Analyse : Minnesota Vikings – Green Bay Packers (W13 – Kuro)

Minnesota Vikings 14-23 Green Bay Packers

AP ne fait pas tout

Les Vikings espéraient relancer leur chance de playoffs dans la NFC alors que les Packers avaient à coeur de vite oublier la gifle reçue à New York pour ne pas laisser les Bears s’envoler en tête de la division. Au final, une énorme performance d’Adrian Peterson n’aura pas suffi à Minnesota pour l’emporter car deux interceptions de la défense de Green Bay et un drive monstrueux de l’attaque leur ont enlevé la victoire.

La stat du match qui dit tout : les Packers ont eu le ballon 38:30, et le point d’orgue a été un énorme de drive de 18 actions, 73 yards et 11 minutes de possession au début du 4e QT pour porter la marque à 23-14. Les Vikings n’ont pas pu se relever, ratant en plus un Field Goal dans la foulée.

Les chiffres d’Aaron Rodgers sur ce match ne sont pas astronomiques : 27/35, 289 yards, 1 TD et 1 INT, mais ils ne racontent pas toute l’histoire. Tout d’abord, Rodgers a souvent du échapper à la pression lâchée par une OL qui est au bord de la rupture au niveau protection de passe. Déjà très fragile, elle a connu en plus la blessure de TJ Lang, forçant l’entrée du rookie non drafté Don Barclay en Right Tackle. Avec une OL qui a distribué les holdings, le MVP a donc dû se débrouiller pour trouver du temps pour lancer, ce qu’il a réussi à faire très souvent. De plus, il a été précis et régulier sur ce match contrairement à certains autres, convertissant des 3rd downs à la passe pour maintenir les drives en vie; il a rarement fait de lancers mal ciblés, ce qui est toujours un point positif. La seule ombre au tableau aura été ce trick play foireux en 3e QT et cet échange de ballon avec Randall Cobb qui a résulté en une bombe bien trop courte interceptée par Harrison Smith.

Ne regardez pas tout de suite, mais 27 portés pour 124 yards, ce sont les chiffres postés par le duo James Starks/Alex Green dans le match, avec en cerise sur le gâteau le TD de Starks à la course qui a permis à GB de mener 20-14. Avec l’annonce de la perte définitive de Cedric Benson, le run game de Green Bay aurait pu en souffrir mais Starks et Green ont fourni les efforts derrière un bon run block de l’OL pour avancer et gagner du terrain. C’est une performance très encourageante pour un secteur en berne de l’attaque des Packers.

Du côté des receveurs, les verts et or semblent vraiment jouer de malchance. Alors qu’ils récupèrent enfin Greg Jennings après 7 matchs suite à sa blessure (4c/46y), ils perdent Jordy Nelson sur une blessure aux ischio (la même qui lui a déjà fait rater deux matchs). Heureusement, Rodgers peut toujours compter sur la paire James Jones/Randall Cobb pour faire le match nécessaire : Jones a marqué un TD sur la tête d’un défenseur et un autre à l’arraché refusé pour un holding très litigieux, alors que Cobb cimente sa place de go-to guy avec 6 catchs pour 62 yards. On notera également la perf de Jermichael Finley avec 6 catchs et 60 yards et même un bon travail en run block qui devrait enfin lui prouver que s’il catche, s’il bloque et s’il se tait, Rodgers le trouve sans problème.

Comment allait se porter la défense après la claque prise dimanche dernier ? Eh bien tout dépend de quel côté vous regardez : elle a pris 210 yards à la course dans les dents par Adrian Peterson avec une démonstration de plaquages manqués qu’on avait pas encore vraiment vue cette saison, mais en contre partie elle n’a en encaissé que 119 yards dans les airs et elle a réussi deux interceptions cruciales pour changer le flot du match. Ceci dit, cela n’enlève pas que sans Clay Matthews, le pass rush est totalement inexistant.

Certes les courses de 82, 48 et 23 yards d’Adrian Peterson ont fait du mal à la défense, surtout à cause du nombre de plaquages ratés qui est un mal récurrent mais qu’on voyait moins cette saison. Mais à côté de cela, la moyenne retombe à 3.2 yards par course et c’est un testament à une défense contre la course qui n’est pas transcendante mais présente chez les Packers.

De plus, la défense contre la passe, si elle ne risquait pas grandchose vu l’opposition, a tout de même su faire tourner le match en la faveur des locaux en 2e MT grâce aux deux interceptions de Morgan Burnett, qui a fait son travail à la course mais a lui aussi commis des plaquages manqués. Ce sont ces interceptions qui ont boosté le moral de l’équipe, et c’est peut-être ce qui intrigue chez Green Bay : ce match ainsi que d’autres ont prouvé que si les petites choses vont dans leur sens, ils peuvent l’emporter, mais le match contre les Giants a prouvé que si les petites choses ne vont pas dans leur sens, ça peut vite faire boule de neige.

Enfin, la situation avec Mason Crosby continue d’être une question de mental comme le prouve ces deux séries d’événements : quand il rate salement le FG de 53 yards en fin de 1e MT qui aurait ramené les Packers à 14-13, il envoie le kickoff de la 2e MT directement en touche; quand il réussit le FG de 47 yards au début de la 2e MT qui ramène GB à 14-13, il envoie un boulet qui finit en touchback. Crosby termine à 3/4 (dont un qui touche le poteau) ce qui doit être son meilleur match depuis un moment, mais l’hésitation de McCarthy à l’envoyer pour le kick de 47 yards trahit les pensées du coach. Est-ce que GB pourra vraiment compter sur lui ?

Avec la blessure de Percy Harvin, Christian Ponder se retrouvait avec principalement son BFF Kyle Rudolph en cible de passe, et ça s’est vu sur ce match. Le Quarterback a fait un match atroce avec des lancers erratiques dont deux interceptions très moches qui ont réduit à néant deux belles courses d’Adrian Peterson : une lancée en mouvement à l’opposée de la course dans la endzone et une autre lancée trop mollement. Il a eu une série de 7 passes incomplètes de suite et surtout il n’a trouvé le premier receveur de formation qu’au bout de… 57 minutes de jeu. Pourtant, il a plutôt été épargné par le pass-rush inexistant de Green Bay, mais il a été incapable d’en profiter pour assurer la victoire de son équipe. Cela commence à devenir un peu inquiétant pour un QB dont on n’attendait une certaine progression cette année. Ponder termine à 12/25, 119 yards, 1 TD et 2 INT.

Est-ce que vous saviez que le coureur des Vikings s’appelle Adrian Peterson 😀 ? J’avoue, j’ai mis son nom en gras partout parce qu’il le mérite : il a été une force destructrice au sol, et même s’il a été limité à 3.2 sur 18 courses, ses trois explosions auraient dû être suffisantes pour placer les Vikings sur orbite. Je crois qu’on a déjà tout dit sur ce phénomène, et je reprendrais une phrase de Vic Ketchman l’éditeur de Packers.com pour le décrire…

Quand je vois ce qu’Adrian Peterson fait avec un ballon en main, contre des adversaires qui sont plus gros que ma voiture, je me dis que la seule comparaison physique que je peux faire entre lui et moi c’est qu’on se tient debout sur deux jambes.

C’est un peu le résumé d’Adrian Peterson, un sérieux candidat pour le Comeback Player Of The Year. 21 portés, 210 yards et 1 TD de 82 yards.

Du côté des receveurs, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Quand Ponder en trouve enfin un à 3 minutes de la fin du match, cela souligne le manque criant voire hurlant de cibles potables quand Percy Harvin n’est pas là chez les WR… surtout face à une défense à la passe des Packers qui fourmille de jeunes talents. Je préfère donc vous parler d’un joueur qu’on ne cite pas quand on dit que les Vikes en attaque = AP + Harvin, et c’est bien dommage : Kyle Rudolph est un Tight End extrêmement précieux et qui fait sa part du travail au run block. Il accumule 6 catchs pour 51 yards et 1 TD, avec en plus une réception ridicule à une main sur un mauvais lancer de Ponder.

En défense, les Vikings avaient décidé d’adopter la stratégie habituelle contre Green Bay cette année : on laisse les deux safeties en profondeur (Cover-2), et on compte sur la DL pour mettre la pression sur Rodgers afin de couvrir toutes les possibilités. Contre ce schéma, les Packers se sont d’abord cassés les dents : Jared Allen (1.5 sacks et 1 INT annulée pour un Roughing The Passer très limite) et Everson Griffen ont mis la panique dans l’OL, avant que Green Bay décide d’envoyer leurs coureurs dans les trous… et là ça a été plus difficile, malgré le gros travail de Chad Greenway (16 plaquages).

D’autant plus qu’ensuite cela a ouvert quelques brèches dans la protection de passe, et si le remuant rookie Harrison Smith a intercepté une passe mal avisée de Rodgers, la défense contre la passe a eu du mal à le stopper une fois qu’il était lancé. Les Vikings n’ont notamment pas réussi à sortir l’offensive sur deux longs drives qui ont marqué des points, et ça les a fatigués et démoralisés.

C’est en partie parce que les Vikings ont commis une erreur majeure, en directe relation avec leur schéma défensif : mettre la pression avec la DL veut dire que contre un QB mobile comme Rodgers, vous ne POUVEZ pas lui laisser une porte de sortie, et c’est ce qui est trop souvent arrivé. Nombre de plays qui auraient pu finir en sacks se sont finis en passe en mouvement ou en petite course du QB car la DL a oublié de fermer les côtés de la poche, lui permettant de s’échapper.

Enfin, on ne peut pas omettre la FG raté de Blair Walsh qui aurait ramené les Vikings à 23-17 et qui aurait sûrement remis de la motivation pour revenir au score. Ce raté-là a scellé le match définitivement.

Au final, si certaines performances ont été rassurantes à Green Bay, d’autres laissent de gros points d’interrogation sur ce que ça pourrait donner en playoffs, et si le retour de quelques cadres va suffire pour combler cela. Pour les Vikings, ils ont probablement dit adieu à tout espoir d’aller en playoffs, et ce match n’est sûrement pas un pas en avant dans la réponse à la question « est-ce que Ponder est la solution du futur ? ».

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