Analyse : Chiefs @ Bills (Kuro – W10 2014)

Kansas City Chiefs 17 – 13 Buffalo Bills

Dominer n’est pas gagner

J’imagine un téléspectateur qui aurait suivi le match et qui aurait bullé pendant le 4e QT. Il ne comprendrait probablement rien au score final : les Bills ont outrageusement dominé pendant 3 QT, menant 13-3 face à une équipe des Chiefs qui n’est pas arrivée à grand-chose… jusqu’à une série de boulettes qui ont conduit à deux TDs de Kansas City. Ensuite Buffalo n’a pas réussi à combler le fossé (vu que depuis un moment ils n’arrivaient plus à rien non plus), et c’est une défaite qui doit être très frustrante pour les locaux dans la course à la Wild Card en AFC.

Je sais qu’on aime bien dire qu’Alex Smith (17/29, 177y) est un game manager, mais j’ai toujours trouvé ça un peu réducteur. Ca a été confirmé lors de ce match contre Buffalo où il aurait pu finir avec bien plus de 6 sacks s’il n’avait pas cette capacité à se déplacer pour éviter la pression; il a bien su se servir de ses jambes sur son TD au sol (4c/25y/1TD). Et il a eu besoin de sa mobilité car son OL a été assez catastrophique en protection de passe; ils ont aussi mal démarré à la course, mais ils se sont améliorés au fur et à mesure du match – cela a permis à Jamaal Charles (15c/98y/1TD) d’enclencher la machine et de réussir même à planter un TD de 41 yards sur une 4e&1. Néanmoins, le principal problème de l’attaque des Chiefs reste le même : le gameplan se résume à Charles, Charles, Dwayne Bowe, échapper à la pression, sack, Bowe, Charles, Charles, échapper à la pression, sack, Bowe, Charles… Le #82 a en effet été la cible principale avec 8c/93y, soit presque 50% des passes complétées du QB. On a vu une réception d’A.J. Jenkins, ce qui arrive autant de fois que de voir la comète de Halley (75 ans) mais ça reste bien trop pauvre autour pour permettre à Kansas City d’avoir une attaque plus évoluée.

Et ça n’a pas été facilité par une défense de Buffalo qui a fait un travail fantastique pendant quasiment tout le match : elle n’a commis véritablement qu’une seule erreur, quand Manny Lawson oublie de fermer la porte à l’extérieur sur la 4e&1 et que Charles gambade jusqu’au TD. Néanmoins, à l’instar de celles des Steelers contre les Jets, elle a fini par payer les erreurs des autres escouades lors de la dernière période. La DL a été stratosphérique, mettant une pression énorme sur son adversaire direct : Marcell Dareus a été monstrueux avec 3 sacks, bien secondé par Jerry Hugues (2 sacks) et Mario Williams (1 sack). Les Linebackers ont contenu le jeu de course pendant la plupart du match avec un trio Preston Brown – Brandon Spikes – Nigel Bradham redoutable (1 FF pour ce dernier qui fait une saison exceptionnelle dans le silence le plus complet). Les arrières ont su faire le travail (contre un adversaire assez pauvre il faut le dire) avec notamment un Stephon Gilmore très présent (1 FF). 278 yards seulement lâchés aux Chiefs : comme toujours elle a été la meilleure escouade du match pour les Bills.

Car Buffalo a réussi à perdre un match où ils ont gagné 86 yards de plus que leurs adversaires, la faute à plusieurs pertes de balle au pire moment : le fumble de Bryce Brown alors qu’il est sur le point d’arriver dans la endzone, et celui de Leodis McKelvin sur le retour de punt. Mais le problème n’est pas seulement là : l’attaque des Bills a réussi un très bon premier drive ponctué par un TD de Chris Hogan, mais ensuite… le vide : 0/4 en zone rouge avec 2 Field Goals, un fumble et une 4e tentative non convertie. C’est bien trop pauvre pour être à l’abri d’un retour en 4e QT comme ce fut le cas. Le blâme peut être partagé : Kyle Orton a été très loin d’être efficace (29/48, 259y, 1TD) alors que pourtant il a eu une protection plutôt décente étant donné l’adversaire (même si comme attendu, Seantrel Henderson a souffert). Malgré un jeu de course sympathique (22c/111y pour Anthony Dixon, Bryce Brown & co.), ce fumble de Brown est rédhibitoire. C’est aussi très révélateur que Brown soit le meilleur receveur (6c/65y) avec un  Sammy Watkins très discret. Bref l’attaque a manqué de peps pour transformer les voyages en redzone en TD.

La faute à une défense où je poserais une question : qui est Ron Parker ? Le Defensive Back non-drafté, qui a rebondi d’équipe en équipe depuis 2011, a été partout pendant ce match : il a forcé le fumble de Brown avec un plongeon digne de Jeremiah Castille lors de The Fumble, et il a également défendu plusieurs passes, notamment sur le dernier drive de Buffalo où ils rendent la balle à Kansas City. Il a fait un match très solide, accompagné par un autre joueur aussi peu connu mais important, le DE Allen Bailey. Le #97 a beau avoir Dontari Poe à côté, Tamba Hali et Justin Houston derrière, c’est lui qui a brillé le plus notamment contre la course avec plusieurs plaquages à perte. Et c’est tant mieux parce que les trois stars que j’ai citées ont été un peu transparentes pendant ce match : le pass-rush a eu du mal à arriver jusqu’à Orton avec seulement 1 petit sack de Poe. Les arrières, menés par Sean Smith et Husain Abdullah, ont fait un travail tout à fait acceptable.

Pour finir, il va falloir que le rookie De’Anthony Thomas apprenne rapidement qu’il faut LAISSER ROULER un punt qui arrive dans les 10 yards; il a plombé littéralement son attaque en la faisant démarrer dans ses 10 yards deux fois alors qu’elle avait toutes les peines du monde à avancer. Certes, l’adversaire peut arrêter la balle avant qu’elle ne file en touchback, mais au moins ce n’est pas de votre faute directe.

On savait que ce match serait serré car les deux équipes se ressemblent : une défense monstrueuse et une attaque qui fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. En général ce genre de match se joue sur un big play ou une perte de balle, et les deux ont été contre Buffalo, ce qui explique qu’ils aient fini par lâcher une avance de 10 points. Ce n’est clairement pas la victoire de l’année pour Kansas City sur la forme, mais elle est extrêmement importante en vue de la Wild Card, car c’est un tie-break sur un prétendant direct.