Nous Trente-Deux : Buffalo

Tiens, voilà le premier membre de la Compagnie des Seconds Couteaux de l’AFC East. Les Bills ont actuellement la plus longue série de saisons en cours sans accéder en playoffs dans la ligue avec 13. Les moins jeunes d’entre nous doivent se rappeler du dernier match en playoff de Buffalo : c’était le « Music City Miracle » en 1999 contre Tennessee.

A lire en sautant un mot sur deux, comme fait Ryan Fitzpatrick avec ses performances.

 

BUFFALO BILLS
4e AFC East ~ 6-10

 

 

Les prévisions de Madame Soleil 2012

 

Les fans des Bills n’espéraient qu’une chose : que ce soit bien une blessure non déclarée aux côtes de Ryan Fitzpatrick qui avait fait chuter les stats du QB (et de l’attaque) en deuxième partie de saison. Si c’était le cas, c’était, avec la récupération de Fred Jackson, l’espoir de revoir les Bills chambouler une AFC East devenue un peu trop monotone ces dernières années. Les Bills ont été plutôt tranquilles sur le marché pendant longtemps, se contentant de resigner des joueurs sans grosse acquisition… jusqu’au gros coup : la signature de Mario Williams des Texans pour la modique somme de 100M$.

Du coup, les Bills passaient en 4-3 avec une DL tenez-vous bien : Mark Anderson, Kyle Williams, Marcell Dareus et Mario Williams. De quoi donner envie d’aller se soulager à n’importe quel QB de la division, même s’il a l’habitude de pioncer dans sa poche de protection. Derrière, Buffalo comptait sur le leadership du LB Nick Barnett et sur l’éclosion de leur premier tour, le CB Stephon Gilmore.

 

La saison

 

@Jets 28-48, Kansas City 35-17, @Cleveland 24-14, New England 28-52, @San Francisco 3-45, @Arizona 19-16 (OT), Tennessee 34-35, @Houston 9-21, @New England 31-37, Miami 19-14, @Indianapolis 13-20, Jacksonville 34-18, St.Louis 12-15, Seattle 17-50, @Miami 10-24, Jets 28-9.

 

La réalité

 

Il y a des équipes plus fortes que leur record et il y a des équipes moins fortes que leur record. Quand on regarde le calendrier on aurait presque envie de mettre les Bills dans la seconde catégorie. Ils ont battu KC, Cleveland, Jacksonville, Arizona en overtime, ont splitté avec Miami et le Jets Circus. Y’a de quoi sabrer le champagne non ? (je précise que c’est ironique au cas où).

Un qui ne risque pas de sabrer le champagne encore longtemps à Buffalo, c’est Ryan Fitzpatrick. L’année dernière, il avait démarré tambour battant avant de s’écrouler à cause de la perte de Fred Jackson et d’une blessure aux côtes. Cette fois, aucune excuse pour cette année, et le résultat, c’est que si vous le classez en passes tentées (505), passes réussies (306), taux de complétion (60.6%), yards (3400), rating (83.3)… il est au milieu. Personnellement j’irais plus loin, il est en-dessous de la moyenne. Il n’est pas super mobile, et surtout il est atroce sur les passes longues (12 passes réussies sur 51 à 20+ yards avec seulement 2 drops… 27%).

Il est parti pour devenir une autre histoire de QB surpayé trop tôt par une organisation en panique : il a été bombardé titulaire à la place d’un Trent Edwards fantomatique comme dernier recours en 2010, et après quelques bons matchs en 2011 les Bills l’ont rapidement et chèrement payé comme titulaire (une technique imparable de succès, regardez à quel point ça a réussi dans la même division… genre aux Jets). La vérité c’est qu’il est capable de bons matchs, mais il est incapable de les enchaîner à la suite, ce qui finalement le fait flirter dangereusement avec le niveau d’un bon backup.

Surtout qu’il est derrière une OL efficace avec en tête d’affiche l’excellent Guard Andy Levitre que les Bills auraient intérêt à resigner manu militari. Levitre (photo ci-dessous, #67) n’a lâché que 12 pressions cette année, et l’OL en général 112 (3e). Le seul qui a véritablement eu du mal est le rookie Cordy Glenn (6 sacks), mais on peut attendre de voir ce qu’il va donner avec un peu plus d’expérience.

De plus, cette OL est efficace dans le jeu de course, ce qui fait un grand plaisir à C.J. Spiller qui a définitivement explosé cette année avec 207 portés pour 1244 yards et 6 TD… ce qui fait 6 yards par course environ. Et cette performance n’est pas uniquement due au bon run block de l’OL : il est des trois RB qui a provoqué le plus de plaquages ratés dans la ligue (66) derrière Adrian Peterson et Doug Martin. Il a aussi rajouté 43c/459y/2TD à la réception avec 1 seul drop, ce qui veut dire qu’il est également précieux à la réception. Il a définitivement pris la place de titulaire à Fred Jackson, moins en vue cette saison.

Au fait, rien ne vous a fait tilter dans les stats de Spiller ? Moyenne de 6.0, 207 portés. Comment Chan Gailey a-t-il pu autant sous-utiliser Spiller ? Si vous voulez une réponse, je l’ai pour vous : Gailey s’est fait virer.

Du côté des receveurs, c’est Stevie Johnson et… some guys. Le WR#1 a encore été le plus en vue dans son équipe avec 79 catchs, 1046 yards et 6 TD, mais il a eu une rechute au niveau des drops (11 sur 90 catchables) après une année 2011 propre. Le plus gros souci pour les Bills c’est qu’ils n’ont pas forcément de bon #2 avéré et sur lequel s’appuyer, et en plus ils ont perdu un des postulants, David Nelson, dès le premier match. Résultat Donald Jones est resté le seul et ça n’a pas été bien loin. La seule seconde véritable arme a été le Tight End Scott Chandler qui a accumulé 43 catchs pour 571 yards et 6 TD, mais ça s’arrête là. C’est un peu insuffisant pour espérer mieux offensivement que la 25e attaque à la passe (à peine plus de 200 yards par match).

Et on peut chapeauter tout ça par un turnover ratio de -13 expliqué principalement par le fait que les Bills ont le pire taux de récupération de fumble (environ 30%). Yikes.

Il est temps de voir si en défense l’herbe est plus verte avec la toute nouvelle 4-3. Réponse : pas forcément. Comme en attaque, il y a des playmakers, mais aussi de sévères lacunes. On va commencer avec la fameuse DL qui était censée faire trembler du slip le reste de la NFL. Alors certes le pass-rush n’a pas été totalement amorphe, mais avec seulement 36 sacks (18e) et environ 230 pressions, on est en droit de rester sur sa faim question production; la blessure de Mark Anderson dès la Week 6 n’a pas forcément aidé même s’il n’était pas parti pour faire une grande saison. Mario Williams (photo) se démarque avec ses 10.5 sacks alors que son homonyme Kyle a été un des meilleurs DT avec 45 pressions (Atkins, McCoy et Suh sont les seuls à avoir fait mieux). Donc mettons : peut beaucoup mieux faire.

Mais là où le bât blesse sévèrement, c’est le jeu au sol. Buffalo a encaissé 145.8 yards par match, et seuls les Saints ont fait pire. Ils ont pris 23 TD au sol et ils ont cédé un first down sur 29% des jeux de course adverse, les pires totaux de la ligue. Vous imaginez ? Presque 1 course sur 3 a gagné un first down pour l’adversaire. La DL a été constamment balayée par l’OL adverse, et si Kyle Williams a plus ou moins tenu au milieu, c’est surtout le sophomore Marcell Dareus qui s’est fait bouger dans tous les sens.

Et derrière, mis à part le toujours solide Nick Barnett (112 plaquages, 2 sacks, 3 fumbles forcés, 46 stops), la ligne des LBs a été aussi inapte à stopper les coureurs adverses. Souvent c’est donc le safety qui s’est retrouvé à venir terminer le travail. Au moins, le trio Barnett/Bryan Scott/Kelvin Sheppard a été plus efficace en couverture de passe, ne laissant pas grandchose aux TE adverses (6 petits TDs et 4 INT pour Scott, un beau chiffre pour un LB).

Et puisque je parlais de couverture de passe et de safety, sur la lancée de l’année dernière la paire George Wilson/Jairus Byrd mériterait qu’on parle plus d’elle. Ce sont eux qui ont du récupérer les bourdes du front seven notamment à la course, tout en continuant à couvrir les arrières : Wilson termine à 104 plaquages et a plus de stops que 2 des 3 LBs devant lui (c’est dire), alors que Byrd en a fait au moins autant tout en scorant 5 INT (meilleur de l’équipe). Ces deux joueurs sont des naturels au poste et de bons playmakers quand l’occasion se présente. C’est pourquoi c’est vraiment dommage de voir les Bills se séparer de Wilson parti aux Titans.

Enfin, Stephon Gilmore va devoir travailler sur sa manie de faire énormément de fautes (13) car il a montré de belles choses en couverture et une tendance à arracher des ballons (3 fumbles forcés), alors que Leodis McKelvin a remplacé avantageusement Aaron Williams pendant sa blessure. Williams a souvent été abusé par les receveurs adverses, et McKelvin a plutôt été bon quand il l’a remplacé. Et puisqu’on parle de McKelvin, son meilleur rôle a quand même été les retours de kick avec 2 TD cette saison. Le bonhomme est une menace constante.

Doug Marrone arrive donc à Buffalo avec deux buts principaux : booster l’attaque aérienne et booster la défense au sol. Je subodore qu’il ne parviendra pas à faire ça avec les armes qu’il a à disposition, une raison de plus de surveiller la draft. Ah pardon, j’avais oublié : filer plus la balle à Spiller aussi.

 

Les besoins

 

Nouveau régime, nouveau QB en général. Ca me surprendrait que les Bills ne cherchent pas le remplaçant de Fitzpatrick tout de suite, mais encore une fois dans cette draft plutôt faible en QB…

En tout cas les buts sont simples : booster l’attaque aérienne = WR, booster la défense au sol = LB. Et pourquoi pas trouver un LB fort au sol qui est capable de blitzer aussi pour aider la DL. Et puis avec le départ de Wilson, j’ai peur que les Bills connaissent une faiblesse en Safety à côté de Byrd.

 

Le futur

 

Domicile : Miami, New England, N.Y. Jets, Baltimore, Cincinnati, Atlanta, Carolina, Kansas City.

Extérieur : Miami, New England, N.Y. Jets, Cleveland, Pittsburgh, New Orleans, Tampa Bay, Jacksonville.

Record cumulé en 2012 : 121-135 (26e)

Mmmmmh. Retirez KC et Jax, et vous tombez avec un record cumulé positif, donc attention c’est faussement facile. L’AFC North est trop rugueuse et la NFC South trop aléatoire pour se reposer en voyant le programme.