The 5000 Yards Review : Denver

On passe maintenant à l’AFC West qui nous a fait une belle crise de jalousie envers sa consoeur NFC de 2010, et elle a décidé elle aussi de mériter l’appelation WTFest. Le titre de l’année dernière des Chiefs semblait un peu fragile, et on pensait que les Chargers allaient enfin se les sortir de l’endroit obscur. Patatrasssss, tout est parti en sucette avec la défection habituelle des Bolts, l’avènement d’un… non de DEUX phénomènes à Denver, de la constance chez les Raiders (ouais à quel record aussi ?) à 8-8 (WTF !!?) et des Chiefs qui ont subi ce qu’ils redoutaient : une blessure grave à un de leur 2.5 playmakers en attaque.

On commence avec ceux que vous attendez tous, les Tebows de Denver.

A lire en psaumes.

Après une décevante saison à 4-12, la franchise du Colorado avait besoin de souffle surtout du côté de l’escouade défensive pour la première saison de John Elway comme vice-président exécutif. On avait donc assisté à une grosse razzia sur les défenseurs pour supporter Elvis Dumervil et Champ Bailey : les signatures des DL Ty Warren et Broderick Bunkley et les drafts de Von Miller et Rahim Moore. De l’autre côté de la balle, une signature intéressante était celle de Willis McGahee pour supplanter un Knowshon Moreno inconstant, et la draft du RT Orlando Franklin. Cependant, des doutes subsistaient toujours sur la qualité des receveurs.

Nous y voili, nous y voilou. Comme dirait Phil Collins, quelque chose d’étrange s’est passé sur la route du paradis : les Broncos étaient plutôt en direction de l’Enfer avec un record de 1-4, et puis tout d’un coup ça a bifurqué grâce à Jesus qui a envoyé son émissaire sur Terre. St Tim Tebow a accompli le miracle du retournement de saison devant les yeux ébahis du peuple de la NFL. Et puis histoire de bien affirmer la chose, il a sorti les Steelers des playoffs dans le premier match avec les nouvelles règles d’overtime. Sauf que Tebow se fiche de vos nouvelles règles, il ne suit que les règles du Très Haut qui sont : « Just Win Baby » (ah non attendez c’est pas de lui ça).

Après le mauvais départ de Kyle Orton au poste, les Broncos ont (un peu trop vite ?) tourné leurs espoirs vers le Boy Wonder Tebow. John Fox et l’OC Mike McCoy ont alors décidé qu’il était suicidaire de tenter de transformer le Tim en QB classique en gardant le playbook habituel. Appliquant au mieux la maxime « on fait avec ce qu’on a », ils ont alors tourné l’attaque vers un système bien plus universitaire avec options et zone-read à gogo. La masse athlétique de Tebow les a bien aidé car si le bougre a la précision d’un fusil à pompe et une mécanique de lancer qui ferait pleurer les fesses de Byron Leftwich, il a un potentiel à la course dévastateur. Ajoutez à ça son enthousiasme et son leadership et vous avez… probablement l’attaque la plus atypique qu’on ait vu depuis bien longtemps. Tebow termine avec des stats à la passe à s’en péter un boulon : 46.5%, 1729 yards, 12 TD et 6 INT. Il y rajoute le plus important : 122 portés pour 660 yards et 6 TD à la course.

Mais est-ce que le Tebow a tout fait tout seul ? Non bien évidemment. Les Broncos n’auraient jamais pu gagner autant de matchs sans l’apport à la course d’un Willis McGahee performant : 249 portés, 1199 yards et 4 TD pour lui (oui ça fait peu de TD mais quand vous êtes à quelques yards de la endzone, comme chez les Panthers, vous y envoyez votre QB). La ligne offensive a fait un travail remarquable en jeu de course mais moins en protection (42 sacks concédés), cependant je mettrais une astérisque : quand le QB lui-même ne sait pas s’il va passer ou courir, il est compliqué de savoir qui bloquer et dans quel sens surtout. Ca ne change pas le fait que des joueurs comme le Guard Chris Kuper ou le Tackle Ryan Clady sont parmi les meilleurs de la ligue à leur poste. Au niveau des receveurs, il est toujours compliqué d’évaluer leur niveau avec un QB aussi « spécial », mais notons tout de même l’éclosion du jeune Demaryius Thomas qui s’affirme comme une arme intéressante avec 32 catchs, 551 yards et 4 TD. Il est second chez les WR derrière Eric Decker, qui termine avec 44 catchs, 612 yards et 8 TD.

Cependant, après ces 4 là on peut se gratter. Heureusement que Denver a signé McGahee sinon avec Moreno cette année on a eu la confirmation qu’ils n’étaient pas sortis de l’auberge. Le runner n’a jamais vraiment performé depuis qu’il est au club. Au niveau des receveurs, derrière Decker et Thomas, l’ami de Latest Daniel Fells est plus un TE bloqueur (même s’il termine avec 256 yards et 3 TD), et Eddie Royal confirme son état de four avancé (1 TD à la réception et 1 TD en Punt Return). Et puis on ne peut pas négliger que l’attaque des Broncos est celle qui a fumblé le plus de ballons dans la ligue avec 30. Si Denver décide de garder Tebow titulaire l’année prochaine, il faudra parier sur une adaptation des DC adverses, et dans ce cas TT devra devenir un peu plus classique dans son jeu, ce qui veut dire qu’il va avoir besoin de bonnes cibles. Ca fait beaucoup de conditionnel… surtout si on se dit que les Broncos sont en tête de la division avec seulement un record à 8-8. Ca n’arrivera pas tous les ans.

Je sais que ça va vous peiner, mais on va lâcher le Tebow et passer à l’ombre qui se trouve derrière son succès : la défense. Elle a également sa grosse part dans le redressement du club mais son boulot a été absorbé par le trou noir Tebowmania. Elle n’a pas forcément réussi à maintenir un niveau de jeu excellent pendant toute la saison (elle a pris quelques baffes ici ou là), mais dans l’ensemble elle a laissé les Broncos dans moults matchs que Tebow Time a fini par emporter. L’élément le plus remarquable de cette défense n’est autre que le Defensive Rookie Of The Year Von Miller qui a réalisé une saison aboutie : 64 plaquages, 11.5 sacks et 2 fumbles forcés. Il a parfaitement assisté l’autre arme fatale, Elvis Dumervil, qui comptabilise 42 plaquages et 9.5 sacks. L’autre OLB D.J. Williams a également fait une saison pleine avec 90 plaquages, 5 sacks et 3 fumbles forcés.

Ce pass rush s’est également accompagné d’une assez bonne défense contre la course, par contre la défense contre la passe a un peu plus souffert, et ce n’est pas forcément très étonnant quand on regarde qui s’y trouve : on a le gang des papys entre Champ Bailey, Andre’ Goodman et Brian Dawkins et le gang des rookies avec Rahim Moore, Quinton Carter et Chris Harris. Donc entre les playmakers qui commencent à faire leur âge et les p’tits jeunes qui n’ont pas encore assez de bagages, l’arrière-garde a eu du mal à tenir les adversaires. Si les Broncos se retrouvent à -12 en turnover ratio, c’est surtout parce que la défense ne vole pas assez ballons : Denver n’a réalisé que 9 INT toute l’année, presque 1 toutes les 2 matchs. Par contre on ne peut pas leur reprocher de ne pas savoir quoi faire avec la balle, car sur ces 9 INT il y en a eu 3 retournées pour un TD.

Enfin, on peut mettre un bon point pour le kicker, Matt Prater, qui a vu son lot de coups de pied pour la victoire cette saison. Il mérite également de profiter un peu de Pratermania. En tout cas, il y a un sacré boulot chez les Broncos cette offseason : revenir à un playbook un peu plus classique sous peine de voir les DC adverses établir des stratégies contre Tebow, et augmenter l’efficacité de l’arrière-garde. C’est pour cela que l’embauche de Jack Del Rio comme DC s’avère intéressante : il était déjà le DC de Fox chez les Panthers en 2002, l’année où justement la défense a fait un bond de qualité prodigieux (elle était devenue la 2e de la ligue).

*San Diego, *Oakland, *Kansas City, Cleveland, Pittsburgh, Houston, New Orleans, Tampa Bay, @Baltimore, @Cincinnati, @New England, @Atlanta, @Carolina.

Si Tebow aime revenir du diable vauvert, il va être servi avec la NFC South mitraillette qui arrive. Et question défense, l’AFC North ça va être sympa aussi. Je ne sais pas pourquoi je sens que les Steelers vont venir la Kalashnikov entre les dents.