Mailbag QPUL : omg Kuro parle de maths

Précision habituelle, sachez que si ce n’est pas pour cette fois ce sera pour la prochaine. Je rappelle que la plupart des règles dictées dans la news d’introduction sautent.

Premier mailbag de la saison, même si y’a aucune question sur la semaine 1 :p.

Go.


Sébastien : J’aurai aimé connaitre quelles étaient les équipes qui possédaient la meilleure ligne offensive dans la protection du QB?
« Dis donc Drew, on peut être dans
les livres d’histoire pour le record
nous aussi ? »
Avec la propension de la ligue à la passe ces dernières années, c’est clair que la protection du Quarterback devient de plus en plus importante. Si on regarde les dernières équipes ayant remporté le Superbowl, on peut trouver des défenses efficaces, mais on trouve surtout un QB qui est parmi les meilleurs de la ligue (les frangins Manning, Rodgers, Brees, Big Ben). Aujourd’hui le seul QB qui pourrait être l’alter-ego d’un Trent Dilfer en 2000 avec les Ravens (i.e. un QB moyen amené au titre par une défense énorme et un très bon jeu de course) est Alex Smith avec les 49ers (je mets Joe Flacco au-dessus). Et encore, si Smith réitère sa perf contre les Packers, sans être élite il fait bien le boulot.
Bref, l’OL est de plus en plus sous pression pour protéger la star de l’équipe, et on s’en rend compte : la plupart des équipes ont un problème au niveau d’un ou plusieurs joueurs question protection du QB. A ce propos, je vous conseille ce très bon article de Dan Pompei sur NFP Sunday Blitz sur, justement, l’état des OL dans la ligue et pourquoi on a l’impression que toutes les équipes ont un problème à ce niveau. Pour les non-anglophones, je vous résume les points :
  • Les OL ne suivent pas la même évolution athlétiques que les DL qu’ils sont censés bloquer + les OL ne sont même plus aussi athlétiques qu’auparavant.
  • De ce fait, les OL ne sont plus forcément tous capables de neutraliser les grand pass-rushers d’aujourd’hui en un contre un comme c’était le cas avant.
  • Il n’y a plus autant de continuité dans l’OL qu’auparavant : les coachs changent souvent les joueurs ou modifient leur placement dans la ligne.
  • La limitation des entraînements en pads à cause du CBA + l’accroissement du nombre de spread offense à l’université freinent la prise de marque des jeunes OL en NFL.

Toutes ces remarques sont plutôt judicieuses, même si on peut toujours trouver une exception à la règle.

Il est un peu trop tôt pour s’exprimer sur cette année concernant les OL, par contre quand on regarde l’année dernière on peut retirer quelques OL qui étaient bonnes en protection de passe : les Saints, les Patriots, les Texans, les Titans, les Bengals, les Bills ou les Ravens. Là on a en plus des QBs qui ne sont pas forcément connus pour leur exceptionnelle mobilité hors de la poche, donc ils n’ont pas caché une plus mauvaise OL par leur capacité à échapper à la pression (cf. Rodgers, Eli, Romo, Vick).


Louis : Qu’est-ce que le « Passer Rating » et comment le calcule-t-on ? Quelle est la note max et qui détient le record ?
Vous vous rendez compte que vous
allez la faire souffrir ? Monstre !
Le « Passer Rating » est une statistique inventée en 1971 pour mettre un terme définitif à la question : « quel est le meilleur QB de la ligue dans une saison ? ». A l’époque on utilisait un mix de statistiques pour essayer de répondre à la question, mais ce n’était pas très pratique. Un comité avec à sa tête Don Smith (un exécutif du Hall Of Fame) a donc été monté cette année-là pour trouver une stat.
Le comité est donc arrivé avec le Passer Rating pour répondre à la question. Il prend en compte le taux de complétion, les yards, le nombre de TDs et d’interceptions et résume tout cela en un chiffre pour faciliter le classement.
WARNING WARNING WARNING
A tous les mathophobes, passez votre chemin. Merci.
WARNING WARNING WARNING
On le calcule en six étapes  :
  • A = ((Passes complétées / Passes tentées) – 0.3) * 5.
  • B = ((Yards à la passe / Passes tentées) – 3) * 0.25.
  • C = (Nombre de TDs à la passe / Passes tentées) * 20.
  • D = 2.375 – ((Nombre d’interceptions / Passes tentées) * 25).
  • Ensuite, on limite les quatre valeurs entre 0 et 2.375.
    • Si une valeur est inférieure à 0, on la met à 0.
    • Si une valeur est supérieure à 2.375, on la met à 2.375.
  • Enfin, on calcule le Passer Rating = (A+B+C+D / 6) * 100.
Facile, non ?
La formule complète pour résumer. Ne me remerciez pas, c’est tout naturel.
Avec les histoires de limitations à 2.375, on peut facilement calculer la limite maximale qu’on peut obtenir:
  • Un haut taux de complétion donne un A limité à 2.375.
  • Une haute moyenne de yards par passe donne un B limité à 2.375.
  • Une haute moyenne de  TDs par passe donne un C limité à 2.375.
  • Aucune interception donne un D à 2.375.
  • Max Rating = (2.375*4/6)*100 = 158.333333333…
Avant de passer au record, j’en profite pour vous dire pourquoi, malgré l’insistance des médias à utiliser cette stat tout le temps, elle est de plus en plus décriée :
  • Déjà, ce n’est qu’un Passer Rating, et non un QB Rating, vu qu’elle ne prend pas en compte le jeu de course.
  • Concernant le taux de complétion :
    • C’est cool d’avoir un QB qui fait plein de passes courtes réussies, ça ne sert à rien si l’équipe ne gagne pas de first downs.
    • Quand on a des paires de moufles en receveurs, ce n’est pas la faute du QB.
  • Concernant les Touchdowns :
    • Fitz, Steve Smith, Megatron… vous voyez où je veux en venir ?
    • Encore une fois, avoir des statues comme receveurs…
  • Concernant les interceptions :
    • Pas de la faute du QB s’il a une ligne pourrie qui permet à un DL de dévier une passe
    • Et encore une fois, les receveurs… allez demander à Eli en 2010 tiens.
Bref, la performance d’un QB est trop reliée à celle des autres joueurs qui l’entourent pour la singulariser de telle manière. Sûr ça donne quand même une bonne idée, mais ça n’est pas suffisant pour classer les QB par ordre de « valeur ». Il faut les voir jouer pour cela.
Enfin, pour les histoires de record : 
  • Sur une saison : Aaron Rodgers (2011), 122.5.
  • Sur les playoffs en carrière : Bart Starr, 104.8.
  • En carrière : Steve Young, 96.8.
  • En carrière, actif : Aaron Rodgers, 104.1.
Tiens juste pour le fun, essayez de deviner le QB actif avec le 2e meilleur Passer Rating en carrière. Réponse à la fin du Mailbag.

Axel : On parle souvent des busts qui ont vraiment déçu et ruiné les espoirs de franchise. Mais il y a-t-il eu déja eu des busts qui on mal tourné, à cause simplement d’une mauvaise gestion de leur franchise. 
Est-ce qu’une équipe est responsable d’un bust ? C’est une question plus compliquée qu’il n’y paraît.
Je sais je l’ai déjà mise la semaine dernière… mais elle m’éclate.
C’est clair que les busts sont tous des joueurs qui n’ont pas réussi le bond entre carrière universitaire et carrière pro. Certains se sont laissés aller (JaMarcus Russell), certains ont cru arriver là comme les maîtres du monde (Ryan Leaf), certains sont arrivés dopés jusqu’aux cheveux (Tony Mandarich), certains avaient de gros manques complètement loupés par l’équipe (Rick Mirer), certains n’ont pas réussi la transition entre jeu U et jeu pro (Tim Couch, Akili Smith, Andre Ware) et certains ont été juste totalement irrécupérables dans leur comportement (Lawrence Phillips). Certains ont été des busts purement athlétiques, alors que d’autres ont tout simplement laissé l’argent leur monter à la tête.
« Un Jour Sans Fin »,
David Carr version
Donc est-ce qu’une équipe a transformé un joueur en bust ? Je vois trois exemples. Le premier, et encore j’ai du mal à l’appeler un bust vu les circonstances : le QB David Carr en 2002. Drafté #1 par la toute nouvelle franchise des Houston Texans, il s’est retrouvé derrière une OL horrifique qui lui a procuré le record de sacks en une saison avec 76. Ensuite son jeu s’est amélioré, mais il a toujours souffert d’une OL terrible et malgré de bonnes stats, il est parti ensuite faire le backup dans plusieurs équipes. Je reste persuadé qu’il a été cassé par cette expérience (au propre comme au figuré) et qu’il aurait pu mieux faire, c’est pourquoi certes il peut paraître un bust vu sa position dans la draft, mais pour moi il ne mérite pas l’appellation. Les deux autres exemples se ressemblent : David Klingler drafté #6 par les Bengals en 1992 et Tim Couch drafté #1 par les Browns en 1999. Il sont tous les deux arrivés derrière une histoire de très bons QBs (Boomer Esiason à Cincinnati et Bernie Kosar à Cleveland) et avec une équipe atroce qui n’ont pas aidé à leur décollage.
Maintenant, est-ce que le coaching staff n’a pas une part de responsabilité dans un bust ? Si bien sûr. Quand les Seahawks draftent le « nouveau Joe Montana » Rick Mirer et qu’ils ne lui donnent que 5/6 tactiques par match en refusant de lui faire apprendre un playbook normal, pour au final se rendre compte l’année d’après qu’il ne sait pas lancer sur sa gauche (!). Quand les Rams draftent Lawrence Phillips alors qu’il a été arrêté en U pour avoir agressé sa petite amie et qu’il finit irrémédiablement par refaire des conneries (d’ailleurs aujourd’hui il est en tôle jusqu’au moins en 2034). Quand les équipes ont les yeux qui font des $$$ avec les QBs qui postent des stats hallucinantes avec une U en run & shoot et qui se font massacrer en NFL parce les défenses sont bien plus rapides. Et JaMarcus Russell.
Mais la plupart du temps, les busts commencent avec les joueurs eux-mêmes, et principalement eux-mêmes.

fitzii : Que deviennent les nombreux joueurs et notamment rookies lorsqu’ils sont cutés ? 
Ils sont dévorés par le grand Bust-o-vore qui se trouve dans le ventre de Goodell.
Bon plus sérieusement, on va découper cela en deux périodes : Janvier-Juillet, qu’on appellera P1, et Juillet-Décembre, qu’on appellera P2.
En période P1, tous les joueurs cutés qui ont plus de 4 ans d’ancienneté deviennent des free agents immédiatement et peuvent signer un nouveau contrat. Les joueurs qui ont moins de 4 ans d’ancienneté passe par le waiver wire, un terme que vous avez sûrement vu récemment (j’en parle un peu plus après).
Si l’on est en P2 et avant la date limite des trades, même principe (et c’est le cas notamment lors de la phase de présaison avec le passage de 90 joueurs à 53). Par contre si l’on est en P2 et après la date limite des trades, le waiver wire est bon pour TOUS les joueurs cutés, vétérans y compris.
Parlons donc un peu plus de ce waiver wire. C’est une zone tampon avant que le joueur ne devienne un free agent libre de signer un nouveau contrat avec n’importe quelle équipe. Pendant P1, un joueur reste 10 jours dans le waiver wire, et pendant P2, seulement 24 heures.
Pendant ce délai, les équipes peuvent faire une proposition de signature au joueur, auquel cas l’équipe accepte de reprendre le contrat du joueur. Et justement, parce que le contrat n’est pas modifié, il faut départager les équipes qui se battent pour un même joueur d’une façon ou d’une autre. C’est pour cela que c’est l’ordre de la draft qui est imposé : en d’autres termes, la pire équipe de la saison dernière récupère le joueur. C’est encore un moyen pour la NFL d’essayer d’équilibrer le niveau des équipes.
Pour en terminer, puisqu’on vient d’avoir les rosters cuts de 90 à 53, certains des joueurs cutés par les équipes qui ne sont pas récupérés en waiver wire peuvent alors être resignés en practice squad (pour un total de 8 joueurs).


« Prenez ça, critiques de mes deux ! »
Réponse au 2e meilleur Passer Rating pour un QB actif en carrière.
Le monsieur à droite là.
Tony Romo avec 97.3, au-dessus de Young.
Puis viennent derrière le QB des 49ers : Brady (96.4), Rivers (95.5), Manning (94.9), et Brees (94.0).

C’est la fin de ce mailbag. N’hésitez pas à continuer à envoyer des questions, elles seront toutes lues (l’adresse se trouve dans la news d’annonce linkée tout en haut de l’article).

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