Analyse : Green Bay Packers – Detroit Lions (Kuro – W11)

Green Bay Packers 24-20 Detroit Lions

C’est pas beau, mais ça gagne…

Les Packers, à la sortie d’une bye week très bien venue, voulaient continuer sur leur série de 4 victoires consécutives pour ne pas laisser potentiellement les Bears s’envoler. Les Lions, à 0-3 dans la division et 3-4 dans la conférence, devaient absolument gagner pour avoir encore une chance de faire les playoffs deux années de suite.

A la fin d’un match où les défenses ont dominé les attaques, c’est finalement l’offensive des Packers qui a fait la différence dans les dernières minutes, après avoir passé tout le match derrière. La victoire aurait sans doute été plus large si le kicker des joueurs du Wisconsin n’était pas dans un trou majeur.

Honneur aux vainqueurs comme d’habitude. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’absence de Bryan Bulaga dans l’OL s’est faite sentir, car son « remplaçant » Evan Dietrich-Smith (qui en fait remplace poste pour poste T.J. Lang qui lui remplace poste pour poste Bulaga) s’est fait bouger pendant tout le match. Mais en règle général, c’est l’OL entière qui a souffert, empêchant d’offrir une poche sûre à Aaron Rodgers dès que la passe devait attendre plus d’une seconde. Le QB MVP a donc beaucoup bougé pour essayer de trouver ses receveurs, et il a connu une soirée plutôt agitée avec 3 sacks, 1 INT, 1 fumble, pas mal de hits et quelques passes mal ajustées. Mais au final, quand Green Bay a eu besoin de lui pour mener le drive de la victoire à 14-20 et 4:19 à jouer, il a réglé ça en 3 passes. Rodgers termine à 19/27, 236 yards, 2 TD et 1 INT.

Fait assez surprenant concernant Green Bay, ils ont appelé 29 courses pour 27 passes, un équilibre rarement vu ces derniers temps. Le retour de James Starks y est je pense pour quelque chose, même si Mike McCarthy aurait voulu plus donner la balle à Alex Green : Starks a amené son aspect physique, traînant souvent plusieurs défenseurs sur des yards avant de tomber vers l’avant. Starks s’est un peu essoufflé au cours du match, terminant à 25 portés pour 74 yards, mais est-ce qu’on peut attendre autre chose d’un coureur dans le système de McCarthy ?

En tout cas, un qui s’épanouit de plus en plus dans ce système, c’est Randall Cobb qui encore une fois a montré sa versatilité : 9 catchs pour 74 yards et le TD de la victoire sur un joli ajustement par rapport au ballon. Il s’est également aligné deux fois à la course pour 19 yards. L’autre bonne nouvelle est le retour de l’ancien Jermichael Finley, pas encore celui capable de poster des chiffres dominateurs, mais en tout cas celui qui ne droppe pas et qui casse des plaquages pour des gains de 40 yards. Il termine quand même à 3 catchs pour 66 yards et 1 TD. Il paraît que lui et Rodgers ont discuté pour remettre les choses d’équerre, et si jamais Finley continue sur ce chemin, ça promet. Jordy Nelson (de retour de blessure) et James Jones ont été un peu plus discrets mais surtout auteurs de drops.

Bref, on peut résumer tout ça par une attaque qui a quand même cafouillé son football, bien pressé par une défense des Lions plutôt efficace. C’est d’ailleurs pour ça que…

La stat du match qui ne dit rien tout : les Packers ont marqué 24 points certes… mais sans jamais entrer dans la redzone des Lions. Les Lions eux sont à 2/4 dans la Redzone des Packers.

Ce qui veut tout simplement dire qu’encore une fois cette saison, et contrairement à la saison précédente, c’est bel et bien la défense qui a maintenu Detroit à portée de tir… avec peut-être son match le plus abouti en défense, tout ça sans Charles Woodson, Clay Matthews et Sam Shields.

Surtout, si deux joueurs ont brillé dans ce match, ce sont 2 CBs, et ni l’un ni l’autre ne s’appelle Tramon Williams : ce sont Casey Hayward et Davon House. Alors que Williams a été aux prises avec Megatron pendant la plupart du match (avec des fortunes diverses), les deux joueurs n’ont pas laissé passé grandchose aux receveurs des Lions, défendant des passes, pressant les receveurs, et réussissant même une 5e INT de la saison pour Heyward.

Un autre joueur qui s’est fait remarqué est MD Jennings, le fameux auteur de « Touchception » contre Seattle avec un pick-6 qu’il a remonté 72 yards pour donner l’avantage 14-10 aux Packers en 2e QT. Dans les autres playmakers, on peut citer l’undrafted rookie Dezman Moses qui a 1 sack et 1 fumble forcé sur un scramble; il a mené une charge un peu légère sans Clay Matthews mais qui a quand même réussi 5 sacks. A.J. Hawk continue son année très productive avec 10 plaquages; visiblement le fait de lui avoir retiré le playcall et de le placer uniquement sur les packages de base lui permettent d’être à 200% sur chaque action.

Les safeties par contre ont tous les deux manquer le coche : Jerron McMillian, qui a beaucoup joué en support de Williams contre Megatron, a raté une bombe pour celui-ci, et Morgan Burnett a inexplicablement raté une interception sur le TD de ce même Megatron alors qu’il avait la balle entre les mains. Cependant les plays défensifs sont faisables, les joueurs sont proches de l’action, c’est la grosse différence avec 2011.

Mais la défense a été souvent sur le terrain en 2e/3e QT de par l’inaptitude de l’attaque, et tout ce travail de sape a fini par être payé en 3e/4e QT quand les Lions ont repris l’avantage 20-14, que ce soit contre la course et contre la passe. Mais pourtant, comme je l’ai dit là-haut, les Lions n’ont été que 2/4 en Redzone, et sans ces deux stops qui ont résulté en Field Goal et non en TD, les Packers n’avaient aucune chance de gagner.

Surtout pas avec un Mason Crosby qui continue sa série de ratés invraisemblable. Il en est à 7/13, et on pourrait même dire 7/14 si Jim Schwartz n’avait pas tenté un « icing » stupide vu qu’il l’avait raté la première fois. Le kicker des Packers est dans une méchante situation, semblant avoir perdu l’assurance de l’année dernière, et il ferait bien de la retrouver rapidement car Green Bay ne pourra sans doute pas se permettre ce genre de problème plus tard.

Surtout si c’est pour aller tenter une 4e et 4 à la place d’un FG de 49 yards comme au début du match. Enfin on notera un dernier problème dans ce match : 9 pénalités, un total plutôt surprenant cette année pour l’une des équipes les moins pénalisées de la ligue.

Où est passé le Matthew Stafford de l’année dernière ? Le QB a eu un match misérable, et c’est probablement cela qui coûte la victoire à son équipe. Le joueur n’a pas du tout paru en rythme dans ce match, et si on devait résumer le match on pourrait sortir un tube qui s’appelle « Bomb & Overthrow Megatron ». J’ai rarement vu Stafford aussi imprécis de manière générale, mais notamment sur les passes intermédiaires : ça a été une série de passes trop hautes (notamment donc à Megatron) ou derrière ses receveurs (ce qui créé d’ailleurs l’interception de Jennings)… et que dire de sa tentative de sidearm droit sur Hayward. Le plus étrange c’est que malgré les 5 sacks qu’il prend et la perte de son Left Tackle Jeff Backus sur blessure, il a commis des erreurs sans qu’il n’y ait de pression sur lui.

Je crois que le deux premiers drives, quand il réussit quatre passes dont une est droppée et les trois autres sont arrachées des mains des WR par Hayward et House, l’ont un peu déstabilisé et il a commencé à se dérégler pour empêcher cela. Au final, malgré quelques actions d’éclat pour mener des drives, il a trop calé à côté (que ce soit en Redzone ou non) pour empêcher Green Bay d’avoir une chance de remporter le match. C’est pour ça qu’il termine avec des chiffres indignes de lui : 17/39, 266 yards, 1 TD et 2 INT.

Le jeu de course des Lions n’est pas leur fort, et sur ce match il a été une aide moyenne au départ mais grandissante pendant la rencontre. Mikel Leshoure a été le principal cheval de travail avec 19 portés pour 84 yards, et il a su continuer son travail de sape qui a mieux fonctionné en 2e MT quand la défense des Packers a commencé à donner des signes de fatigue. Cependant, un peu à l’instar de Green Bay, le jeu de course ne sera jamais la grande force de Detroit, et malgré le TD de Leshoure, ils l’ont payé dans la RedZone, tentant de forcer la course pour se rabattre trop tard sur la passe (et la défense contre la passe des Packers a vite serré la vis). C’est cela qui leur coûte 8 points (la différence entre 2 FG et 2 TD).

Vous avez sans doute remarqué que j’ai déjà parlé d’un certain receveur. Megatron n’a ni été totalement éteint comme au match aller l’année dernière, ni totalement dominateur comme le match retour : il a fait un match Bayrou-esque au milieu, avec 5 catchs pour 143 yards et 1 TD. Il a vu une double team Williams/McMillian contre lui pendant la plupart du match, et de temps à autre il est venu dans le slot histoire d’être un peu plus libre. Et puis à côté… c’est un peu tout. Avec la blessure de Nate Burleson, les Lions s’en sont remis à leur duel de TE Pettigrew/Scheffler (6c/44y à eux deux) avec une pincée de Titus Young, mais le travail des LBs et DBs des Packers a limité leur production, et en plus les drops n’ont pas aidé (les Lions étaient l’équipe qui droppe le plus avant le match).

Et ça ne va pas aider que Young boude sur le terrain et sur le banc, s’alignant mal et causant des pénalités pour protester contre le manque de passes lancées dans sa direction. Le problème c’est qu’il est coutumier du fait et ça fait déjà la 2e suspension qu’il prend pour ce genre de comportement. Ce n’est qu’une anecdote de plus dans une franchise de Detroit qui est souvent décriée pour son manque de discipline.

En tout cas, question discipline, la défense fait son travail, et surtout la DL qui petit à petit gagne ses galons de monstre. OK l’OL en face n’était pas au complet, mais il n’empêche qu’elle a mis un sacré boxon dans la poche de protection. C’est clair que quand on parle de la DL on parle immédiatement de Suh, et juste derrière d’Avril, mais le joueur qui est en train de mettre son empreinte est Nick Fairley.

Après une saison de rookie où il a été embêté par une blessure à la cheville et un début de saison au ralenti, il est en train de profiter des double-team sur Suh pour exploser tout ce qui se trouve sur son chemin. Plaquages à perte sur le coureur, pression sur le QB, sack, fumble forcé, tout y est passé avec le #98 qui a fait un match plein plus en rapport avec les attentes placées en lui. Il s’est même réfréné de faire un body slam sur Rodgers bien après la fin de l’action, preuve que c’est possible pour un Lion de se contenir.

Derrière lui, la ligne de Linebackers a fait un travail intéressant mais qui n’a pas été assez constant, notamment dans la qualité des plaquages. J’adore Stephen Tulloch, un MLB dont on ne parle pas assez, mais il a raté quelques plaquages importants sur les 9 qu’il a réalisés. Il a également subi la loi de Starks sur quelques courses, incapable d’amener le coureur au sol et se laissant traîner sur plusieurs yards (mais il n’a pas été le seul, Durant et Levy ont connu ça aussi).

Enfin les yeux étaient évidemment braqués sur une arrière-garde décimée qui jouait sans les safeties titulaires Louis Delmas et Amari Spievey. Même si on peut imputer une partie de leur performance à la pression constante du Front-4, les arrières ont su collé au schéma défensif et limiter les options de Rodgers. En effet, Detroit a joué tout le match en Deep Cover-2 (comme pas mal d’équipes contre Green Bay) afin de supprimer le risque de la passe longue.

En général, une pression intérieure et une Cover-2 ouvrent deux cas : Rodgers sort de la poche et vous tue avec des passes en mouvement, ou Rodgers vous tue avec des passes au milieu de la défense. Les DBs ont su supprimer ces choix-là assez souvent avec un bon travail de couverture. Ils ont juste totalement craqué sur le dernier drive suite à l’action de Finley et l’ajustement de Cobb, mais c’est eux qui ont maintenu Detroit en tête pendant 54 minutes, comme en atteste l’INT de Jacob Lacey.

Les Lions ont donc eu les possibilités pour gagner le match, mais un manque de précision dans l’attaque aérienne et de réalisme dans la RedZone ont condamné la franchise du Michigan à regarder les Packers arracher une victoire qu’ils auraient dû remporter bien avant sans les ratés de leur kicker. Certes ce match n’était pas beau du tout et à 100 lieues de l’explosion offensive que certains attendaient, mais vous avez là les Packers et les Lions de 2012 et non ceux de 2011 : une équipe de Green Bay bien plus défensive qui se fiche des points de style qu’elle marquait à la pelle l’année dernière (et qui n’ont servi à rien), et une équipe de Detroit qui a perdu quelque chose en attaque (et le plus gros chantier va être de savoir quoi).

Les deux équipes ont deux gros murs qui les attendent en plus : les Giants pour GB dimanche (toujours dangereux chez eux, même si on est en Novembre), et les Texans jeudi pour Detroit.

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