Analyse : Eagles @ Cardinals (Supychou – W8 2014)

Philadelphia Eagles 20 – 24 Arizona Cardinals

Le passereau s’est bien défendu face au rapace

Le score est serré, le match le fut aussi et si les petits oiseaux de Glendale ont réussi à battre le rapace de Pennsylvanie, cela s’est joué à peu de choses. J’ai bien envie de dire que ce match, à l’instar du dernier SuperBowl, tend à prouver qu’une équipe efficace défensivement sera meilleure qu’une équipe efficace offensivement, mais ce serait un raccourci un peu trop rapide. Disons plutôt que si la somme des talents offensifs et défensifs a penché au final pour la franchise de l’Arizona, c’est peut-être parce que cette défense est très légèrement meilleure que ne l’est l’attaque des Eagles, sur ce match du moins. Enfin, à chacun de se faire son avis et maintenant c’est à moi de vous raconter ce match.

Avec un match comme celui-ci et avec le ballon dès le début dans les mains de Philadelphie, on aurait pu croire à un départ en fanfare. Il n’en sera rien et trois petites tentatives plus tard c’est Donnie Jones qui viendra punter pour la première fois. Les Cardinals seront plus présents sur leur premier drive qui durera près de 5 minutes mais sans plus de succès. Changement de punter et c’est au tour de Drew Butler de venir taper dans le cuir pour rendre le ballon à l’adversaire. Et voilà, il fallait un drive de chauffe à Nick Foles et ses compères pour vraiment se lancer dans le match. Cela commencera par une course de LeSean McCoy, passera par les airs par Jordan Matthews ou Zach Ertz et terminera dans l’en-but des Cardinals sur un finish de Jeremy Maclin et un TD de 21 yards.

http://www.scmp.com/sites/default/files/galleries/2014/10/27/sports_fbn-eagles-cardinals_6_ph_1159214.jpgChose logique, ce sont les Eagles qui brillent les premiers offensivement. Ce qui peut inquiéter par contre c’est le mauvais choix de Patrick Peterson sur le jeu. En effet ce dernier va rester trop en retrait et attentiste, ce qui va permettre au jeu prévu par Chip Kelly de fonctionner à merveille, le tackle Lane Johnson venant immédiatement se positionner en lead blocker et permettant à Maclin de s’échapper vers les 6 points. Cody Parkey rajoutera le petit point supplémentaire pour arriver au score de 7-0 en faveur des visiteurs. La meilleure attaque marque la première, jusque là rien à dire. Nous venons de voir que celle-ci possède de nombreux arguments et que le HC de Philadelphie sait en profiter. De l’autre côté, nous avons aussi pu voir que la défense des Cardinals a vraisemblablement décidé de presser le QB et de laisser à la secondary le soin de juguler cette attaque. Pour le moment ce pari semble risqué. Mais Arizona ce n’est pas qu’une défense et le retour de Carson Palmer a, à n’en pas douter, fait beaucoup de bien à l’attaque. Le joueur du drive à venir se nomme Andre Ellington et c’est par lui qu’il va débuter avec deux courses et une passe pour ce joueur multi-talents. Le premier quart-temps s’achèvera avec l’arrivée des Cardinals dans les 20 yards des Eagles et lors de la reprise du jeu, Larry Fitzgerald grappillera 13 yards avant de laisser Ellington finir le travail qu’il avait donc initié. Sur un snap sur le dernier yard avant le graal, il récupèrera la ballon des mains de Palmer avant de suivre Robert Hughes lui ouvrant le passage au ras de la ligne pour un TD en force. Avec l’extra point de Chandler Catanzaro cela fait 7-7, les Cardinals remontent et prouvent qu’il savent aussi attaquer.

http://media.philly.com/images/102714-carroll-nolan-600.jpgMais bon, du côté de l’Arizona si l’on aime bien attaquer, c’est tellement mieux de défendre et de bien le faire. Sur le drive suivant des Eagles, alors que ces derniers se rapprochent dangereusement de la zone rouge, le DE Frostee Rucker va aller provoquer une perte de balle. Sur le jeu et comme à son habitude, la défense des Cardinals court après la balle tel un seul homme et le pauvre Josh Huff va très vite se retrouver sans solution et le plaquage par l’arrière de Rucker ne lui laissera aucune chance. Le ballon relâché sera recouvert par Deone Bucannon pour un turnover qui arrive à point nommé. Arizona renverse le jeu et repart à l’attaque. Une attaque qui ne donnera rien certes mais l’essentiel n’est pas là et le travail défensif paie. Comme sur le drive suivant de Philadelphie où, après une échappée de 50 yards de Riley Cooper à laquelle se rajoutent 15 yards de pénalité, Antonio Cromartie, dans sa end-zone, va se jeter sur la trajectoire du ballon à destination d’un Huff décidément malchanceux et remonter le terrain pour 40 nouveaux yards. Voici le second turnover de la partie en faveur des Cardinals et on ne peut pas dire que ce soit volé. Ces derniers prennent des risques en allant presser le ballon où qu’il soit pour provoquer ce genre de jeu en leur faveur et pour l’instant cela fonctionne. Mais le ballon rendu à l’attaque ne donne rien encore une fois, cette dernière ne parvenant pas à concrétiser le travail défensif. Du côté des Eagles ce n’est pas mieux, on bloque l’attaque des Cardinals mais on n’arrive pas à surpasser leur défense. Mais on arrive à la mi-temps et la bonne nouvelle est pour la franchise de Philadelphie puisque, malgré deux turnovers contre elle et aucun pour son adversaire, celle-ci reste à son contact.

La seconde mi-temps commence par un coup de tonnerre avec seulement 3 jeux sur le drive des cardinals et un TD de 80 yards pour un Fitzgerald incroyable qui terminera du coup le match avec des statistiques flatteuses (7 catchs / 160 yards / 1 TD). Une équipe qui brille moins en attaque qu’en défense certes, mais avec de tels atouts il ne faut jamais baisser sa garde. 14-7 au tableau d’affichage, le momentum semble du côté d’Arizona et les Eagles vont peiner pour revenir dans le match, grappillant des yards mais se retrouvant systématiquement coincés. Ils parviendront à marquer 3 points par un field goal de Cody Parkey avant d’attendre la fin du quart-temps pour nous montrer un jeu énorme avec comme d’habitude un Nick Foles qui feinte, attend et puis lance … une bombe de plus de 60 yards pour un Maclin lancé vers le succès. Pourtant Jerraud Powers était présent et il ne lui a manqué que 10 petits centimètres pour faire avorter cette tentative, mais le jeu était pour Philly cette fois; dans un grand match tout se joue à des détails.

http://www.arizonasports.com/emedia/az/35/3574/357462.jpg?filter=mynw/620x370_cropped17-14, le jeu s’inverse et profitant du momentum qui était chez l’adversaire jusque là, la défense des Eagles par l’intermédiaire de Nate Allen va aller provoquer le turnover sur une course d’Ellington. Les choses se corsent pour Arizona alors que nous atteignons le 4ème quart-temps. Pourtant le coup de mieux des Eagles ne va pas durer et la stratégie défensive agressive des Cardinals va continuer de payer avec la seconde interception du match, toujours pour Antonio Cromartie qui va priver Cooper d’une réception et gagner par la même occasion 18 yards. L’attaque ne laissera pas passer, du moins pas complètement, ce cadeau et ira marquer 3 points par un field goal de Catanzaro, se rapprochant ainsi des visiteurs du jour. Mais voilà, il est une certitude en football, c’est que lorsque l’on gagne des yards on finit toujours par arriver dans la zone de kick et c’est ce qui va se passer pour les Eagles qui vont répondre immédiatement en reprenant 3 points d’avance alors qu’il ne reste plus qu’un tout petit bout de quart-temps (moins de deux minutes) à jouer. Il faudra moins de 40 secondes aux Cardinals pour reprendre l’avantage, et de quelle manière. La réponse du berger à la bergère en quelque sorte. John Brown va réaliser une réception de toute beauté avec un ballon qui lui vient dans le dos, un peu à la Maclin précédemment, sur une passe de plus de 50 yards de Palmer. Le rookie des Cardinals sera rattrapé au dernier moment par le cornerback Cary Williams mais même après review les arbitres valideront le TD.

http://a.abcnews.com/images/Sports/WireAP_b3ea31e7d2c248b7b01e831a7672b35f_16x9_992.jpg17-24, les locaux repassent en tête à 1 minute et 30 secondes du terme du match. Avec 4 points d’écart, les Eagles sont obligés d’aller chercher le TD, cela limite leurs options car avec le temps qui défile ces derniers sont contraints d’aller chercher des solutions lointaines avec beaucoup de gains. Malgré toutes les qualités de l’attaque de Philadelphie, cela aboutit souvent à des passes incomplètes et sur le dernier jeu Foles, reculant énormément sous la pression, va tenter une passe de plus de 30 yards pour atteindre directement l’en-but et Matthews. Le ballon arrivera bien à destination, le receveur fera bien son boulot, et hélas pour Philadelphie tout se jouera à quelques centimètres encore une fois mais en sa défaveur. Le receveur des Eagles a bien attrapé la balle, mais en l’air et il a aussitôt été poussé vers l’extérieur par le safety Rashad Johnson qui ne lui laissera aucune chance. Fin du match et pour un rien sur un jeu qui a failli être sublime, une attaque flamboyante s’incline face à une défense agressive et omniprésente.

http://img.bleacherreport.net/img/slides/photos/003/814/958/hi-res-f24d842a8e2fc282d3784d35363b2acf_crop_north.jpg?w=630&h=420&q=75Avec une fiche de 6-1, Arizona se promène en tête de la NFC West, devant les deux équipes en forme des années précédentes. Une défense explosive et une attaque opportuniste suffisent jusque là pour en faire un candidat sérieux aux play-offs. Les perdants du jour, avec leur match de retard par rapport aux Cowboys conservent toutes leurs chances pour une qualification directe et sont de toute façon bien placés dans la course. Lors de leur défaite précédente, leur adversaire avait proposé un jeu plus varié et étouffé leur attaque, trustant les meilleures statistiques du match. Ici il n’en est rien, Foles McCoy et Maclin réussissant de très belles performances devant les joueurs offensifs des Cardinals. Mais la défense d’Arizona a généré deux turnovers de plus et cela suffit pour faire basculer un match, ça et quelques centimètres … C’était un match entre deux belles équipes, deux philosophies différentes et un résultat qui tient à peu de choses. Ces deux équipes devraient être présentes en play-offs, peut-être pour une revanche.