFL et de loin (eh oui même les Cards ne les ont pas rattrapés). Même si on ramène ça au grand nombre de pass plays appelés (704), ça les laisse quand même dernier de la ligue. Bien sûr elle a connu de nombreuses blessures, et sans la présence du sophomore Anthony Castonzo elle serait pire encore, mais le problème c’est le niveau intrinsèque des joueurs plus que le shuffling de la ligne.

Évidemment difficile d’avoir un jeu de course efficace dans ces conditions (Castonzo est le meilleur OL, pas étonnant qu’à un moment Indy ne faisait que courir à gauche). Vick Ballard et Donald Brown ont repris le jeu de course sur la formule 2/3-1/3 : 211c/814y/2TD pour Ballard, 108c/417y/1TD pour Brown avec l’appui temporaire de Luck lui-même (62c/255y/5TD). Wait… 5 TD le Luck ! C’est le meilleur marqueur de TD à la course. On s’attend à ça avec Newton mais pas avec lui, c’est vous dire si le jeu au sol a vraiment eu du mal. Néanmoins, les chiffres postés par Ballard sont plutôt encourageants surtout quand on se rappelle la deuxième moitié de la saison, donc si on lui met une bonne OL devant, who knows (on pourra toujours compter sur lui pour mettre des TD à l’envers).

Je parlais un peu plus tôt des cibles de Luck, et c’est peut-être là que les Colts ont vraiment touché le gros lot. Après tout, personne ne doutait que le QB de Stanford pouvait jouer, mais quid de T.Y. Hilton ou Dwayne Allen ? C’est le partenaire de Luck à Stanford Coby Fleener qui était projeté comme la cible préférentielle du QB derrière un Reggie Wayne resté pour chapeauter tout ça. Wayne a fait une saison magistrale à la Wayne : 106 catchs, 1355 yards et 5 TD; ce qui est amusant de noter c’est qu’il a été autant ciblé en saison régulière par Luck cette année que par Manning dans sa dernière année en 2010 (donc Luck n’a pas non plus arrosé sur lui). La fusée T.Y. Hilton a gobé une bonne partie des scores avec 50 catchs, 861 yards et 7 TD. Ajoutez Dwayne Allen à 3 TD et ça commence à faire un bon batch de receveurs; en plus Allen a été très sûr en block que ce soit à la course ou à la passe. Fleener est un peu le mouton noir sur le coup, il a eu plus de mal et ne termine qu’avec 281 yards et 2 TD. Un autre mouton noir est Donnie Avery : OK il termine avec 60 catchs, 781 yards et 3 TD mais il termine surtout comme le receveur qui a le plus grand taux de drops dans la ligue avec 1 drops toutes les 6 passes ! Résultat Luck se retrouve avec 50 drops, le pire total de la ligue.

Quoiqu’il en soit, c’est déjà énorme de se retrouver 7e en yards à la passe (258) et 10e en yards totaux (362.4) quand on voit la tronche de l’attaque avec une OL aux fraises, des rookies de partout et un jeu de course qui a mis une demie-saison à se réveiller (104.4 yards, 22e). Mais ce qui est encore plus énorme, c’est que les Colts aient réussi à accumuler 11 victoires avec une des pires défenses de la ligue (et encore, merci les Saints pour avoir aligné cette ineptitude historique sinon Indy avait probablement gagné le pompon).

Le moins qu’on puisse dire c’est que le passage en 3-4 n’a pas été productif. Je sais que ça fait plusieurs années que les Colts ont du mal à aligner une défense ne serait-ce que potable mais ça ne s’est pas arrangé. Il y a pas mal de problèmes alors autant commencer arbitrairement : les Colts n’ont causé que 6 fumbles et n’en ont récupéré que 3, le plus petit nombre dans la ligue. Ajouter à ça les 12 INT (ce qui est plutôt maigre) et ça explique le turnover ratio de -12.

Le souci c’est que Robert Mathis et Dwight Freeney étaient à peu près les seuls plus qu’on pouvait citer sur la DL et maintenant qu’ils sont 3-4 OLB, on ne peut plus. La DL devient donc très suspecte, incapable de rusher le QB ou de stopper la course; l’ajout du DE Cory Redding n’a pas suffi à remettre plus d’impact dans cette année de transition. Repositionné en OLB, les deux compères ont eu du mal à trouver leur rythme : Freeney ne termine qu’avec 5 sacks et 47 pressions et Mathis avec 8 sacks et 29 pressions. On a connu le duo plus destructeur dans le pass rush, et je ne sais pas si les Colts vont attendre de voir si c’est dû à un temps d’adaptation, surtout avec Freeney.

Mais c’est surtout à la course que la défense a encore laissé beaucoup de yards en route, et c’est une habitude à Indy. 137.5 yards par match et 5.1 par course, 29e et 31e. Pourtant on peut dire que les Colts ont trouvé un joueur intéressant avec le transfuge de la CFL Jerrell Freeman au milieu de la ligne des LBs, qui a dû pallier à l’absence temporaire de Pat Angerer sur blessure. Il a accumulé 145 plaquages, 1 run stop tous les 10 snaps environ (top 10 NFL), 2 sacks, 1 fumble forcé et 1 INT retourné pour un TD. Quand Angerer reviendra à 100% ça fera une petite paire d’ILB plutôt sympathique dans le genre machine à plaquages. Mais ça ne suffira peut-être pas à régler le problème de la défense contre la course.

On termine par les arrières, qui ont vu l’arrivée de Vontae Davis cette saison, qui est rapidement devenu le meilleur CB de l’équipe (ok, c’est pas beaucoup dire). Il a raté plusieurs matchs à cause de blessures, il a été cramé à plusieurs reprises lors de passages plus difficiles, mais en règle général il a plutôt tenu la baraque avec 70.7% de passes autorisées pour 513 yards, 3 TD, 3 INT et 4 passes défendues (cependant le taux de complétion est moche). En tout cas les QBs ont vite compris qu’il valait mieux arroser de l’autre côté où se trouvait Cassius Vaughn qui a passé une SALE saison : 106 ciblages, 62.3%, 794 yards, 5 TD, 1 INT, 7 passes déviées. La perte de Jerraud Powers n’a pas aidé mais quelque part je ne suis pas sûr que ça aurait changé grand-chose… Darius Butler dans le slot s’en tire plutôt bien avec 54%, 309 yards, 0 TD et 4 INT, mais il ne faut pas l’en sortir. Pour terminer avec les safeties, j’ai connu Antoine Bethea bien plus efficace contre la course même s’il termine avec 100 plaquages. Et je ne pense pas que Tom Zbikowski ou Joe Legefed soient une solution à long terme pour Indy.

Bref, vous ne serez pas étonnés de savoir que la défense des Colts a lâché 21 courses de plus de 20 yards (pire NFL) et 7 de 40+ yards (2e pire). Il serait temps qu’Indy casse cette série et inverse la tendance s’ils veulent avoir une chance de progresser l’année prochaine.

Bon, maintenant il est temps d’expliquer le what du why de cette saison. On ne pourra probablement jamais dissocier la saison 2012 des Colts de #Chuckstrong, qui a été un moment très fort avec la convalescence de Chuck Pagano et l’intérim de Bruce Arians, Coach de l’Année. Il est tout à fait concevable que cela a porté l’équipe, et je pense qu’on peut rajouter le fait que les Colts ont eu un des calendriers les plus faciles cette année (113-143). Cela ne retire en rien les victoires, mais on peut remarquer que les upsets contre GB et Houston ont eu lieu à des moments forts : le premier match sans Pagano et le premier où il revient (de plus deux matchs à domicile et contre GB, avant la blessure qui sort Benson du match, les Packers menaient largement).

Inutile de vouloir séparer l’émotion de la valeur pure cette saison, il faut juste garder en tête deux choses : les Colts ont un grand potentiel très intéressant à développer en attaque, mais il serait dangereux de penser que l’année prochaine ils peuvent refaire la même avec l’effectif actuel, notamment sur la ligne et en défense. Cette année ils ont été sans doute propulsés un peu plus loin qu’ils ne devaient et surtout qu’ils n’étaient préparés; le match contre les Ravens en Wild Card leur a renvoyé tous les problèmes dans le visage assez violemment (OL faible, WRs qui droppent, défense qui lâche des big plays). Le réveil du rêve a été un peu brutal mais ça a eu le mérite de recadrer les différents problèmes que l’équipe connaît tout en soulignant que la qualité est présente, prête à être cultivée.

Les choix pendant cette intersaison sont presque aussi importants que ceux de l’année précédente, et avec les bonnes décisions les Colts peuvent refaire le même coup, mais avec plus d’assurance cette fois. C’est pour cela qu’on peut se poser des questions sur les départs de deux architectes de cette saison : Tom Telesco parti être GM à San Diego, et Arians parti être HC aux Cardinals. N’est-ce pas un peu trop tôt dans la nouvelle histoire écrite par Indy ?

PS : Luck méritait l’OROY plus que RGIII vu la différence de talent autour des deux. Booooo.

 

 

Devinez un peu. Les Colts vont probablement essayer d’accrocher un OL en premier, et après ce sera la chasse au défenseur : DE, OLB, CB, S faites votre choix m’sieurs dames.

En fonction des besoins, il n’est pas impossible qu’ils tentent d’attraper un RB.

 

 

Domicile : Houston, Jacksonville, Tennessee, Denver, Oakland, St. Louis, Seattle, Miami.

Extérieur : Houston, Jacksonville, Tennessee, Kansas City, San Diego, Arizona, San Francisco, Cincinnati.

Record cumulé en 2012 : 117-137-2 (30e).

Merci la division et l’AFC WTFest pour la distribution de punching balls, les Colts n’auront pas un calendrier trop effrayant l’année prochaine. A moins que l’AFC WTFest devienne magiquement comme sa consoeur de NFC, Indy a de vraies chances de viser les playoffs encore l’année prochaine.