Analyse : Bills @ Lions (Kuro – W5 2014)

Buffalo Bills 17 – 14 Detroit Lions

Les Kickers, c’est comme les avocats…

…on s’en fiche plus ou moins jusqu’à ce qu’on en ait besoin, et d’un bon si possible. Et dans un match qu’on attendait comme défensif, sans surprise c’est ce qui a pesé dans la balance. Les Lions ont chèrement payé leurs erreurs de casting au poste puisque après Nate Freese, c’est Alex Henery qui leur a fait faux bond avec un 0/3 rédhibitoire. Néanmoins, même s’il est facile de pointer du doigt les ratés aux Field Goals, ça n’explique pas tout, notamment ce taux de conversion de 3e tentative totalement affreux de 1 sur 11; quand on convertit des 3e tentatives, notamment dans le terrain adverse, on a soudain moins besoin de son Kicker. De l’autre côté, c’est une merveilleuse semaine pour les Bills : victoire à l’extérieur et vente officialisée aux Pegula qui assure la franchise de rester à Buffalo.

La performance qui allait être scrutée était celle du vétéran Kyle Orton en remplacement de E.J. Manuel; allait-il pouvoir apporter une dimension nouvelle au jeu de passe ? La réponse : Orton a fait principalement du Orton (30/43, 308y, 1 TD, 1 INT), capable de lancer un pick-6, mais également de faire une passe au millimètre dans le panier de Marquise Goodwin en double couverture. En plus, il a dû travailler avec une OL qui a passé un rude match, notamment le rookie Cyril Richardson dans son deuxième match pro qui a particulièrement souffert avec trois pénalités sifflées contre lui; ça a d’ailleurs été le grand problème des Bills en première mi-temps : trop de pénalités des deux côtés du ballon. Ca a surtout fait mal à l’attaque qui n’arrivait à rien et se mettait dans des situations encore plus impossibles (Orton a même failli prendre un safety). Autre souci offensif, ça a été un peu le Jackson-Watkins Show en attaque avec peu de soutien à côté : Fred Jackson continue de tout faire (10c/49y au sol + 7c/58y en réception) alors que Sammy Watkins continue d’être le playmaker attendu (7c/87y dont celle qui met en place le FG de la victoire).

Car en effet, la défense des Lions a bouclé tout le reste. C.J. Spiller finit avec un total ridicule de 10 courses pour 8 yards (!), étouffé par la défense contre la course. Ndamukong Suh a mené la charge au centre de la ligne, mais les trois Linebackers derrière lui ont bien aidé, et tout ça sans Stephen Tulloch : on savait que DeAndre Levy était au top (13 plaquages), mais Ashlee Palmer et Tahir Whitehead ont été bien présents. La DL a également su mettre la pression sur Orton qui a rarement eu la possibilité de patienter trop longtemps avant de lancer sa passe; on dirait que la décision des Lions de ne pas prendre l’option de 5e année pour Nick Fairley l’a motivé comme jamais. Chez les arrières, il y a eu du bon et du moins bon : Darius Slay a souffert car il a souvent été en couverture sur Watkins et c’est lui qui marque Goodwin sur la bombe de 42 yards. Glover Quin, James Ihedigbo et surtout Rashean Mathis très actif (1 INT retourné jusqu’au TD) ont fait du bon travail, et dans l’ensemble ça aurait dû suffire pour l’emporter.

Ah c’est maintenant qu’on met Alex Henery sur le bûcher ? Une minute. Matthew Stafford : 18/31, 231 yards, 1 TD et 1 INT. Reggie Bush : 6 courses pour 13 yards. Cibles de passe hors Golden Tate : 11 réceptions, 97 yards, 0 TD (et ils s’y sont mis à 6). OL : 6 sacks concédés. Points scorés par l’attaque : 7. Certes, c’est pour cela qu’on paye le Kicker et faire un 0/3 dans un dôme à domicile est impardonnable, mais comme je le disais en intro, c’est encore plus facile de ne pas rater des Field Goals quand on va dans l’en-but, ce que l’offensive de Detroit n’a su faire que par l’homme du match en attaque, Tate (7c/134y/1TD). L’OL a en effet souffert, notamment Riley Reiff et Rob Sims, Bush a été muselé que ce soit au sol ou à la réception (8 touches, 43 yards), et quelqu’un comme Ryan Broyles a disparu de la circulation. Mais tout n’est pas négatif : oui Megatron est blessé et les Lions devraient probablement le laisser se reposer pour le récupérer en pleine forme pour la seconde partie de saison, mais quelque part ça force Stafford à viser les autres. L’année dernière, il n’avait pas Tate, et on a vu le souci quand Calvin Johnson s’est blessé; l’ajout de l’ancien Hawk est bien vue, mais il doit aussi en profiter pour faire plus confiance aux autres receveurs. On peut également citer le rookie George Winn qui a fait un match intéressant et plein d’énergie (11c/48y) même s’il doit encore bosser la réception.

Mais en effet, l’attaque des Lions est tombée sur un mur bien compact. A l’instar de celle de Detroit, la défense des Bills n’a pas laissé passer grand-chose au sol, et elle a su aller presser Stafford; elle a même fait bien mieux puisqu’elle a accumulé 6 sacks sur la partie. Marcell Dareus et Jerry Hughes ont été monstrueux sur la DL : Dareus a empilé 3 sacks et 1 fumble forcé et Hughes 2 sacks et 1 fumble forcé. Mario Williams y est allé de son sack, et c’est tout le front-4 qui a mis une pression terrible sur le QB des Lions dès que celui-ci s’avisait d’attendre pour lancer. Derrière, le trio des Linebackers ne s’est pas laissé déborder malgré l’absence de Nigel Bradham. Chacun des des arrières a été tour à tour tous abusés par Golden Tate et ils auraient sans doute pu faire un peu plus, mais au final ils ont su limiter l’attaque aérienne des Lions à 231 yards, ce qui n’est pas mal. Stephon Gilmore a même réussi à sauver son match compliqué avec une interception.

Et, oui bon OK, je le conçois, un vrai Kicker ça aide : Dan Carpenter a réussi 3 FGs sur 4, dont surtout celui de la victoire de 58 yards. En face, Jeremy Ross a encore réussi quelques bons trucs sur retour de punt.

Ce que je veux dire par là, c’est que si Henery porte une grosse partie du blâme de la défaite, il n’est pas le seul. Les Lions, sans Megatron, sont tombés sur une défense aussi hargneuse que la leur, et ils n’ont pas forcément su appuyer sur l’accélérateur quand il a fallu, entre autres à cause d’une protection un peu défaillante. Les Bills ont su rester dans le match tout le long et finir par profiter des erreurs de Detroit pour l’emporter.