La draft c’est une combinaison de scouting, de stratégie, et d’un peu de chance. La draft 2011 a eu son lot de picks étranges et de trades de dernières secondes (certains ratés d’ailleurs), mais ce qui est sûr c’est qu’à la fin, on n’avait tous qu’une envie : que le lockout soit levé et que la saison arrive. Le lockout a été levé, et on a pu vivre une saison comme on n’en vivra peut-être plus (de par les effets pervers du lockout).
Quoiqu’il en soit, cette saison régulière est terminée, et nous allons regarder à la loupe les tribulations des 32 1er tour de draft pour savoir comment ils se sont comportés, et s’ils ont été les meilleurs rookies de leur équipe.
On commence avec les 8 premiers picks, de Carolina à Tennessee.
NB : j’ai des petites différences de stat notamment sur les plaquages en fonction des sources, mais rarement plus de 2/3 donc c’est plus un ordre de grandeur. Seconde chose, j’ai pris les postes listés dans la draft sur NFL.com qui ne correspondent pas forcément au poste final dans l’équipe.
1. CAROLINA : Cam Newton, QB, Auburn
16 matchs, 16 titularisations, 310/517 (60%), 4051 yards, 21 TD, 17 INT
126 portés, 706 yards, 14 TD
On a tout eu : les fanboys qui lui promettaient le Hall Of Fame, les haters qui lui promettaient le bust du siècle, et ceux au milieu qui voulaient surtout qu’on arrête toutes ces conneries et qu’on attende de voir ce qu’il allait donner sur le terrain.
Cam a fait la même chose : il a laissé parler et a décidé de donner sa réponse sur le terrain. Il poste la meilleure saison pour un rookie à la passe (en passant pour 4000+ yards, battant le record de Peyton Manning) et bat le record de TD à la course pour un QB de Steve Grogan qui datait de 1972. Et le plus affolant, c’est qu’il peut encore mieux faire s’il corrige quelques erreurs de jugement sur le terrain (17 INT) et en dehors (« apprendre à être un vrai leader » comme il le dit). A l’instar de ce que l’ancien Coach des Cats John Fox a fait à Denver avec Tebow, mais dans une proportion bien moindre car Cam EST un vrai passeur, Rob Chudzinski a adapté son gameplan autour des capacités physiques de sa pépite. Cam sait rester dans la poche et délivrer la passe quitte à prendre un carton, il ne fuit pas illico comme Vick pouvait le faire à ses débuts. Ses capacités à la course ont également permis d’introduire l’option dans le playbook de Carolina.
Ce qui fait que quand l’attaque arrive en redzone, vous avez tellement d’options à couvrir que l’une d’entre elle finit par être libre. On ne peut pas défendre à 18 en NFL, voilà le nouveau problème que Cam a apporté aux adversaires des Panthers.
2. DENVER : Von Miller, LB, Texas A&M
15 matchs, 15 titularisations, 65 plaquages, 11.5 sacks, 4 passes défendues, 3 fumbles forcés
Décidément on commence fort cette draft, car après le possible OROY, on a un possible DROY juste derrière. Von Miller a certes dû lever un sourcil intérieur en étant pris par les Broncos, mais il s’est vite employé à justifier toutes les attentes des mock drafts placées en lui, spécialement en tant que pass rusher.
Le plus impressionnant avec lui c’est qu’il a tout un arsenal de mouvements pour arriver au QB qui le rendent imprévisible pour les OL. Si Denver est en playoffs et que Tebow Time a été possible, il l’a aussi été par la défense et l’ancre qu’est devenue Miller au milieu. Car plus qu’un simple pass-rusher, Miller s’est imposé comme un des meilleurs LB de la ligue avec une fiche complète.
3. BUFFALO : Marcell Dareus, DE, Alabama
16 matchs, 15 titularisations, 43 plaquages, 5.5 sacks, 1 passe défendue, 1 fumble recouvré
Miller parti, les Bills s’étaient rabattus sur le meilleur DL restant, Marcell Dareus, et n’importe lequel des deux aurait été un upgrade. Dareus a su jouer son rôle de DL versatile pour améliorer la défense contre la course et être un pass-rusher à prendre un compte.
Dans une défense qui doit encore terminer son passage de 4-3 en 3-4, il est une arme essentielle qui a perdu un partenaire de choix en Kyle Williams mis sur IR après quelques matchs. Ensemble les deux ont montré de bonnes choses, d’autant plus qu’après Dareus a vu plus de double-team, une preuve qu’il est considéré comme dangereux.
4. CINCINNATI : A.J. Green, WR, Georgia
15 matchs, 15 titularisations, 65 réceptions, 1057 yards, 7 TD
Impossible de citer le formidable rookie WR sans lui associer le 2e tour des Bengals, le QB
Andy Dalton de TCU et ses stats : 300/516 (58,14%), 3398 yards, 20 TD et 13 INT. Ensemble le duo a littéralement explosé, notamment avec la capacité de Green en profondeur et à la lutte pour le ballon.
Green est « moins » surprenant que Dalton car on savait déjà qu’il était capable de telles choses, mais l’alchimie entre les deux est probablement la meilleure entre un QB et un WR rookie qu’on aie vue depuis bien longtemps. Avec ces deux-là, les Bengals tiennent un duo qui peut faire du bruit dans l’AFC pour les années à venir. Et vous pouvez lancer le débat sur qui mérite le OROY entre Cam Newton et Andy Dalton : chiffres vs victoires.
5. ARIZONA : Patrick Peterson, CB, LSU
16 matchs, 16 titularisations, 65 plaquages, 13 passes défendues, 2 INT, 1 sack
44 punts returns, 699 yards, 4 TD
Un choix étrange à ce moment, on pensait que les Cards allaient chercher à attraper un QB, mais le trade de
Kevin Kolb a ensuite (apparemment pour l’époque hein) répondu à la question. Arizona avait donc décidé de prendre le meilleur corner et un super returner, Patrick Peterson.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que si en tant que corner il a eu du mal à s’adapter à la NFL, en tant que returner il n’a eu AUCUN problème. Il faudra sûrement un peu de temps pour qu’il devienne le shutdown corner que tout le monde prédisait, mais il a déjà posé son empreinte avec le record égalé de punt return TD dans une saison avec 4.
Après tout, y’a un autre #21 qui a commencé par briller en tant que returner avant de devenir LE shutdown corner par excellence.
6. ATLANTA : Julio Jones, WR, Alabama
13 matchs, 13 titularisations, 54 réceptions, 959 yards, 8 TD
Atlanta avait fait un gros trade-up avec Cleveland pour aller chercher Julio Jones et le moins qu’on puisse dire c’est que le risque était grand. Mais on ne peut que constater que le résultat est pour l’instant satisfaisant : Jones est devenu une nouvelle arme pour Matt Ryan aux côtés de Roddy White et Tony Gonzalez, et notamment en profondeur avec son explosivité et sa vitesse.
Ses 8 TD sont au même niveau que White, et l’attaque des Falcons tout entière en est boostée. Ca donne un corps de receveurs intéressant si on rajoute Harry Douglas pour les années à venir.
Mais tout ça ne rime à rien si les Falcons ne gagnent pas un match de playoffs.
7. SAN FRANCISCO : Aldon Smith, DE, Missouri
16 matchs, 0 titularisations, 36 plaquages, 14 sacks, 4 passes défendues, 2 fumbles forcés
On a un débat pour l’OROY entre
Cam Newton et
Andy Dalton, et on a également un débat sur le DROY entre
Von Miller et Aldon Smith. Et pour une bonne raison : le rookie a été une force destructrice de plus dans une défense des 49ers qui a terrorisé tous leurs adversaires. Il ne lâche jamais l’action même s’il est stoppé et son bull rush est impressionnant.
Cependant comparer Miller et Smith est compliqué, car Smith ne joue que dans les situations de passes et n’est pas aussi polyvalent que Miller, mais ce qui est clair c’est qu’il est le meilleur pass-rusher des deux (même si c’est d’une courte tête).
8. TENNESSEE : Jake Locker, QB, Washington
5 matchs, 0 titularisations, 34/66 (51.5%), 542 yards, 4 TD, 0 INT
8 portés pour 56 yards et 1 TD
La première vraie grosse surprise de la draft était le choix de Tennessee d’acquérir Jake Locker et non
Blaine Gabbert, notamment en ce qui concerne la production offensive et le pourcentage de complétion (souvent un révélateur assez fiable du passage au niveau pro).
Mais son athléticité et ses qualités hors du terrain ont fait la décision, et on peut dire que dans le temps très limité qu’il a vu cette année derrière le titulaire Matt Hasselbeck, il a su saisir sa chance sans commettre d’erreurs.Il reste à voir si son manque de précision qui le mine encore va pouvoir être réglé quand il se verra confier les rênes de l’attaque pour de bon.
Le meilleur rookie Titans est donc plutôt à trouver au 2e tour avec le LB Akeem Ayers de UCLA qui a lui joué toute la saison en titulaire avec 76 plaquages, 2 sacks et 1 fumble forcé.