Analyse : Green Bay Packers – Chicago Bears (W15 – Kuro)

Green Bay Packers 21-13 Chicago Bears

Encore le même refrain…

Le 186e match de la rivalité promettait une sévère foire d’empoigne entre des Bears qui voulaient conserver leur place en playoffs et des Packers qui cherchaient leur 2e titre de division de suite. Après un quart-temps et demi qui a confirmé que le match allait être tendu, Chicago a allumé la mèche… avant de s’écrouler sous les assauts répétés de Green Bay. Ensuite, la défense du Wisconsin a fermé la porte malgré les bourdes des autres escouades (les 2 fumbles), et les locaux ont subi leur 6e défaite de suite contre leurs ennemis jurés.

Après un match pour le moins moyen (enfin pour lui) contre Detroit, Aaron Rodgers a retrouvé son allant au meilleur moment pour les Packers. Il a souffert (comme toute l’équipe) lors des 15/20 premières minutes avec la pression incessante de la DL des Bears (il a pris 3 sacks), mais ensuite son OL et lui ont a enclenché la seconde : la protection est devenue bien meilleure et Rodgers a eu le temps de trouver les failles dans la défense aérienne de Chicago. Il en a profité pour nous gratifier d’une petite danse dans la poche avant de trouver son receveur, et il a été très efficace en conversion de 3e et même de 4e tentative après le premier QT. On peut juste lui reprocher d’avoir manqué de précision sur quelques passes qui ont freiné l’attaque (dont un TD potentiel manqué vers Cobb). Rodgers termine à 23/36, 291 yards, 3 TD et 0 INT.

Il semble bien que le jeu de course de Green Bay n’était pas un mirage absolu. Les Packers ont avancé au sol au début du match avec des gains intéressants gagnés par leur monstre à trois têtes : Alex Green (13c/35y), Ryan Grant (8c/32y) et DuJuan Harris (5c/27y). Cependant le jeu de course s’est un peu essoufflé en cours de match, et de plus Grant a commis un fumble après une belle course qui a rendu le ballon aux Bears. Cependant par rapport à l’année dernière c’est une résurgence bien venue pour la franchise à l’heure d’entamer les playoffs et d’affronter les DL monstres dans la NFC.

Est-ce que vous aviez oublié le début de saison tonitruant de James Jones ? Il vient de se rappeler aux bons souvenirs des adversaires avec une performance de haut vol : 5 catchs, 60 yards et 3 TD dans tous les registres possibles (le long de la touche, sur un parcours rapide au milieu de la défense, en backshoulder). A côté’ de lui, Randall Cobb a encore réussi un match énorme avec 6 catchs pour 112 yards, et de plus en plus Rodgers le cherche dans les situations critiques : soit les 3e/4e tentatives, soit les actions où il doit sortir de la poche. Cobb aurait même pu marquer un TD si la passe de Rodgers n’avait pas été un poil trop en avance. Jermichael Finley a encore bien réussi contre les Bears (une habitude pour lui) avec 5 catchs pour 61 yards.

Du côté défensif, les Packers ont accueilli avec une joie non feinte le retour du Claymaker, Clay Matthews. Il a amené son lot de plaquages (6), de sacks (2) et de perturbations dans l’OL des Bears, ce qui a contribué à la bonne prestation de l’escouade. Il a pu venir aider l’autre star du front seven, B.J. Raji, qui lui aussi a causé le chaos dans le backfield adverse, notamment sur les jeux de courses. Les Bears ont trouvé des ouvertures au début surtout au sol, mais la défense s’est mise en route gentiment pour finir par stopper les coureurs : le meilleur exemple reste ce stop énorme de la défense alors que les Bears étaient à 3 yards de la endzone qui a forcé un Field Goal (points bonus pour Brad Jones et Mike Neal).

Et en général, quand le front seven fait son travail, il force le ballon dans les mains du QB adverse, et c’est là où l’arrière-garde prend le relais. Encore une fois les DBs de Green Bay ont fait un match très propre : si Tramon Williams et son aide ont eu du travail avec Brandon Marshall en face d’eux, aucun autre receveur des Bears n’a eu une réception. Casey Hayward en a profité pour ajouter une INT à son palmarès, alors que Sam Shields a combattu toute l’après-midi avec Alshon Jeffery. Plus de détails sur ce duel-là dans la partie des Bears.

Quoi qu’il en soit, la défense n’a lâché que 190 yards au total et surtout…

La stat du match qui dit tout : les Bears n’ont converti AUCUNE 3e tentative sur 9 possibles.

Enfin terminons avec les tribulations des équipes spéciales. Mike McCarthy est un coach plutôt classique, sensé, mais il peut trouver toutes les excuses qu’il veut, son call de passe sur le punt return est le plus stupide qu’il ait fait depuis qu’il est à GB, et de loin… et ça quelque soit le résultat de l’action. Ca a rendu la balle aux Bears dans la redzone à -11 avec 8 minutes à jouer, et la défense a dû montrer les dents pour forcer le Field Goal.

Field Goal est le mot taboo ces derniers temps chez les Packers, car malgré un mieux la semaine dernière, Mason Crosby a fait un 0/2 avec un premier FG de 43 yards totalement ignoble. McCarthy a même dû jouer des 4e tentatives pour pallier à ses défaillances, et il y a un risque qu’il paye sa loyauté au kicker en playoffs. En tout cas, Tim Masthay continue sa très bonne année, et si vous voulez voir un coffin corner punt, regardez son dernier qui plaque Chicago contre sa endzone avec 58 secondes à jouer. C’est là que Green Bay scelle définitivement le match.

Un match qui va être un sujet de discussion de plus dans le résumé de Jay Cutler. Le QB a certes fait ce qu’il a pu, protégé par une OL de bric et de broc, mais il a fini par craquer en fin de première mi-temps sur une passe droit dans les bras d’Hayward. Sa faute, celle de ses receveurs ? Le blâme est probablement à distribuer un peu partout dans l’attaque des Bears. Il ne faut pas non plus oublier qu’une blessure au genou a affecté sa mobilité, ce qui explique qu’on ne l’ait pas vu sortir de la poche aussi facilement qu’il en est capable (il a subi 4 sacks). Mais tout de même, on sent chez lui une frustration, une lassitude qui s’est installée cette année, et c’est ça qui est le plus grave. Je reste persuadé qu’à sa place beaucoup de QB se seraient écroulés bien plus vite, et que les Bears sont en train de bousiller gentiment le meilleur joueur à ce poste qu’ils ont eu depuis bien longtemps. Cutler termine à 12/21, 135 yards, 1 TD et 1 INT.

Au début du match, Matt Forte a fait un bon travail, étant la principale arme du premier drive. Le coureur a su trouver les brèches derrière les bons blocs du rookie Evan Rodriguez. Mais son influence au sol a disparu au fur et à mesure du match à cause de l’évolution du score. Forte s’est alors mué en arme de réception, et il cumule 20 courses pour 69 yards et 5 réceptions pour 64 yards. Cependant, tout ça ne lui a pas permis de pénétrer dans la endzone quand il a eu deux courses de 1 yard à réussir pour le TD quand Chicago était mené 21-7. Ce n’est pas du tout son rôle, et c’est là où l’absence de Michael Bush s’est faite sentir; les Bears ne sont repartis qu’avec un Field Goal pour revenir à 21-10, un premier manqué pour l’attaque.

Nous en arrivons au sujet qui « fâche ». Commençons par l’évidence : Brandon Marshall a encore fait son travail malgré la prise à deux fréquente sur lui. Le grand receveur termine avec 6 catchs, 56 yards et 1 TD où il envoie Hayward manger du gazon, prouvant encore et toujours qu’il est une des meilleures acquisitions en Free Agency cette année. Mais derrière… il n’y a aucune réception par un autre WR ou TE que ce soit. Je reviens sur le duel Shields/Jeffery juste après, mais une fois Marshall, Forte et un catch d’Armando Allen mis de côté, ZERO CATCH. Devin Hester, Kellen Davis, Matt Spaeth ? Zéro. Il paraît qu’il est visible que Cutler n’a plus confiance en Hester et Davis, ce n’est pas l’interception qui va changer ça vu qu’elle était pour Hester.

Revenons donc sur le duel Jeffery/Shields, qui est un des points de contentieux au niveau des décisions des arbitres. Premier duel, Shields intervient sur Jeffery sur le premier drive, rien à dire. Le second duel intervient au 3e QT, quand Shields est pénalisé pour un contact illégal, alors que c’est clairement Jeffery qui l’attrape par la grille faciale et qui le balance sur le côté. Ensuite, sur le même drive, en 4e&goal, Shields est encore au contact de Jeffery et celui-ci le pousse de côté pour attraper la passe. Je pense que cette OPI là est claire aussi, que Shields soit déséquilibré avant ou non importe peu : il était en position pour, sinon intercepter, dévier la passe. La 2e OPI est du bullshit complet. L’action importante suivante c’est la passe dans la endzone où Shields intercepte presque le ballon et Jeffery joue le rôle de défenseur. La dernière OPI est très limite et c’est le genre de petite poussette qui est plus souvent laissée passer que sifflée. Enfin la vraie injustice est la dernière action, la 4e tentative sur l’avant-dernier drive, où là Shields tient Jeffery et la DPI aurait dû être sifflée.

Je crois simplement que Shields a très bien réussi à suivre Jeffery dans la majorité de ses parcours, et que la combinaison de l’erreur sur le facemask et l’OPI dans la endzone ont fait que les arbitres se sont mis à surveiller Jeffery à la loupe. La qualité du marquage de Shields a forcé les arbitres à se dire que dès qu’il y avait séparation, c’était parce que Jeffery avait fait faute. Maintenant, dire que les arbitres ont volé le match… les Bears ont été à 0/2 en redzone, 0/9 en 3e tentative, donc il faudrait aussi regarder par là.

Passons à la défense, qui a cruellement manqué de Brian Urlacher et de Tim Jennings. Urlacher a manqué dans la couverture au centre du terrain (et dans son abattage traditionnel), alors que Jennings a manqué à la couverture de Jones. C’est en effet la défense contre la passe qui a le plus de mal, car le front seven est monté en puissance contre le jeu de course après un début difficile. Lance Briggs est le patron quand Urlacher n’est pas là, et il a fait un gros travail de sape.

La DL a commencé le match tambour battant avec 3 sacks de Rodgers et une bonne pression (1.5 pour Julius Peppers et Corey Wootton), mais l’absence notamment de Henry Melton a fini par se faire sentir et elle s’est complètement éteinte par la suite, bien maîtrisée par l’OL des Packs (et la mobilité de Rodgers). Or c’est une pièce essentielle quand on n’envoie que 4 joueurs au pass rush pour pouvoir rester en Cover-2 derrière. Quelques blitz retardés ont été efficaces au début, mais par la suite ils se sont retournés contre Chicago en ouvrant des zones.

Et ce manque de pression a exposé les arrières. Une fois la poche plus calme, Rodgers a vite compris qu’évitant soigneusement Charles Tillman (qui a encore réussi à provoquer un fumble), il pourrait exploiter les matchups contre Kelvin Hayden, D.J. Moore et quiconque marquait Finley. Moore a pris le plus cher dans ce match en concédant des réceptions contre le slot receiver (dont 1 TD de Jones). L’absence de Jennings n’a jamais été aussi criante que là, contre une équipe avec plusieurs receveurs de qualité.

C’est une petite tendance qui s’est affirmé ces derniers temps avec la défense des Bears : ils baissent de pied. Le match contre Seattle, celui contre Minnesota et maintenant celui-ci… cependant tout n’est pas noir : avec tous les absents dans le front seven, il a quand même su répondre présent contre la course, et il y a peu d’équipes avec une telle profondeur au poste de WR que Green Bay.

On peut noter la bonne performance du kicker Olindo Mare signé après la blessure de Robbie Gould avec 2/2 au FG, mais on ne peut pas s’empêcher de penser que ça a joué un rôle : le premier drive de Chicago se termine par un punt au lieu d’un FG de 52/53 yards que Gould a largement dans la guibole. Bref, c’était un match en dépit des kickers.

Au final, un match typiquement dans la lignée des dernières prestations des deux équipes : Green Bay arrache une victoire précieuse (qu’ils auraient dû remporter plus largement), et Chicago rate les opportunités de porter l’estocade et se retrouve à courir après le score… et dans ce match, en se mettant en position d’être victimes de décisions parfois litigieuses.

Green Bay gagne ainsi son 2e titre de division et sécurise son seed #3, alors que les Bears ont perdu 5 de leur 6 derniers matchs, ont été dépassés par les Vikings et ont maintenant besoin d’aide pour accéder aux playoffs.

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