Analyse : Saints-Broncos (Kuro – W8)
New Orleans Saints 14-34 Denver Broncos
Le duel de QB… n’a pas eu lieu
Tout le monde attendait le duel entre Drew Brees et Peyton Manning, mais celui-ci a été dominé par un autre duel : celui des défenses. Et si celle de Denver a rempli sa part du contrat en étouffant l’attaque des Saints, celle de New Orleans… voyez plutôt…
La stat du match qui dit tout : la défense de Louisiane a encaissé 400+ yards pour le 7e match consécutif, ce qu’aucune franchise n’a jamais « réussi ». Dire qu’on se moquait des défenses de Green Bay et New England l’année dernière…
Donc, le duel n’a pas eu lieu. Manning a survolé le match malgré une blessure au pouce à la fin de la première mi-temps, et on voit qu’il s’adapte de mieux en mieux à son bras qui n’est pas à 100%. Bien protégé par une OL efficace, les rares lancers de 20+ yards sont sur des receveurs démarqués, et tout le reste il le prend sur des dumps, screens et passes rapides où c’est son cerveau qui fait la plupart du travail. Il a su mené deux drives de plus de 90 yards avec sa maîtrise habituelle pour marquer le premier TD du match, et surtout prendre définitivement le large au début de la seconde mi-temps en portant le score à 24-7. Peyton termine avec 22/30, 305 yards et 3 TD.
Il faut dire qu’il a été parfaitement aidé par un jeu de course qui a profité d’une défense des Saints clairement alignée pour contrer la passe. Les deux coureurs Willis McGahee et le rookie Ronnie Hillman s’en sont donnés à coeur joie : 39 courses pour 208 yards à eux deux avec 1 TD pour McGahee. Les deux joueurs ont constamment trouvé la brèche ouverte par une OL compétente, et ils se sont gavés notamment sur des cutbacks pour prendre à revers la ligne des LBs des Saints. Avec un jeu de course aussi efficace, cela enlève du poids des épaules de Manning qui n’a pas à forcer de lancers impossibles que son bras ne peut plus forcément réussir.
Et quand Manning doit passer par la voie des airs, il a en Demaryius Thomas une cible qui prend de l’ampleur au fur et à mesure de la saison. Avec 7 catchs pour 137 yards et 1 TD il a été le receveur principal du match et a martyrisé son opposant direct. Eric Decker est l’autre receveur d’un duo dont on ne parle pas beaucoup mais qui fait le boulot avec 4 catchs pour 43 yards et 2 TD.
Cependant il serait temps de rendre à César ce qui appartient à César (et d’ailleurs ce n’est pas la première fois que je le dis). L’année dernière, c’était Tebow, cette année c’est Manning : deux « icônes » qui cachent le travail de l’ombre fait par la défense qui a maintenu l’attaque des Saints à 7 points pendant la majorité du match.
La défense contre la course savait qu’elle allait passer une soirée plutôt tranquille, et ça a été le cas. Donc le poids du match a reposé sur les épaules de la défense contre la passe, et elle a très bien fonctionné : le pass rush a mis la pression sur Drew Brees constamment même s’il n’y a eu qu’un sack de Wesley Woodyard. Le Linebacker a d’ailleurs été un des hommes les plus visibles avec son sack qui a créé un fumble, une interception et plusieurs plaquages à perte ou pour un gain nul.
A ses côtés, Von Miller continue d’être une force disruptive pour les attaques adverses, et son influence se fait sentir sur beaucoup d’actions même s’il n’a enregistré aucun big play défensif. Avec la disparition du radar d’Elvis Dumervil pendant ce match (il a même annulé un sack/fumble du très bon rookie Derek Wolfe par une pénalité), le travail de Miller est encore plus indispensable pour le pass rush de l’équipe. L’arrière-garde a fait un travail propre même s’ils ont profité de quelques erreurs des receveurs et d’un Brees moyen.
Car le QB a paru hors de rythme dans ce match, bien moins précis qu’à l’accoutumée. Il termine à 22/42, 213 yards, 2 TD et 1 INT, ce qui est un résumé de la saison des Saints : on peut s’amuser à envoyer du yard contre les défenses des Chargers et des Buccaneers, mais face aux Broncos cela ne suffit plus. Brees a été inconstant dans la qualité et la précision de ses lancers, en partie à cause de la pression mise par l’adversaire, et ce n’est pas le premier match où ça arrive cette saison (Washington, Kansas City). S’il fallait une stat terrible pour résumer ça, c’est l’abyssal taux de conversion sur 3e tentative : 1/12. UNE sur DOUZE.
Il faut dire que l’attaque des Saints ne repose que sur ses épaules : le jeu de courses est inexistant, ce qui est surprenant avec un Pierre Thomas pourtant intéressant (8 courses, 43 yards). Mark Ingram n’a aucun impact, et Darren Sproles n’a jamais été un véritable coureur qui peut sauver la mise.
Donc on se retrouve avec Brees qui tente de tout faire tout seul, et quand il est assisté par des receveurs qui droppent les ballons autant de fois (6, dont 2 dans le numéro de Jimmy Graham), il n’y a rien de bon qui peut arriver dans le match. Les Saints ont constamment gâché des munitions de cette façon, incapable de battre la discipline de la défense des Broncos. Que ce soit Marques Colston (5c/63y), Jimmy Graham (5c/63y/1TD) ou Sproles (7c/56y/1TD), c’était trop peu.
Et puisqu’on parle de discipline, parlons de celle de la défense des Saints. Ils ont clairement montré dès le début du match qu’ils allaient forcer les Broncos à courir et à prendre de petits gains à la passe en s’alignant en Cover-2 avec les deux safeties en profondeur. Ils ont oscillé entre le package de base et la nickel, voulant absolument arrêter le jeu de passe. Eh bien les Broncos ont couru, et les Saints ont été incapables de les arrêter.
A ce sujet, je ne sais pas si le retour de Jonathan Vilma était une si bonne idée, surtout dans un nouveau poste de Will qu’il ne connaît pas vraiment. Il s’est pris vent sur vent sur les cutbacks des coureurs des Broncos, et Curtis Lofton (qui reste le meilleur défenseur) s’est souvent trouvé à ramasser les morceaux.
Et même quand les Broncos se sont mis à passer, finalement la défense n’a pas su répondre. La DL des Saints a été aux abonnés absents (une habitude depuis le début de la saison), incapable de mettre de la pression avec seulement 4 joueurs. A part sur une des premières actions du match où un blitz de Lofton a été efficace, le reste s’est joué classiquement (4-man rush), ce qui a été totalement insuffisant.
Enfin, l’arrière-garde a eu du mal à suivre les receveurs, avec la performance terrible de Patrick Robinson qui était principalement au marquage de Demaryius Thomas. Roman Harper a alterné le bon et le moins bon (défense de passe d’un côté, cramé sur une play action de l’autre, stop d’un côté, rate un plaquage de l’autre), et on n’a pas beaucoup vu Jabari Greer, soigneusement évité par Manning. Tout ça est beaucoup trop faible pour espérer réussir quoi que ce soit.
Cette victoire des Broncos est une sorte de poing sur la table pour rappeler qu’ils sont là et bien là et qu’ils viennent probablement de planter le dernier clou dans le cercueil voodoo des Saints cette année. Il faudra compter avec eux s’ils sont capables de rééditer ce genre de performance complète de la part de toutes leurs escouades.
Et pour New Orleans, il va sérieusement falloir démêler ce qui arrive à cause de la perte de Sean Payton de ce qui arrive par simple inefficacité individuelle et/ou schématique (oui Steve Spagnuolo, c’est toi que je regarde).