Analyse : Jets @ Patriots (Kuro – W7 2014)

New York Jets 25 – 27 New England Patriots

Jamais un match facile pour New England

Encore une « controverse » sur un Field Goal de la victoire ! A croire que ces deux équipes ne peuvent pas tranquillement terminer un match… néanmoins si j’ai mis le mot entre guillemets il y a une raison : les deux controverses (Week 7 2013 et 2014) n’en sont pas – la faute de Chris Jones en 2013 était bien une faute selon le règlement, et cette année la tape de l’arbitre sur Dont’a Hightower était préventive comme les arbitres en font souvent sur cette situation. Donc, maintenant qu’on a réglé cette histoire, intéressons-nous au match que les Patriots ont bien failli finir par perdre… ou que les Jets n’ont pas réussi à gagner.

A ce propos, une stat certes tirée du match qui nous occupe, mais qui suffit à résumer les verts de New York sur cette saison (et depuis un moment) : ils sont la première équipe NFL à perdre un match avec 40+ minutes de possession, 200+ yards au sol et aucune perte de balle depuis 1977, première année où on a commencé à mesurer le temps de possession. Pas besoin d’aller plus loin que le 1er QT pour le comprendre : NE menait 7-6 en ayant eu la balle seulement 2:36 (sur 15 minutes).

Tom Brady (20/37, 261y, 3TD) a connu un match assez inégal dans l’ensemble : il a parfois rappelé pourquoi il était Tom Brady, notamment sur les drives du 2e et 3e TD, mais il a aussi parfois un peu ramé et profité de gros gains (sur le premier TD de Vereen et la DPI sur la bombe à Amendola). Il a été plus ou moins bien protégé par son OL avec un seul sack, et même s’il y a eu pression sur lui (plus en 2e MT), on peut quand même dire que l’unité a fait un match respectable contre un tel front-7. Au final le plus important c’est qu’il n’a pas lancé d’INT ou perdu de ballon. Le jeu de course a été compliqué, ce qui n’est pas nouveau contre les Jets : Shane Vereen a fait bien plus de dégât à la passe (5c/71y/2TD) qu’au sol (11c/43y). A la réception, le Gronk’ se remet gentiment dans le bain (5c/68y) mais a été majoritairement contenu, alors que Julian Edelman a fait deux drops, un petit problème qui revient de temps en temps. Dans l’ensemble, l’offensive des Pats a fait ce qu’il fallait, mais elle a dû composer avec une défense qui n’a rien lâché.

Comme d’habitude me direz-vous. Mais on peut quand même être un peu déçu du manque de poids du pass-rush, surtout au début du match : 1 seul sack pour David Harris (et encore il est pour Brady) et seuls Mo Wilkerson et Sheldon Richardson ont vraiment été visibles. Au moins ils ont fait le travail à la course, stoppant le jeu adverse. Non, si on veut pointer une des raisons de la défaite des Jets, c’est facile de la trouver : la couverture. Antonio Allen continue de lutter cette saison et il a eu un match catastrophique, battu par Vereen et Amendola pour deux TDs (le deuxième en 3e&19). Mais il n’a pas été le seul car les Linebackers ont lâché Vereen sur son 2e TD et Mike Adams a trop subi derrière. C’est d’autant plus fou que les Jets ont plusieurs fois tenté un 3-man rush avec donc 8 joueurs en couverture, et ça a rarement réussi. Je ne sais pas si Dee Milliner manque autant que ça, mais le duo Milliner-Cromartie sans aucun doute. Comment expliquez autrement qu’une unité encaisse 27 points en ayant joué que 19:06 sur le terrain.

Et c’est d’autant plus dommage (et frustrant pour Rex Ryan comme on l’a vu et entendu) que de l’autre côté, malgré quelques accrocs (principalement des pénalités malvenues), l’attaque a réussi à faire un bon boulot. Geno Smith et Chris Ivory ont été le grands bonhommes du match : le QB (20/34, 226y, 1TD) a lutté jusqu’au bout pour faire avancer son équipe, et le coureur (21c/107y/1TD) a été le cheval de travail. Ils ont été bien secondés par Chris Johnson au sol (13c/61y), et le duo Eric Decker – Jeff Cumberland (7c/115y à eux deux + 1TD pour Cumberland) dans les airs. Geno a vraiment été propre dans ce match car il a parfois pris la pression, mais il a soit délivré sa passe, soit couru pour y échapper (7c/37y); on voudrait voir plus de matchs de ce genre de sa part, même si au final il rate la conversion à deux points fatidique. Néanmoins il y a un gros problème chez les receveurs : il a du se reposer sur Decker, Cumberland et Jace Amaro (l’autre Tight End) un peu trop; Jeremy Kerley est le premier WR autre que Decker à avoir attrapé une passe… alors qu’il restait 6 minutes dans le match.

Bon OK, on peut argumenter qu’en face il y avait Darrelle Revis, Logan Ryan et le retour de Brandon Browner (même si Browner était visiblement un peu rouillé avec deux pénalités contre lui et un match passable), mais au final les arrières n’ont pas non plus été étincelants (aucune perte de balle créée). Il faut dire aussi que le pass-rush devant n’a pas été transcendant non plus : ils ont certes sacké Smith 3 fois, mais ils ont eu du mal à le contenir au sol; on a vu New England blitzer plusieurs fois pour apporter le surnombre et ça n’a pas toujours fonctionné. Mais le principal problème chez les Patriots, et ce n’est pas nouveau, c’est la défense contre la course; et ça même avant la blessure de Jerod Mayo. Les Pats ont laissé Ivory (puis Johnson) marcher sur leur tête quasiment toute la soirée, permettant aux Jets d’arriver à ce temps de possession hallucinant de 40+ minutes. Ils ne doivent qu’à leurs équipes spéciales de ne pas voir leurs manques leur exploser à la face avec une défaite. C’est un problème qu’ils doivent régler s’ils veulent aller loin cette année.

Il est facile de dire que ce match c’est « New England qui est New England » et « les Jets qui sont les Jets », et dans un sens c’est vrai : les Patriots trouvent le moyen de gagner, et les Jets trouvent le moyen de perdre. Il n’y a pas de victoire morale, donc le fait d’avoir presque réussi ne fait rien pour Rex et sa frustration totalement compréhensible, car ils avaient les clés pour le faire (c’est un peu l’histoire des Jets depuis 2010). En face, mine de rien, oui les Patriots sont la meilleure équipe du nouveau millénaire, mais ça va faire dix ans qu’ils restent au top sans gagner de Superbowl, et sans un réveil collectif dans la seconde partie de la saison ça pourrait continuer.