Tribute to Junior Seau (1969-2012)

Si vous demandez aux fans de la NFL de vous citer un seul joueur des San Diego Chargers, quelque soit la décennie, les plus taquins vous citeraient Ryan Leaf, juste pour rigoler. Ceux qui ne connaissent l’équipe que depuis un moment citeraient probablement LaDainian Tomlinson. Ceux qui connaissent un peu plus l’histoire du club iraient sans doute vers Dan Fouts ou Kellen Winslow Senior, de l’époque d’Air Coryell.
Mais la plupart des connaisseurs n’hésiterait pas une seconde et iraient de l’autre côté du ballon. Ils citeraient le légendaire Linebacker numéro #55, Junior Seau. En fait, plus que le visage des Chargers, Seau était considéré comme le visage de la ville de San Diego.

Si on devait résumer sa carrière, on parlerait des 12 ProBowl (1991-2002) et des 6 First-Team All Pro (1992-1996, 1998, 2000), mais si on devait résumer l’homme dans sa globalité, on parlerait du Walter Payton Man Of The Year en 1994, le prix décerné au joueur démontrant une excellence sur le terrain et une grande charité en dehors. Car le plus ironique est que Seau s’est autant fait connaître par sa rudesse et son intransigeance sur le terrain que par sa gentillesse et son humanité en dehors. Il suffit de voir les réactions à sa mort pour en être convaincu.

Tiaina Baul Seau Junior est né le 19 Janvier 1969 à San Diego et comme son nom l’indique, ses parents sont d’origine samoanes. Cela lui a valu quelques problèmes dans sa jeunesse, car ses parents ont essayé de vivre à la samoane aux Etats-Unis, et Seau n’a correctement parlé anglais qu’à la fin de l’école élémentaire. Cependant le garçon a de grandes capacités athlétiques, et il se dirige sur plusieurs sports quand il intègre le lycée d’Oceanside : il fait du football, du basketball et de l’athlétisme. Au final, ce sont ses talents de tight end qui sont remarqué par les universités (il est nommé dans l’équipe All-Pro lycéenne).

Il finit par accepter d’intégrer la glorieuse université de USC en 1987 en se resituant au poste de linebacker, mais il subit un revers cuisant quand il ne réussit que 690 au SAT, le test standardisé pour les admissions universitaires. Or, il faut faire au moins 700 pour intégrer l’équipe de foot, ce qui fait que Seau doit tirer un trait sur son année de freshman. Honteux, il s’excuse auprès de sa famille et de ses anciens coachs, et il promet de tout faire pour restaurer son honneur (une notion très importante dans la culture samoane).

Pendant cette année « creuse », il s’entraîne et étudie comme jamais : il gagne le concours de « Superman » interne à l’école et réussit à améliorer ses notes. Il entre aux Trojans de USC sa deuxième année mais une vieille blessure aux ligaments de la cheville l’empêche de jouer tout le temps, et une fois de plus on se pose des questions sur ses capacités. Il va cependant faire taire tous les critiques lors de son année de junior, profitant de blessures des titulaires. Seau accumule 19 sacks et 27 plaquages à perte pendant l’année 1989 et se retrouve nommé dans l’équipe All-American regroupant les meilleurs universitaires. Pendant son passage, les Trojans gagnent le Pac-10 et joue dans le Rose Bowl les deux années (1988 et 1989).

Son niveau est tel qu’il décide d’aller à la draft NFL en 1990, bypassant son année de senior. Il est un des prospects les plus surveillés, et il est choisi par les Chargers en 5e position au premier tour, l’équipe de sa ville natale ! Seau est heureux de rester « avec les siens » pour entamer sa carrière professionnelle.

(Pour l’anecdote, on peut citer les 4 picks devant lui : le QB journeyman Jeff George (Indy), le RB Blair Thomas (Jets, un four), le futur Hall Of Famer DT Cortez Kennedy (Seahawks) et le DE Keith McCants (Tampa, autre four); on peut aussi noter le phénoménal bust QB Andre Ware aux Lions en #7, et la présence en #17 d’un petit RB dont vous avez peut-être entendu parler : Emmitt Smith aux Cowboys.)

Seau performe bien dans sa première année (1 sack et 85 plaquages), mais le « Diable de Tasmanie » (son surnom dans l’équipe) explose littéralement l’année suivante avec 7 sacks et 129 plaquages. 1992 signe le début d’une longue et fructueuse carrière avec son équipe des Chargers où il ancre une défense redoutable dans la NFL; il est élu au premier de ses 12 Pro Bowl consécutifs alors que les Chargers accèdent au playoffs pour la première fois depuis 1982.

En parallèle, Seau continue de s’occuper d’œuvres caritatives : il créé la Junior Seau Foundation la même année pour éduquer les jeunes contre les sévices, les drogues et l’alcoolisme. Il se bat contre la délinquance juvénile et l’éducation des plus défavorisés (une situation qu’il a connue étant jeune).

Sur le terrain, Seau atteint son apogée en même temps que l’équipe de 1994 : San Diego réussit l’exploit d’arriver jusqu’au Superbowl à la surprise de tout le monde (ils battent Miami au premier tour des playoffs d’1 point, et les Steelers de 4). Malheureusement, les Chargers tombent sur les 49ers de Steve Young et Jerry Rice, et la correction est sans appel : 49-26. Ce sera malheureusement le point culminant des Chargers avec Seau, car à partir de là les choses vont se corser.

Mais celà n’a rien à voir avec le niveau de jeu de Seau qui continue à performer : il tourne à 4 sacks et 100 plaquages par an. Il a même probablement la meilleure défense autour de lui en 1998 mais les catastrophes Craig Whelilan et surtout Ryan Leaf vont tout emporter (les Chargers finissent 1-15 en 2000). Seau dure encore deux ans mais ses performances commencent à décliner, et son aventure de 12 ans avec les Chargers s’arrête en 2003.

Il part aux Dolphins où sa première saison est intéressante, mais deux blessures l’empêchent de jouer les deux saisons 2004 et 2005 complètement. A 37 ans et usé, Seau décide alors de prendre sa retraite des terrains après une carrière où il aura toujours été un modèle sur et en dehors du terrain. Il demande et obtient un contrat d’un jour avec les Chargers pour se retirer en tant que joueur de son équipe de toujours (et de sa ville de toujours).

Il n’a cependant pas occulté la possibilité de revenir si l’occasion se présente, et l’occasion ne va pas tarder à se présenter : les Patriots ont perdu Teddy Bruschi et ont besoin d’un linebacker. Seau décide alors de revenir pour un an en NFL avec New England; sa saison s’arrête nette avec une fracture du bras contre les Bears. Les Patriots le resignent et l’expérience va au final durer 4 ans et un nouveau voyage au Superbowl en 2007 ponctué d’une nouvelle défaite, cette fois contre les Giants. En 2010, à 41 ans, Seau décide de raccrocher pour de bon.

Seau a laissé beaucoup de traces derrière lui : avec Jack Del Rio, il a aidé à débuter le mythe du « Club 55 » à USC, une série de jeunes LB prometteurs qui ont porté ce maillot; après Del Rio et lui, Chris Claiborne ou Willie McGinest l’ont porté. Seau a été promulgué au Chargers Hall Of Fame en 2011, en attendant d’être intronisé au Hall Of Fame tout court (il sera éligible dans trois ans). Sa fondation continue de délivrer des messages d’éducation pour les jeunes.

En résumé, hier, la NFL a perdu un superbe joueur, et San Diego a perdu un fils.

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