Nous Trente-Deux : Detroit

On boucle le top #5 de la draft avec la gamelle de l’année, les Lions qui ont perdu 6 victoires d’un seul coup. La seule chose qu’a réussi à vaincre un Lion cette année, c’est le Madden Curse pour Megatron. Quelqu’un a vérifié que Matt Millen n’était pas redevenu le GM de l’équipe ?

A lire la tête à l’envers, comme Detroit cette année (faites le poirier).

 

DETROIT LIONS
4e NFC North ~ 4-12

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2012

 

Une chose était sûre pour Detroit : avoir Matthew Stafford sur ses deux jambes, avec le corps de receveur des Lions, était une bonne chose. On s’est vite rendu compte en présaison qu’avoir un jeu de course derrière était encore mieux. Alors qu’est-ce qu’il manquait à Detroit ?

Déjà, une meilleure protection pour Staffie. La draft s’en était occupé avec le pick de Riley Reiff qui avait de suite prouvé sa valeur. Du côté de la défense, la DL avait surtout besoin de discipline, et les Lions n’avaient fait aucune emplette retentissante pour un LB ou un DB.

Aucune raison de modifier un noyau de joueurs quand la réussite est là, mais ça risquait quand même d’être un peu plus compliqué dans une NFC North où c’est la guerre ouverte à tous les étages.

 

La saison

 

St.Louis 27-23, @San Francisco 19-27, @Tennessee 41-44 (OT), Minnesota 13-20, @Philadelphia 26-23 (OT), @Chicago 7-13, Seattle 28-24, @Jacksonville 31-14, @Minnesota 24-34, Green Bay 20-24, Houston 31-34 (OT), Indianapolis 33-35, @Green Bay 20-27, @Arizona 10-38, Atlanta 18-31, Chicago 24-26.

 

La réalité

 

Alors docteur, c’est grave ? Est-ce que les Lions de 2011 étaient en surrégime, est-ce que les Lions de 2012 étaient en sous-régime, où est la vérité ? Ailleurs comme dirait Mulder. Pour répondre à la question, voilà deux séries de chiffres :

0 -8 -4 -14 -7 -13 -3 +21 -6 +3 0 +9 0 -14 -8 -6
+4 -8 -3 -7 +3 -6 +4 +17 -10 -4 -3 -2 -7 -28 -13 -2

La seconde ligne vous pouvez le deviner facilement : ce sont les écarts à la fin du match. La première ligne, ce sont les écarts à la fin du 3e QT. En d’autres termes, les Lions n’ont vraiment retourné qu’un seul match en 4e QT, celui contre Seattle (pour Philly ils ont eu besoin de l’OT). 3 prolongations d’ailleurs c’est plutôt rare dans une année pour Detroit. Et enfin, il y a cette série ridicule de 4 matchs encadrée par la double confrontation avec GB dans laquelle les Lions étaient dans le match voire menaient à la fin du 3e QT (et dans le 4e !) et ont perdu. Regardez le nombre de défaites par 7 points ou moins.

Et puis, les Vikes étaient à la rue l’année dernière, les Bears avaient perdu leurs armes offensives… donc ce sont les Lions qui ont payé la note (0-6 dans la division), et ils ont probablement eu le pire calendrier de l’année. La vérité se trouve donc entre les deux saisons : les Lions ne valent pas 4-12, mais ils étaient en surrégime à 10-6. Il leur manque encore quelques armes pour prétendre revenir à ce niveau de « playoffable ».

Pour commencer, il faudrait un Matthew Stafford qui ne régresse pas par rapport à l’année dernière. S’il était insensé de croire à une nouvelle année à 5000+ yards (et encore il n’en était pas loin), ce qui est plus problématique c’est qu’en battant le record de passes tentées dans une année (727), les yards (4967), le taux de complétion (59.6%) et le nombre de TDs (20) ont chuté alors que les interceptions ont augmenté (17). Non vraiment, moins de 60% de complétion, 20 TD et 17 INT ?! Certes il a connu des blessures et des mains en bois chez ces cibles (49 drops, 2e pire total), mais il a démontré quelques mauvaises habitudes dans sa mécanique de lancer : il s’est mis à tenter des passes sur son pied arrière ou en « sidearm » sans aucune pression sur lui, ce qui n’améliore pas la précision.

Ca a été d’autant plus criant qu’il a été très bien protégé par son OL qui a su rester presque entière toute la saison : avec 700+ passes tentées, elle n’a lâché que 183 pressions dont 29 sacks (PFF les met 6e en Efficacité de Pass Block) . J’ai toujours eu tendance à taper sur Gosder Cherilus notamment qui me semblait être un bon bust, mais je dois avouer qu’il s’améliore d’année en année. Dominic Raiola est un Centre compétent si on excepte son erreur mentale contre les Titans de snapper le ballon sur un « freeze play« , c’est-à-dire sur une action sans snap où le seul but est de créer un offside en face. Dans l’ensemble, elle est donc potable en pass block.

Par contre niveau run block… on a trouvé l’anti-Bears OL. Elle a du mal à ouvrir de vraies brèches pour les coureurs (notamment en allant taper du LB) et elle est en partie responsable du fait que les Lions n’ont jamais réussi à avoir un run game consistant. Tout d’abord, on doit noter le probable arrêt de la carrière de Jahvid Best à cause de trop nombreuses commotions. Ensuite, après avoir manqué toute sa saison de rookie, Mikel Leshoure a enfin fait ses débuts et les résultats sont mitigés : 215 portés pour 798 yards le mettent à une moyenne de 3.7, ce qui est un peu léger pour un coureur qui porte autant la balle; au moins il a su trouver la endzone avec 9 TD. Son partenaire Joique Bell, lui, a été plus vif avec 82 portés pour 414 yards (5.0) et 3 TD. Mais les deux ont eu la fâcheuse manie de fumbler en redzone (3 à eux deux), ce qui est impardonnable pour des coureurs sur lesquels on veut compter.

Et les receveurs, parlons-en. C’est bien beau que Megatron batte le record de Jerry Rice avec 1964 yards (énorme), mais sur 122 réceptions il n’a marqué que 5 TD. A côte de ça, Nate Burleson a fini sur IR dès la Week 6 (pas de bol), son remplaçant rookie Ryan Broyles l’a suivi un peu plus tard (pas de re-bol), alors que Titus Young faisait sa tête de con (pas de cervelle) et que les duettistes aux gants en granit Pettigrew/Scheffler nous ont fait 15 drops (pas de mains). Résultat, Staffie a bourré les stats avec des télégraphes à Megatron comme d’autres bourrent des urnes avec des votes UMP, et le résultat ce sont les complétions et les TDs qui baissent. Autant l’année dernière il fallait être d’une mauvaise foi avérée pour persifler que le QB ne visait que Megatron, mais cette année c’est difficile de dire le contraire.

J’allais dire que Jim Schwartz avait intérêt à rappeler à certains qu’ils jouent dans une franchise NFL et qu’ils ne sont pas dans le jardin de leur maison à partir avec le ballon en boudant parce qu’on leur a fait un peu bobo… mais on dirait qu’il l’a fait tout seul en virant Young de l’équipe. Décidément, entre Charles Rogers, Mike Williams et Titus Young, les Lions ont des problèmes avec leur draftés WR (si on excepte Megatron). En tout cas, dans tout ce pataquès, le rookie Broyles a l’air intéressant pour la suite car son intérim de Burleson a été sympathique : 22 catchs, 310 yards, 2 TD (mieux que la Burne).

Allez, on va voir de l’autre côté parce que la faute de cette saison est à rejeter également sur la défense. On va commencer par le point positif : la doublette de T-Rex en goguette Suh/Fairley a l’air d’avoir pris ses aises et ce n’est pas bon signe pour les OLs d’en face. Gardez en tête que ce sont des Defensive TACKLES : 8/5.5 sacks, 57/34.5 pressions, 23/21 stops. Ils en ont d’autant besoin que Avril malgré ses 10 sacks a connu une année compliquée avec son dos (il a moins pressé le QB en général) et surtout Vanden Bosch me semble cramé mortibus enterré et tout le bazar. Ca n’a pas été du tout rose pour les Defensive Ends à Detroit, et c’est en partie pour cela que les Lions ont manqué d’impact dans le pass rush.

Derrière eux, les Linebackers ont tenté de boucher les divers trous notamment à la course, et ils ont eu du travail vu qu’ils ont fini avec deux joueurs à 100+ plaquages. Stephen Tulloch et Justin Durant ont donc couru un peu partout, mais en contrepartie ça s’est ressenti dans leur efficacité : Tulloch a 19 plaquages ratés (2e chez les ILB) et Durant 14 (5e chez les 4-3 OLB). La couverture de passe aussi a été compliquée pour le trio, et surtout ils ont généré très peu de turnovers : 1 INT de DeAndre Levy et 1 fumble forcé de Tulloch. C’est d’ailleurs un des gros problèmes de la défense cette année, le manque de turnovers qui a mené a un ratio de -16 pour Detroit. Les 11 INT et 6 fumbles récupérés par la défense sont couverts uniquement par les 17 INT de Stafford, alors imaginez quand on rajoute les fumbles perdus par l’attaque.

A l’instar des receveurs, les DBs ont eux aussi souffert des absences dues au blessure, notamment en Safety. Louis Delmas continue de bâtir sa carrière sur celle du célèbre Safety de Cristal Bob Sanders, alors qu’Amari Spievey lui aussi n’a fait que des bouts de la saison. Chris Houston (photo) s’est retrouvé un peu seul dans tout ça, et il a rendu une bonne copie, malgré le fait que même lui a fini par craquer notamment contre Atlanta. Cette arrière-garde pourrait donner quelque chose de potable si elle pouvait aligner les 4 mêmes joueurs 3 matchs de suite. Pour que vous ayez une idée : les Lions ont utilisé 17 DBs cette année. DIX-SEPT, dont 11 qui ont 100+ snaps.

Et enfin, je dois terminer par une catastrophe ambulante qui ne fait que plomber encore un peu plus l’équipe : les special teams. C’est facile de pointer du doigt la bourde énorme de Stephen Logan qui fait un fair catch sur ses 4 yards (W.T.F), mais c’est le résumé de sa saison comme returner… remarquez au moins il n’a pas fumblé comme il l’a souvent fait. C’est aussi le symbole d’une escouade qui n’a pas mis son attaque dans les meilleures dispositions, ou pire qui a filé les billes à l’adversaire pour l’emporter (revoyez le punt misérable de Nick Harris qui redonne la balle en bonne position à Indy pour le drive de la victoire).

Les Lions n’ont certes pas été gâté par le calendrier cette année, mais ce serait se voiler la face de croire que ça explique un tel changement de résultat d’une année sur l’autre.

 

Les besoins

 

Un coureur. Oui encore. Avec le probable arrêt de Jahvid Best, les Lions sont encore short au niveau du jeu au sol. La situation en Defensive End doit commencer à préoccuper aussi. Un LB serait pas mal pour décharger Tulloch, et un CB à l’opposé de Chris Houston. Ils ont absolument besoin d’arracher des ballons à l’adversaire.

Mais surtout, ce dont les Lions ont le plus besoin, c’est d’un coach qui leur fout des baffes quand ils font une connerie. Raiola qui snappe la balle complètement par surprise, Logan qui fair catch à 4 yards de sa ligne d’enbut, Young qui fait ce qui lui chante… c’est une collection de brain farts comme on dit en anglais qui n’arrivent pas dans les franchises qui marchent, parce qu’elles ont un coach qui tient les joueurs pour responsables de leurs bévues.

Au lieu de filer des tartes aux coachs adverses (méritées ou non), Schwartzie, files-en quelques-unes à tes joueurs.

 

Le futur

 

Domicile : Chicago, Green Bay, Minnesota, Dallas, N.Y. Giants, Baltimore, Cincinnati, Tampa Bay.

Extérieur : Chicago, Green Bay, Minnesota, Philadelphia, Washington, Cleveland, Pittsburgh, Arizona.

Record cumulé en 2012 : 138-118 (2e).

Madre de Dios. Jouer dans la NFC North ne suffit pas, il faut aussi se prendre l’AFC North et la NFC East. Les Lions vont se farcir 10 matchs (sur 16) contre des équipes à 10+ victoires. Autrement dit à moins d’un éboulement dans la NFL, les Lions pourraient bien terminer la saison 2013-2014 encore avec un sale calendrier.