Analyse : Detroit Lions – Green Bay Packers (Kuro – W14)

Detroit Lions 20-27 Green Bay Packers

Une histoire en deux (mi-)temps

Les Lions n’avaient plus grand chose à jouer et étaient venus à Lambeau pour redorer leur blason, ce qu’ils ont réussi à faire pendant 1 quart-temps et demi avec un playcall parfait. Et puis une erreur non provoquée a permis aux Packers de revenir dans le match et la redécouverte d’un jeu de course ainsi qu’une arrière-garde toujours aussi efficace ont scellé la victoire pour les locaux.

Cela faisait 35 matchs consécutifs à Lambeau qu’Aaron Rodgers avait marqué au moins 1 TD, et la série s’est arrêtée contre les Lions. Le QB des Packers a quand même trouvé le moyen de profiter de la défense man-to-man de Detroit pour aller marquer un TD à la course de 27 yards afin de donner l’avantage 17-14, avantage que Green Bay n’a plus lâché. Il a été comme à son habitude mis sous pression par une DL qui a pris l’avantage sur l’OL, mais il a pu plusieurs fois avancer dans la poche pour trouver des receveurs. On continue de rêver à ce qu’il serait capable de faire avec une OL potable devant lui. Rodgers termine à 14/24 pour 173 yards.

En tout cas, une OL potable en pass block, car visiblement elle commence à prendre ses marques au niveau run block; mention spéciale au rookie Don Barclay qui, au pied levé, fait un grand travail dans ce registre, même s’il est encore très tendre en pass block. Mike McCarthy s’est adapté au cours du match et a ressorti quelques formations déséquilibrées avec des OL supplémentaires et des déplacements de guards pour ouvrir des brèches aux coureurs, ce qui a marché à merveille : les Packers ont enregistré 140 yards cumulés à la course. Si un Alex Green bien plus percutant a eu le plus gros du travail (13c/69y), le jeune DuJuan Harris a été le héros avec 7 portés pour 31 yards et 1 TD de 14 yards sur un drive fait uniquement de courses. Avec les défenses qui restent constamment en Cover-2, le jeu de course peut devenir l’arme fatale des Packers pour forcer à faire descendre un Safety dans la boîte, ce que Rodgers pourra exploiter ensuite.

Il y a quelques temps, le QB avait déclaré que le pick de Randall Cobb sera vu comme le meilleur pick de Ted Thompson. On peut sourire en pensant que Rodgers exagère un peu, mais match après match le receveur confirme qu’il a tout pour être une star : le sophomore est devenu vital pour l’attaque avec encore 7 catchs pour 102 yards. Les receveurs extérieurs ont eu un peu plus de mal (Greg Jennings 1c/27y, James Jones 2c/27y) grâce à une bonne couverture, mais avec un bon jeu de course et un Cobb décisif, ça devient (un petit peu) moins important.

La défense a soufflé le chaud et le froid, et on peut résumer rapidement en : froid en 1er MT, chaud en 2e. En effet, la défense a été prise de court par le playcall inventif des Lions dans les deux premiers quart-temps, se faisant allègrement marcher dessus, notamment à la course. C’était une des craintes avant le match : avec les blessures de CJ Wilson (très bon run stopper) et Mike Neal, la DL a souffert contre la course, passant un temps phénoménal sur la pelouse…

La stat du match qui devrait dire tout : les Lions ont eu la possession 22:41 RIEN QU’EN PREMIERE MI-TEMPS. Trois fois plus de temps, et tout ça pour ne mener que 14-10.

Cela s’est remis d’aplomb en seconde mi-temps quand l’attaque a pu à nouveau contrôler l’horloge, et la défense contre la course a été plus consistante. Enfin on ne peut évidemment pas parler de la DL sans parler du tournant du match, le fumble récupéré par le rookie Mike Daniels pour un TD de 42 yards. C’est comme si chaque semaine les Packers trouvaient un joueur différent et improbable pour retourner la situation.

Les Linebackers ont fait un match mi-figue, mi-raisin, et surtout on s’est encore rendu compte du manque de Clay Matthews avec zéro sacks et pratiquement aucune pression sur le QB, sauf sur quelques blitz qui sont toujours arrivés un peu trop tard. Dezman Moses notamment commence à montrer pourquoi il était non-drafté avec aucune pression, aucun impact et deux pénalités pour offside.

Sinon, l’arrière-garde va bien, merci de le demander. Tramon Williams a lutté avec Megatron parfois en 1-vs-1 et parfois avec de l’aide, mais globalement il s’en est bien tiré, empêchant le receveur de faire de gros gains et détournant plusieurs passes. A côté de lui, le retour de Sam Shields a été couronné par une interception, et Casey Hayward continue de terroriser tout receveur qui se trouve dans son coin (et le QB avec). Même si Charles Woodson est vieillissant, son retour ne fait que rendre l’arrière-garde des Packers encore plus impressionnante. Si on doit leur reprocher quelque chose, c’est qu’ils auraient dû avoir 3/4 INTs dans le match.

Et enfin, il semble qu’on ait retrouvé le vrai Mason Crosby et pas son frère jumeau aux kicks foireux. Dans des conditions difficiles, le kicker a réussi 2/3 mais surtout depuis quelques semaines même les kicks ratés sont bien mieux que les horreurs qu’il a sorties à un moment.

Les Lions ont démarré le match tambour battant avec une série de calls ingénieux qui ont marché. Matthew Stafford a d’ailleurs marqué le premier TD sur un superbe naked bootleg en 4e tentative, avant de trouver son Tight End Tony Scheffler pour le deuxième. Les Lions menaient 14-3, tout allait bien… et puis Stafford a commis ce fumble stupide tout seul, en ayant oublié d’agripper le ballon au niveau des lacets. Sa tentative de passe rapide s’est transformée en fumble qu’il n’a pas réussi à rattraper en plongeant, et on s’est retrouvé à 14-10.

A partir de là, ça n’a plus été le même, les passes ont été plus approximatives même s’il n’a pas été aidé par ses receveurs, dont un qui lui coûte probablement l’interception. D’ailleurs en parlant d’interceptions Stafford doit remercier le ciel de ne partir qu’avec une, parce qu’il en a facilement lancé deux ou trois de plus. Bref tout s’est délité, et on peut probablement mettre ça sur le compte du drive qui met les Packers en tête 17-14 au début du 3e QT et qui force les Lions à sortir de leur tactique de « course en premier, passe en second ». Surtout avec tant d’armes offensives sur IR. Stafford termine à 27/45, 264 yards, 1 TD et 1 INT.

En effet Detroit a superbement couru dans la première mi-temps : Mikel Leshoure et Joique Bell ont cumulé 26 courses pour 98 yards, ce qui est un bon total mais la grande majorité a été réalisé avant la pause. C’est cependant encourageant pour la suite car les Lions ont toujours eu du mal à installer un jeu au sol, et avec un Stafford sans la plupart de ses armes aériennes, ça a été un bon renfort… tant que Detroit était devant au score.

En effet, avec Nate Burleson, Titus Young et Ryan Broyles sur IR, Stafford s’est principalement reposé sur Megatron qui a fait un match correct mais sans peser sur la rencontre comme il peut le faire. Avec 10 catchs pour 118 yards, le grand receveur n’a pas pu être au four et au moulin et surtout il n’a pas trouvé la endzone. Certes Durham (4c/54y), Heller (4c/21y) et Bell (5c/47y) ont fourni des cibles intéressantes de temps en temps, mais au final la combinaison passes imprécises/drops/défense des Packers a eu raison de l’attaque. L’interception de Shields sur une mauvaise route de Durham est la preuve que ce n’était pas suffisant pour gagner.

La DL des Lions a encore créé la panique dans l’OL des Packers, mais peut-être moins que ce qu’on pouvait penser. Certes elle a réussi 3 sacks par Fairley, Avril et Jackson (qui a même provoqué un fumble), mais à plusieurs reprises elle n’a pas pu contenir Rodgers suffisamment pour l’empêcher d’avancer dans la poche et trouver un receveur démarqué. Et surtout, elle a été prise complètement hors de position sur plusieurs draw plays qui ont gagné du terrain au sol pour Green Bay. Les futurs adversaires des Packers devraient faire attention à ne pas aller chercher Rodgers trop vite sous peine de se faire avoir de la même façon.

Le travail des Linebackers a beaucoup ressemblé à ce qu’on a vu lors du match aller : une certaine inconsistance dans le niveau de jeu, malgré de bons éléments comme Stephen Tulloch. Le plus flagrant reste la course de TD de 27 yards de Rodgers où il n’y a pas un seul joueur à 5 yards de lui pendant la majorité de la course. La défense au sol a été efficace pendant un moment mais elle a fini par être bouffée toute crue en 2e MT.

Au niveau défense contre la passe, comme tous les adversaires de Green Bay, les Lions ont joué derrière en Cover-2, laissant les Safeties en profondeur pour éliminer le big play. En cela ils ont parfaitement réussi, et pendant un moment ils ont même réussi à éliminer le play tout court; on a vu Rodgers se déplacer mais ne trouver aucun receveur et envoyer la balle en touche. Le limiter à moins de 200 yards a autant été une réussite pour la DL que pour les arrières; Chris Houston et Jacob Lacey ont fait un bon travail pour fermer les extérieurs, et il a fallu quelques improvisations du MVP (ainsi que de Cobb) pour trouver les failles dans la défense.

Mais ce n’est pas normal que les Lions repartent avec une défaite alors qu’ils ont eu la balle 37:14 et qu’ils ont 12 First Downs et 100 yards gagnés de plus que l’adversaire.

Au final, Detroit repart avec une 8e défaite de moins de 8 points et plein de questions sur ce qui aurait pu être dans un match qu’ils avaient démarré tambour battant. Green Bay s’est fait une belle frayeur, mais ils ont trouvé un nouveau moyen de survivre pour l’emporter dans une rencontre très mal engagée.

En somme, un résumé des saisons des deux équipes.

Comments are closed.